La Bibliothèque du savoir #07 – FFVII – Le tandem de choc Reno et Rude
Nous sommes samedi et il est donc grand temps de vous ouvrir les portes de notre chère bibliothèque du savoir. Après avoir fait un petit interlude du côté de la section Persona 3 Reload, je me suis dit que l’on pourrait revenir un petit peu vers Final Fantasy VII. Il faut dire que la franchise et cet épisode donnent lieu à beaucoup de sujets possibles à aborder. Je me suis dit que cette fois-ci, j’allais de nouveau me concentrer sur un personnage et plus précisément ici sur un binôme qui a rapidement su séduire de nombreux fans. Je parle bien sûr de notre duo de Turks : Reno et Rude. Quand on évoque aujourd’hui ces deux individus, on a souvent un petit sourire qui s’affiche au vu de leur comportement et de la complicité entre eux. Cependant, cette sympathie à leur égard va aussi aller en contradiction avec ce qu’ils sont réellement. C’est pourquoi aujourd’hui, on va se concentrer sur une question bien précise. Comment ces deux antagonistes aux mains couvertes de sang ont pu devenir des personnages emblématiques et attachants aux yeux du public ? Un sujet captivant qui va prendre sens non pas à travers un jeu, mais bel et bien une bonne partie de l’univers étendu de cet épisode. Asseyez-vous donc paisiblement et laissez moi vous conter cette histoire !
Des débuts timides
Pour bien débuter ce vaste sujet, il est important de se concentrer sur les débuts de nos deux protagonistes. En effet, dans le FFVII d’origine sur PS1, nous étions encore loin de l’aura qu’auraient Reno et Rude aujourd’hui. Il faut dire qu’initialement, c’est le Turk à la chevelure flamboyante qui va servir de premier adversaire contre cette section de la Shinra. Un antagoniste qui peut se montrer impitoyable, mais qui va aussi tout de même exprimer une certaine désinvolture dans ses paroles comme le fait de marcher sur les fleurs de l’église alors qu’il ordonne à ses soldats de ne pas le faire. Et d’ailleurs, son comparse Rude ne fera véritablement sa première apparition que dans la Tour Shinra là où dans Remake il va se confronter plus rapidement à Cloud. Ainsi, nous n’avons pas encore ici l’image d’un duo inséparable dont la relation va nous amener à sourire. Mais pourtant, on peut déjà déceler quelques éléments intéressants tendant vers cet objectif pour les deux. En effet, dans le premier FFVII, c’est au cours de plusieurs scènes optionnelles que le tandem va réellement se former dans notre esprit. Car oui, les moments de complicité au sein des Turks sont quasiment tous en dehors de la trame narrative principale. On peut par exemple citer la scène à Gongaga où Reno et Rude vont parler des filles qui leur plaisent ou bien de ce bar à Junon où ils se retrouvent tous. Et le summum de tout ça est la quête facultative au Wutai qui va nous présenter ces deux énergumènes comme des individus pouvant faire preuve de solidarité à l’égard de leur collègue et même laisser à Cloud et ses amis du temps pour partir. Tous ces éléments montrent qu’il y avait déjà une volonté à l’époque de construire une identité forte et attachante pour ce fameux binôme.
Et le joueur cherchant à compléter tout ce qu’il y a à faire au sein de cet univers va ainsi entrevoir cette autre facette de nos deux Turks. Ainsi, la sympathie va naître progressivement ici sans pour autant atteindre le point culminant que l’on connaît aujourd’hui. Sur PS1, on reste avant tout devant des adversaires réguliers qui peuvent presque servir de comique de répétition à force de les battre à maintes reprises. Et surtout, on n’oublie pas une chose essentielle. Si c’est la Shinra qui est présentée comme le premier grand antagoniste de cette aventure, les Turks vont être l’un de ses bras armés. C’est bien le président qui décide de faire chuter le plateau du secteur 7, mais c’est Reno qui s’en charge et qui appuie sur le bouton. Il est donc celui qui va causer la mort de tant d’innocents et motiver encore plus le joueur à se venger et à terrasser cette société et tous ses agents. Pareil, on nous montre un Reno et Rude qui sont très loin d’avoir le moindre remord par rapport à ce qu’ils font. Ils sont entièrement dévoués à leur travail peu importe ce que cela signifie. Et c’est ce parallèle entre ce qu’ils sont réellement dans la trame narrative et cette facette plus humaine qui se développe en dehors qui va créer un paradoxe enrichissant énormément l’écriture de ces derniers. A l’époque, Squaresoft veut créer des antagonistes qui marquent les esprits et qui vont servir de moteur pour le joueur afin de lui donner envie d’aller au bout du récit en espérant faire tomber sur eux la sanction qu’ils méritent. Et cela fonctionne très bien étant donné que l’on nous délivre des agents secrets qui commettent les pires crimes possibles sans broncher et qui reviennent toujours peu importe les efforts de Cloud et ses compagnons. Mais on veut aussi nous montrer que derrière ce premier contact se trouve aussi des personnages qui, s’ils n’ont aucun attrait pour la quête des héros, vont pourtant agir humainement entre eux.
Le temps des retrouvailles
En fait, il faut comprendre qu’avant d’être un tandem explosif, Reno et Rude ont surtout été les représentants d’une partie de la Shinra qui éveille la curiosité des joueurs. Ainsi, même si nous n’avons pas eu la chance de l’avoir chez nous, un jeu entièrement dédié aux Turks a vu le jour. Il s’agit de Before Crisis et qui va grandement apporter à l’histoire de ce groupe et à cet univers. Mais si ce titre a permis d’enrichir nos connaissances à leur égard, c’est surtout une autre œuvre qui va grandement contribuer à transformer l’image de ce binôme aux yeux du public. Il s’agit tout bonnement du film Advent Children. Disponible un peu partout dans le monde, ce long-métrage était le rêve de nombreux fans. Et au sein de ce nouveau récit, on retrouvait Reno et Rude avec une attitude qui allait maintenant façonner leur avenir. Loin de l’image que l’on avait pu connaître dans le jeu PS1, nos deux compères vont avoir une approche bien plus comique. Ils ont beau être de redoutables combattants et se présenter toujours comme des personnages ambigus dans leurs véritables objectifs, on découvre surtout deux sacrés énergumènes. Entre affrontements parodiques, gags constants et échanges hilarants, ils deviennent des “alliés” qui vont apporter un petit peu de fraîcheur dans les sombres enjeux en cours. Il suffit de voir leur confrontation contre le trio d’antagonistes du film pour constater ça. De ce fait, il y a quelque chose d’assez unique qui va se passer. Le passif que l’on a avec eux ne va pas disparaître, mais s’estomper pour se concentrer sur ce qu’ils sont actuellement. On comprend que derrière leur dévotion à la Shinra et à leur métier, ils peuvent aussi être des personnages comiques allant en contradiction avec cette image qu’ils doivent refléter.
Progressivement, deux visions de Reno et Rude vont se rencontrer dans l’esprit du spectateur. D’un côté, les Turks ayant commis tant d’atrocités et de l’autre, deux idiots qui arrivent à nous faire sourire et à partir dans une direction inattendue. Et Advent Children ne va pas uniquement être le premier pas vers cette sympathie à l’égard de nos deux sujets du jour. Ce long-métrage va être aussi celui qui va consolider et surtout sublimer la relation entre Reno et Rude. Là où on pouvait commencer à entrevoir un lien assez fort entre les deux dans le jeu d’origine, c’est ce film qui va mettre en avant cette camaraderie qui les unit. Ils ne vont avoir de cesse de se jeter des piques, de se soutenir et de créer une cohésion autant dans leur quotidien que dans le feu de l’action. On ne peut s’empêcher de rire quand on voit un Rude stoïque finir par lancer une petite insulte à Reno tandis que ce dernier va tenter de le protéger, mais finir par être projeté avec lui. Tout est pensé pour que ces deux êtres ne soient plus uniquement des personnages à part entière. Ils forment un binôme qui va quasiment prendre le pas sur leur identité propre. Il suffit de parler à n’importe quel fan de la licence pour que, quand on cite l’un des deux, on soit obligé d’évoquer l’autre aussi. Nous assistons à la naissance d’un des duo les plus culte de la franchise et qui va renforcer leur capital sympathie à l’égard des joueurs qui sont pourtant des ennemis pour eux. Et c’est ce chemin qui va être pris par la suite pour renforcer cet attachement que va éprouver le joueur envers eux. Mais qu’est-ce que cela raconte au vu de leur histoire teintée de sang ? On peut se dire qu’il est inimaginable de pouvoir ressentir de l’attachement pour de tels opposants. Et pourtant, Square Enix va parvenir à créer un entre-deux ingénieux et en adéquation avec ce que le joueur peut ressentir quand il croise de nouveau la route de nos deux trublions.
L’alchimie Reno et Rude
Jusqu’ici, je vous ai parlé de comment ce binôme a su trouver sa place dans le cœur des fans même après tout ce qui s’est passé. Et il faut maintenant s’attarder un peu sur ce qu’apportent Remake et Rebirth. Comme je vous l’ai dit, après Advent Children il était évident que Reno et Rude n’étaient plus deux êtres distincts, mais bel et bien un duo à part entière. C’est exactement le chemin que prend cette nouvelle proposition de la série et ce dès le départ. En effet, dès notre rencontre avec notre premier Turk dans l’église, celui-ci va évoquer son partenaire sans pour autant préciser qu’il s’agit de Rude. Mais dans l’esprit du fan, le déclic est direct et on ne peut s’empêcher d’avoir le sourire en voyant qu’ils semblent déjà former un tandem bien solide. Et comme je l’ai dit, nous sommes ici face avant tout à un binôme et non à des individus isolés. C’est bien pour ça que Reno n’est plus seul pour s’occuper de la chute du plateau du secteur 7. Il est accompagné de son fidèle acolyte qui va d’ailleurs lui sauver la mise. Et même dans Rebirth, alors que Reno a pris des “vacances” et que Rude fait équipe avec Elena, il a toujours une pensée pour son frère d’armes. On ne peut plus dissocier l’un de l’autre et cela appuie ce lien presque fraternel entre les deux hommes et qui va, dans un sens, en totale contradiction avec ce code que suivent les Turks. Alors que l’on nous dit que l’important est la réussite de la mission, nos deux ennemis ne peuvent imaginer un seul instant laisser l’autre en plan. D’ailleurs, il est remarquable de voir à quel point cette alchimie va prendre un tout autre niveau dès l’instant où l’on assiste à la réunion des deux camarades. Un sourire se dessine sur le visage du joueur alors qu’ils sont pourtant des ennemis.
La joie de les retrouver unit prévaut sur la menace que représentent les Turks. Et c’est le reflet de cet attachement que l’on a pour ces deux zigotos qui ne cessent de nous mettre des bâtons dans les roues. Plus on s’imprègne de cette nouvelle épopée et plus on prend du plaisir à retrouver autant nos héros que ces antagonistes qui ne cessent de croiser notre route. Ainsi, pour répondre à la question que j’avais initialement posée en début de chronique, voici ma vision de cette sympathie surprenante. En réalité, le joueur est totalement conscient des actes ignobles commis par ces ennemis qui les rendent bien sûr impardonnables. Mais en dehors de ça, on arrive aussi à entrevoir non pas les Turks, mais les individus qui se dissimulent derrière ces costumes. Ils ont beau être de redoutables adversaires, on est admiratif de cette complicité et ce lien qui unit Reno et Rude. Un rapport qui est si bien maîtrisé qu’il peut même venir éclipser le travail d’équipe de notre groupe de héros. On a beau savoir qu’il faut les battre, le joueur que l’on est finit toujours par avoir le sourire en échangeant des coups avec eux. Tout bonnement parce que s’ils sont des agents à vaincre, on ne peut pas leur enlever cette loyauté qui permet à ce tandem de traverser toutes les épreuves sur la route. Dans un sens, ils apportent un vent de fraîcheur dans un large casting qui a déjà tant d’antagonistes sérieux. Des Turks ayant à jamais la mort de nombreux civils sur la conscience, mais qui continuent d’avancer en restant fidèle à ceux qui partagent ce même crime. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et vous aura donné un autre regard sur ces personnages. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires votre propre rapport avec Reno et Rude.