Manga Horror Show : mieux vaut ne pas croiser leur route
Vous n’êtes pas sans savoir que j’apprécie énormément tout ce qui touche aux récits horrifiques notamment pour toute la complexité qu’il y a de faire ressentir de la peur au lecteur. Cela passe par une multitude d’éléments possibles que l’on a déjà pu aborder par le passé. Cependant, je n’ai jamais réellement pris le temps de m’arrêter sur ceux qui sont les représentants de cet effroi. Des personnages qui arrivent à instiller l’angoisse chez le spectateur dès lors qu’il les croise ou à travers certaines scènes particulières. Voilà pourquoi je me suis dit qu’il serait intéressant de leur dédier un numéro complet de Manga Horror Show en vous présentant certaines figures les plus remarquables à mes yeux pour distiller la terreur. Mais petit point à souligner, je ne parlerais ici que d’antagonistes ou d’individus humains et non de monstres ou créatures surnaturelles. Cela sera sûrement pour un potentiel autre numéro. Bien évidemment, il s’agit là d’une liste non-exhaustive (il y en a énormément d’autres) et je serais justement très curieux de connaître vos propres recommandations à ce niveau. Après tout, on a tous des ressentis différemment d’une œuvre à l’autre et même à l’égard de chaque personnage que l’on croise. Malgré tout, on peut dire qu’il y en a qui savent pertinemment comment nous donner des sueurs froides.
Kuro – My Home Hero
On commence avec un personnage qui a su me donner des sueurs froides récemment au vu de son évolution. Il s’agit de Kuro, l’un des principaux antagonistes du manga My Home Hero. S’il est vrai que le titre est sujet à beaucoup de discussions, force est de reconnaître que l’on a eu le droit, via le dernier arc narratif en date, à une mise en avant de ce yakuza. Jusqu’ici, cet homme toujours bien habillé se présentait à nous comme un mafieux qu’il ne valait mieux pas contrarier. Cependant, il ne sortait quasiment jamais de ce rôle que lui donnait ce statut. C’est réellement avec l’attaque du village dans les derniers tomes que l’on découvre le véritable visage de ce criminel. Alors que tous ses hommes se font tuer et qu’il se retrouve seul face à une foule prête à l’exterminer, il n’a absolument pas peur. Au contraire, il devient un véritable prédateur qui se délecte de chaque victime qu’il fait. Un individu qui va réussir à terrasser tous ceux qui le poursuivent en tenant les comptes. Le simple fait de le voir aussi stoïque et énumérer le nombre de ses victimes fait froid dans le dos. On comprend alors qu’il est un véritable monstre qui se délecte de cette situation. Pour la première fois, on le voit afficher un sourire non pas carnassier, mais sincère qui symbolise toute la joie qu’il ressent dans ce massacre. Un sentiment de malaise va naître en nous et se renforcer dès lors que l’on assiste à la fameuse scène où il est seul face aux femmes du village. Un moment si violent et qui va totalement représenter le mal qui sommeille en Kuro. Mais le pire, c’est qu’il est totalement conscient de ça et il va même jusqu’à remercier Tetsuo pour cette scène qu’il lui a offerte. Une némésis redoutable et qui semble quasiment impossible à vaincre tant il évite toutes les attaques à son égard. Une bête à visage humaine qui a su procurer bien des frissons.
Shô Tucker – FMA
Alors là, on s’attaque à un classique du genre qui a éveillé tant de haine et de crainte chez les lecteurs et spectateurs. Je parle bien sûr de Shô Tucker, l’alchimiste qui ira jusqu’à sacrifier sa fille et son chien pour donner vie à une chimère. Ce qui est fort avec ce personnage, c’est qu’il ne dure qu’un court instant dans le récit et pourtant il a marqué les esprits de tout le monde. Présenté initialement comme un père de famille souriant et soucieux de son futur examen, on n’imagine pas un seul instant de quoi il est capable. On en vient même à avoir un peu pitié de lui en le voyant se triturer le cerveau pour savoir ce qu’il présentera à ses supérieurs. Mais c’est quand on découvre le fruit de ses recherches avec cet hybride que l’effroi prend possession de nous. Les quelques mots de cette chimère adressés à Edward et la prise de conscience de l’absence des deux autres membres de cette famille font monter en nous un impressionnant mélange de peur et de haine. On se retrouve face à un homme qui a osé se servir de sa propre fille pour ses expériences en sachant pertinemment qu’il n’y avait aucun moyen de revenir en arrière. Un déchet qui préfère se concentrer sur sa carrière plutôt que sur sa propre famille et qui va même se servir de cette dernière pour assurer la première. Ce fut clairement l’un des moments les plus angoissants et violents de cette épopée qu’est FMA. Hiromu Arakawa a su donner vie à une figure secondaire que l’on aurait presque pu considérer initialement comme anecdotique pour en faire un être méprisable et démoniaque qui fait maintenant partie intégrante des souvenirs que l’on a de cette saga. Un moment insoutenable et qui montre l’horreur de l’être humain et sa capacité à détruire tout ce qui l’entoure pour juste un moment de gloire.
Johan Liebert – Monster
On passe ici à un autre grand classique quand il s’agit d’un antagoniste marquant et flippant. Je parle bien sûr de Johan Liebert de Monster. Ce manga culte a su faire vibrer tant de lecteurs à travers le monde. Cependant, s’il y a un personnage qui a su retenir l’attention de tout le monde, c’est bel et bien le principal adversaire de notre protagoniste. Un être aussi fascinant que troublant dont Naoki Urasawa va s’amuser à nous le présenter comme un simple enfant initialement avant de nous faire prendre conscience du danger qu’il représente. Il y a tout un travail qui est fait autour de ce personnage pour que justement il y ait ce contraste entre l’image qu’il reflète et le démon qui se cache derrière son allure d’ange. Un garçon qui paraissait innocent et qui, même adulte, semble être quelqu’un de sympathique avant que l’on ne finisse par entrevoir la malveillance qui sommeille en lui. Mais ce qui est le plus troublant dans son écriture, c’est qu’il sait pertinemment ce qu’il est et que le “mal” en lui est sa nature même. Il dit clairement que le seul moyen de l’empêcher de nuire et de mettre un terme à sa vie et il va donc constamment mettre à l’épreuve la justice de notre ancien médecin. Un antagoniste mémorable et qui aura fait faire bien des cauchemars tant il semble insaisissable et inarrêtable. Cela donne lieu d’ailleurs à de nombreuses scènes où la peur s’exprime non pas de manière directe, mais se construit progressivement. Cela nous amène finalement à des moments où la tension est à son paroxysme et l’inquiétude omniprésente concernant le sort que réserve Johan aux gens qui l’entourent. Je ne peux que vous recommander de découvrir cette œuvre et cet individu qui représente le monstre pouvant être en chaque personne.
Li Cheng Long – Blue Heaven
On reste dans les êtres angoissants avec un titre qui n’est pas forcément le plus connu et qui pourtant vaut le coup d’œil. Il s’agit de Li Cheng Long, l’un des deux antagonistes du manga Blue Heaven. J’aurais très bien pu mettre à l’honneur son adversaire qui est lui aussi un personnage tout aussi terrifiant. Mais là où ce dernier se montre rapidement comme un monstre déguisé en homme, notre sujet ici est bien plus pertinent dans son écriture. Quand on le découvre, on nous le présente comme un naufragé survivant d’un massacre au sein d’une petite embarcation. Mais c’est en progressant dans l’histoire que l’on va connaître la réalité sur ce qui s’est passé et surtout le danger que représente cet homme. Dès lors, on va être témoin de ses crimes au sein de cet immense paquebot sans que l’on ait l’impression que l’on puisse lui mettre la main dessus. Une ombre qui fauche tout ceux qui se dressent sur sa route et sans la moindre once de pitié. C’est là que Li Cheng Long se montre aussi intéressant que perturbant. Ses actes ne semblent pas lui procurer de réels plaisirs. Il tue juste parce que cela est le seul moyen qu’il connaisse pour avancer. Peu importe que ce soit un innocent, il est prêt à éliminer n’importe qui si cela le rapproche de son objectif. Ce n’est qu’en affrontant l’autre démon présent sur ce paquebot qu’il va dévoiler un sourire des plus angoissants. Lui qui était un fantôme jusqu’ici s’éveille pour montrer la bête qu’il est réellement. On assiste alors à leur duel sans qu’ils n’aient la moindre considération pour ceux qui se trouvent pris entre les deux. On est alors face à un homme qui nous terrifie par cette absence d’humanité et surtout le fait qu’il n’a que peu de considération pour la vie, que ce soit celle des autres ou la sienne.
Le clan Gotô – Gannibal
Je finis avec sûrement l’un de mes derniers coups de cœur on va dire concernant les personnages qui ont su me donner des frissons au fil de leurs actions. Je parle bien sûr du clan Gotô de Gannibal. J’aurais très bien pu évoquer aussi l’ensemble des villageois de Kuge, mais j’ai préféré me concentrer sur ceux qui servent de principaux antagonistes à Daigo. En effet, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été aussi pris à la gorge par un tel opposant. Le clan Gotô est un regroupement d’individus qui ne va avoir de cesse de nous oppresser par leurs apparitions. Avant même la véritable confrontation entre notre policier et eux, ils étaient déjà terrifiants. Que ce soit dans leur changement radical d’attitude, les menaces déguisées en plaisanteries et autres actes malsains, ils n’avaient de cesse de construire cette image angoissante de ce clan. Et plus on progresse dans l’histoire et plus on fait face à l’horreur que représente ce groupe. Daigo se retrouve seul face à une famille macabre qui a la mainmise sur toute la région et qui n’hésite pas à prendre les armes sans la moindre peur au ventre. Mais ce qui est aussi terrible, c’est ce côté famille qui est poussé à l’excès. Au lieu de faire face à un ennemi retors, c’est un groupe organisé que l’on voit et où chacun se bat pour les autres. Une union qui renforce l’aura qui se dégage de ce clan où chaque membre est profondément lié aux autres. Et en plus de ça, on a vraiment l’impression d’avoir autant face à nous des humains pervertis que des monstres assoiffés de sang. Et plus on avance dans le manga et plus on entre en contact avec cette folie et cette brutalité qui consument l’âme de ces gens. Un véritable cauchemar qui contribue énormément à l’atmosphère de cette oeuvre incroyable.