Black Clover tome 1 à 3 : le magicien dénué de magie
En ce début de week-end, on a décidé de vous proposer le premier article de notre nouveau rendez-vous où l’on va s’attarder sur de très grandes séries, mais toujours à travers que quelques tomes. Cela permet de voir l’évolution du récit au fur et à mesure du temps et de se concentrer sur des éléments bien précis qui ont pu sublimer une œuvre. Pour débuter cette série de chroniques, on a choisi de nous pencher sur l’excellent Black Clover de chez Kazé. On vous l’avoue tout de suite, on a mis du temps à franchir le cap de lire ce manga. Cependant, au moment où l’on s’est lancé dedans, il fut très difficile de nous en arracher tant notre plongée dans ce monde fut stupéfiante. Un shônen qui reprend bon nombre de codes du genre tout en y apportant sa propre touche personnelle. S’aventurer dans cette lecture, c’est vivre une expérience épique et fabuleuse qui commence d’une manière très intéressante. Toute grande histoire s’écrit par un début qui retient l’attention du lecteur. Il est donc temps de s’attarder tout d’abord sur les trois premiers tomes de cette franchise qui a beaucoup de choses à nous raconter.
Asta contre le reste du monde
Black Clover, imaginé par Yûki Tabata, nous propulse dans un monde où la magie gouverne tout. Sur cette terre, chaque habitant est doté d’un certain potentiel concernant la manipulation de cette puissance qui réside en eux. Tous finissent alors par recevoir, lors d’une cérémonie, un grimoire qui leur permettra d’utiliser et de peaufiner les sorts qui leur seront propres. Notre périple débute dans le royaume de Clover. C’est ici qu’il y a bien des années, une entité démoniaque fit son apparition afin de ravager tout le continent. Un homme se dressa alors face à lui et finit par le vaincre au bout d’un combat acharné. Ce héros fut alors reconnu comme l’Empereur-Mage et servit de haute autorité au sein de cette société et fut aussi choisi pour être le garant de cette paix. Aujourd’hui, celui qui porte ce titre s’avère aussi être le chef des célèbres chevaliers-mages qui sont les protecteurs du royaume. Des guerriers hors pair qui inspirent de nombreux jeunes souhaitant rejoindre leurs rangs.
C’est au sein d’un village bien éloigné de la capitale que l’on fait la connaissance d’Asta. Ce garçon débordant d’énergie n’a qu’une idée en tête. Il veut absolument devenir le prochain Empereur-Mage, mais il n’est pas seul dans sa course. Yuno, un orphelin comme lui avec qui il a toujours grandi, souhaite aussi atteindre ce grade légendaire. Alors que celui-ci fait déjà preuve d’un grand potentiel magique, son ami fait figure d’exception. En effet, Asta est un cas unique, car il ne possède aucune affinité avec la sorcellerie. Il est absolument incapable de faire appel au moindre sort et cette particularité est vue d’un très mauvais œil dans ce monde où la magie représente tout. Il doit alors subir les affronts et les moqueries des autres habitants du village. Malgré cela, il n’est absolument pas découragé et continue de redoubler d’efforts. Alors que la cérémonie pour obtenir son grimoire approche, il ne sait pas encore que cet évènement va changer sa vie à jamais.
Que serait Black Clover sans son personnage central. Asta, aussi bien connu pour sa détermination que sa tendance à crier à tout bout de champ, est un protagoniste très intéressant à analyser. Répondant à de nombreux critères propres au rôle qu’on lui a attribué, il affiche pourtant des caractéristiques uniques et qui font qu’ils arrivent à susciter notre intérêt dès le départ. Plus qu’une grande gueule, ce jeune homme est prêt à tout donner pour ses rêves.
Un héros de pur shônen
Il n’y a pas à dire, Asta est l’archétype même du héros nekketsu. De par son impossibilité à utiliser la magie, il est traité en paria par le reste de la population. Une exception qui est traitée en paria dans ce monde où tout peut se décider dès la naissance. Malgré tout, cet obstacle ne l’inquiète nullement de par sa vision des choses, sa simplicité d’esprit et surtout le courage en lui qui ne faiblit jamais. C’est en voyant cela que l’on a vraiment pu s’attacher à ce garçon qui est né différent des autres. Le côté classique de son caractère et de son histoire n’est en rien péjoratif ou redondant, car il est traité avec une approche qui captive notre regard. Alors que l’on a l’habitude de voir des futurs héros être en plein doute au commencement d’une œuvre, ici Asta est déjà convaincu qu’il parviendra à ses fins. Cette ténacité fait que, même dans les moments où tout le monde se ligue contre lui, la flamme qui brille dans ses yeux ne s’éteint jamais. Si son côté buté lui joue aussi de nombreux tours et le fait souvent passer pour le comique de service, cette facette de sa personnalité est aussi ce qui le rend aussi attachant.
Il a beau être insulté et écarté du reste de la population, sa détermination ne faiblit jamais et donne envie de l’encourager. L’opposition qui s’effectue alors entre cet adolescent et les autres est bien régulé, car elle permet au lecteur de ressentir de multiples émotions. Par exemple, lors des premières pages, on ne peut qu’être rebuté et dégoûté par le comportement de ces gens à l’égard de cet enfant qui n’a jamais voulu ça. On voue même une certaine haine à cette société qui écarte une personne pour la bonne raison qu’elle ne répond pas à un critère. Pourtant, à chaque fois que l’on observe Asta se relever et balayer les injures qui lui sont adressés d’un revers de la main, on oublie rapidement notre colère. Notre regard ne se porte plus que sur cet orphelin qui nous prouve qu’il n’y a aucune raison de donner du crédit à tout ceci. Il utilise même cet écart avec les autres comme un tremplin pour lui permettre d’avancer et de progresser. Voilà un jeune homme qui parvient à se détacher totalement des avis des autres pour se concentrer uniquement sur ce chemin qu’il a choisi. Une voie qu’il est bien décidé à tracer de ses propres mains.
Outre Asta, Black Clover introduit aussi un autre personnage pertinent qui n’est autre que Yuno, le meilleur ami de notre héros. Son importance n’est pas tant dans son envie d’atteindre le même objectif que son camarade que ce qu’il parvient à apporter à ce dernier. Une rivalité à la fois nécessaire et pertinente qui va bien plus loin que ce que l’on a l’habitude de voir dans ce style de manga. Cette relation insuffle la motivation nécessaire à ces deux individus pour se surpasser.
Une rivalité plaisante
Dans l’univers du shônen, il n’est pas rare de voir deux amis être en compétition pour savoir qui deviendra le meilleur. Il s’agit souvent d’un élément central de ce genre de récit et cela a donné lieu à des affrontements mémorables. Ici, on voit et on ressent la rivalité qui unit ces deux orphelins. Cependant, elle n’est aucunement chargée de la moindre méchanceté où l’un des deux sera prêt à tous les coups bas pour anéantir l’autre. Yuno et Asta ont une relation bien plus profonde que de simples camarades. En observant leurs échanges, on a presque la sensation de voir deux frères qui se chamaillent souvent avec d’un côté l’intellectuel charmeur et de l’autre le fonceur qui réfléchit avant tout avec ses muscles. La sincérité et le lien qui les unit fait que l’on apprécie grandement de voir cette compétition évoluer. De plus, leur rêve a beau être le même, ils souhaitent se voir tous les deux atteindre les sommets et cherchent donc constamment à se pousser l’un l’autre.
En amenant ces deux compères sur ce terrain-là, Yûki Tabata casse cette barrière habituelle que l’on voit fréquemment où l’on a le prodige et le raté. Même si Yuno a une prédisposition pour tout ce qui touche à la sorcellerie, il ne voit aucunement Asta comme un faible. Il ne va donc aucunement se sentir supérieur à lui et reconnaît même sa valeur de par son entêtement à s’entraîner malgré son manque de magie. Le respect qui existe entre eux ne fait qu’accroître le plaisir que l’on a en consultant ses pages. On ressent de la joie à voir qu’il existe au moins une personne qui croit en ce garçon qui n’a juste pas eu de chance. Une façon aussi de traiter la thématique de l’amitié d’un point de vue très sérieux et qui permet d’apprécier pleinement ce duo. On a beau suivre notre chevalier mage inapte à lancer le moindre sort, Black Clover est avant tout le récit de deux petits garçons qui un jour ont décidé de se faire une promesse. Même après plusieurs années, ce serment continue de battre au fond d’eux et de les motiver à aller toujours de l’avant.
En plus de soigner l’écriture de ses personnages, l’auteur parvient aussi à donner vie à un monde regorgeant d’idées incroyables et de surprises en tout genre. Le royaume de Clover est une source infinie d’étonnement et de splendeur par rapport à tout ce qu’il nous propose. On contemple ces contrées en se demandant ce qu’il peut bien y avoir au-delà de ces paysages. Un environnement qui ne cesse de s’enrichir.
Un univers qui retient l’attention
Comme on l’a dit plus haut, le monde qui se dessine devant nous à tout pour nous enchanter. Si le premier tome se concentre avant tout à nous présenter notre duo ainsi que leur quotidien dans leur village, tout s’accélère rapidement par la suite. On est alors emmené jusqu’à la capitale et là, c’est une véritable explosion qui se produit. Le lecteur se retrouve devant une foule de nouveaux personnages à travers l’examen pour décider s’ils peuvent rejoindre une compagnie. A peine posons nous le regard sur eux que l’on peut comprendre à quel point ils possèdent tous une personnalité qui leur est propre et c’est vraiment remarquable d’avoir réussi à mettre en valeur autant d’individus en à peine quelques pages. Nos yeux se mettent à fureter partout et on essaye d’imaginer quel peut bien être le grade de celui-ci, l’histoire de cet autre mage ou bien les pouvoirs qu’ils possèdent. Le fait que l’on ne sache plus où donner de la tête est très bien trouvé, car cela nous met à la place de nos deux campagnards.
Eux qui n’ont toujours connu que leur modeste bourgade, ils se retrouvent largement dépassés par tout ce qu’il découvre. Cette existence est inédite pour eux et on peut donc se comparer à Asta ou Yuno qui se retrouvent un peu désemparé au milieu de cette foule. Cet attroupement permet aussi de comprendre une chose importante sur cet univers. Il s’agit de sa grandeur, ses possibilités ainsi que d’entrevoir le potentiel qui peut se cacher derrière cette série. Le fait de voir les choses aussi grand ne veut pas forcément dire que l’on va se disperser un peu partout. Il s’agit avant tout d’une volonté du mangaka de nous montrer un aperçu de ce que le futur de son titre peut nous réserver. Une excellente manière d’attirer notre attention et de nous faire rêver quant à ce qu’il pourrait se passer par la suite. A cela s’ajoute aussi la grande complexité de ce royaume qui affiche un système de compagnie bien pensé et qui nous fait ouvrir les yeux sur tout ce qui s’apprête à graviter autour de notre héros. Une bien belle manière de débuter un récit en nous projetant déjà vers l’avenir et ainsi nous tenir en haleine.
Black Clover parvient, à travers ces premiers volumes, à proposer une aventure absolument exceptionnelle de par la richesse qui la constitue, ses protagonistes hauts en couleur ainsi qu’une bonne dose d’action. Une oeuvre qui a parfaitement assimilé les codes du genre et qui parvient même à aller bien plus loin. Cette introduction est à la fois classique dans sa construction qu’originale dans ce qu’elle nous fait vivre.
Black Clover débute son spectacle
A travers ces premières excursions, Black Clover sait comment nous convaincre de nous lancer dans la suite de la série. Tout est présent pour susciter notre curiosité et notre intérêt sans pour autant oublier ce qui fait le charme et l’identité de cette saga. On s’attarde sur de nombreux personnages qui nous sont rapidement sympathiques et dont on a envie d’en savoir plus sur chacun. Outre cela, le royaume de Clover vient à peine de nous présenter que déjà on a la sensation d’être perdu dans un univers gigantesque. Une introduction qui est telle une invitation pour une épopée extraordinaire au sein de contrées magiques et féeriques. En réalité, il y aurait beaucoup d’autre choses à dire sur le sujet ainsi que sur les nombreux atouts de ce premier contact. On pourrait citer les combats dantesques que l’on peut observer et qui sont magnifiquement orchestrés. Des duels qui offrent une déferlante de sorts et de techniques qui nous font revenir à ces shônens qui nous ont bercé plus jeune et qui explosent notre rétine. Ce manga réussit parfaitement la tâche qu’il s’est donnée, à savoir divertir son lectorat qui oublie, le temps de quelques minutes, la réalité pour vivre de formidables péripéties.
En s’attardant juste sur ce début de licence, on peut déjà dire que l’on recommande fortement cette oeuvre qui pose habilement les fondations d’une immense odyssée. On ne sait plus où donner de la tête en voyant tout ce qui nous entoure et qui prend forme dans ces cases. Notre esprit se met alors à vagabonder et à s’imaginer toutes les histoires qui peuvent se dissimuler derrière chaque élément et individu. Un shônen qui peut sembler classique, mais qui n’en est pas moins agréable, très bien rythmée et surtout très convaincant. C’est avec joie que l’on accompagne Asta dans sa quête pour se hisser au sommet et à son éternel combat pour ce faire une place dans ce pays qui ne veut pas de lui. Bien sûr, il va être intéressant aussi de voir ses interactions avec les autres chevaliers-mages des différentes compagnies. A noter aussi que l’anime est disponible sur Crunchyroll. Un nouveau quotidien s’offre à lui tandis que l’on contemple cela avec un regard rêveur en pensant à tout ce nous réserve cette licence.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre avis ainsi que votre opinion sur cette première partie de Black Clover. On espère que ce style d’article vous plaira et l’on va continuer de voir comment cette licence va évoluer au fur et à mesure des tomes. Selon-vous, Asta est-il un bon héros de shônen ? L’univers est-t-il, à vos yeux, attrayant ? On serait ravi de connaître vos réponses. 🙂
© Tabata Yuuki / Shueisha