Le Palais des Assassins T1 : comment se faire des amies
Alors que février est normalement un mois assez léger, on ne peut pas dire que celui de 2024 ait décidé de suivre cette tradition. Au contraire, on a pu avoir un sacré enchaînement de nouvelles licences. Parmi elles, on se rend compte qu’il y a certaines tendances qui se dessinent au niveau des histoires ou des décors proposés. Mais cela ne signifie pas pour autant un manque d’originalité. Au contraire, il est toujours captivant de voir comment un auteur peut tirer son épingle du jeu au travers d’une toile de fond pouvant rappeler d’autres aventures. C’est exactement le cas pour le titre que je vais aborder aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de Ki-oon. Il s’agit du Palais des Assassins dont le synopsis proposé lors de son annonce avait largement suffi à me convaincre de tenter l’aventure. Et je suis content d’avoir cédé à ma curiosité, car j’ai pu découvrir un début d’épopée prometteur avec une héroïne qui doit faire face au regard des autres alors qu’elle ne cherche qu’à se rapprocher de ses consœurs. Préparez-vous donc à faire votre entrée au sein d’une cour où il faut toujours rester sur ses gardes.
Un nom qui fait peur
Synopsis
Karin vient d’entrer comme apprentie servante au quartier des femmes du palais impérial. Dans ce lieu à part, elle espère réaliser son vœu de toujours : se faire des amies ! Fille du haut fonctionnaire le plus craint de l’empire et considérée comme le bras armé de son conspirateur de père, elle a toute sa vie vécu isolée. Même si elle est experte dans l’art de l’assassinat, elle n’aspire qu’à une vie normale ! Pourtant, les efforts qu’elle fournit pour se rapprocher de ses camarades sont vains, car la peur qu’elle inspire fait d’elle une paria…
Un soir de tempête, alors qu’elle est au bord du désespoir, un garçon s’approche pour lui offrir son parapluie avant de disparaître… Ce n’est autre que l’empereur lui-même ! Ce geste
d’amitié inattendue redonne courage à la jeune fille, qui jure de prouver sa reconnaissance.
L’occasion ne tarde pas : elle débusque un assassin infiltré qui cherche à atteindre le petit monarque et l’élimine grâce à ses talents cachés ! Tant de gens veulent la perte du souverain… mais Karin se promet de le protéger dans l’ombre !
Auteurs : Tabasa Iori
Il n’y a pas à dire, le décor proposé par Le Palais des Assassins est très en vogue ces derniers temps. Mais il est donc important de voir comment ce titre parvient à se différencier. Et on peut dire que ce premier volume donne rapidement le ton de ce qui nous attend notamment par rapport à notre protagoniste et le regard des autres à son égard. Nous sommes avant tout ici dans une recherche d’amitié qui va amener bon nombre d’aléas au sein de cette cour où il ne se passe pas un jour sans qu’il n’y ait des manigances. Le début d’un quotidien mouvementé pour une jeune fille désireuse d’éclairer son monde.
Entre humour et héritage maudit
La première chose qui va retenir notre attention quand on se lance dans la lecture du Palais des Assassins concerne notre protagoniste. En effet, Karin va être l’une des principales qualités de ce premier volume. On nous fait rapidement comprendre son désir de se lier d’amitié aux autres afin de sortir de cette sphère cauchemardesque liée à son père. Un souhait tout à fait légitime, mais qui va rapidement nous être montré comme étant difficile à réaliser. La raison à ça vient justement du nom de notre protagoniste et de ce qu’il symbolise. Ainsi, celui-ci va faire d’elle une source de peur pour tous les autres habitants de cette cour alors qu’elle est très loin d’être le reflet de son père. Au contraire, elle cherche absolument à s’extraire de son ombre pour aller vers la lumière, étant la première victime de cette aura infernale qui se dégage de cet homme. Le titre nous montre ainsi avec brio à quel point les actions de parents peuvent avoir d’importantes répercussions sur leurs enfants alors que ces derniers n’ont absolument rien avoir avec eux. Ici, on nous présente simplement une jeune fille qui a juste eu le malheur de naître d’un père connu comme un véritable monstre par les autres membres du palais. Une réputation qui s’accroche à cette demoiselle qui n’a rien demandé et qui fait qu’on la juge sans même la connaître. De ce fait, le manga s’axe autour d’une thématique assez forte et finalement assez peu présente dans ce genre. On a une profonde empathie pour Karin qui serre les dents pour encaisser la peur des autres à son égard et tente tout de même de se rapprocher d’elles.
Et là, un autre élément va venir découler directement de cette détermination propre à notre protagoniste. Se décomposant en deux facettes bien distinctes, il s’agit du contraste qui va naître entre ce que les autres pensent d’elles et ce qu’elle est réellement. Ainsi, il y a une certaine volonté d’apporter un côté comique à cette peur constante qui, initialement, se veut compréhensible pour finir par devenir risible. On finit par se moquer de ces frayeurs qui sont souvent dues à une mauvaise compréhension et perception de Karin. Il faut dire que pour appuyer ce décalage, notre héroïne affiche une mine loin d’être réconfortante. Et cela appuie justement le fait que les gens s’attardent souvent bien trop aux apparences et aux racontars plutôt que de chercher à véritablement connaître la personne. Et en plus de ça, ce récit ne va pas uniquement s’axer sur la quête personnelle de cette jeune servante. En étant amené dans un tel environnement, on va aussi se retrouver au cœur de nombreux complots venant rythmer le quotidien des pensionnaires de ce lieu. Sans le vouloir, on se retrouve impliqué dans ces manigances entre les grandes factions. Ainsi, en dehors de l’aspect humain, cette série va aussi nous amener à côtoyer les hautes puissances de cette cour. Et en amenant des dangers bien réels, le récit va réussir à accentuer le développement de notre protagoniste en l’impliquant malgré elle dans ces intrigues. Des événements qui vont l’amener à faire étalage des connaissances mortelles apprises sous la tutelle de son père et qui viennent à éveiller une autre facette de cette demoiselle. Un récit qui, au même titre que sa figure centrale, affiche de multiples visages.
En seulement un volume, Le Palais des Assassins parvient à proposer une base simple, solide et efficace pour la suite. Si beaucoup pouvaient avoir peur de la comparaison avec une autre série, tout est bien mené afin de créer une expérience diamétralement différente. Parvenant à trouver un bon compromis entre humour, quiproquos et complots, on sent qu’il y a énormément de potentiel derrière ce premier acte. Un premier contact qui nous permet de mieux cerner notre jeune protagoniste et surtout la difficulté que ça va être de se faire la moindre amie. Même au sein de ce nid de vipères, il y en a qui ne cherche rien d’autre qu’un peu de camaraderie.
Le Palais des Assassins ouvre ses portes
J’ai pris énormément de plaisir à me plonger dans ce premier volume du Palais des Assassins. En plus d’apprécier énormément le décor présenté et tout ce qui découle de celui-ci, j’ai surtout aimé la manière dont le mangaka parvient à focaliser son histoire autour de Karin. Elle a beau être l’héroïne de cette histoire, elle est aussi et surtout celle qui va être au cœur de toutes les préoccupations. Se retrouvant souvent au mauvais endroit au mauvais moment, elle finit inexorablement par avoir un impact sur la vie des gens qui l’entourent. Alors que tout le monde la craint à cause de l’ombre de son père, elle se sert de ses talents et de ses connaissances pour empêcher le pire d’avoir lieu. Une bonne âme qui doit malheureusement se confronter à un héritage maudit et à la peur que peut engendrer un simple nom. Je trouve qu’il y a un excellent travail qui est fait à ce niveau afin d’avoir autant des propos pertinents véhiculés par le biais du combat quotidien de cette servante qu’un divertissement efficace autant sur le plan de la comédie que des jeux de pouvoir. En un seul tome, nous voilà déjà pleinement immergés au sein de cet environnement qui se montre beaucoup plus hostile qu’il n’y paraît et où une jeune fille va simplement chercher à égayer sa vie auprès de futures personnes qu’elle pourrait considérer comme ses amies. Un manga qui parvient aussi à parler avec brio et à sa manière de ce que la solitude peut engendrer comme souffrance surtout quand celle-ci est causée par les actes d’un autre.
Voilà donc un beau coup de cœur que j’ai eu pour ce premier volume du Palais des Assassins. Alors que beaucoup pouvaient avoir peur d’une œuvre trop similaire à un autre classique de l’éditeur, il n’en est rien. On se laisse facilement convaincre par cette demoiselle qui se veut bien plus attachante et touchante dans cette lutte qu’elle mène. On enchaîne les pages en ayant l’envie de la soutenir et surtout de la voir briser ce mur qui s’est créé entre elle et les autres servantes avant même qu’elle n’ait dit le moindre mot. Et en dehors de ça, on sent que plusieurs choses se mettent en place autour du jeune empereur et du lien qui pourrait se former entre lui et notre protagoniste. Les prémices de complots qui pourraient bien avoir une incidence notable sur la place de Karin au sein de cette cour et surtout de comment elle sera perçue par les autres habitantes de ce lieu. Si vous cherchez une aventure qui arrive à mêler habilement humour, thème fort, manigances politiques et action alors vous devriez largement être convaincu par cette série. A présent, voici le petit résumé des questions que l’on peut se poser après avoir refermé cet ouvrage. Est-ce que le père de Karin finira par agir directement dans l’existence de sa fille ? Des collègues de cette dernière finiront-elles par se rapprocher d’elle ? Continuera-t-elle d’insuffler la peur autour d’elle ? Jusqu’où iront les prochaines tentatives d’assassinats au sein de ce palais ? Impatient de connaître la suite de tout ça.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume du Palais des Assassins. Trouvez-vous que le titre parvient à proposer un mélange efficace entre humour, action et manigances ? Est-ce que vous avez ressenti de la sympathie pour notre jeune servante qui cherche juste à se faire des amies ? Trouvez-vous que le manga, derrière son côté comique, parvient à parler avec brio du lourd fardeau de porter un certain nom ? Etes-vous intrigué de voir comment va évoluer le regard des autres envers notre héroïne ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
ANSATSU KOKYU -ANSATSU NYOKAN KARIN WA YUTTARI IKITAI-
©2022 Tabasa IORI / SHOGAKUKAN