Derrière les codes : les intrigues de cour
Cela fait un moment que je me triture le cerveau pour proposer de nouveaux rendez-vous autour des thèmes que j’aime aborder. C’est par exemple le cas pour le manga où je cherche régulièrement de nouvelles façons d’aborder un sujet ou de proposer une autre approche. Et là, je me suis fait la remarque qu’il y a souvent quelque chose d’intéressant qui sort quand un genre se popularise et que de nombreuses séries suivent le mouvement. Beaucoup de lecteurs se disent alors que l’on cherche à surfer sur une thématique actuellement au centre de l’attention sans vraiment voir s’il y a réellement quelque chose de différent d’une œuvre à l’autre. Voilà pourquoi je vous propose “Derrière les codes”, un rendez-vous où j’aborderais un trope que l’on peut retrouver fréquemment afin de voir comment des mangas arrivent à se distinguer autour d’un même sujet. L’occasion aussi de vous présenter quelques séries autour en abordant ce type de récit par leur prisme. Et pour bien commencer, je me suis dit que j’allais me tourner vers un genre qui a le vent en poupe depuis quelques temps : les intrigues de cour. Préparez-vous à observer les multiples visages pouvant exister autour de ces quelques mots.
Les carnets de l’Apothicaire
Evidemment, impossible d’évoquer un tel sujet sans parler du titre qui est devenu l’un de ses plus gros représentants. Je parle bien sûr des “Carnets de l’Apothicaire” qui a su se hisser comme un incontournable pour énormément de fans. Ce qui rend cette œuvre aussi intéressante est la manière dont l’artiste a su retranscrire tout ce qui entoure cette cour et le monde si particulier de ces concubines vivant à part du reste de la population. Mais ce qui est encore plus fort, c’est que l’on voit tout ça par le prisme de Mao Mao, héroïne de l’histoire, dont la personnalité a su séduire nombre de lecteurs. Ce qui est fantastique, c’est qu’elle est loin d’évoluer en temps normal dans de tels cercles et est plus une roturière se retrouvant malgré elle au sein de cet environnement luxueux, mais aussi particulièrement dangereux. Ce point de vue externe qu’elle apporte est grisant, car cela lui permet de régler et mieux cerner les soucis qui peuvent frapper ces femmes qui se battent continuellement pour l’attention de l’Empereur. Ce contraste entre cette demoiselle qui veut juste perfectionner ses talents d’apothicaire et les manigances dans laquelle elle retrouve impliquée contre son grée rend la lecture encore plus plaisante. Car c’est justement par son attitude loin d’être conforme aux codes d’un tel lieu et sa capacité à agir en dehors des sentiers battus qui rend cette aventure aussi grisante. Tout ça couplé à d’autres personnages tout aussi bien écrits et qui vont graviter autour d’elle. Un succès qui se montre aussi par le fait que l’on a en France autant accès aux deux mangas existants, au light novel ainsi qu’à l’anime. Un récit qui a su marquer les esprits par son charme unique, sa proposition nous donnant le sentiment d’être immergé dans cette cour et ses personnages inoubliables.
Le Palais des Assassins
Si le premier titre évoqué est, comme je l’ai indiqué, l’un des plus grands représentants, il ne faut pas voir aussi dans les autres titres une simple copie de celui-ci. Au contraire, il peut être captivant de voir comment un artiste peut réussir à se démarquer en prenant des fondations pouvant sembler similaires. C’est exactement ce que l’on peut constater avec l’œuvre dont je vais vous parler maintenant : Le Palais des Assassins. On retrouve ici une héroïne qui se retrouve engagée comme suivante d’une concubine et doit faire face aux nombreuses intrigues et manipulations pouvant y avoir lieu au sein de cette cour. Mais là où cette histoire va grandement se différencier est dans son personnage principal. Karin, contrairement à Mao Mao, est une héroïne qui a voulu se retrouver ici dans le but de s’éloigner de l’aura néfaste de sa famille pour enfin vivre une vie normale à se créer des amitiés. Mais malgré toute sa bonne volonté, le nom des siens résonne comme une malédiction pour tous ceux qui vont la rencontrer. Un jugement qui la blesse étant donné que personne ne cherche à comprendre qui elle est vraiment. Et à cela s’ajoute aussi les incroyables talents de cette dernière pour tout ce qui touche à l’assassinat. Entraînée depuis longtemps pour devenir une arme mortelle, elle ne désire pourtant qu’une vie banale. Ainsi, en plus d’assister à de véritables complots visant les hautes figures de ce lieu, le titre va offrir un sacré divertissement par le fait que Karin va utiliser ses talents mortels non pas pour tuer, mais pour protéger ceux qui lui sont maintenant chers. De ce fait, on va suivre pleinement cette demoiselle dans le fait de prendre le contrôle de sa destinée sans pour autant tirer un trait sur tout ce qu’elle a appris et ce que symbolise sa famille. Cela donne des scènes épiques où elle est directement actrice des événements et non une simple intervenante.
La Servante de l’Empereur
Encore une fois, on se lance dans un titre qui peut sembler similaire dans la forme que ceux que j’ai déjà cités auparavant. Et pourtant, quand on s’attarde sur le fond, on se rend compte à quel point celui-ci peut différer sur plusieurs points. Là, nous ne sommes pas tant impliqués dans le quotidien des concubines, mais directement celui de l’empereur qui n’est qu’un enfant. C’est à travers le personnage de Linfan que l’on va voir ce récit se construire. Notre héroïne est avant tout propulsée auprès de ce jeune souverain à cause des manigances de son père afin d’asseoir son autorité. Mais ce qui est palpitant dans cette histoire vient du fait que notre protagoniste veut tout faire pour aller contre ça. Si elle semble accepter d’être la “gardienne” de l’empereur, c’est aussi pour s’éloigner de son clan pour essayer de construire sa propre voie. Et là où on se rend compte à quel point la cour impériale est un vrai nid de vipères, Linfa et d’autres de ses connaissances cherchent à offrir un moment de repos et de paix à ce dirigeant et son entourage. Ainsi, la question ici n’est pas de désamorcer les complots, mais d’éloigner l’empereur afin qu’il puisse profiter un peu de cette enfance qu’on cherche déjà à détruire. Cela amène un discours très fort sur les responsabilités, l’insouciance que doit connaître un enfant et l’importance de protéger ces bambins des manigances des plus anciens. Une bataille qui se joue à un autre niveau et où l’émotion est bien plus palpable tant on va ressentir de l’empathie et une certaine tristesse pour cet empereur qui, même s’il représente un grand pouvoir, n’est perçu que comme une marionnette par une bonne partie de son entourage. Une toute autre approche qui rend ce récit d’autant plus plaisant à suivre.
La Gardienne des Concubines
Il est maintenant temps de conclure ce premier numéro de “Derrière les codes” en vous parlant de l’œuvre la plus récente dans ce domaine : La Gardienne des Concubines. Comme son nom l’indique si bien, on retourne du côté des diverses épouses de l’empereur à travers le personnage de Yuran, une jeune marchande accomplie qui se retrouve à devoir accepter un rôle de dame de la cour. Si cela lui permet d’assurer un avenir radieux pour le commerce familial, cela va surtout être l’occasion pour la demoiselle d’entrer en contact avec ces grandes dames qui ne sont pas uniquement des figures importantes du royaume. En effet, dans ce manga, la véritable force vient du fait que l’on suit une héroïne qui va tout faire pour aider l’ensemble des concubines et non choisir un camp ou bien agir en fonction de la situation. Ici, son but n’est pas uniquement de veiller à la bonne santé et à la sûreté de ces femmes. Il est aussi question ici d’épanouissement personnel et cela permet à la série de proposer une approche différente de ce thème. Cette fois, on cherche à faire tomber le statut de concubine pour s’attarder sur qui sont réellement ces demoiselles choisies par l’empereur. Des femmes qui peuvent se sentir mal en étant éloignées de chez elles, ne pas savoir s’intégrer auprès des autres ou certaines qui cherchent juste à obtenir plus de pouvoir. On souhaite ramener l’être humain derrière le rang et cela permet de donner une sincérité très touchante à cette épopée. On prend plaisir à voir Yuran faire de son mieux pour arranger les choses et finalement que chacune de ses “clientes” puissent enfin sourire de bon coeur. Une tendresse qui donne le sourire et donne de l’espoir dans un environnement loin de la cultiver.
J’espère que ce petit rendez-vous vous aura plu et n’hésitez pas à me dire si vous voulez que je fasse d’autres chroniques de ce style. Et dites-moi dans les commentaires si vous avez lu ces titres ou bien si vous en avez d’autres en tête.