Portraits croisés : Deku et Koichi
J’ai pu l’évoquer récemment, mais je prends énormément de plaisir à vous proposer des nouveaux numéros de “Portraits croisés”. Après avoir abordé le cas de Oda et Keiji ainsi que celui de Reinhard et Yang, je me suis dit que je ne pouvais pas m’arrêter en si bon chemin. Il faut dire qu’à travers ce rendez-vous, je peux aborder bon nombre de sujets captivants par le biais de deux personnages précis. C’est comme ça que je me suis questionnée sur qui seraient les deux prochains candidats que je choisirais. Finalement, c’est avec la conclusion récente d’une série que j’ai eu le déclic, surtout que les deux personnages affichent une dualité remarquable. Je parle bien sûr de Deku et Koichi, les héros respectifs de My Hero Academia et Vigilante, spin-off du premier. A travers le parcours de chacun d’entre eux, on va faire face à une vision à la fois similaire et différente du rôle du super-héros. Deux adolescents qui vont finalement prendre des sentiers opposés pour arriver pourtant au même but. J’espère que vous êtes prêts pour découvrir le regard de ces protagonistes sur ce qui fait un symbole.
Deku, le héros suivant la trace des plus grands
On commence avec celui qui continue encore à gravir les échelons du monde des super-héros. Deku, ou Izuku Midoriya, va, dès le début de son histoire, retenir l’attention du lecteur. En effet, on fait face à un gamin qui rêve de devenir comme son modèle et qui, malheureusement, ne possède absolument aucun Alter. Ce simple fait le condamne à abandonner son rêve et surtout à être un paria dans un monde où les super-pouvoirs sont devenus la norme. Pourtant, en rencontrant finalement All Might, ce dernier lui offre la chance de prendre enfin cette voie qu’il désirait tant. Il ne s’agit pas ici de le prendre en pitié ou bien de s’être attaché à lui. En une scène, Deku a su montrer que même dépourvu de capacités incroyables, il a su agir comme un vrai héros en venant en aide à son ami. Ainsi, le héros de My Hero Academia montre de base que ce n’est pas le pouvoir qui transforme une personne en protecteur, mais bel et bien la capacité à foncer pour défendre les innocents peu importe que l’on soit faible ou non. C’est à partir de cet instant qu’il va entamer son apprentissage pour devenir un véritable super-héros. Un chemin qui peut paraître surprenant du fait que l’on nous présente ce rôle comme étant un simple métier avec un cursus à suivre et un diplôme à décrocher. En plus de ça, des règles strictes sont établies pour cadrer tout ça même si cela va à l’encontre même du principe de super-héros qui doit être libre de ses agissements. Ainsi, Deku se présente comme un étudiant modèle dans un premier temps en voulant absolument se montrer studieux et surtout aller au bout de cet éprouvant parcours.
Un adolescent qui se conforme aux directives des autres et qui s’adapte à cette société dans laquelle il vit. Pourtant, plus on avance dans le récit et plus on se rend compte que cet instinct d’aider les autres peut rapidement prendre le pas par rapport à un vulgaire bout de papier. Il n’hésite pas, à certains moments, à aller contre la loi pour aider ses amis ou bien protéger ceux qui sont dans le besoin. Il est ainsi confronté à une lutte très intéressante le menant à la frontière entre l’illégalité et l’ordre mis en place par cet environnement où les Alters sont partout. S’il est soutenu par son entourage et souvent couvert par rapport à ces écarts du règlement, Izuku reste un personnage qui veut faire de son mieux pour être à la hauteur du rôle qu’il cherche à obtenir. Mais cela implique aussi de remettre en question cette manière de gérer le travail des super-héros. De par son sens aigu de la justice, il a du mal à se dire qu’il doit enfreindre les règles. Pourtant, quand cela est nécessaire, il priorise l’intervention immédiate plutôt que d’attendre que tout soit mis en place. Un protocole qui peut se montrer complexe et surtout lourd pour toute intervention nécessitant un sauvetage d’urgence. Il faudra d’ailleurs attendre que toute cette société soit ébranlée par les actes de Shigaraki et All for One pour que Deku finisse par entrevoir ce qui fait réellement un symbole d’espoir. Un être qui va autant compter sur ses amis pour sauver le maximum de monde, mais aussi connaître la solitude du héros quand celui-ci a un trop lourd fardeau à porter. De ce fait, Deku est un personnage dont la vision du justicier va évoluer au fil du manga pour qu’il ouvre les yeux sur le fait que protéger ne se limite pas uniquement à obéir à des directives. C’est en dépassant les attentes de tout le monde qu’il peut espérer devenir une lueur au cœur des ténèbres.
Koichi, le justicier tapi dans l’ombre
Dans Vigilante, c’est une tout autre histoire qui nous interpelle avec celle du jeune Koichi. N’ayant pas pu entrer en cursus héroïque, les rêves de devenir un super-héros s’envolent pour cet étudiant qui se dit qu’il va devoir suivre une autre voie. Cependant, là où tout le monde aurait tourné la page, il ne peut s’empêcher d’enfiler son costume et de venir en aide aux gens du quartier qui sont dans le besoin. De ce fait, notre protagoniste fait de son mieux pour être au service des autres tout en étant considéré comme un criminel étant donné qu’il ne respecte pas les règles établies. A travers ce personnage, on est en contact avec une figure bien plus proche du héros comme on peut le connaître. Alors que Deku fait de son mieux pour rester dans le droit chemin, Koichi veut montrer que ce n’est pas parce qu’il n’a pas un bout de papier sur lui qu’il ne peut pas sauver ceux qui sont dans le besoin. Dans un sens, il est celui qui se rapproche le plus de ce que signifie être un super-héros. Un justicier n’attend pas le feu vert des autorités pour agir même si cela concerne juste des petits tracas. C’est d’ailleurs ça aussi qui est captivant dans l’écriture de ce personnage. Même si l’intrigue va s’intensifier tout au long de ce spin-off, à la base on fait face à un personnage principal qui se contente de petites interventions. N’ayant pas un Alter remarquable, il cherche juste à faire de son mieux. Et c’est justement brillant d’avoir mis en scène Koichi de cette manière. Il a beau se limiter à un quartier et à de tout petits défis, cela permet tout de même d’apporter du réconfort aux habitants.
Ces derniers ont beau se moquer de lui en arrivant jamais à prononcer son nom de héros, ils sont tout de même heureux de savoir qu’ils peuvent compter sur lui. Il montre, à travers ses actes, que ce n’est pas la grandeur du pouvoir qui fait le héros ou bien le respect des lois. C’est le fait d’être présent quand les gens sont en détresse même si c’est juste pour une broutille qui construit la légende de ces hommes et femmes. En faisant ça, Koichi nous délivre un puissant message qui transcende l’aspect fiction pour dire que l’on peut tous, à notre manière, aider les autres quand ils sont au plus mal. Être un super-héros, c’est avant tout un état d’esprit et surtout des principes forts qui amènent à tendre la main vers les autres. Là où Deku, porté par des valeurs tout aussi similaires que Koichi, va devenir un héros par ses actes grandiloquents et son sacrifice à l’égard des autres, ici on fait face à un individu qui se veut bien plus proche des gens. A l’image d’un Spider-Man que l’on surnomme l’araignée sympa du quartier, The Crawler est un protecteur qui se limite principalement à une zone, mais qui a su égayer la journée de tous ceux qu’il a croisés. Même si cela implique d’être réprimandé ou même reconnu coupable d’être en dehors de ses droits, il a appris, au fil de ses rencontres et des leçons de son mentor, que l’espoir ne peut être enchaîné par des textes de loi. Aider quelqu’un ne devrait pas être seulement autorisé à ceux qui ont fait des études, mais être l’apanage de tout être humain. Une autre vision de ce rôle qui est à la fois différente de celle que l’on nous présente dans My Hero Academia et en même temps complémentaire. Un discours qui nous fait prendre conscience de l’impact de ces petits gestes pouvant sembler anodins et qui pourtant redonnent le sourire à notre entourage. Un héros qui le devient non pas par des exploits grandioses, mais par la confiance qu’il a gagnée de tous ces voisins qui se réjouissent en le voyant foncer à toute allure.
Deux chemins pour être un symbole
Je trouve, au-delà de ces deux personnages, que les deux œuvres se complètent à merveille. Vigilante n’est pas uniquement un spin-off de My Hero Academia. Il est surtout une autre manière d’appréhender cet univers et surtout le rôle du super-héros. Quand on y réfléchit bien, que ce soit Deku ou bien Koichi, les deux poursuivent le même rêve. Cependant, leur parcours est bien différent. D’un côté, on a un jeune homme né sans Alter qui finit par en obtenir un et qui intègre Yuei. De l’autre, on a un étudiant qui a bel et bien un pouvoir depuis son plus jeune âge, mais qui malheureusement n’a pu accéder à ce cursus tant souhaité. Une opposition très intéressante rien que dans leurs débuts et qui va prendre un tout autre essor au fur et à mesure que l’on fait le parallèle entre eux. En effet, Izuku est un apprenti-héros qui va enchaîner les confrontations impressionnantes et surtout faire face à des menaces venant ébranler l’ensemble de cette société fondée sur les super-pouvoirs. On pourrait alors croire qu’en comparaison, Koichi est un simple justicier de quartier qui vient en aide à ceux qui sont à portée. Et si c’était déjà ça être un héros ? Au travers de Deku et de My Hero Academia, on aborde le symbole de paix d’un point de vue grandiose, épique et qui se confronte aux pires criminels qui soient. De son côté, celui que l’on surnomme Crawler va se concentrer sur une représentation du porteur d’espoir beaucoup plus humaine. On a donc en premier lieu la figure héroïque comme on l’a si souvent vu dans les comics, séries ou films avec, bien sûr, tout un travail d’écriture pour apporter encore plus de richesse à cette volonté d’être un symbole.
Ensuite, on a non pas le héros qui est idolâtré, mais qui se veut plus proche de nous. Un justicier auquel on peut facilement s’identifier et qui nous donne de l’espoir par tous ces petits gestes qu’il fait au quotidien. C’est pour ça que je disais en début d’article que l’on a devant nous deux protagonistes qui à la fois se ressemblent et pourtant sont différents dans leur manière de concrétiser leur rêve. Ils veulent tous les deux être une lumière pour ceux qui sont perdus dans cet environnement pouvant être hostile. L’un se conforme aux lois et se rapproche progressivement de l’idéal qu’il a tant poursuivi tandis que l’autre reste dans l’ombre, considéré comme un criminel, mais dont on ne peut qu’apprécier la joie qu’il procure au quotidien. Le spectaculaire et l’humain fusionnent au travers de ces œuvres et de ces protagonistes qui ont tous trouvé leur manière d’être un héros. Les deux faces d’une même pièce où les valeurs sont partagées, mais où les ambitions ne sont pas identiques. Voilà pourquoi je trouve que Deku et Koichi sont des personnages fabuleux à suivre dans leur écriture et leur développement. Des jeunes gens portés par le même but et qui vont finir par trouver leur propre manière de concrétiser ce rêve au service des autres. J’espère en tout cas que ce nouveau numéro de “Portraits croisés” vous aura plu et surtout n’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous pensez de nos deux sujets du jour. Je serais très curieux de connaître votre avis sur ce thème traité par le prisme de ces adolescents pris dans le tourbillon de cette société basée sur l’exceptionnel.