Ares tome 3 et 4 : le vrai visage de la guerre
Même après avoir passé une semaine chargée, il nous reste une dernière halte à faire avant de pouvoir reprendre des forces. Cette nouvelle escale va nous permettre de revisiter les terres d’un pays que l’on a déjà pu observer par le passé. Il s’agit du royaume de Cronos qui provient du manga Ares. Après avoir été captivé par les deux premiers tomes de cette saga de Meian, on ne pouvait pas se permettre de louper la suite. C’est donc ainsi que l’on s’est lancé sans la moindre hésitation derrière nos jeunes mercenaires pour voir qu’est ce que nous réserve la suite de leurs péripéties dans ce monde déchiré. Ce nouvel arc, qui prend forme dans ces pages, va être l’occasion pour le récit de traiter d’un sujet qu’il connaît très bien. Si l’on a déjà eu notre lot de combat précédemment, cela n’est rien en comparaison de ce qui arrive. Une lecture qui frappe fort et qui développe grandement son univers tout en abordant des sujets importants d’une manière particulièrement intéressante. On espère donc que vous êtes prêts à fouler une fois de plus le champ de bataille en compagnie de ce trio de tueurs.
Pas le temps de se reposer
Ares, imaginé par Ryu Geum Cheol, nous avait laissés alors que l’Ordre du temple venait de terminer leur contrat. En effet, suite à un violent combat, ses membres étaient parvenus à repousser les brigands qui terrorisaient le village qui les avait engagés. C’est durant cette confrontation que nos trois garçons purent montrer l’étendue de leur talent et grimper les échelons. Mikaël avait fait forte impression en luttant d’égal à égal avec Karnival, un ancien guerrier de l’Ordre qui se dressait maintenant devant eux. Il parvint à prendre le dessus, permettant à ses alliés de continuer leur chemin en direction du chef. Particulièrement puissant et redoutable, cet homme balayait tous les ennemis qui osaient s’en prendre à lui. Ce fut finalement Ares qui entra dans la danse et réussit à mettre un terme aux ambitions de ce déserteur suite à un face-à-face explosif. Ils purent rentrer en vainqueur et toucher la récompense qui leur avait été promise. Cependant, cette mission fut surtout l’occasion pour notre trio de devenir le sujet principal des conversations de leurs collègues.
Alors que tous pensaient pouvoir profiter d’un petit moment de repos, la réalité vint rapidement les rattraper. Le royaume de Cronos s’avérait être dans une position particulièrement précaire. Entouré de nombreuses menaces, il était impossible de compter le nombre de puissances qui désiraient s’élancer pour conquérir ces terres. Ce fut finalement l’île de Minos qui débuta les hostilités, espérant pouvoir prendre sa part du gâteau contre cette nation affaiblie. En réponse à cela, une immense armée fut levée pour contrer cette attaque et apporter la guerre sur ce petit pays. Alors que l’on pouvait observer la prestance des troupes de Cronos, un groupe ressortit du lot. Il ne s’agissait nul autre que des célèbres mercenaires qui avaient été recrutés pour participer à cet assaut. Parmi eux se trouvaient bien sûr nos trois compères dont le visage n’exprimait aucune peur devant le danger qu’ils s’apprêtaient à croiser. Cette marche allait-elle les guider directement dans leur tombeau ou ce nouveau terrain de jeu serait l’endroit idéal pour écrire le second chapitre de leur légende ? Quoi qu’il en soit, ce conflit provoquera de nombreux changements chez chacun.
Le premier point qui a retenu notre attention dans ces deux nouvelles excursions d’Ares est la façon dont est traitée la lutte qui est sur le point d’éclater. En vérité, il y a deux points de vue qui s’opposent et qui permettent de retranscrire parfaitement l’horreur qui se cache derrière cette mêlée. Une opposition captivante et qui va bien plus loin que ce que l’on pourrait croire au premier abord.
L’innocence face à la réalité
Ce qui est très intéressant dans ces deux volumes d’Ares est l’approche que l’on a de la guerre et les deux visions qui s’affrontent. En effet, cette lecture permet de faire la connaissance d’Arianne qui a toujours vécu dans son petit cocon loin de la dure réalité. Suite à un échange avec notre guerrier borgne, elle va souhaiter l’accompagner pour la bataille qui approche. Pour elle, guerroyer n’est qu’un jeu qu’elle souhaiterait découvrir sans savoir qu’elle s’avance sur un terrain où seule la mort règne. Comme dit un peu plus haut, son obsession pour voir ce que cela fait de combattre vient de notre protagoniste principal qui a lui aussi cette vision des choses. On l’a toujours vu s’amuser à chaque duel qu’il a fait. Comme s’il ne prenait rien au sérieux et qu’il ignorait totalement la menace que représente ce genre de confrontations. Cela permet, au départ, de bien appuyer sur le fait que notre jeune mercenaire ne voit qu’en chaque duel un moyen de se divertir. Un enfant qui aime taquiner son opposant avant de lui donner le coup fatal sans le moindre remords. Ce regard que l’on pose sur lui a de quoi être effrayant, car tous ces petits détails accentuent cette volonté de montrer un garçon qui fut né et élevé pour tuer sans avoir la moindre considération pour la vie humaine.
Malgré tout, en rencontrant cette jeune femme, il nous montre au final qu’il sait à quel point le champ de bataille est un endroit dangereux. On va donc le voir se battre bec et ongles pour cacher cet effroyable spectacle aux yeux de la demoiselle pour qui son coeur chavire. D’ailleurs, en voyant les premiers morts, Arianne va peu à peu se rendre compte de l’absurdité de son discours même si elle reste tout de même une fillette qui a toujours été couvé et protégé. Ce passage permet donc aussi de voir qu’Ares est capable d’aller au-delà de son désir de combattre pour venir en aide à quelqu’un. Il fait donc alors tout son possible pour retenir ses coups et ne pas montrer ce qu’il vaut réellement à cette aristocrate qui le prendrait alors pour un monstre. Cela a beau nous être montré à travers le regard de ces adolescents, qui ont souvent une approche absurde de l’environnement qui les entoure, ceci n’enlève en rien la pertinence de ces propos. En parlant de la guerre et de ce qu’elle peut apporter comme malheur de par leur point de vue, l’auteur permet ainsi de développer peu à peu ces personnages qui nous paraissent un peu plus mature. Notre jeune soldat se lance alors dans un combat particulièrement difficile pour préserver l’innocence de cette jeune fille et qui sublime encore plus la noirceur qui ronge ces terres. Une envie de préserver cette faible lueur qui subsiste au milieu de ces ténèbres éternelles qui engloutissent des milliers de vies.
Outre cela, l’affrontement qui fait rage au sein de ces cases ne serait pas aussi prenant sans l’épreuve qui attend Mikaël et Barouna. Nos deux recrues vont se retrouver face au plus grand obstacle qu’ils aient eu à surmonter jusqu’à présent. C’est un véritable ballet qui se joue alors à l’intérieur des murs du château qui n’est animé que par le fracas des épées et le râle d’agonie de ceux qui tombent sous les lames de ce duo redoutable.
Le combat de deux hommes
Si une grande partie de ce début d’arc est monopolisée par Arianne et Ares ainsi que le lancement des hostilités entre les deux camps, ce qui retient grandement notre attention est le final qui met en avant les deux autres membres de ce trio. Alors que leur ami essaye désespérément de protéger son amour du moment, eux se retrouvent dans une situation particulièrement délicate. Ils se retrouvent nez à nez avec le souverain de Minos et sa garde rapprochée qui tentent de fuir loin de toute cette violence. Pour Mikaël et Barouna, l’objectif est maintenant de bloquer leur seule voie d’issue possible. On se retrouve alors embarqué dans une escarmouche dantesque où le rapport de force est complètement déséquilibré. A deux contre trente, on se dit qu’il ne faudra pas longtemps pour que nos compagnons soient mis en déroute surtout qu’il s’agit d’adversaires expérimentés en face d’eux. Malgré tout, cette inégalité ne nous rebute pas à suivre ce combat. Bien au contraire, l’excitation s’empare de nous en imaginant voir ces mercenaires aller contre tous les pronostics qui prévoient leur défaite. De plus, il y a un autre élément qui joue énormément sur notre volonté d’observer cette lutte.
Il s’agit de tout le travail d’écriture qui fut réalisé autour de Mikaël et Barouna. On a pu le voir lors de leur dernière mission, ils sont loin d’être des soldats lambdas. Leurs capacités martiales ne sont plus à prouver et on est même persuadé que l’on a vu qu’un bref aperçu de leur véritable potentiel. Alors qu’ils se retrouvent impliqués dans un nouveau combat où seule la mort attend le perdant, on est scotché à notre siège en se demandant comment ils vont tirer leur épingle du jeu. C’est ça aussi la force de ce manga qui parvient à donner naissance à des passes d’armes qui restent ancrées à jamais dans l’esprit du lecteur. Chaque assaillant qui tombe a beau être un fardeau en moins sur leurs épaules, cela signifie aussi beaucoup de fatigue accumulé pour repousser le reste de la garde. Outre cela, il est très bien pensé dans avoir fait le dernier chapitre du tome quatre car cela nous laisse sur un suspens insoutenable. Alors qu’ils sont encore dans une phase d’observation, on sait que le moment où tout va éclater approche à grands pas. Cela nourrit notre frustration de ne pas voir immédiatement la suite de ce combat qui s’annonce grandiose et éveille de ce fait notre intérêt pour les prochains volumes. Le mangaka montre alors qu’il maîtrise parfaitement le rythme et la construction de son histoire afin de se saisir de nous et de garder son emprise même après que l’on ait fini cet ouvrage.
Ares, à travers ces pages, nous fait ressentir une chose particulièrement importante. En voyant ce qui est en train de se passer, on sait que de nombreuses choses vont être bousculés. Le premier contact que l’on avait eu avec ces jeunes guerriers étaient juste là pour nous faire la démonstration de leur talent. C’est finalement à travers cette guerre qu’ils vont débuter leur envol afin que le pays tout entier puisse connaître le nom de chacun. Trois légendes qui vont s’écrire en lettres de sang.
Ares continue d’écrire sa légende
Le plaisir que l’on ressent en parcourant les différents ouvrages constituant cette licence n’a aucunement baissé. Au contraire, on est encore plus fasciné par ce que l’on peut observer, car cette phase de préparation apporte énormément à la profondeur du récit ainsi qu’à ces personnages. Traitant avec beaucoup de pertinence et d’impact la guerre et tout ce qui l’entoure, Ryu Geum Cheol continue de préserver l’identité propre qu’a son oeuvre, et même de l’approfondir. Dans cet univers où tout tourne autour de cette loi du plus fort, on est profondément bouleversé de voir qu’il existe des personnes comme Arianne qui restent dans l’ignorance et la naïveté. Les soldats se battent et meurent au champ d’honneur pour préserver la paix des puissants. Une image réaliste de ce qui peut se cacher derrière la majorité des conflits et qui créent des adolescents qui n’ont aucunement peur de se jeter dans cette mêlée où ils n’ont que peu de chances de survivre. Une lecture qui retranscrit parfaitement cela et qui fait preuve d’une grande intelligence tout en conservant ce côté épique et divertissant qui nous en met plein les yeux.
C’est donc avec toujours autant de joie que l’on conseille cette lecture qui prépare le terrain pour un futur mémorable. On a beau être triste de voir les acteurs de ce récit s’enfoncer toujours plus sur la voie rouge, il est impossible de ne pas s’attacher à eux. Derrière les tueries, les cris et les cadavres se trouvent trois garçons qui cherchent juste leur place dans ce monde et qui n’ont trouvés que le champ de bataille comme foyer. Si vous souhaitez lire un shônen qui arrive à aborder des thématiques aussi profondes qu’importantes avec une aisance déconcertante, alors Ares est le titre qui saura vous combler. Comme à chaque fois que l’on finit une lecture, de multiples questions viennent hanter notre esprit. Qui sortira vainqueur de ce conflit ? Arianne va-t-elle enfin prendre conscience de la corruption et du malheur qui ronge Cronos ? Ares va-t-il dévoiler son véritable visage à cette dernière ? Qui sortira vainqueur du duel qui se déroule dans l’enceinte même du château ? On aura sûrement les réponses à ces interrogations lors de notre prochain voyage en compagnie de ces frères d’armes. On se retrouve très bientôt pour analyser l’avenir de cette saga.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre avis ainsi que vos impressions sur le tome trois et quatre d’Ares. Êtes-vous toujours autant conquis par cette histoire ? Pensez-vous que Mikaël et Barouna pourront faire face à leurs adversaires ? Ares est-il capable de protéger celle qu’il aime ? On est toujours impatient de connaître votre opinion et de pouvoir discuter de cette licence avec vous. 🙂
© Ryu Geum Cheol / Meian