All of Us Are Dead T1 : fuir ou se cacher
Il y a des thèmes qui sont, aujourd’hui, tellement répandus qu’il peut être difficile de faire preuve d’originalité ou d’attirer l’attention autour. Et cela ne se limite pas uniquement au manga, mais à toute forme de médias. C’est exactement le cas, par exemple, pour le récit de zombie qui a eu le droit à tellement de scénarios possibles autour de ces mangeurs de chairs. Entre les films, jeux vidéo, séries et mangas, on peut avoir le sentiment que tout a déjà été fait autour de ce sujet. Si je parle précisément de ça, c’est parce qu’aujourd’hui, je vais m’attarder non pas sur un manga, mais un webtoon qui est sorti récemment au format papier et qui nous met aux prises avec ces morts-vivants. Je veux bien sûr évoquer All of Us Are Dead chez Panini. Ce titre vous dit peut-être quelque chose étant donné qu’il a eu le droit à une adaptation en drama sur Netflix. J’avais beaucoup aimé celle-ci et j’étais donc très curieux, à l’annonce, de voir ce que donnerait le matériau d’origine. Et je me suis surpris à trouver plusieurs choses intéressantes et changeant un peu de ce que j’avais pu voir auparavant. Il est donc temps de faire face à cette épidémie afin de vous parler de ce titre captivant sur bien des points.
La pire journée d’école

Synopsis
Onjo, une élève du lycée Hyosan, voit sa vie basculer lorsqu’ un étrange virus se répand dans la ville, transformant les habitants en zombies. Avec ses camarades, elle se retrouve piégée dans l’établissement et doit lutter pour sa survie, espérant échapper à cet enfer.
Mangaka : Joo Dong-geun
Cela peut paraître assez simpliste comme synopsis pour All of Us Are Dead. Pourtant cela suffit à dégager plusieurs éléments intéressants concernant ce qui nous attend. En effet, ce qui va être l’un des attraits de cette histoire est que l’on va suivre, en grande partie, des élèves coincés dans leur lycée et devant survivre face à cette apocalypse zombie. Une peur qui s’accentue du fait d’être coincé entre ces murs avec ces dévoreurs de chairs qui se multiplient à vitesse grand V. Mais aussi, on se rend compte que le récit va aussi prendre son temps pour nous placer un décor des plus efficaces.
Une montée crescendo de la peur
Ce qui est intéressant, pour commencer, avec ce premier volume de All of Us Are Dead est le fait que l’auteur prenne tout son temps pour installer ce décor horrifique. Il n’est pas rare, dans les œuvres de zombies, d’amener rapidement la présence de ces monstres pour nous embarquer dans le cauchemar que les survivants vont connaître. Mais là, c’est l’inverse qui se passe étant donné qu’une grosse partie de cette lecture va nous expliquer ce qui semble être à l’origine de cette future épidémie. Ainsi, la scission entre la vie banale des protagonistes et cette quête de survie ne va pas être brusque, mais beaucoup plus lente à se former. Cela a pour effet de nous imprégner du quotidien de ces étudiants tout en voyant progressivement cette catastrophe naître. Et c’est quelque chose d’important à souligner, car cela joue beaucoup plus sur la frayeur ressentie. Du fait des habitudes que l’on peut avoir en matière de récits zombies, on a tout de suite des tropes qui nous viennent en tête. Mais là, on nous montre la réaction de gens qui ne s’attendent pas à ce qu’un tel drame arrive. Après tout, cela fait partie de la fiction et non de la réalité. Ainsi, on a le droit à des réactions qui sont finalement très logiques quand on voit à travers le prisme d’individus ordinaires qui se disent juste que ces attaques sont le fait d’une maladie ou bien d’une sorte de folie. Cette confrontation entre la logique et ce qui dépasse celle-ci est très bien amenée tout au long de cette introduction.
Car au final, on agirait sûrement de la même manière que ces personnages face à quelque chose qui dépasse notre compréhension. Un aspect psychologique que je trouve réussi tout au long de cette lecture et qui va justement plonger progressivement l’ensemble de cette ville dans le chaos tant l’ampleur du désastre n’est pas perceptible au premier abord. C’est pour ça que le fait de ne pas noyer directement sous les zombies, mais seulement quelques contaminés donnent ce sentiment d’inquiétude qui va grandir au fur et à mesure que la menace s’étend. Une maîtrise de la tension qui joue beaucoup et qui va être encore plus forte quand on se concentre sur ce qui se passe au lycée. En effet, tandis que la ville commence à basculer dans le chaos, cette école en périphérie est encore plus terrifiante, car on va partager ce sentiment d’être enfermé avec ces élèves qui font face à toujours plus d’infectés. Une peur qui se propage à vitesse grand V et qui est très bien représentée dans cet environnement qui prend la forme d’une cage. C’est là aussi que le fait de suivre des adolescents est une bonne idée, car cela amène un tout autre regard sur cette crise. Certains paniquent tandis que d’autres voient naître en eux un profond instinct de survie. Et cela amène une réflexion pertinente sur cette période de la vie où tout peut se bousculer face aux événements vécus. D’ailleurs, le contraste entre le point de vue de ces adolescents et celui des adultes est bien amené tant ils montrent que ceux qui s’adaptent le plus rapidement ne sont pas forcément ceux auxquels on pense au départ.
Ce que j’aime tout particulièrement avec All of Us Are Dead est le fait que l’on n’est pas plongé rapidement dans cette infestation zombie. Au contraire, le récit prend son temps pour nous expliquer comment tout ça va avoir lieu. Un parti-pris efficace et qui sert à faire monter l’angoisse face à la propagation de plus en plus rapide de ce virus. On permet ainsi de souligner le changement violent qui s’opère entre l’ancien quotidien des personnages et cette course contre la montre pour ne pas devenir comme l’un de ses monstres. Une excellente revisite du mythe de ces morts-vivants.
All of Us Are Dead montre les crocs
Alors oui, All of Us Are Dead n’est pas le webtoon qui va forcément briller par ses dessins ou ses décors. Mais ce n’est nullement là qu’il tire toute sa force. La plus grande qualité de cette œuvre réside dans son appropriation des codes du zombie pour partir sur une épidémie beaucoup plus “réaliste” dans son lancement. Et ce qui pourrait sonner des réactions inappropriées pour tout connaisseur du genre sonne ici très juste, parce que la série nous montre ce que tout le monde ferait dans une telle situation. Une excellente manière de montrer que l’on n’a tous un comportement pouvant être différent et même parfois illogique quand la panique s’installe. J’ai trouvé ingénieux que ce premier volume décide de prendre autant de temps pour construire la catastrophe en approche. Cela permet de s’imprégner progressivement de cette tension qui grimpe tandis que l’on apprend à faire la connaissance de nos protagonistes avant que tout ne dérape. Et c’est encore plus captivant de voir la transformation entre ce qu’ils sont en temps normal et ce qu’ils deviennent maintenant que le danger est omniprésent. Cela permet aussi de prévoir et de cerner ceux qui sont prêts à ne pas lâcher leur humanité et les personnes qui peuvent devenir des monstres encore plus terrifiants que ces morts-vivants. Et cela donne suffisamment de belles promesses pour la suite du récit afin que l’on ait juste envie de prolonger l’expérience avec les prochains tomes.
C’est donc une belle surprise que ce premier volume de All of Us Are Dead. Comme je l’ai dit en introduction, j’étais déjà familier avec cet univers à travers le drama disponible sur Netflix. Et déjà dans cette adaptation, j’avais ressenti un excellent travail dans le traitement du zombie, de l’horreur qu’il peut procurer et du sentiment d’impuissance que l’on peut avoir face à de telles créatures. J’ai exactement retrouvé ça dans le webtoon à travers ce format relié. Je dois dire que cela fait aussi du bien d’avoir une œuvre qui, dans la forme, peut sembler classique, mais parvient à créer une écriture bien plus subtile et réaliste de ce que l’humain vivrait si un tel événement arrivait. Une excellente confrontation entre la logique et une situation qui dépasse notre propre compréhension. Pour ma part, c’est donc un grand oui et si vous souhaitez un avis complémentaire, n’hésitez pas à jeter un œil à l’article de Ida qui en parle aussi avec une très belle interview de l’auteur. En tout cas, je recommande cette licence à tous ceux qui apprécient le genre horrifique et veulent une écriture réussie autour du mythe du zombie. A présent, il va être intéressant de voir comment va évoluer l’histoire dans les prochains chapitres. Est-ce que l’on va assister à d’autres tragédies parmi les survivants ? Comment ces étudiants vont-ils s’en sortir face à cet enfer qui ravage leur lycée ? Quel destin attend la ville de Hyosan face à ces morts qui reviennent de plus en plus nombreux à la vie pour dévorer les vivants ? Je serais de la partie pour la suite de cette aventure.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de All of Us Are Dead. Trouvez-vous que ce titre arrive à proposer quelque chose d’efficace autour du thème des zombies ? Appréciez-vous le fait que l’on suive des étudiants au sein d’un environnement fermé luttant pour leur survie ? Est-ce que le fait que l’on ne soit pas encore totalement dans le chaos de cet enfer qui s’abat permet de faire monter la tension ? Etes-vous curieux de voir quel destin attendent ceux qui se retrouvent maintenant prisonniers de ce lycée ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce titre.