Shinkirari

Shinkirari : une liberté à la fois proche et lointaine

On est réellement en train de reprendre le rythme sur le site et cela signifie aussi qu’il y a énormément de nouveautés à découvrir. Pour aujourd’hui, j’avais envie de vous parler d’une œuvre qui m’a profondément touché et qui est, à mes yeux, importante à découvrir. Vous le savez, le monde du manga propose un très large choix quand il est question de tranche de vie. Après tout, c’est un genre qui peut parler à tout le monde et dont l’inspiration se puise au quotidien. Ainsi, on est toujours attiré par ce style de récit qui nous ramène à notre propre réalité et qui est propice pour critiquer certaines facettes de la société ou de l’être humain. Si je parle de ça, c’est parce que le manga qui sera notre sujet du jour en est un excellent exemple. Il s’agit de Shinkirari qui débarque tout juste aux éditions Kana. Écrit par Yamada Murasaki, une talentueuse artiste, ce one-shot va raconter avec brio les déboires d’une mère de famille dans son quotidien où ces heures de repos sont extrêmement rares. Une œuvre coup de poing dans sa capacité à refléter les difficultés de cette vie dans une société où ce rôle est trop souvent peu considéré par les autres. Soyez donc prêts à suivre la vie de cette femme pour qui chaque jour est un combat constant.

Le quotidien d’une mère

On comprend rapidement, à travers son synopsis, que Shinkirari veut nous emmener dans une tranche de vie loin d’être radieuse. Un one-shot qui se concentre avant tout sur la vie de cette mère de famille qui doit jongler entre ses enfants, les tâches ménagères et la mise à l’écart par son mari. Le lecteur va suivre son quotidien fait de hauts et de bas où les questions fusent dans son esprit concernant ce rôle qui l’emprisonne. Une œuvre qui va poser un regard sincère et émouvant autour de ce métier éprouvant et qui est trop souvent peu considéré par ceux qui travaillent à l’extérieur.

Une lutte de chaque instant

Shinkirari se présente comme un one-shot qui va nous faire suivre, à chaque chapitre, une situation que va vivre cette mère de famille dans son quotidien. Sans avoir de réel fil rouge si ce n’est de retranscrire sa vie de tous les jours, le manga va rapidement nous faire comprendre son premier objectif. En effet, il ne faut pas longtemps pour que l’on soit témoin des pensées et de la vision de cette femme concernant son existence et tout ce qui l’entoure. Elle se livre à cœur ouvert au lecteur qui est le seul à être témoin de ce qu’elle garde au plus profond d’elle. Et en abordant plusieurs situations et événements qui peuvent jalonner l’existence d’une famille, la mangaka va faire une importante critique de la société dans ce Japon des années 80. On y voit une mère au foyer qui fait de son mieux pour élever ses deux filles, mais qui aimerait aussi pouvoir profiter d’un moment de liberté et surtout d’un soutien de la part de son époux. Là-dessus, on va constamment nous présenter ce dernier comme l’archétype du mari qui travaille et qui considère ne rien avoir à faire en rentrant chez lui. Une situation qui est là pour dénoncer, mais aussi créer un profond sentiment d’agacement et de dégoût envers ce manque de considération pour celle qui partage sa vie. Mais c’est aussi le reflet de tout ce qui peut exister au Japon, mais aussi en dehors des frontières du pays.

Un système patriarcal où une femme au foyer n’a pas le droit au respect accordé alors qu’elle s’évertue chaque jour à faire de son mieux pour maintenir ce cocon familial en bon état. Ce one-shot est donc l’occasion d’aborder brillamment ce thème qui peut encore résonner fortement aujourd’hui, mais aussi nous faire ouvrir les yeux sur ce que c’est que d’endosser un tel rôle. On voit ici non pas un couple qui s’aime, mais qui est dans une sorte de relation de cohabitation avec, parfois, quelques moments où l’amour peut refaire surface. Et c’est là justement que je trouve cette histoire particulièrement réussie, car il n’est pas uniquement question d’être là pour critiquer, mais pour refléter le quotidien de notre protagoniste le plus sincèrement possible. Cela passe donc par ces nombreuses questions existentielles qui nous touchent en plein cœur qu’une véritable complicité qui se forme entre elle et ses deux enfants. On voit beaucoup d’instants assez éprouvants ou tristes, mais aussi des moments qui viennent aussi égayer la vie de cette maman qui cherche juste à regagner un peu de liberté. Une liberté qui peut parfois se trouver proche d’elle, mais dont le cadre social dans lequel évolue rend celle-ci presque inatteignable. De ce fait, on va totalement s’impliquer dans ce qu’elle nous témoigne ainsi que dans ce combat constant qu’elle mène contre le regard des autres. Une tranche de vie qui m’a profondément ému tant elle déborde de sincérité et qu’elle symbolise parfaitement tout ce que peut ressentir une femme qui ne peut compter sur personne d’autre qu’elle-même pour aider ses enfants à grandir du mieux possible. Une mère qui veut autant être proche de ses filles que prendre aussi le temps de penser à elle-même sans avoir à être rappelé constamment à l’image que les gens ont d’elle.

C’est pour toutes ces raisons que je trouve que Shinkirari est une œuvre exceptionnelle et importante. Nous ne sommes pas uniquement dans une tranche de vie qui s’étale sur un seul volume. On se retrouve face au reflet d’une femme qui cherche à s’en sortir dans un quotidien loin d’être joyeux et qui s’avère très éprouvant. Avec les nombreuses expériences qu’elle va vivre, mais aussi son sentiment d’être isolée, Yamada Murasaki nous raconte avec brio la difficulté d’être mère dans une société et une époque où tout le monde dénigre ce rôle. Une grande leçon et un récit poignant qui m’a profondément touché tout au long de cette lecture.

Shinkirari et son important message

Je trouve que Shinkirari est le genre d’œuvre qu’il est important d’avoir. Si le titre s’inscrit initialement dans l’époque où la mangaka l’a écrit, cela ne veut pas dire qu’il n’est plus d’actualité. Au contraire, je trouve que ce one-shot réussi à parler de sujets délicats et cruciaux tout en restant dans l’ère du temps. Car oui, une mère peut totalement se poser les mêmes questions que notre protagoniste de nos jours. Il est vital d’avoir des séries ou des ouvrages qui nous font nous poser quelques instants pour que l’on puisse ouvrir les yeux et comprendre ce qu’elles peuvent ressentir. Je trouve que Yamada Murasaki parvient à atteindre cet objectif tout en apportant une dose de poésie et de mélancolie donnant encore plus d’impact à son histoire. On est totalement emporté dans ces diverses périodes de sa vie allant de ses premiers pas en tant que jeune maman à l’adolescence de ses deux filles. Cela permet d’aborder une grande variété de situations où elle ne peut montrer aucun signe de faiblesse sous peine de subir les remontrances ou le regard désapprobateur de son entourage. Finalement, j’ai eu le cœur serré plus d’une fois en lisant cet ouvrage tant j’ai trouvé que notre protagoniste fait de son mieux pour s’accrocher, mais qu’elle lui arrive aussi de craquer. On observe silencieusement cette vie qui est loin d’être joyeuse et où, finalement, elle se retrouve seule face à des épreuves qui semblent insurmontables. A cela s’ajoutent aussi les nombreux autres thèmes qui vont être abordés tout au long du récit et qui s’inscrivent parfaitement dans cette trame narrative. Tout ça pour un résultat bluffant et qui nous frappe violemment.

J’ai souvent pu évoquer le fait que le manga est un formidable medium permettant d’aborder bon nombre de sujets différents. S’il est important d’avoir du divertissement, il est aussi capital de voir comment des artistes peuvent utiliser ce moyen d’expression pour soulever au grand jour de réels problèmes de notre société. C’est exactement le cas ici avec Shinkirari qui est une critique de tout un pan de la société japonaise notamment tout ce qui tourne autour de la famille et des relations de couple. Un énorme coup de cœur pour ma part qui, même après tant d’années depuis sa publication d’origine, reste toujours aussi pertinent et d’actualité. Il est important de se soutenir notamment au sein d’une famille pour faire face à tous les obstacles que peut amener la vie. Et franchement, cette œuvre peut parler à tout le monde tant elle parle d’un sujet qui peut tous nous toucher. Une pépite que je recommande de tout cœur et qui n’a clairement pas besoin de plus pour aller au bout de son discours. J’ai encore de vives émotions qui se ressentent au moment où j’écris ces quelques lignes tant j’ai été emporté par ces quelques pages qui m’ont fait passer par tous les états possibles. Une lecture que je considère excellente autant sur ce qu’elle raconte que la manière dont elle met en scène ce quotidien qui peut résonner en beaucoup de nous. Voilà un ascenseur émotionnel où l’on s’implique pleinement dans le récit de cette femme et son avenir qui est fait d’incertitude et de questionnements.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce one-shot qu’est Shinkirari. Trouvez-vous que le titre a parfaitement su cerner les problèmes que peut connaître une mère au foyer ? Yamada Murasaki parvient-elle, selon vous, à transmettre les nombreux problèmes qui jalonnent la société japonaise au sein du cocon familial ? Avez-vous eu de l’empathie pour cette femme qui cherche à faire de son mieux pour ses enfants, mais qui aimerait aussi penser à elle de temps en temps ? Avez-vous, vous aussi, le sentiment que l’on est face à une oeuvre importante dans ce qu’elle cherche à nous raconter ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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