Panini Manga : 5 séries à découvrir #01
Suite aux précédents numéros où je vous parlais de Meian et Doki-Doki, je me suis dit que l’on n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Après tout, il y a énormément de séries à découvrir chez chaque éditeur et c’est toujours une joie que de vous en parler. Pour cette fois, je me suis dit que j’allais me tourner vers le catalogue de chez Panini Manga, car il y a énormément de belles petites pépites à découvrir. Il faut dire que la maison d’édition a su proposer énormément de variétés depuis plusieurs années et surtout consolider sa ligne édito notamment à travers plus grands classiques du manga. Et pour ma part, j’ai clairement pu trouver mon bonheur autant à travers des œuvres historiques, des thrillers haletants que des récits beaucoup plus drôles et amusants. Et même si certains des noms que je vais évoquer ne sont pas forcément ceux qui sont les plus présents dans les discussions, il est toujours bon de voir ce qu’il y a au-delà du devant de la scène pour dénicher de belles surprises. Je vous invite donc avec moi au sein de cinq de ces récits qui, à mes yeux, valent le coup d’oeil.
Pour les fans de récit historique : Shut Hell

Shut Hell commence par un choc frontal, et ce choc, c’est d’abord le contexte historique, brutal, impitoyable, presque suffocant. Après un premier chapitre dénotant avec le contexte historique, on se retrouver plongé au cœur du XIIIe siècle, au moment où l’Empire mongol déferle sur la Chine comme une marée de feu et d’acier. Pas de mise en route douce, pas de filtre : en quelques cases à peine, on voit des villes entières réduites en cendres et des innocents souffrir de cette invasion que rien ne semble arrêter. L’horreur est immédiate, viscérale, et elle ne relâche jamais sa prise. On sent le poids inéluctable de cette machine de conquête, et surtout l’impuissance glaçante de ceux qui se dressent sur son chemin. Le lecteur devient un témoin silencieux de ce conflit d’une telle violence, et la mangaka ne nous épargne rien : ni les cris, ni le sang, ni l’odeur de mort qui semble suinter des pages. Mais c’est aussi dans cette représentation réaliste de cette campagne sanglante que l’artiste nous plonge avec brio dans ce contexte historique qui va voir s’opposer destruction et préservation de façon brillante et symbolique. A travers les protagonistes que l’on suit, on nous montre l’importance de sauver et protéger quand d’autres cherchent simplement à rayer de la carte l’existence de tout un peuple. Et même au-delà de ça, je trouve remarquable d’avoir un titre qui ne glorifie nullement l’esprit guerrier en dépeignant tout bonnement l’horreur de la guerre. Même si Shut Hell a beau être charismatique, elle n’en reste pas moins présentée, pendant un long moment, comme une bête sauvage guidée uniquement par la vengeance et qui contribue donc à renforcer cette boucherie. Au milieu de ce champ de bataille où les cris de tant de victimes se mélangent, on va assister à la prise de conscience de cette dernière de ce qui est réellement important. Au sein de cet enfer se dresse une poignée de personnages qui refusent de plier, et on a besoin de croire qu’ils peuvent, même un instant, faire vaciller ce que représente cet ennemi.
En résumé
- Une redoutable fresque historique
- Une lutte opposant l’annihilation à la préservation
- L’importance du savoir comme héritage
- Des personnages nuancés et charismatiques
- Des scènes d’actions grandioses sublimées par le trait de l’autrice
Mangaka : Yu Ito
Nombre de tomes : 14/14 [Série finie]
A retrouver sur le site Panini ainsi qu’en librairies
Pour ceux qui rêvent d’être mangaka : Kore Kaite Shine

Kore Kaite Shine est une pépite absolue qui m’a conquis dès son premier volume tout en me laissant un sourire béat pendant des jours. Le manga respire la douceur, la bienveillance, la chaleur d’un club de dessin où tout le monde a sa place, même ceux qui ne sont pas forcément doués dans un domaine en particulier. L’auteur réussit le pari de transformer un simple atelier manga en véritable thérapie collective : chaque personnage apporte sa couleur, sa sensibilité, son humour, et ensemble elles construisent quelque chose de plus grand que la somme de leurs traits. Et surtout, il y a Ai et sa professeure, duo miroir magnifique : l’une représente la passion brute, dévorante autour du manga ; l’autre incarne la sagesse apaisée de celle qui a déjà vécu cette flamme et sait qu’elle peut être source de nombreuses déceptions. Leur opposition, jamais manichéenne, porte tout le message du titre : créer, ce n’est pas seulement être « doué », c’est oser rêver, partager, persévérer, et surtout accepter de se confronter à des murs qui peuvent être éprouvants sans pour autant être défaitiste. Ce manga fait quelque chose de magique : il parle du monde du manga sans jamais être cynique, sans jamais écraser l’étincelle. Au contraire, il nous rappelle que dessiner, c’est avant tout aimer. Aimer jusqu’à l’épuisement, aimer malgré les ratures, aimer assez pour continuer même quand on pense qu’on n’est « pas assez ». Et cette bienveillance, cette douceur bienvenue, émane de chaque case, de chaque dialogue, de chaque regard échangé entre tous ces personnages pour lesquels on a une sympathie tellement sincère. C’est une aventure humaine vibrante, sincère, qui parle à l’enfant qui rêvait de publier un manga et à l’adulte qui a rangé ses crayons. Sans jamais tomber dans la niaiserie, le titre arrive à concilier autant l’importance de la passion qui doit englober ce métier que de montrer aussi les défis à relever qui peuvent parfois briser des rêves. Une ouverture réussie sur cet art qui nous entoure au quotidien sans jamais chercher à nous faire perdre cette flamme qui peut donner naissance à bien des vocations.
En résumé
- Une autre approche du métier de mangaka
- Des personnages rayonnants
- Un titre mettant à l’honneur la passion du dessin
- Un titre feel good par excellence
- Une bouffée d’air frais qui ne cherche pas à amoindrir les difficultés de ce métier
Mangaka : Minoru Toyoda
Nombre de tomes : 06/08
A retrouver sur le site Panini ainsi qu’en librairies
Pour les amateurs de romances singulières : De Neige et d’Encre

De Neige et d’Encre a été une très bonne surprise dans mes dernières découvertes de l’éditeur. Je suis entré en ne sachant pas du tout où je mettais les pieds, et cela n’a fait que renforcer mon appréciation de l’œuvre. Il faut dire que l’introduction frappe fort en nous présentant d’entrée de jeu deux personnages que la société a déjà condamnés : lui, un criminel ; elle, une femme qu’on accuse d’avoir ruiné des vies entières. Une présentation pensée pour nous donner une image néfaste d’eux avant même de les connaître… et pourtant, en quelques chapitres à peine, on apprend à les aimer. On les aime farouchement. Parce que l’autrice nous pousse à regarder derrière ce masque : ce ne sont pas des monstres, ce sont des gens qui ont voulu bien faire, qui ont cru protéger quelqu’un ou quelque chose, et qui n’ont eu pour unique récompense que d’être ostracisés par le reste de la population. Peu à peu, on découvre la vérité, et chaque révélation fait mal : ils ne sont pas les coupables qu’on croit, mais les victimes d’une société où les manipulateurs l’emportent tandis que les faibles sont dévorés. Du coup, quand ils décident de fuir ensemble, de s’éloigner de tout, on n’a qu’une envie : les suivre, les serrer dans nos bras, et leur dire que oui, ils ont le droit d’être heureux loin de cette meute. Ce que raconte vraiment De Neige et d’Encre, c’est que la paix n’est pas dans l’approbation du monde, mais dans le simple fait d’être accepté tel qu’on est par une seule personne qui compte. Un regard, une main tendue peuvent suffire à sauver une vie. Le manga met cette conviction à l’épreuve sans jamais la trahir : oui, la société est cruelle, oui, elle jugera toujours, mais non, elle n’aura pas le dernier mot. Et même si l’histoire va amener notre tandem à se confronter aux regard des autres, on a envie de croire en eux et en leur capacité à être heureux.
En résumé
- Un tandem tellement touchant
- Une leçon sur l’acceptation de l’autre
- Un drame qui nous prend aux tripes
- Un titre mettant à l’honneur cette paix que l’on recherche tous
- Des épreuves qui vont renforcer notre sympathie pour ce couple
Mangaka : Miyuki Unohana
Nombre de tomes : 04/08
A retrouver sur le site Panini ainsi qu’en librairies
Pour ceux cherchant un mélange des genres : La Belle et le Badass

La Belle et le Badass a su m’offrir un divertissement remarquable et ce dès son premier volume. On est face à un manga qui prend le pari de jouer sur deux styles graphiques totalement différents. On retrouve autant une DA proche des shōjo rétro des années 90 concernant notre héroïne qu’une autre se tournant bien plus vers des titres comme Hokuto no Ken. Deux aspects qui sont totalement contradictoires et qui pourtant vont parfaitement se mélanger au sein de ces pages. L’artiste réussit à se les approprier permettant de proposer quelque chose de frais, d’hilarant et incroyablement humain tout au long de notre aventure en compagnie de ces personnages. En quelques chapitres, la mangaka explose joyeusement tous les stéréotypes qu’elle avait elle-même posés, et c’est jubilatoire. Le plus génial, c’est que l’humour ne sert jamais à rabaisser les personnages : il les grandit. Chaque gag, chaque parodie de trope est là pour mieux révéler qui ils sont vraiment, loin des étiquettes qu’on leur colle dessus. Résultat : on rit régulièrement, et deux pages plus tard on est profondément touché par ce qu’ils ont vraiment sur le cœur. Et puis il y a cette relation entre eux, ce passé commun qu’on nous raconte, cette distance de plusieurs années et ce fossé social qui rendent chaque petit rapprochement absolument électrique. On sent qu’il va se passer quelque chose de fort, de lent et de beau malgré cette différence qui s’est installée depuis tout ce temps. Bref, La Belle et le Badass est bien plus qu’une simple aventure feel-good jouant sur le rétro: c’est une comédie romantique maligne, généreuse et pleine de cœur qui nous rappelle, avec le sourire, qu’on ne doit jamais juger quelqu’un sur sa couverture. Un titre intelligent dans son utilisation de ces deux styles différents.
En résumé
- Un savoureux mélange de deux styles graphiques cultes
- Une utilisation réussie des codes du genre pour mieux les tordre
- Une histoire aussi drôle que touchante
- Deux protagonistes attachants et brisant les stéréotypes
- Beaucoup de fun tout au long de la lecture
Mangaka : Sawako Arashida
Nombre de tomes : 03/05
A retrouver sur le site Panini ainsi qu’en librairies
Pour les enquêteurs en herbe : Once upon a crime

Il est déjà temps de s’attaquer au dernier titre de cette liste et il a clairement fait partie de mes petits chouchous de cette année. Je parle bien sûr de Once Upon a Crime. J’ai toujours eu un faible pour les contes, ces fables qu’on nous a racontées enfants, tantôt édulcorées et roses, tantôt d’une noirceur à glacer le sang dans leurs versions originales. Il y a quelque chose de fascinant à voir comment ces histoires, vieilles de plusieurs siècles, continuent de nous faire rêver et de se réinventer. Once Upon a Crime fait exactement ça, et il le fait avec une maestria qui m’a captivé dès le premier chapitre. Prenez tout ce que vous savez sur les « ils vécurent heureux… », jetez-le par la fenêtre, et laissez-vous embarquer dans un univers où la fin officielle n’est qu’un mensonge bien commode. L’artiste reprend les contes les plus célèbres et les retourne comme un gant : derrière les robes de princesse et les baisers qui réveillent, il y a des meurtres, des secrets, des crimes qui n’ont jamais été levés. Et au centre de tout ça, une petite héroïne futée qui va faire la lumière sur toutes les affaires dans lesquelles elle va se retrouver mêlée. Le ton est parfait : à la fois respectueux du matériau d’origine tout en réussissant à parodier quand il le faut vraiment. Chaque chapitre est une nouvelle affaire, un nouveau conte déconstruit, une nouvelle preuve que le « happy end » n’était peut-être qu’une couverture pour cacher le vrai chaos. Si vous avez grandi avec Perrault et les frères Grimm, si vous aimez quand on gratte le vernis doré des histoires pour révéler le bois pourri en dessous, ou si vous cherchez simplement un thriller malin sur fond de fables cyniques, foncez. Once Upon a Crime est une réécriture brillante, sombre et addictive qui prouve que, non, ils n’ont pas tous vécu heureux.
En résumé
- Une remarquable réinterprétation des contes
- Des enquêtes qui nous tiennent en haleine
- Un chaperon rouge se transformant en une impressionnante détective
- Une ambiance sombre et envoûtante
- Des mystères qui réveillent notre âme d’enquêteur
Mangaka : Aito Aoyagi & Kanoka Tana
Nombre de tomes : 02/04
A retrouver sur le site Panini ainsi qu’en librairies

