Frieren : une douce mélancolie en anime
Vous n’êtes pas sans savoir que la saison a déjà bien commencé avec de nombreux animes prometteurs. Si l’on peut déjà se faire un petit avis sur les débuts de ces séries, il y a certains titres qui étaient particulièrement attendus. C’est notamment le cas de notre sujet du jour que j’avais très envie d’aborder étant donné que j’apprécie autant le manga que son lancement en anime. Il s’agit bien sûr de Frieren que vous pouvez retrouver en manga chez Ki-oon et dont l’anime est actuellement diffusé sur Crunchyroll. J’ai déjà eu l’occasion de parler de cette histoire à travers une chronique des premiers tomes ainsi que mes reviews pour tous les volumes qui ont suivi. Une aventure qui sortait de l’ordinaire et qui n’a jamais vraiment faibli alors que l’on est déjà à son dixième tome. Cette adaptation avait alors fort à faire au vu des qualités du matériau de base, mais aussi le parti-pris de cette histoire qui allait un peu à contresens de ce que l’on a l’habitude aujourd’hui. Et pourtant, il n’aura pas fallu longtemps pour que le studio montre clairement de quoi il est capable et surtout à quel point il a su comprendre la vision de l’auteur en matière de narration et d’ambiance. L’heure est venue d’entamer un long et fascinant voyage en compagnie d’une elfe qui se laisse porter par le temps.
Un voyage se comptant en années
Avant toute chose, il est important de comprendre ce que nous raconte Frieren afin de bien cerner en quoi cette adaptation anime est réussie dans ses premiers pas. Ce titre, scénarisé par Kanehito Yamada et dessiné par Tsukasa Abe est disponible chez nous avec déjà dix tomes disponibles. C’est depuis cet automne que l’anime, réalisé par le studio Madhouse, est diffusé. Cette histoire nous fait suivre Frieren, une elfe magicienne ayant accompagné le héros Himmel et ses deux autres compagnons dans leur combat contre le roi des démons. Une longue épopée qui aura duré des années avant d’atteindre son but. Tout commence avec la victoire de ce groupe qui revient triomphant parmi les humains et est encensé par l’ensemble de la population. Une nouvelle ère de paix s’apprête à débuter et l’heure n’est plus à la peur, mais à la fête. Cependant, pour la jeune elfe, tout ça semble n’être que peu de choses. Elle s’apprête déjà à vivre de nouveau en ermite de son côté en faisant ses adieux à ses anciens camarades. Ne montrant jamais la moindre émotion, beaucoup la considèrent comme froide ou insensible. Mais pour Himmel, Eisen et Heiter, elle est une amie précieuse qui a beaucoup appris durant leur périple. Après dix ans de lutte intense, il est grand temps pour eux de ranger leurs armes et d’imaginer un futur radieux. C’est ainsi que les quatre compères se séparent. Pour la magicienne à la longévité exceptionnelle, cela signifie juste se concentrer de nouveau sur ses recherches.
Après tout, à ses yeux le temps n’est pas le même que pour les humains. Peu lui importe de devoir attendre encore une dizaine d’années avant d’atteindre son but étant donné que cela ne représente qu’un grain de sable dans sa très longue existence. Mais comme elle l’a promis à Himmel et aux autres, elle reviendra les voir avant que le temps n’ait fait son office à leur égard. C’est au bout d’un demi-siècle qu’elle finit par refaire surface après avoir passé tant d’années sur les routes en solo. Elle s’apprête à retrouver ses vieux amis, mais elle va être sous le choc en voyant à quel point Himmel a changé. Le vaillant héros ayant défait le cauchemar de l’Humanité est devenu un vieillard qui a du mal à se déplacer. Heureux de retrouver son amie, ce dernier sait que son heure approche. Ses derniers instants seront sous le signe de la joie et des vieux souvenirs avec le retour de toute sa bande. Ainsi s’éteint le grand héros Himmel et qui laisse derrière lui une grande peine et un vide immense même chez l’imperturbable Frieren. Pour la première fois, elle ressent quelque chose de fort en voyant le corps sans vie de son camarade. Elle comprend enfin à quel point la vie humaine est éphémère et a maintenant un nouvel objectif qu’elle souhaite réaliser. A présent, elle cherche à mieux comprendre ce monde et les habitants qui y vivent même s’il y a encore un long chemin à faire pour qu’elle puisse cerner au mieux ce qui a pu la frapper ce jour-là. Pour elle, c’est le début d’une toute nouvelle épopée qui va avoir son lot de surprises, de rencontres et de problèmes.
Quand on y réfléchit, Frieren propose une approche de la fantasy et même du temps qui passe pouvant tout à fait convenir à une adaptation anime. Proposant, en premier lieu, une aventure qui se veut lente et contemplative, la série parvient ici à sublimer ces instants de quiétude à travers l’écran. Le spectacle qui s’offre à nous va alors prendre une tournure encore plus impressionnante et touchante notamment grâce à tout le travail apporté par le studio. Même s’il ne se passe finalement pas grand-chose dans ce début d’épopée mise à part la vie qui suit son cycle, on n’a jamais le sentiment de s’ennuyer.
Une adaptation sublimant cette histoire
Si l’on a déjà eu le droit à plusieurs épisodes pour Frieren, je tenais à me concentrer ici sur les quatre premiers qui forment le début présenté au Japon. En effet, il était prévu d’avoir un épisode d’1h30 environ pour lancer cette adaptation. En France, celui-ci a été découpé en plusieurs parties afin de garder le format classique. Un choix intéressant et qui va permettre de bien segmenter chaque événement important de ce début d’aventure. Car oui, nous allons parler ici des prémices du voyage de Frieren pour suivre de nouveau le parcours qu’elle a pu faire en compagnie de ses vieux amis. Et c’est là que l’on comprend à quel point le studio a fait un travail monstre pour nous happer sans même avoir besoin de montrer la moindre scène d’action. Pour commencer, le rendu est magnifique et l’on est fasciné par cette lumière qui jaillit de nombreux plans. On ressent, sans même le moindre mot, que la paix est enfin là et cela s’exprime autant par le décor que le comportement de nos protagonistes. Notre groupe de héros revient victorieux sans même que l’on ait été témoin de leurs péripéties pour vaincre leur adversaire. Une entrée directe dans une ère de joie et de quiétude qui dénote avec ce que l’on peut connaître habituellement. Mais ce qui est important avant tout dans cette première partie de l’œuvre, c’est le lien qui unit les membres de ce groupe et le rapport au temps. Oui, cette dernière notion est l’un des principaux thèmes du manga et l’anime a su l’amener avec brio à l’écran.
On observe cette elfe qui n’a pas du tout la même vision des années qui défilent que les autres êtres vivants. Ce qui pour elle n’est qu’une infime partie de son existence représente une vie entière pour les autres. On peut alors avoir le sentiment que Frieren est un personnage qui ne cherche donc pas à avoir d’attaches envers son entourage étant donné qu’elle sait pertinemment qu’elle leur survivra. Et pourtant, plus on progresse dans ces épisodes et plus cette carapace se fissure pour montrer une magicienne qui prend finalement conscience de tout ce que cette épopée lui a apporté. C’est dans les derniers instants de certains de ses compagnons qu’elle montre son humanité et surtout à quel point tous ces moments partagés avec eux lui ont permis de changer. Elle a beau ne pas être la plus expressive, il suffit de quelques secondes à l’anime pour nous montrer toute l’émotion qui s’empare d’elle. C’est d’ailleurs remarquable d’avoir su sublimer ce moment qui était déjà très fort dans le manga et qui, à l’écran, nous bouleverse encore plus tant il y a le travail des seiyuu et toute cette animation qui donne encore plus de vie à cette scène. Pareil pour les quelques passages soulignant la camaraderie unissant les quatre compères. Des actes où le silence en dit bien plus long que le plus touchant des discours. On a beau ne pas avoir partagé leur périple, cette fin d’aventure pour eux et les quelques souvenirs qu’ils nous partagent suffisent largement pour que l’on soit sous le charme de cette équipe. Un groupe qui était déjà magnifique en manga et qui est encore plus vivant en anime.
L’adaptation de Frieren est donc, pour le moment, une incroyable surprise et surtout met parfaitement à l’honneur tout ce qui fait l’attrait du manga. Une animation fabuleuse et surtout une représentation fidèle de cet univers qui est teinté de nombreuses émotions. En seulement quelques épisodes, on arrive à rire, pleurer et être ému par l’histoire de cette elfe et ses compagnons, qu’ils soient anciens ou nouveaux. Une formidable ode au temps qui passe et qui finit toujours par l’emporter, ne laissant derrière lui que de précieux souvenirs à chérir de toutes nos forces.
Frieren a tout son temps
Bien sûr, on ne peut juger un anime qu’une fois que l’on est allé jusqu’au bout de tous les épisodes prévus. Cependant, on peut aussi entrevoir le potentiel d’une série par rapport à son début et surtout découvrir si l’on est sur une adaptation fidèle ou une autre proposition. Avec Frieren, nous sommes avant tout dans le premier exemple, mais sans forcément du copier-coller de ce que l’on peut retrouver dans le manga. Au contraire, en conservant la ligne directrice instaurée par le matériau de base, Madhouse a aussi su insuffler son savoir-faire pour délivrer un résultat qui enchante notre regard. On était déjà émerveillé en découvrant pour la première fois cette histoire et cette nouvelle approche réussit à renforcer les émotions que l’on va éprouver. Frieren n’est pas un titre de fantasy comme les autres. S’il y a des confrontations spectaculaires qui s’offrent à nous au fil de cette épopée, la véritable force de cette série repose sur sa faculté à nous faire apprécier l’instant présent. Ce qui peut paraître comme de la lenteur au départ est en réalité un formidable processus pour que l’on apprécie chaque seconde que l’on passe en compagnie de ces personnages qui débordent d’authenticité et de sincérité. On rit, on pleure et on s’émerveille en même temps qu’eux tant le lien qui se forme entre le spectateur et ces héros est fort. Et le simple fait de se dire que l’on va suivre un nouveau départ pour cette elfe et ses futurs compagnons de route suffit à nous réjouir tant on s’imagine tout ce que l’on va vivre.
Frieren est donc, sur ces premiers épisodes, une excellente adaptation anime où le studio ne s’est pas uniquement concentré sur le fait d’être le plus fidèle possible. De par le format et ce qu’impose l’animation, il n’est jamais possible d’être identique au récit d’origine. S’en rapprocher est déjà remarquable, mais il arrive aussi que l’on assiste à la naissance d’une version qui arrive autant à porter l’œuvre de base qu’à proposer une aventure qui nous fait vivre quelque chose d’unique. C’est totalement le cas ici au vu du travail fourni par les équipes de Madhouse qui arrivent à transformer des scènes déjà somptueuses en un moment inoubliable tant on ressent les émotions de chaque personnage. Frieren, derrière son attitude froide et distante, ne nous a jamais paru si humaine qu’en la voyant faire ses adieux à ses anciens compagnons. Un début qui symbolise autant une fin pour elle qu’une renaissance pour entamer une aventure inédite. A présent, j’ai juste hâte de faire perdurer cette seconde découverte de cet univers qui brille par ses thèmes forts, ses décors, son écriture, mais aussi cette envie de montrer l’importance des souvenirs que l’on garde de ceux qui nous sont chers. Alors que l’on a l’habitude d’être époustouflé par de l’action grandiose, Frieren prend le chemin opposé et émerveille autant notre regard par ses sublimes plans qu’il nous touche en plein cœur. Une recommandation de ma part qui démarre en fanfare et qui peut autant plaire à ceux qui ont lu le manga qu’à ceux qui n’ont jamais encore eu l’occasion de le découvrir.
N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pensé de ces premiers épisodes de Frieren. Trouvez-vous qu’il s’agit d’une bonne adaptation ? Est-ce que, selon vous, le studio a su montrer son talent ici en matière d’animation, mais aussi de retranscription de l’œuvre initiale ? Ce début parvient-il, à vos yeux, à être un reflet sublimé de ce que l’on a pu découvrir dans le manga ? Retrouvez-vous ici ce charme si spécifique qui fait la beauté de cette histoire ainsi que son côté mélancolique ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette adaptation ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.