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Derrière la couverture : Peleliu tome 3

Il est grand temps de revenir aujourd’hui pour parler à nouveau d’une jaquette particulièrement intéressante. Il existe des récits qui parviennent à nous tirer les larmes des yeux que ce soit dans ses dessins, son histoire ou ses personnages. C’est exactement le cas de Peleliu, édité chez Vega, dont on a décidé d’étudier la troisième couverture. Après avoir été bouleversé par ce manga, on a vu à quel point les couvertures pouvaient transmettre de nombreuses informations. C’est encore plus vrai pour cette troisième image qui possède de multiples détails à étudier et qui sont particulièrement révélateurs de ce qu’il peut y avoir au sein de ces cases. Le sens de cette jaquette est encore plus marquant et symbolique lorsqu’on l’observe après avoir lu ce passage. Le lecteur est alors obligé d’éprouver une certaine tristesse à l’image de ces soldats qui semblent profiter d’un moment de répit. On tient aussi à signaler ici qu’il ne s’agit que de spéculations et qu’il est tout à fait possible que l’on puisse surinterpréter les détails de ce visuel. Une image paradisiaque pour un enfer sans fin.

Une triste poésie

Peleliu T3

Pour remettre le contexte en place, Peleliu nous compte le récit des militaires japonais qui ont lutté pour défendre l’île du même nom. A travers ce conflit contre l’armée américaine, on fait la connaissance de Tamaru, un jeune homme qui rêve de devenir un mangaka. Le lecteur pouvait ainsi voir le terrible quotidien de ces hommes qui se retrouvent bien loin de leur patrie. Après avoir lu les deux premiers tomes, on pouvait facilement se dire que l’on était loin d’une oeuvre joyeuse. Les quelques moments de beauté que l’on pouvait voir étaient vite balayés par la mort, la cendre et le sang. C’est là que cette troisième couverture vient contrebalancer cet état de fait. On peut observer un visuel absolument fabuleux qui contraste avec la violence des combats qui ont lieu sur cette île. Cela frappe rapidement notre regard et insuffle en nous plusieurs questions concernant ce qu’il pourrait bien se passer pour les soldats japonais. Le fait de voir des cerisiers en fleurs est le premier élément qui peut nous interpeller. Cela rappelle évidemment le Japon, la patrie de ces hommes qu’ils rêvent de pouvoir retrouver. Cette vision idyllique et joyeuse signifierait-elle la fin des hostilités ? Si cela serait un soulagement et un énorme réconfort pour tous, il est quand même difficile d’y croire. Même le visage souriant de ces militaires ne laisse en nous qu’un sentiment de tristesse.

On a presque cette sensation qu’il s’agit plus d’un paradis qui attend ceux qui sont morts sur ce champ de bataille. Ils finissent par retrouver ce qu’ils ont toujours souhaité à savoir leur pays. En voyant cette couverture ainsi, cela colle bien plus à l’image que l’œuvre a su nous donner au travers de ses deux précédents ouvrages. Il pourrait aussi ne s’agir que d’un rêve qui reflète le plus profond désir de tous ces hommes de rentrer chez eux et d’oublier tout ce qu’ils ont vécu. Un autre détail qui peut pointer dans cette direction est tout simplement Tamaru. Alors que tous ceux qui l’entourent profitent et s’amusent, notre dessinateur reste impassible à nous scruter ou à observer le ciel. Comme s’il savait que tout ceci n’était que fictif et qu’il ne s’agit que d’un échappatoire au cauchemar qu’est devenu le monde réel. D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il est aussi celui chargé d’écrire aux familles la manière dont leur fils est mort. On a déjà pu voir qu’il fut obligé d’embellir la vérité afin d’offrir un peu d’honneur à ceux qui sont tombés bien loin des affrontements. Est-ce que cette image sous les cerisiers en fleurs ne serait pas encore une métaphore de son travail. Cela expliquerait son visage si froid et le fait qu’il ne soit nullement intéressé par ce qui gravite autour de lui. Une image qui peut représenter tellement de choses et qui rend cette histoire encore plus captivante et déchirante.

Peleliu nous met les larmes aux yeux

Rien que par ses couvertures, Peleliu réussit à nous faire vivre un tas d’émotions. Une fois que l’on connaît la profondeur de cette licence, on ne peut qu’être touché par la justesse avec laquelle sont composés ces tableaux afin de creuser un peu plus les propos de la série. Tout le travail que l’on a fait un peu plus haut prend alors tout son sens lorsque l’on plonge au coeur de ces nouveaux chapitres. On découvre alors ce qui se cachait derrière cette couverture et on ne peut que ressentir une profonde tristesse pour ces Japonais qui espéraient juste fouler de nouveau le sol nippon. Le lecteur comprend alors qu’à travers cette sublime image, qui dénote totalement avec ce que vivent ces personnes, se cache une déchirante signification. On éprouve même une grande tristesse en lisant la vérité sur ces fameux cerisiers. Chaque pétale qui tombe représente presque à nos yeux tous les gens qui ont disparu au champ d’honneur et tous ceux qui s’apprêtent à suivre la même voie. On a devant nous le parfait exemple de la jaquette qui sert pleinement à notre immersion.

Comme on a pu le voir, ce tome 3 de Peleliu réussit à faire totalement travailler notre imagination sans même que l’on tourne la première page. Cela prouve bien à quel point il est important de s’attarder quelques secondes voir minutes afin d’apprécier au mieux ces visuels qui peuvent tous être des portes d’entrées aux univers qu’ils présentent. Il faut laisser son imagination prendre le dessus, car c’est ce qui fait que l’on peut être encore plus attiré par un titre et son contenu. De plus, il est tout à fait possible de transmettre une multitude de sentiments à travers un simple dessin. C’est tout à fait le cas ici et rend cette expérience littéraire encore plus savoureuse et saisissante. Est-ce que ce paradis que l’on a pu apercevoir à travers cette couverture peut devenir réalité ? Tamaru pourra-t-il rejoindre les siens ? On est encore loin d’avoir tout vu.

Dites nous dans les commentaires ce que vous pensez de cette couverture de Peleliu. Êtes-vous d’accord avec notre analyse ? Quelle est votre opinion sur ce que raconte cet image ? Pensez-vous qu’elle correspond parfaitement aux propos tenus dans cet ouvrage ?

© Takeda Kazuyoshi & Hiratsuka Masao / Hakusensha

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