Dark Gathering T1 & 2 : une malédiction persistante
Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai une certaine passion pour les récits horrifiques notamment dans le monde du manga. Il faut dire que ce genre, que l’on pense extrêmement codifié, est en réalité un terreau fertile pouvant faire germer bon nombre d’histoires prometteuses. C’est donc avec toujours beaucoup de joie que de découvrir une série qui nous amène sur un tel sentier comme ce fut le cas récemment du côté de chez Mana Books. C’est en effet dans leur catalogue que Dark Gathering a fait ses débuts au travers de ses deux premiers tomes. Un nom qui vous dit peut être quelque chose étant donné qu’une adaptation anime est disponible sur ADN. Rien que ses jaquettes ont suffit à me convaincre à tenter cette expérience qui a su me surprendre à de nombreuses reprises. Une œuvre qui va jouer avec le thème des fantômes pour nous amener à la rencontre de plusieurs esprits vengeurs ou terrifiants. Affichant une justesse incroyable dans sa mise en scène, voilà une histoire qui donne froid dans le dos. Préparez-vous donc à partir à la chasse aux spectres.
Une envie d’une vie tranquille
Synopsis
Keitaro est étudiant à l’université. Par le passé, sa capacité à attirer les esprits a causé des ennuis à sa meilleure amie. Malgré cela, il accepte un emploi à temps partiel en tant que professeur particulier, mais son élève, une jeune surdouée du nom de Yayoi, devine son pouvoir au premier coup d’œil. Elle l’invite à l’accompagner dans un lieu hanté…
Mangaka : Kenichi Kondo
On pourrait croire initialement que Dark Gathering est une œuvre qui se veut assez classique dans sa manière de nous plonger dans cette chasse aux fantômes. Pourtant, on va très vite se rendre compte que derrière ce postulat de base se cache une intrigue beaucoup plus prenante. Plus on progresse dans le scénario et plus on se rend compte que cette aventure se veut bien plus glaçante qu’on ne pouvait le penser à la base. Une expérience littéraire qui va jouer avec le protagoniste et le lecteur pour nous donner un sentiment d’étouffement et de crainte à chaque nouvelle page.
L’horreur sous diverses formes
Dès le départ, il se dégageait quelque chose d’assez inexplicable et envoûtant rien que dans les covers de Dark Gathering. Et une fois que l’on plonge dedans, on se rend compte à quel point on était loin de s’imaginer ce qui nous attendait. En fait, en seulement quelques pages la série parvient à installer une ambiance qui nous met mal à l’aise. Alors que l’on peut avoir le sentiment que les récits de fantômes nous ont déjà tout raconté, le titre se démarque ici par sa capacité à les rendre hostiles et surtout angoissants dans leur histoire et ce qu’ils sont capables de faire. Pour réussir à faire ça, le titre parvient à créer une ambiance pesante qui se ressent dès lors que l’on s’approche d’une de ces zones dites hantées en compagnie de nos protagonistes. Mais si cette traque aux esprits est au cœur de l’intrigue, le véritable point fort de ces deux volumes vient justement de ce que l’on va éprouver au contact de nos personnages principaux. Rien qu’en posant les yeux sur Yayoi, on ne peut s’empêcher de sentir quelque chose nous parcourir l’échine. Que ce soient ses étranges yeux, son attrait pour l’occultisme ou bien les secrets qu’elle semble cacher, tout indique qu’elle est très loin d’être une jeune fille ordinaire. Il en est de même pour l’amie de Keitaro qui s’est retrouvée impliquée par le passé dans la terrible malédiction qui a frappé le garçon. Alors qu’on nous la présente comme souriante et semblant être d’un optimisme à toute épreuve, il suffit de quelques cases pour voir que ce visage rayonnant semble cacher un rictus beaucoup plus sordide.
Même notre héros n’est pas en reste quand on voit progressivement cette double attitude qu’il affiche sans même forcément s’en rendre compte. Tout est pensé pour que ses prétendues alliées, que l’on nous présente initialement, arrivent à créer un sentiment d’insécurité. On a beau nous dire qu’elles se lancent dans leur quête pour une raison personnelle et compréhensible, il suffit de certaines pages pour les craindre et avoir peur pour Keitaro et son avenir. Et c’est là que réside tout le génie de ces premiers actes. L’angoisse ne vient pas uniquement des entités que l’on va rencontrer, mais aussi de ce groupe qui se lance à leur poursuite. Tout est réfléchi pour que l’on soit méfiant de chaque individu que l’on croise, car on sent que tous ces gens ont des intentions loin de celles qu’ils prétendent avoir. On est donc autant apeuré par l’ennemi qui se trouve en face de nous que par les personnes qui sont censées être du côté de Keitaro. Tout ça est ensuite brillamment appuyé par cette ambiance qui s’étoffe progressivement au fil des chapitres. Alors que l’on pourrait penser que l’effet de surprise s’atténuerait avec le temps, c’est tout le contraire qui se passe. Chaque nouvelle rencontre fantomatique est l’occasion d’observer la créativité de l’artiste pour insuffler la peur chez le protagoniste et le lecteur. Sans jamais partir dans l’effusion de sang, tout est une question d’angoisse et de pression que vont apporter ces êtres surnaturels. Si l’on peut avoir des petits passages comiques venant briser un peu cette tension palpable, tout est très vite rattrapé par la dangerosité de ces rencontres qui vont chacune nous offrir des situations aussi terrifiantes que palpitantes. On est littéralement pris à la gorge en voyant ce qui se passe et l’on est autant dans la crainte de voir ce qui pourrait advenir la page d’après qu’impatient de tourner cette dernière. Un juste-milieu qui montre la capacité de l’auteur à comprendre l’horreur liée à ces spectres et à la retranscrire du mieux possible à travers son trait assuré et soigné.
Il y a vraiment quelque chose de captivant qui se dégage de Dark Gathering. A travers ces deux premiers volumes, le manga fait forte impression tant il arrive à proposer un mélange réussi entre aventures surnaturelles et horreur savamment dosé. On avance en ayant la boule au ventre du fait que l’on ne sait pas réellement à quoi s’attendre. Même les alliés de notre protagoniste nous donnent des sueurs froides et c’est ce qui fait la principale force de cette série. Une œuvre qui veut semer le doute en nous tandis que l’on enchaîne les situations cauchemardesques et terrifiantes.
Dark Gathering ensorcèle
J’ai été profondément marqué par la lecture de Dark Gathering notamment du fait que le manga réussit habilement à jouer sur une peur beaucoup plus profonde et sournoise. Alors que l’on nous fait côtoyer au sein de ce récit le monde des morts, ces derniers sont autant source d’effroi que les vivants qui nous servent pourtant de point de repère. La menace ne vient donc pas uniquement d’un côté, mais de plusieurs fronts et on ressent pleinement ça par cette sensation d’être pris au piège. Même Keitaro finit toujours par craquer aux demandes de cette jeune fille qui devient rapidement le pire cauchemar des esprits qui croisent sa route. Derrière l’aspect “coloré” des personnages se cache en réalité une œuvre sachant parfaitement comment créer l’angoisse et qui l’amène de bien des façons différentes. Cela donne lieu à une expérience fantastique pour tout amateur d’histoires de fantômes ou de récits horrifiques. Une bien belle surprise dans ce domaine et qui fut encore plus forte à mes yeux du fait que je n’ai pas eu l’occasion de me pencher sur l’anime avant. J’ignorais donc totalement dans quoi j’allais m’embarquer et je suis pleinement satisfait par ce que j’ai pu découvrir à travers ces deux volumes. On est à la fois rapidement plongé dans l’intrigue et malgré tout très loin d’avoir tout vu. Cette aventure nous imprègne totalement de cette aura macabre qui découle de ce scénario et on se demande même si tout ça ne finira pas tragiquement pour nos protagonistes.
En parvenant à mettre en scène une peur créée du mélange de l’angoisse suscitée par le surnaturel et l’inquiétude engendrée par les vivants, Dark Gathering a parfaitement su faire mouche pour moi. Un coup de cœur pour ce titre qui peut facilement se retrouver dans mes futures recommandations d’Halloween tant on est face à une série qui a su créer sa propre approche de ce thème pourtant déjà vu à de nombreuses reprises. Et même si l’on est terrifié par ce que l’on découvre au fil des cases, on ne peut s’empêcher d’avancer. La curiosité prend le pas sur la crainte et c’est cet équilibre qui donne toute sa saveur à cette intrigue qui est loin de nous avoir tout dévoilé. On a envie de voir jusqu’où tout ça ira et surtout s’il sera possible de ramener un peu de lumière dans la vie de ces personnes détruites. Si vous appréciez les récits horrifiques ou que vous souhaitez une œuvre qui parviendra à vous donner des frissons alors vous trouverez sûrement votre compte ici. A présent, j’ai plusieurs questions qui me viennent en tête suite à cette lecture. Est-ce que Yayoi est réellement une personne de confiance ? Quel avenir attend Keitaro à force de se plier aux exigences de son élève ? Quels sont les prochains esprits qui croiseront leur route ? Parviendront-ils à retrouver la trace de ce fantôme recherché par la jeune fille ? Est-ce qu’il est encore possible de lever la malédiction pesant sur l’adolescent ? Il me tarde déjà de me plonger dans la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Dark Gathering. Trouvez-vous que le titre parvient à tirer son épingle du jeu en matière d’horreur ? Est-ce que le manga a su vous donner des sueurs froides au cours de cette lecture ? Etes-vous curieux d’en apprendre plus sur toute cette histoire et les personnages qui ponctuent notre avancée ? Est-ce que vous trouvez que ce récit parvient à créer un profond sentiment de malaise même face à ces individus servant d’acolytes ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.