Cocoro T1 : La vie d’un artiste de légende
Décidément, on est gâté en ce moment concernant les récits historiques. Alors que l’on a eu, pendant très longtemps, des œuvres se focalisant surtout sur des périodes données permettant des fresques impressionnantes, on voit un autre style surgir actuellement. Il s’agit des séries biographiques se focalisant sur une figure bien précise de l’Histoire et sans pour autant que ce soit lié à l’art de la guerre ou la politique. Au contraire, on s’attarde bien plus sur ceux qui ont façonné le monde à travers leur art et je vous emmène donc une nouvelle fois du côté de chez Panini pour l’occasion. En effet, après avoir proposé l’excellent Géricault, la maison d’édition a sorti au même moment un autre ouvrage de taille du nom de Cocoro. Centré sur la vie du célèbre Léonard de Vinci, ce premier volume de plus de 400 pages a largement de quoi nous occuper. Etant un fan inconditionnel d’œuvres historiques, je n’ai pas réfléchi longtemps avant de me jeter sur cette nouvelle série. Et je suis encore conquis par le talent de Kaiji Kawaguchi, qui a travaillé sur Confession et Seizon Life, pour nous dépeindre la vie de ce génie dans les moindres détails. Trêve donc de bavardages et je vous invite à faire la rencontre d’un jeune garçon qui va tout révolutionner.
Un jeune homme qui va tout chambouler

Synopsis
Dans un petit village d’Italie, Leonardo est un jeune garçon solitaire, souvent incompris par les villageois à cause de son comportement singulier. Ils le prennent pour un être étrange, voire fou. Ce manga nous raconte son enfance, ses luttes intérieures et comment il deviendra l’un des plus grands génies de l’Histoire : Léonard de Vinci.
Mangaka : Kaiji Kawaguchi
Il n’y a pas de surprise en lisant ce synopsis de Cocoro que l’on va s’attarder sur la vie de Léonard de Vinci. Mais si la surprise n’est pas vraiment là à la lecture de ce résumé, il y a pourtant quelque chose d’intéressant à se projeter avant même qu’on ouvre l’ouvrage. Il s’agit de la manière dont l’artiste va dépeindre l’existence de cet homme qui a inscrit son nom à jamais dans les livres d’Histoire. Surtout que là, on ne s’attarde pas uniquement à sa période où il était au sommet, mais bel et bien de ses tous débuts alors qu’il n’a que 13 ans. Un voyage qui s’annonce fort palpitant.
Une retranscription détaillée et fluide
Comme ce fut le cas pour Géricault, nous sommes ici dans une œuvre qui va se centrer autour d’une figure célèbre du monde de l’art avec Léonard de Vinci. Cependant, nous ne sommes pas ici dans un one shot mais bel et bien une série qui va chercher à retranscrire tout le parcours de cet artiste depuis qu’il est gamin à ce qu’il va accomplir bien plus tard. Et ce que je peux dire déjà à travers ce premier volume c’est que l’on a de quoi faire. On plonge totalement et avec joie dans le récit de ce gamin qui ne tient pas en place et qui ne se soucie nullement du regard des autres tant qu’il peut exprimer son art. Ce qui est justement formidable, c’est que l’on nous dépeint un Léonard en totale opposition avec le côté strict et compartimenté de cette époque où il fallait suivre aveuglément les règles. Justement, si nous avons devant nous un génie, ce n’est pas uniquement par son talent incroyable dans quasiment tout ce qu’il touche. C’est surtout qu’il ne laisse personne dicter sa conduite sans pour autant mettre de la distance avec les autres. Au contraire, ce qu’il aime avant tout est l’être humain et ce que son cœur exprime réellement. On voit un jeune homme plein d’énergie et toujours prêt à apprendre peu importe le domaine. Et je dois dire qu’il y a vraiment un aspect grisant d’assister à l’ascension de ce garçon au fil des chapitres.
Mais surtout, au vu du pavé que représente ce premier volume, on pouvait craindre d’être dans un récit qui se veut chargé en informations de toute sorte sur l’époque et notre figure centrale. Mais c’est tout le contraire qui se passe tant l’auteur arrive à proposer une narration d’une fluidité incroyable. On enchaîne les pages à grande vitesse et l’on se concentre avant tout sur ce qui est essentiel ici, à savoir Léonard et l’impact qu’il a sur tous ceux qui croisent sa route. C’est rafraîchissant et on prend un réel plaisir à suivre ses débuts que ce soit du fils turbulent cloîtré dans son petit village à ses premiers pas dans l’atelier de son maître. Il y a quelque chose qui subjugue et je dois dire que le mangaka réussit à nous offrir des plans et surtout des décors par moment qui nous en mettent plein les yeux. Cela souligne admirablement bien à quel point l’art peut résider n’importe où et surtout là où il y a de la vie. De même, Léonard n’est jamais présenté comme un gamin agaçant qui n’en fait qu’à sa tête, mais comme un électron libre que l’on a envie de voir s’épanouir pour voir son potentiel rayonner. Ce qui est bien, c’est que l’on est justement face au début de sa carrière et que c’est finalement une partie assez peu connue ou racontée. Cela permet de vraiment se rapprocher de cet esprit créatif qui a totalement bouleversé le monde de l’art, mais aussi bien d’autres domaines. De même, je trouve que l’on a le droit à une représentation plus que réussie de cette période de l’Histoire où l’Italie était un vrai carrefour commercial et artistique. Une partie du récit est aussi utilisée pour poser les bases de la situation politique de Florence pour mieux comprendre comment Léonard va impacter tout ça.
Cocoro a vraiment été une grosse surprise sur tous ces éléments. Je ressors de cette lecture à la fois satisfait de tout ce que j’ai pu découvrir et en même temps étonné de la rapidité avec laquelle cette lecture est passée. En seulement quelques minutes, j’étais déjà à la moitié de l’œuvre tant cette introduction fut captivante à suivre, mais aussi que l’auteur a su proposer une narration d’une fluidité remarquable. On ne s’ennuie pas un seul instant à observer le parcours de ce jeune homme qui parvient déjà à faire trembler les fondements du monde de l’art, et même au-delà.
Cocoro peint la toile d’une vie
Il est évident que j’avais beaucoup d’attentes pour ce premier volume de Cocoro. Ces dernières furent renforcées quand j’ai vu l’impressionnant ouvrage à Japan Expo. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je tente l’aventure. J’ai bien fait tant j’ai été saisi par cette histoire portant sur un personnage qui est pourtant bien connu du grand public. Mais même en sachant pertinemment qui est Léonard de Vinci et ce qu’il a pu accomplir, le mangaka réussit à nourrir notre envie de voir son parcours. Cela passe, en premier lieu, par le fait que l’on ne suit pas un artiste accompli dès le départ, mais un petit génie que personne ne comprend dans son village. De ses premières esquisses aux toiles qu’il commence à dessiner en tant qu’apprenti, on admire et contemple tous ses progrès. Car c’est ça aussi qui rend ce protagoniste aussi attachant. On a beau le décirre comme un gamin talentueux, il ne reste clairement pas sur ses acquis. Il absorbe tout ce qu’on lui montre telle une éponge et cela donne lieu à des travaux remarquables qui nous enchantent au même titre que les gens qui l’accompagnent. De plus, je trouve que c’est aussi un très bon point de ne pas s’être uniquement focalisé sur le domaine artistique. Étant une figure qui a contribué à nombre de domaines, on ressent dans ces pages qu’il est un esprit curieux prêt à toucher à tout pour y amener sa propre vision. Une lecture remarquable qui donne tout simplement envie de prolonger l’aventure surtout si cela est du même calibre que cette introduction.
C’est donc, vous l’aurez compris, un énorme coup de cœur que j’ai eu pour Cocoro. Un manga qui arrive à mêler habilement découverte de cette époque et focus sur l’une des plus grandes figures de celle-ci. En plus de ça, le mangaka montre aussi qu’il maîtrise son style, car même si les personnages sont inscrits dans son style, il nous offre des panoramas somptueux. Un contraste réussi et qui va aussi se jouer à un tout autre niveau notamment concernant la notion de talent. Un tel personnage est souvent sujet à la jalousie de ses pairs, mais même quand cela se ressent, on voit aussi l’admiration portée à ce gamin. Comme si son art touchait en plein cœur et faisait comprendre que même si c’est frustrant, il a su capter l’essence même de la vie dans ces dessins. Une lecture qui, pour l’instant, offre une expérience agréable, chaleureuse et en adéquation avec la personnalité de ce jeune homme. Je le recommande vraiment à tout amateur de récit historique et à ceux qui voudraient en apprendre plus sur la jeunesse de cette légende. Et si vous avez peur que le titre soit indigeste, rassurez-vous, car c’est tout le contraire. On dévore facilement les centaines de pages en ayant juste envie de voir la suite. Et en parlant de ça, j’ai surtout une question qui résonne dans ma tête après cette découverte. Comment va être amené le futur de Léonard sous la plume de cet artiste ? Il est possible que l’on assiste aux premières grosses épreuves de ce gamin destiné à un grand avenir. Je serais, en tout cas, présent pour voir ses prochaines œuvres.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Cocoro. Trouvez-vous que le mangaka a su créer une biographie intéressante autour de Léonard de Vinci ? Appréciez-vous le fait de replonger dans la jeunesse de ce dernier afin de voir ce qui a pu le conduire au rang qu’il obtiendra ? Appréciez-vous le fait de voir qu’il est présenté comme un diamant brut qui doit encore s’améliorer pour atteindre la perfection ? Etes-vous curieux, même en connaissant globalement sa vie, de voir comment l’artiste va retranscrire tout ça ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.