Mes cent contes mortels T1 : de quoi passer un bon Halloween
Vous le savez sûrement depuis toutes ces années, j’adore dédier le mois d’octobre aux récits horrifiques ou bien qui collent parfaitement à cette période. C’est d’ailleurs toujours une époque propice pour les maisons d’édition afin de proposer des œuvres pouvant totalement trouver leur place dans une pile de lectures spéciale Halloween. J’apprécie ainsi me plonger dans toutes ces nouvelles aventures qui ont pour but de jouer sur nos peurs pour nous faire vivre une expérience hors du commun. En ce jour très spécial venant clôturer ce mois, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas aborder l’un de ces mangas. Et quoi de mieux que de se pencher sur la licence inédite des éditions Akata répondant au nom de “Mes cent contes mortels”. J’attendais énormément ce titre depuis son annonce et c’est donc tout naturellement que je me suis jeté dessus. Et j’ai bien fait tant on est face à une expérience utilisant avec brio un schéma connu de ce genre et une créativité sans borne pour nous donner des sueurs froides. Prenez place pour écouter un jeune garçon qui nous terrifie au fil de ses histoires.
Raconte nous une histoire !
Synopsis
Une légende urbaine raconte que si vous lisez cent contes horrifiques, un esprit vengeur viendra s’abattre sur vous. Aussi, quand Yûma, garçon aux idées suicidaires, apprend l’existence de ce jeu traditionnel, il décide de se plonger chaque soir dans un de ces récits… Mais quelles sont ses véritables intentions ? Et surtout, comment cette expérience morbide le transformera-t-il ?
Mangaka : Anji Matono
Vous l’aurez compris autant à travers son titre que par son synopsis, Mes cent contes mortels s’axe sur un enchaînement de courtes histoires horrifiques. Chacune d’entre elle est introduite et clôturée par le même garçon qui va être le fil rouge de tout le tome. La question est alors de savoir si cette escapade terrifiante arrive à être maintenue tout au long de ces premières fictions. Autant le dire tout de suite, l’auteur a frappé un grand coup avec cette introduction qui témoigne de son inventivité pour nous faire frissonner tout en nous tenant en haleine jusqu’au bout du volume.
De courtes aventures terrifiantes
Comme je vous l’ai expliqué un peu plus haut, Mes cent contes mortels prend la forme d’un enchaînement de petites histoires liées entre elles par ce jeune narrateur. Ce dernier est loin d’être anodin, car on sent, au fil des chapitres, qu’il y a quelque chose qui se tisse autour de lui. D’ailleurs, c’est lui qui est au centre de l’histoire durant les premières pages qui vont justement le lancer dans ce fameux jeu morbide. Si l’on est déjà intrigué par cette mise en scène et ce soin apporté à la narration, il est important de s’attarder sur ces récits que l’on nous partage. Au nombre de dix, on peut rapidement dire que l’auteur se donne à fond pour nous donner la frousse sans virer forcément dans le gore. Au contraire, ce qui fait la première force de ce manga concerne la diversité des styles d’horreur que l’on va observer. On peut totalement commencer avec une histoire de fantôme pour enchaîner ensuite avec un conte s’axant sur un psychopathe commettant l’irréparable. Nous ne nous attardons pas sur un genre précis, mais sur une tonne de petites ramifications qui montrent la richesse derrière l’horreur et qui vont avoir une autre influence. En effet, quand on parle de récit horrifique, il est très compliqué de faire l’unanimité. Après tout, on est tous effrayé par des choses qui nous sont propres. Cela peut passer de l’élément le plus anodin à de véritables phobies en passant par des situations de crises ou inexplicables. En un seul volume, le mangaka montre sa capacité à jouer sur plusieurs tableaux pour qu’il y ait au moins une de ses histoires qui arrive à faire trembler le lecteur.
Et c’est justement ça le but voulu par cet ouvrage. En clôturant cette lecture, il y a forcément au moins une histoire qui va nous rester en mémoire et ainsi montrer que le titre est parvenu à nous marquer. De même, je trouve qu’il y a eu un très bon juste-milieu en matière de durée pour chacune de ces fictions. Ainsi, on ne s’étale jamais trop longtemps et on va rapidement à l’essentiel avec toujours une précision remarquable. On sent aussi cette volonté de rendre hommage à bon nombre de grands noms de l’horreur et cela fonctionne à merveille. Nous sommes face à une anthologie aussi sinistre que captivante où chaque histoire ne se limite pas seulement à nous faire peur. A travers ce récit, nous faisons un voyage au sein de ce genre qui se veut bien plus riche qu’on pourrait le croire et qui peut surtout prendre de multiples formes. Parfois fantomatiques ou bien organiques, des fois réelles ou surnaturelles, mais toujours angoissantes, les menaces présentées arrivent, d’une façon ou d’une autre, à nous faire trembler. Mais même au-delà de ces petits moments terrifiants, les interludes en compagnie de notre narrateur arrivent aussi à accentuer le sentiment de malaise que l’on éprouve. Un peu comme si on s’attendait à ce qu’il se passe aussi quelque chose d’horrible autour de lui ou surtout que l’on découvre que les horreurs qu’il raconte ne sont rien face à ce qu’il peut connaître dans son quotidien de tous les jours. Beaucoup de possibilités qui donnent tout bonnement envie de prolonger l’expérience à travers les prochains tomes.
On peut donc clamer haut et fort que ce premier pas dans l’univers de Mes cent contes mortels a été un grand succès à mon égard. On se laisse si facilement emporter par les récits de ce jeune garçon qui ne sont ni trop courts ni trop longs et qui arrivent rapidement à nous donner des frissons. On sent que l’auteur laisse pleinement exprimer sa créativité pour créer des fictions qui nous mettent mal à l’aise et qui abordent bon nombre de styles différents. Parfois purement surnaturelles et d’autrefois bien réelles, les menaces présentées nous serrent la gorge sans que l’on puisse pour autant s’arrêter de tourner les pages.
Mes cent contes mortels nous fait trembler
Ce n’est donc pas un secret en lisant cette chronique, mais j’ai adoré ma découverte de Mes cent contes mortels. Evidemment, ce titre n’est pas forcément à mettre entre toutes les mains au vu de certaines histoires qui peuvent être assez choquantes. Nous sommes face à une anthologie qui a parfaitement su trouver le parfait équilibre entre plusieurs styles de récits effrayants. Chacun peut y trouver son compte et surtout on peut autant être dans l’angoisse que la peur viscérale en fonction de l’intrigue qui nous est racontée. De multiples petites expériences qui forment une aventure unique et saisissante tout en tissant en arrière-plan une peur encore plus sinistre avec ce petit garçon qui s’adresse à nous. Et ce qui est remarquable, c’est que l’on a ici uniquement les dix premières fictions sur les cent prévues. On peut donc imaginer encore plus de scénarios possibles à venir et cela ne fait que renforcer notre intérêt pour la suite tout en nous demandant ce que l’imaginaire de cet auteur va bien pouvoir créer. On est vraiment devant une lecture parfaite pour accompagner cette journée d’Halloween et surtout pour nous montrer la richesse d’un genre souvent trop moqué. Ayant été bercé par les “Chair de Poule”, “Les contes de la Crypte” et progressivement par le cinéma d’horreur puis la littérature horrifique, je vois à quel point Anji Matono cherche à mettre à l’honneur ce genre et la richesse de celui-ci. C’est en tout cas un pari réussi et je suis très curieux de voir si l’on arrivera au bout de ce décompte.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je vous recommande Mes cent contes mortels qui est vraiment un petit bijou sur ce premier tome en matière de narration et d’efficacité. Rapidement, le mangaka nous pose le décor de chaque histoire et arrive à nous glacer le sang en voyant où tout ça nous mène. Un exercice très difficile au vu du peu de pages pour chaque et qui pourtant y arrive très bien. Évidemment, on va tous être plus ou moins réceptifs en fonction de nos propres critères en matière d’effroi ou tout bonnement par rapport à ce qui nous fait flipper. Mais même au-delà de ça, on peut constater l’investissement et le travail de cet artiste pour créer une ambiance unique à chaque chapitre et se réinventer sans cesse. Si vous êtes en tout cas amateur de ce type d’expérience ou que vous recherchez une anthologie pour vous faire frissonner, vous aurez largement de quoi faire avec ce premier volume. Comme d’habitude, j’ai pas mal de questions qui me viennent à l’esprit en clôturant cette introduction. Où va nous amener l’auteur avec ses prochains contes ? Quel peut bien être le secret qui se cache derrière la vie de notre narrateur ? Que va-t-il se passer au bout des cent histoires ? Verrons-nous un fil rouge se dessiner autour de ce garçon et de ce qu’il nous raconte ? J’ai déjà hâte de me jeter sur la suite de cette excellente série. Un coup de coeur qui est parfait pour vous accompagner en ce mois si spécifique.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Mes cent contes mortels. Trouvez-vous que l’auteur a parfaitement su s’adapter à ce format de petites histoires liées entre elles par le même narrateur ? Est-ce que vous avez ressenti beaucoup d’effroi au contact de ce premier volume ? Le titre parvient-il, selon vous, à se renouveler efficacement au travers de ses dix premières histoires ? Avez-vous été intrigué de voir où nous mènera cet enchaînement de contes semblant cacher autre chose pour ce jeune garçon ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© by MATONO Anji – MATONO Toma / Shôgakukan