Egregor tome 2 : quatre leçons importantes
L’une des choses les plus intéressantes dans notre interminable voyage au sein de toutes ces œuvres est de voir comment peut évoluer un récit. Voir certains de nos personnages préférés grandir et apprendre est un élément toujours gratifiant et palpitant à suivre. C’est exactement le cas pour le titre que l’on va aborder aujourd’hui. Il s’agit d’Egregor, édité chez Meian, qui nous offre un second tome particulièrement important en ce qui concerne le développement de nos protagonistes. Après avoir eu le droit à un début sombre et violent, cette suite avait fort à faire pour continuer de nous séduire. Après lecture, on se rend compte qu’il y parvient mais d’une manière fort surprenante. La mort et la peur qui englobait ce récit s’estompent peu à peu pour laisser place à un apprentissage important qui est une étape essentielle pour nos héros. Un second acte plus calme, mais qui n’en est pas moins fascinant de par tout ce qu’il apporte à cet univers qui s’étend constamment. De nombreux atouts qui rendent ce périple encore plus savoureux. On espère donc que vous êtes prêts à rejoindre chaque membre de ce groupe dans leurs études respectives.
Le début d’un long apprentissage
Egregor, imaginé par Jay Skwar et dessiné par Kim Jae Hwan, nous avait laissés alors que l’on assistait impuissant à la Moisson qui avait ravagé le foyer de Foa et de ses amis. Alors que l’égide qui protégeait le village avait tout donné pour préserver les gens d’un funeste destin. Après avoir terrassé la première vague, il fut finalement rattrapé par le sort qui attend tous ceux osant s’opposer aux Faucheurs. Un dernier élan de courage pour cet homme qui a tout fait pour laisser du temps à ses compatriotes de fuir loin de cette vague macabre. Malheureusement, rien ne peut empêcher la mort de faire son oeuvre. Alors que les habitants tombent un à un. Alkonost, l’une des membres chargés de cet assaut, va sauver la vie de Raust, Foa, Hatal et Pilin. Pour cela, elle envoie chacun d’eux dans un lieu où ils pourront apprendre à contrôler l’énergie qui sommeille en eux afin qu’il puisse rejoindre la défense menée contre les soldats de l’Adoration. Séparé et devant s’acclimate à leur nouveau quotidien, ces quatre adolescents ont fort à faire pour accomplir leur destinée.
Hatal, le plus éclairé du groupe, est expédié à la guilde de l’Arcane afin de parfaire ses connaissances et être initié à certains mystères. Pilin, l’archer au regard acéré, entre à l’école de l’Acuité afin de transformer ce don en un talent redoutable au combat. Foa, pour sa part, est transféré au Rempart du Salut afin qu’il suive la voie pour devenir à son tour un Egide. L’apprenti forgeron est donc obligé d’abandonner son rêve pour entrer dans la mêlée. Raust, le dernier survivant, a eu le malheur d’être choisi pour rejoindre le rang des Faucheurs, car leur repaire est le seul endroit qui lui permettra de contrôler cette rage qui bouillonne en lui. Alors qu’il y a peu, ils riaient et profitaient de la tranquillité de leur hameau, ils se retrouvent maintenant dans un tourbillon de douleur et de souffrance où leur seul salut réside dans leur capacité à grandir et assimiler tout ce que l’on va leur inculquer. Ils ont enfin pris conscience qu’il n’y aura jamais de paix durable tant que la Moisson Sanglante sera possible.
Ce passage est pertinent à étudier de par ce qu’il entraîne comme évolution au sein de Foa et de ses camarades. On s’attarde énormément sur le futur de ces quatre protagonistes qui décident d’entamer un long enseignement leur permettant de pouvoir faire face à la menace qu’ils ont eu le malheur de rencontrer. On les suit alors dans ce nouveau quotidien qui leur réserve de nombreuses surprises et qui donne une perspective intéressante concernant l’avenir de ces étudiants.
Chacun suit sa voie
L’intérêt d’avoir séparé notre groupe à la fin du premier tome d’Egregor est que cela permet de donner à chacun d’eux une propre route à suivre. De par les particularités de chacun, ils se retrouvent tous à devoir suivre un enseignement différent et qui leur permettra à terme de pouvoir lutter pour contrer les assauts ennemis. Bien plus que de simplement leur permettre de monter en puissance, ce choix scénaristique est aussi là pour nous donner l’opportunité de voir comment ces jeunes gens parviennent à évoluer. Il ne s’agit pas uniquement de capacités physiques, d’intellect ou de techniques, mais aussi en matière de maturité. Après l’effroyable tragédie qu’ils ont vécu, on partage tout à fait la peine qui peut les habiter d’avoir vu les êtres qui leurs étaient chers périr devant leurs yeux. Ainsi, on peut voir un Foa profondément marqué par ce qu’il a vécu et qui, à travers ses cours et ses entraînements, montre encore son hésitation à vouloir prendre les armes. Lui qui souhaitait juste devenir forgeron se voit obligé d’utiliser ces outils de morts qu’il rêvait de fabriquer. Un souhait qu’il continue de chérir afin de se raccrocher à cette ancienne vie qu’il a perdue.
C’est exactement le cas des trois autres protagonistes que l’on suit et qui, de par cet arc, nous permettent d’en apprendre plus sur leur passé et leur motivation. Une façon de nous attacher un peu plus à cette nouvelle génération de guerrier qui, par la force des choses, se retrouve sur le devant de la scène. Un autre acteur dont on pourrait parler grandement est Raust qui est sûrement le personnage ayant, en quelques pages, réussi à nous toucher de par le destin qui l’attend. Alors que ses amis se retrouvent éparpillés un peu partout dans le monde, lui est obligé de frayer avec les monstres se trouvant derrière la Moisson. La rage qui l’anime et son caractère bien trempé pourrait nous énerver en temps normal, mais ici tout ceci prend sens car on ressent pleinement la souffrance qui ronge son coeur. Il ne souhaite que tuer ceux qui sont derrière tous ces malheurs et il se retrouve à devoir cohabiter avec eux. Un apprentissage nécessaire, mais qui fait preuve aussi d’une profonde cruauté à son égard. On est donc totalement emporté par le chemin propre à chacun de ces futurs combattants. Un premier pas de leur part sur une route qui promet d’être longue et semée d’embûches.
En plus d’étendre ce monde et de nous faire découvrir une toute nouvelle galerie de personnages, ce récit prend ici son temps pour s’attarder sur tous ces acteurs que l’on découvre ainsi que différentes notions permettant de mieux appréhender cet environnement dans lequel on progresse. Une approche permettant de se sentir plus impliqué dans ce récit. Si le premier tome nous laissait déjà entrevoir de nombreuses possibilités, ce second volume consolide fortement cette impression.
Le développement de l’univers
Au cours de nos pérégrinations au sein de cette seconde excursion, il y a une chose que l’on a pu se rendre compte. Cela concerne quel point le monde qui s’étend devant nous a pu s’agrandir à travers ces quelques cases. Alors qu’Egregor nous avait cantonnés, au départ, au petit village de Foa, cela change totalement ici. On est directement propulsé d’un lieu à l’autre et cela nous montre alors la richesse de cet univers qui, encore une fois, sait comment conserver une dose de surprises. En effet, si l’on se retrouve aux quatre coins de cette terre, on reste tout de même concentré sur ces académies ou lieu d’études propre à nos héros. De ce fait, on ressent une plus grande liberté sans pour autant avoir accès à l’ensemble des ressources et paysages que dissimulent ces contrées. Ainsi, le terrain sur lequel on progresse grandit par étape et nous permet de se concentrer et d’apprécier tout ce que l’on peut apercevoir sans pour autant être noyé sous l’information. Outre cela, notre deuxième escapade dans ce manga est aussi révélatrice de nombreuses choses concernant le fonctionnement de cet environnement et tout ce qui le constitue.
Il n’est pas anodin que la majorité de l’action dans ces chapitres se passe sur les bancs de l’école. Tout comme la plupart de ces personnages, on ne connaît que tout ce que l’on a pu découvrir au sein de nos premières pérégrinations. On suit donc ces leçons avec attention, car elles nous ouvrent les yeux et nous donnent la possibilité de mieux appréhender ce qui régit ce monde. Ainsi, cela permet au lecteur de se projeter parmi ces élèves et d’avoir la sensation de faire partie intégrante de cette aventure. On assiste donc aux cours avec une curiosité grandissante, car on sait que chaque mot peut avoir son importance autant pour le scénario que pour le background de cette histoire. De plus, il y a un élément particulièrement intéressant à noter et qui nous pousse à développer une vision singulière sur le conflit qui oppose les faucheurs au reste de la population. Le pouvoir que l’on peut observer circuler au sein de chaque guerrier provient soit du coeur ou de l’esprit. De ce fait, il nous est présenté que les Faucheurs tirent leur puissance de l’émotion et de tout ce qui constitue une âme alors que les égides misent avant tout sur la force qui découle de la sagesse et de la raison. Ainsi, l’opposition que l’on peut analyser va bien plus loin qu’une simple confrontation entre deux camps. C’est presque comme si c’était l’affrontement entre deux types de pensées régis d’un côté par les sentiments tandis que l’autre est gouverné par la réflexion. Une dualité qui peut donner lieu à une profondeur insoupçonnée pour ce récit.
Au final, Egregor a beau perdre en intensité à travers cette lecture, cela n’enlève rien à l’intérêt que l’on peut porter pour l’œuvre. Il est même nécessaire et crucial de passer par ce type d’arc narratif, car cela permet de mieux appréhender ce qui gravite autour de ces protagonistes et de s’imprégner toujours plus de ce milieu dans lequel on avance à leurs côtés. Un calme apparent qui cache en réalité une profonde détermination à défaire cette ombre qui dévore toute existence se trouvant devant elle.
Egregor nous donne un cours captivant
On apprécie beaucoup les moments que l’on passe en compagnie de Foa et de ses amis. Le lecteur a beau être plongé dans un environnement hostile où la mort peut venir faire son oeuvre à tout moment, on garde espoir de voir ces jeunes garçons devenir suffisamment fort pour repousser ces ténèbres. Comme on l’a dit, Egregor repose l’action pour prendre le temps de nous poser des bases solides afin que l’on prenne plaisir à explorer tout ce que Soteria peut offrir. On sent pleinement la volonté de l’auteur de donner naissance à un royaume d’une richesse incroyable avec un folklore qui lui est propre. Des efforts et un travail qui porte leurs fruits, car on est séduit par ce que l’on découvre et par l’envie d’en apprendre plus. L’apprentissage que l’on contemple à travers ces dessins est efficace et permet à la fois de faire connaissance avec d’autres élèves et d’assister à la progression de nos camarades. En les voyant s’entraîner et se battre sans relâche pour survivre et se mesurer aux Faucheurs nous poussent à vouloir les encourager et décrocher la victoire face à redoutables opposants.
On recommande donc avec toujours autant de plaisir cette licence qui s’étoffe peu à peu et qui parvient à nous surprendre grandement. Un récit de dark fantasy qui, après nous avoir mis face à la dure réalité de ce monde, est bien décidé à préparer nos protagonistes pour le combat qui les attend. Si vous avez aimé votre premier voyage en cette terre ou que vous souhaitiez découvrir un manga ayant un immense potentiel, alors vous avez ici le titre qu’il vous faut. Maintenant que l’on a terminé ce second acte, on est en droit de se poser de nombreuses questions concernant l’avenir de nos apprentis. L’enseignement qui leur est inculqué sera-t-il suffisant pour lutter à armes égales avec ces monstres ? Quelle est la véritable nature du pouvoir qui découle en chacun de ces individus ? Parviendront-ils à maîtriser cette puissance ? On est impatient de se lancer dans l’avenir de cette série. D’ailleurs, si vous avez lu cet ouvrage, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Meian pour vous lancer dans la lecture du journal de Foa qui apporte pas mal d’éléments supplémentaires à ce passage.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre avis ainsi que votre propre ressenti concernant ce deuxième tome d’Egregor. Qu’attendez-vous pour la suite ? Quel est votre protagoniste préféré ? Pensez-vous qu’ils seront capables d’abattre ces monstres ? Foa a-t-il la capacité de devenir un égide digne de ce nom ? Quelles seront, selon vous, leurs prochaines épreuves ? On est là si vous souhaitez échanger et discuter sur ce sujet. 🙂
© Jay Skwar & Kim Jae Hwan / Kodansha