Akû le chasseur maudit tome 1 : une plongée dans la préhistoire
On continue d’enchaîner les nouvelles licences à étudier avec, cette fois-ci, une des plus belles surprises que l’on ai pu lire depuis ce début d’année. Ce qui est incroyable avec l’univers du manga, c’est sa faculté à nous faire vivre des centaines d’expériences différentes prenant place dans des lieux inimaginables. C’est exactement le cas du titre que l’on va parler aujourd’hui qui a permit au catalogue de Pika de se doter d’une nouvelle pépite. Il s’agit d’Akû, le chasseur maudit qui nous plonge en plein coeur de la préhistoire. Un contexte original et qui parvient à nous en mettre plein les yeux au fur et à mesure que l’on s’attarde au sein de cette tribu. Devant nous s’étend un monde aussi magnifique que sauvage où c’est la loi du plus fort qui dicte qui doit vivre ou mourir. Voilà un voyage qui a su marquer notre esprit de bien des manières. On espère donc que vous êtes prêts pour vous aventurer sur ces terres où la seule règle est chasser ou être chassé.
La loi du plus fort
Akû, le chasseur maudit est dessiné par Akeji Fujimura et est une adaptation de l’œuvre originale de Muneyuki Kaneshiro. Cette série nous propulse 30 000 ans avant notre ère en plein Paléolithique. C’est durant cette période inhospitalière et sauvage que l’on fait la connaissance d’une tribu qui vit de son mieux au sein de ces contrées remplies de prédateurs. Si cette communauté parvient à exister sans le moindre souci, c’est grâce à la présence de Dadâ. Ce guerrier de talent est celui qui s’occupe de trouver la nourriture pour permettre aux siens de subsister. A chaque fois, c’est sous les applaudissements et la joie qu’il revient avec ses prises souvent imposantes. Tout semble aller pour le mieux pour ce groupe. De plus, notre chasseur s’apprête aussi à devenir père. Rien ne semble pouvoir entraver ce bonheur. Malheureusement, cet événement censé apporter la joie va devenir la cause de nombreux soucis. La femme de Dadâ s’apprête à accoucher, mais la naissance de l’enfant aura lieu une nuit où la lune est rouge.
Aux yeux du doyen, ce bambin apportera la ruine à la tribu et la seule solution pour contrer cela est de le sacrifier. Ni une ni deux, Dadâ n’hésite pas à se dresser devant l’ancien et lui déclare qu’il ne laissera pas de vieilles superstitions diriger sa vie et celle de son fils. Il fera tout pour aller contre ce fameux destin qui serait déjà établi. Au vu de l’assurance de celui-ci, le vieillard lui déclare alors qu’il devra ramener le corps d’une bête terrifiante afin qu’il puisse prendre la place de son futur bébé en tant qu’offrande. Cependant, le temps pour la traquer est limité. Il a seulement jusqu’au coucher de la lune pour réussir cet exploit. Il n’hésite pas une seconde et s’empare de sa lance avant de partir à la recherche de son gibier. C’est suite à un combat acharné qu’il va réussir à ramener sa cible juste à temps pour empêcher son fils de finir brûlé. Cependant, il a beau avoir sauvé Akû, celui-ci s’apprête à connaître une vie de paria de la part des autres qui ne verront en lui qu’un rejeton à éviter. Parviendra-t-il à trouver sa propre voie au milieu de ce tourbillon de méfiance ? Ainsi commence les premiers pas de celui qui sera considéré comme le chasseur maudit.
En plus de proposer un synopsis original, Akû parvient à exploiter tout le potentiel d’un tel univers pour donner vie à un environnement tout bonnement bluffant. C’est simple, on en prend plein les yeux tout au long de notre exploration de ces lieux où la nature règne en maître et où l’homme n’est qu’un invité qui tente tant bien que mal de préserver son petit monde.
Un univers qui frappe
Il ne faut pas longtemps pour être bluffé par la qualité des images que l’on nous met devant les yeux. Même s’il est difficile de s’imaginer comment pouvait être réellement cette période, on a vraiment cette sensation d’y être à travers ces pages. Tout est sublimé pour nous offrir une épopée grandiose qui passe avant tout par l’observation et la contemplation. Que ce soient les paysages, les parties de chasse, les animaux et la tribu, tout a été pensé pour retranscrire parfaitement l’ambiance propre à cette époque. D’ailleurs, le mangaka est loin de faire dans la dentelle afin de nous présenter un monde sans pitié. On a beau s’extasier devant les bêtes que l’on croise et les sublimes paysages qui se profilent à l’horizon, il ne faut pas oublier à quel point le moindre faux pas peut conduire à une mort certaine. Le lecteur ressent donc habilement le danger que peut représenter cette nature indomptée à travers le côté imposant de ces bêtes qui peuvent écraser un homme comme s’il ne s’agissait que d’une fourmi. Une terre où l’être humain doit constamment se battre pour avoir sa place.
Cependant, là où Akû fait fort c’est aussi dans sa manière qu’il a de donner vie à une tribu de l’époque. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment est régi cette petite communauté où chacun a un rôle bien défini. Ainsi, on peut voir ceux qui ont une réelle influence sur le camp et ceux qui sont en bas de la hiérarchie. Tout est centré sur la force et la capacité des chasseurs à ramener du gibier de première qualité. L’autre chose qui compte aussi énormément est le respect des traditions et des légendes laissées par les ancêtres. C’est d’ailleurs à cause de cette fidélité à ces vieux mythes et histoires que va découler l’évènement qui va changer le destin de tout ce groupe. Il n’y a qu’à voir aussi le nom qui est donné aux animaux pour observer tout l’aspect fantastique que cela pouvait avoir pour ceux qui vivaient à la préhistoire. On a beau savoir qu’il ne s’agit que de simple animaux, on se laisse finalement emporter par cette manière de grandir et de diviniser ces êtres vivants. C’est véritablement un bond dans le passé que l’on effectue tout au long de ces chapitres et notre regard ainsi que notre esprit est complètement captivé par la vie que mènent ces hommes et femmes.
Comme on l’a dit plus haut, Akû nous immerge dans un univers très cruel. Même si l’on peut être captivé par ce qui nous entoure en accompagnant ces chasseurs, il ne faut pas oublier qu’il suffit d’un moment d’inattention pour finir dans la gueule d’un prédateur. Cependant, le danger ne vient pas uniquement de l’extérieur, mais peut aussi prendre une forme plus humaine.
Une existence pleine de dangers
On a déjà pu citer les nombreuses menaces qui règnent en dehors de la tribu. En fait, cela peut presque sembler normal à leurs yeux que ceux partant ramener de la nourriture puisse ne jamais revenir. Il y a donc une certaine acceptation de la mort, car cela fait partie des risques que les chasseurs sont prêts à prendre. Après tout, aux yeux des personnages, si une personne ne revient pas c’est qu’elle n’était pas suffisamment forte pour survivre à leurs coutumes. D’ailleurs, ce dernier mot joue un rôle très important, car il peut lui-même être considéré comme un terrible danger. Cela a beau ne pas être aussi flagrant qu’un animal qui dévore le corps d’un homme, ces traditions peuvent aussi être fatales pour bon nombre de personnes et presque plus cruel. On est témoin de ce que de simples superstitions peuvent engendrer comme haine et rancœur à l’égard d’une personne ayant décidé de choisir lui-même son destin. Une décision qui peut entraîner le malheur à de multiples existences.
C’est d’ailleurs le message principal qu’essaye de véhiculer cette oeuvre. Peu importe les légendes, les mythes et les traditions, l’important est de toujours suivre le chemin en lequel on croit. Il ne faut laisser personne nous dicter notre conduite, car c’est à chacun de trouver sa place sur cette terre. Ce sujet trouve tout à fait sa place dans ce contexte où l’on peut tout à fait s’imaginer que les gens préféraient suivre des signes soi-disant divins plutôt que de se fier à leur propre analyse. C’est un constat qui ne s’applique pas uniquement à cette histoire, mais aussi à notre propre réalité. Le courage qu’a Dadâ de tout balancer pour être le seul maître de son avenir rend ce protagoniste encore plus impressionnant et captivant. Sa détermination à toute épreuve et sa volonté de ne jamais reculer permet une bouffée d’air frais dans cette tribu qui refuse d’aller contre les ordres de celui qui est censé être la voix de la sagesse. Un très beau parallèle qui rend cette aventure encore plus palpitante.
Au final, Akû est une lecture fabuleuse qui réussit, à travers ce premier volume, à nous imprégner complètement de cet environnement qui entoure nos chasseurs. On a continuellement cette envie irrépressible de quitter la zone de confort que représente le village pour voir ce qui se cache par-delà les forêts et les montagnes. Une petite pépite qui a toutes les qualités requises pour devenir un vrai bijou.
Akû s’apprête à prendre les armes
Akû est un véritable coup de coeur. On a largement été conquis par cette fresque historique qui nous conte avant tout le combat d’hommes et de femmes dans l’espoir d’exister et où l’être humain est loin d’être au sommet de la chaîne alimentaire. De plus, derrière ce quotidien qui nous est raconté, on nous transmet un message très puissant et important concernant le fait de prendre son destin en main. Il ne faut jamais laisser personne choisir pour nous et avoir la force de se tenir debout face au regard des autres. Notre jeune héros a beau avoir subi un terrible drame, il ne doit aucunement se replier sur lui-même et continuer d’avancer même si cela est difficile. Le mangaka parvient à nous transmettre toutes ces émotions et à mettre en place une expérience littéraire tout à fait unique et possédant sa propre identité. On est clairement subjugué par ce qui se dresse devant nous et le voyage que l’on s’apprête à vivre aux côtés de cet enfant maudit qui n’a plus que la vengeance en tête.
On ne peut donc que vous recommander grandement ce premier volume d’Akû qui a su totalement se saisir de nous pour ne plus jamais nous relâcher. Si vous aimez découvrir de nouvelles époques historiques, que vous aimez l’action et que vous souhaitiez en prendre plein les yeux au niveau du dessin, alors ce titre est parfait pour vous. Après un tel final, on peut se poser de multiples questions concernant l’avenir de ce garçon. Suivra-t-il les traces de son père ? Partira-t-il à la recherche du monstre qui a causé tous ces dégâts ? La voie qu’il s’apprête à prendre est-elle vraiment ce dont il a besoin ? Les réponses à ces interrogations ne devraient pas mettre longtemps à être trouvé au vu de la rage et de la tristesse qui anime le regard de ce pauvre Akû. En tout cas, peu importe ce qu’il choisira de faire, il peut compter sur nous pour le suivre et l’observer dans son nouveau périple. La proie et le prédateur risquent fort de s’inverser très prochainement.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre opinion ainsi que votre ressenti concernant le premier tome d’Akû. Que pensez-vous qu’il adviendra de ce jeune homme ? Avez-vous été touché par le drame qui s’abat sur la tribu ? Pensez-vous que la quête de vengeance qui s’annonce saura vous convaincre ? On est impatient de connaître votre avis. 🙂
© Kaneshiro Muneyuki & Fujimura Akeji / Kodansha