Derrière les codes #07 : post-apo
Une nouvelle semaine et j’avais envie de vous proposer un tout nouveau numéro de “Derrière les codes”. Il faut dire que les sujets sont nombreux et c’est parfait pour montrer toute la diversité qui peut se cacher derrière des thèmes qui peuvent sembler redondants ou trop présents. Et cette fois, je me suis dit que j’allais me tourner vers le post-apo. Un genre qui a séduit, car il reflète souvent ce qui pourrait arriver dans notre propre réalité. Et si souvent, il peut s’agir d’un avertissement de ce que la société peut entraîner ou bien sur la fragilité de l’espèce humaine, cela peut aussi devenir un terreau fertile pour l’imagination de certains auteurs. Je me suis donc dit que ce serait l’occasion parfaite de me pencher un peu sur quelques titres qui représentent très bien la variété de ce type de récit. Des œuvres qui nous poussent à réfléchir sur notre propre entourage, mais qui peuvent aussi souligner l’importance de savourer l’instant présent encore plus dans un monde en ruines. A travers trois mangas, on va faire un petit tour d’horizon de ce que l’on peut trouver dans ce domaine qui peut autant nous donner des frissons dans le dos que nous recentrer sur ce qui est vraiment crucial.
A Journey Beyond Heaven

On commence avec sûrement l’un des titres post-apo les plus singuliers que j’ai vu récemment. Je parle bien sûr de “A Journey Beyond Heaven” chez Pika que j’ai déjà pu traiter à plusieurs reprises tout au long de sa parution. Quand on se penche sur cette série pour la première fois, on peut être décontenancé par ce qui nous est raconté étant donné qu’on suit plusieurs récits qui vont s’entremêler et où les frontières entre passé, présent et futur se confondent. Mais c’est justement en s’accrochant un peu que l’on découvre une histoire absolument géniale qui se présente comme un immense puzzle où chaque pièce que l’on obtient permet de mieux cerner l’image globale. Les nombreux mystères qui entourent nos protagonistes, l’endroit qu’ils recherchent ainsi que tout ce qui a conduit ce monde à sa destruction renforcent l’attrait du lecteur pour la suite. On joue admirablement bien ici sur l’envie d’en apprendre plus sur tout ça et c’est ce qui nous motive à aller toujours plus loin. Mais en plus de ça, on nous présente un monde déchu, mais qui tente pourtant de se reconstruire. Il va autant être question ici de réapprendre à vivre en société et en groupe que de faire attention à ceux qui veulent profiter du chaos ambiant pour en tirer profit. Ce qui fait que chaque chapitre est l’occasion de jouer avec notre instinct de survie en nous demandant si ces nouvelles rencontres sont dignes de confiance. Une œuvre d’une richesse remarquable qui vient aussi apporter des créatures singulières qui sont un vrai cauchemar pour les survivants. Un premier contact qui déroute, mais qui, une fois bien immergé dans cet univers, nous fascine tellement il y a de choses à décortiquer et à vivre au contact de nos deux protagonistes. De même, ce tandem est particulièrement attachant et représente aussi une forme d’espoir dans ces ruines qui vont leur faire vivre tellement d’épreuves.
Les Promeneuses de l’Apocalypse

On part sur un titre qui change radicalement de ce que l’on peut voir habituellement dans le genre du post-apo. Il s’agit des Promeneuses de l’Apocalypse chez Doki-Doki qui est aussi un beau petit bijou en la matière. Ici, il n’est pas question de s’attarder sur la façon de survivre ou même de dépeindre l’horreur d’un monde en ruines. Au contraire, on va suivre notre binôme dans son road-trip pour retracer le parcours de la grande sœur de notre héroïne. Un voyage qui se veut dépaysant et qui va nous permettre d’admirer de nombreux lieux et régions cultes du Japon. Sonnant comme un périple carte postale, on observe avec des étoiles dans les yeux ces endroits que l’on n’a pas forcément eu l’occasion de découvrir en réalité et qui sont ici totalement dépourvus de présence humaine. Des panoramas splendides et des zones célèbres où la nature a repris ses droits pour un mélange des plus efficaces. La série réussit parfaitement son pari qui est de nous donner l’impression d’accompagner réellement ce tandem sur leur moto tout au long de leur périple. Chaque escale est l’occasion de s’émerveiller, de s’amuser et de rire en compagnie de nos deux protagonistes. D’ailleurs, ce binôme fonctionne à merveille tant ces deux demoiselles se complètent parfaitement. Ici, nous sommes dans un traitement de l’apocalypse beaucoup plus posé et reposant qui contraste avec les messages que l’on peut avoir habituellement dans le genre. Une manière douce de nous recentrer sur l’instant présent et surtout sur la beauté qui peut nous entourer que l’on a trop tendance à oublier. Mais en plus de ça, le récit ne se contente pas de nous faire aller d’escale en escale sans réel fil rouge ou d’histoires à raconter. Au contraire, certains arrêts vont nous amener à vivre des rencontres qui vont nous donner des moments larmoyants ou bien de tomber sur un danger bien réel pour notre tandem. Ainsi, on nous rappelle aussi que derrière la joie de la découverte et la bonne humeur que l’on ressent en compagnie de ces deux jeunes femmes, nous sommes quand même dans un contexte difficile.
Escale à Yokohama

Il est déjà temps de finir cette chronique et je ne pouvais pas parler de post-apo sans évoquer l’un de ses représentants les plus singuliers et merveilleux. Je parle bien sûr de Escale à Yokohama disponible chez Meian qui, à l’instar du précédent titre, ne donne clairement pas l’impression que l’on est sur une fin du monde. En effet, on suit Alpha, un androïde qui gère son café loin de tout et qui profite de chaque journée du mieux qu’elle peut. Ici, on contraste totalement avec l’image du genre qui se veut apre, éprouvant et violent avec un récit plus mélancolique, doux et chaleureux. En fait, on nous dépeint des gens qui savent très bien que la fin approche et qui veulent juste apprécier chaque moment de leur vie sans forcément penser au lendemain. Alors que la montée des eaux se fait de plus en plus forte, on découvre des hommes et femmes qui veulent juste savourer l’instant présent. Et on observe ça par le prisme d’Alpha qui va elle aussi nous montrer le bonheur que peuvent procurer les petits plaisirs du quotidien. Une balade dans la nature, un simple café en admirant le paysage, une discussion anodine avec un passant, tout est magnifiquement représenté pour que l’on prenne conscience de la joie que peuvent procurer ces moments. Dans une société qui va toujours beaucoup trop vite, on nous montre ici qu’il aura fallu une fin du monde pour retrouver ce plaisir de s’arrêter quelques minutes sans d’autre but que de profiter de ce qui nous entoure. C’est quand la dernière heure approche que l’on ouvre les yeux sur ce bonheur qui est à notre portée et que l’on a trop souvent négligé. Je trouve que ce manga est un pur bonbon, mais qui reflète aussi une certaine tragédie du monde dans lequel on vit. Ce qui fait que l’on va avoir un sentiment singulier tout au long de notre lecture. La chaleur que l’on ressent à accompagner Alpha dans ses paisibles journées se mêle à une certaine tristesse à se dire que l’on a pu rater tant de ce genre de moments dans la réalité parce que l’on ne prenait pas le temps de s’arrêter quelques minutes. Plus qu’une belle et bienvenue parenthèse, Escale à Yokohama est aussi une ode à ces instants fugaces que l’on doit savourer.

