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Pourquoi j’aime – PJ #06 : Kaijû Girl Carameliser

Je suis très heureux de savoir que vous appréciez autant le rendez-vous “Pourquoi j’aime”. Des retours qui font plaisir et qui me donnent envie de continuer ce format et d’ailleurs, c’est pour ça que l’on se retrouve aujourd’hui. Nous avons passé le cap des cinq numéros et il est grand temps de s’attaquer au sixième article à ce sujet. Ce que j’aime justement avec cette proposition, c’est que cela me permet de parler de titres qui ne sont pas forcément les plus connus ou bien présents sur le devant de la scène, mais qui n’en sont pas moins qualitatifs. En ce jour, je vous propose de nous rendre aux éditions Ototo pour une série assez récente dans leur catalogue, mais qui affiche déjà pas moins de six volumes. Je parle bien sûr de Kaijû Girl Carameliser qui est un manga qui m’a mis une claque monumentale dès son premier tome. Avec son récit très singulier qui arrive autant à mêler le surnaturel à une véritable tranche de vie, j’ai pu lire une série qui m’a autant surpris que touchée. Posez-vous donc quelques minutes pour que je vous raconte pourquoi j’apprécie autant cette histoire. N’hésitez pas d’ailleurs à me dire dans les commentaires votre propre ressenti sur cette licence.

Un Kaijû pas comme les autres

Pour commencer, il y a une chose évidente qui ressort rien qu’à travers le nom de ce manga. Nous sommes face à une œuvre qui va utiliser le thème du Kaiju qui, s’il a été particulièrement mis en avant ces dernières années, n’est pourtant pas un genre qui fut très “prolifique” sur le marché français. Mais alors que l’on s’attend souvent à de l’action incroyable et un sentiment de danger omniprésent quand on parle de ces monstres géants, Kaijû Girl Carameliser prend une toute autre direction. En effet, il n’est pas question ici d’une créature qui va faire des ravages de par son statut de monstre, mais avant tout d’une adolescente qui a l’étrange faculté de se transformer en une telle entité. Cela amène alors un récit bien différent de ce que l’on pouvait imaginer au départ et qui amène ainsi des pistes captivantes dans le développement de son personnage principal. En ayant une telle faculté, on pourrait croire qu’elle pourrait faire des choses grandioses ou bien semer la destruction. Mais au contraire, l’objectif ici pour notre héroïne est justement de ne pas se transformer. Elle déteste cette partie d’elle-même qui fait qu’elle cause des dégâts indescriptibles autour d’elle en plus d’en faire une personne différente et risquant d’être traitée en monstruosité par les autres. Un chemin inverse de tout ce qui touche souvent au mythe du Kaijû pour nous mettre au contact d’une demoiselle qui désire juste mener une vie paisible et normale. Et cela va autant entraîner certains passages plus ou moins “comiques” dans le traitement de cette métamorphose, mais surtout évoquer un profond mal-être qui sera au cœur d’un autre point que j’aborde un peu plus bas. Une originalité qui fait plaisir et qui permet à l’œuvre de se démarquer rapidement en utilisant ce thème sous un point de vue humain, émotionnel et aussi romantique.


Un trait majestueux et adorable

L’autre point que je trouve important à signaler concerne le trait de la mangaka. Spica Aoki est une artiste talentueuse qui va habilement jouer sur son dessin pour appuyer les divers éléments, thèmes et facettes de son univers afin de retenir notre attention. Il y a une vraie recherche graphique pour combiner au mieux l’aspect Kaijû à la partie romance. Ainsi, on va se retrouver face à une héroïne attachante, toute mignonne et dont le chara-design vient appuyer ses spécificités tout en exprimant la crainte qui la ronge. Sans même mettre des mots sur son état d’esprit à tel instant, il suffit de poser les yeux sur ses expressions faciales pour comprendre ce qui la ronge. De même, j’adore aussi le fait qu’il y ait une recherche graphique pour qu’une fois qu’elle soit transformée en monstre géant, elle reste tout de même rayonnante et expressive dans ce qu’elle ressent. Nous sommes devant une humaine dont la métamorphose laisse transparaître ce cœur pouvant autant être meurtri que profondément touché quand quelque chose de bien lui arrive. Un kaijû qui n’en est pas moins imposant et dont ses diverses apparitions vont toujours marquer le regard du lecteur ainsi que celui des habitants. Mais malgré l’aura terrifiante qui devrait l’entourer, on sait et surtout on voit que notre héroïne est avant tout une adolescente en plein doute et questionnement. Derrière toutes ces écailles et cette carrure gigantesque, on ne peut s’empêcher de voir l’image de cette lycéenne. Alors que certains verront un monstre, la mangaka réussit à faire ressortir toute l’humanité de son protagoniste sous cette forme rendant encore plus bouleversante cette histoire. Des petits détails qui donnent encore plus de profondeur au sujet abordé et à l’attachement que l’on va avoir pour ce récit.


Des personnages si attachants

Si j’ai pu évoquer jusqu’ici le cas de Kuroe, cela ne veut pas dire que les autres personnages du récit sont mis de côté. Au contraire, le casting affiche énormément de personnalités fortes et attachantes qui vont avoir totalement leur place dans ce récit. On peut bien sûr parler du garçon qui fait battre le cœur de notre héroïne et qui va jouer un rôle primordial dans l’épanouissement de cette dernière. Mais il va aussi énormément apprendre à son contact et ouvrir les yeux sur ce qu’il ressent réellement et surtout l’importance de voir au-delà des apparences. Pareil pour les amies que va se faire Kuroe au fil des chapitres. Chacune d’entre elle va réussir à briser cette solitude qu’elle pouvait ressentir jusqu’ici. Entre celle qui va être totalement fan de Kuroe sous sa forme Kaijû sans savoir que c’est elle ou bien sa camarade qui passe son temps à se maquiller pour se faire belle afin de cacher ce qu’elle est réellement, il y a toujours cette volonté de la part de la mangaka de construire des personnages qui vont enrichir ses propos. Témoin d’une période de la vie où la société impose souvent le paraître plutôt que la personnalité des gens, on se retrouve devant des adolescents qui se cherchent et qui veulent aussi profiter de leur jeunesse pour exprimer ce qu’ils sont au plus profond d’eux. Et c’est formidable d’avoir réussi à étendre cette problématique à travers les multiples acteurs et actrices qui vont ponctuer ce scénario et de différentes manières. Des personnages qui sont loin de se limiter uniquement à un élément en particulier et qui vont tous avoir leur droit à leur petit arc narratif et qui vont évoluer en même temps que nos deux personnages principaux. Au sein d’un monde où l’image compte plus que tout le reste, on se retrouve au sein d’un groupe où il est possible d’être soi-même.


Une représentation pertinente de l’adolescence

J’ai déjà pu en parler un peu plus haut, mais je trouve que les sujets et thèmes traités dans Kaijû Girl Carameliser font partie de ses nombreuses qualités. Il faut comprendre que s’il est question de fantastique avec la présence de notre héroïne se transformant en Kaijû, ce manga est avant tout une tranche de vie traitant de problèmes bien réels. Il suffit de voir Kuroe pour comprendre ce que souhaite nous raconter la mangaka par le biais de son histoire. Elle nous montre à quel point l’adolescence est une période compliquée pour chacun, surtout quand on se sent différent des autres. On suit une étudiante qui rêverait d’être comme tout le monde, mais dont la moindre émotion peut provoquer de terribles changements. Et c’est justement encore plus difficile à cet âge où les émotions se bousculent et où l’on a très peur du regard des autres. Dans un sens, il y a une très forte symbolique qui se dégage de cette utilisation du “monstre” qui partage la vie de cette lycéenne. Alors qu’elle désire ardemment ne pas faire de vagues et rester dans son coin, cette autre facette d’elle-même est là pour envoyer voler toutes ces considérations qui n’ont pas lieu d’être. Une histoire qui veut nous donner une importante leçon tout en étant représentative de la complexité de cette période que l’on doit tous traverser. Et c’est traité avec tellement de justesse, de tendresse et d’émotions que l’on ne peut rester de marbre devant les angoisses de Kuroe. Des craintes accentuées par sa particularité, mais qui peuvent totalement faire écho à du vécu pour le lecteur et qui va alors avoir qu’une envie qui est de la voir s’épanouir. Si le Kaijû est là pour nous en mettre plein la vue, ce manga est avant tout une tranche de vie qui nous touche en plein coeur.


Une ode à l’acceptation de soi

Concernant le dernier point de ce numéro de “Pourquoi j’aime” dédié à Kaijû Girl Carameliser, j’avais envie de parler d’un sujet qui me tient très à cœur et que le manga aborde, à mon sens, avec brio. Je parle bien sûr de l’acceptation de soi. Comme j’ai pu l’évoquer auparavant, la série s’axe sur des adolescents qui se confrontent à des codes de la société où la différence est vue comme quelque chose de négatif. Si notre héroïne, du fait de son statut bien particulier, craint autant d’être chassée par les autres que de provoquer des dégâts irrémédiables, elle va apprendre au fil des chapitres qu’elle ne doit en aucun cas refouler celle qu’elle est. C’est justement en se renfermant sur soi-même et en voulant répondre aux attentes des autres que sa crainte ne fait que grandir. Toute la série est là pour que, à travers la romance qu’elle vit, mais aussi les liens qu’elle va tisser, elle puisse progressivement s’accepter. Et c’est sûrement, pour moi, le plus important et beau message de la série. Il ne faut pas se faire passer pour quelqu’un d’autre dans le but de faire plaisir à la majorité, mais se sentir bien en restant justement soi-même. Une leçon que Kuroe va progressivement apprendre au fil de ses doutes, mais surtout des camarades qui vont l’accompagner et l’apprécier pour ce qu’elle est et non l’image que la société et le reste du monde veulent d’elle. Et on va autant partager sa peine de ne pas pouvoir se montrer sous son vrai jour qu’être profondément touché par le parcours qu’elle accomplit au fil des tomes. Une magnifique ode à l’acceptation de soi qui utilise à merveille le divertissement, le grand spectacle et les récits de monstres pour parler d’un problème bien concret. Un énorme coup de coeur pour l’humanité dont fait preuve la série.

2 Comments

  • DocteurChips dit :

    J’aime la série qui arrive à mêler habilement une bonne romance avec la peur que représente un Kaiju et la menace qui se cache derrière ça. C’est pris très au sérieux (malgré des personnages qui font quand même des actions assez dangereuse si ça se passait en vrai) et pourtant la série fait un bon compromis entre cet aspect-ci et un côté tranche de vie/romance qui pousse son personnage principal à faire de gros efforts sur elle-même.

    L’autrice propose des pages très soigné et utilise le « cœur » qui apparaît au dos du Kaiju pour présenter implicitement l’état émotionnel de l’héroïne. Des petits détails qui donnent du charme et permettent aux lecteurs de visualisé plus facilement la force de ses émotions.

    Très hâte de découvrir la suite de la série, en espérant qu’elle continue à recevoir la popularité qu’elle mérite 🙂

    • EspritOtaku dit :

      Oui, je trouve même qu’il y a une forte symbolique dans l’utilisation du thème du Kaiju pour représenter une période de la vie où l’on a peur de dévoiler ses sentiments.
      Et tout ça en gardant l’aspect amusant et fun propre au média en lui-même tout en ayant des personnages particulièrement touchants.

      Pareil, hâte de voir comment tout ça va évoluer !

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