Issak-Vol.-6-

Issak tome 6 : la guerre et ses conséquences

En ce mardi, on souhaitait vous raconter nos impressions sur la suite d’un récit que l’on avait grandement apprécié. Un titre qui était parvenu à nous faire vivre un véritable voyage dans le temps à une époque où la guerre était la seule chose qui comptait pour imposer ses idées et ses croyances. On parle bien sûr ici d’Issak, édité chez Ki-oon, qui en est à son sixième tome. On avait déjà pu dire à quel point on aimait cette licence qui parvenait, en plus de nous éblouir de par ses magnifiques planches, à nous plonger totalement dans ce récit qui n’épargnait personne. Alors que l’on se demandait comment allait se dérouler la suite de l’intrigue au vu de la tournure des évènements, cette nouvelle escapade va être révélatrice de bon nombres d’éléments. On pourrait presque dire que ce passage ne sert pas tant à l’intrigue qu’à servir de vitrine à ce qui pouvait bien se passer dans cette ère où la population ne cessait de souffrir et de crier famine. Une approche intéressante et captivante qui sert pleinement à notre immersion dans l’œuvre. Le temps est donc venu de suivre notre samouraï au cours d’une situation particulièrement risquée.

Fuir pour mieux combattre

Issak-exode

Le quotidien de la guerre.

Pour rappel, Issak est scénarisé par Makari Shinji et dessiné par DOUBLE-S. On avait pu assister à l’arrivée du prince Heinrich et de son escorte au château de Krahenstein. Il s’est rendu en ce lieu dans l’espoir d’œuvrer pour la paix entre catholiques et protestants en rencontrant le comte von Harrach. Ce dernier s’avère être l’un des nobles les plus influents à la cour de Vienne. Malheureusement, sa venue est arrivée jusqu’aux oreilles d’un ennemi influent. Celui-ci n’est autre que le duc Maximilien qui cherche à tout prix à mettre la main sur une proie de ce calibre. Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là, car Issak et son employeur apprennent que l’armée protestante a été vaincue près de Prague suite à l’intervention inattendue de Lorenzo. Une bien triste nouvelle qui met en danger toute l’opération menée par le prince. Il est donc décidé que pour venir en aide à Frédéric V, le groupe va devoir se rendre dans la marche de Brandebourg.

Cependant, le voyage est long et périlleux du fait qu’il va falloir passer par de multiples territoires ennemis. C’est donc une course contre la montre qui se joue pour cette troupe réduite qui doit avancer prudemment. Sur le chemin, ils vont se rendre compte du malheur qui frappe ses terres et de la très grande exode qui est en train de s’effectuer. Un nombre incalculable de vies parcourent maintenant ces routes où le danger est omniprésent. En plus du camp adverse, Issak et Heinrich vont devoir aussi se méfier d’un autre élément capital. Il ne s’agit nul autre que de la graine de colère que la guerre a planté en chacun de ces pauvres bougres qui errent sans raison. Parmi tout ce chaos et cette misère, notre mercenaire sera-t-il capable de retrouver celui qui a détruit sa vie ? Après leur dernière rencontre, réussira-t-il à appuyer sur la gâchette au bon moment ? Ce n’est que le début des ennuis pour cette compagnie.

Ce qui fait toute la force de ce sixième tome d’Issak repose sur un acte particulièrement réussi. En plus de continuer à suivre avec joie les épreuves qu’endurent les personnages, il y a un moment qui va marquer à jamais la rétine du lecteur. Une situation qui va représenter à la perfection ce que pouvait endurer les simples gens qui tentent de subsister malgré l’ombre de la guerre qui s’étend sur l’ensemble de ces terres. Un triste et terrifiant tableau que nous dessine l’auteur qui sait parfaitement comment capter notre attention.

Chercher un bouc émissaire

Alors que l’on assiste à une fuite haletante de nos héros, leur arrivée dans un petit hameau semble presque une bénédiction. Un lieu qui aurait dû leur permettre de se reposer et d’avoir un peu de tranquillité. L’auteur parvient à nous transmettre cette maigre lueur d’espoir, mais cela n’est qu’un subterfuge de sa part pour mieux nous avoir. Au fur et à mesure que l’on avance dans les chapitres, on se rend compte des étranges et menaçants regards qui se posent sur nos compagnons. Cette relâche que l’on a pu avoir se transforme peu à peu en une certaine crainte. Sans même le vouloir, on se met à imaginer tous les pires scénarios possibles et notre main se met alors à hésiter à l’instant de tourner la page. Finalement, le repos n’est que de courte durée et cette petite auberge devient un véritable enfer. Ce qui est puissant dans cette scène, c’est que la peur que l’on éprouve ne vient pas de ces poursuivants, mais bel et bien de gens tout ce qu’il y a de plus lambda. On peut apercevoir alors les effets qu’a eus ce conflit sur ces habitants qui tentent juste de continuer à vivre et qui se retrouvent quasiment à la rue. De ce fait, on sent à la fois une profonde frayeur concernant ce qu’ils sont capables de faire ainsi qu’une empathie à leur égard. Ils ne sont après tout que les victimes de cette querelle religieuse.

Au final, le désespoir qui les ronge ne fait qu’accentuer leur haine envers ceux qui ne proviennent pas du même milieu. Cette rage, dont les causes sont bien réelles, vont les pousser à chercher une personne sur qui rejeter la faute. Ils savent qu’ils ne peuvent pas faire grand-chose dans leur situation. Tout ce qu’ils souhaitent, c’est juste trouver un coupable même si celui-ci n’a rien fait. On assiste donc impuissant à ce déferlement de colère et de tristesse qui force ces hommes et femmes à s’apprêter à commettre l’irréparable. Cela ne fait qu’accentuer notre plongée dans cette ère qui n’a rien apporté pour eux mise à part de profondes cicatrices. C’est en tout cas ce que l’on peut percevoir ici et sert à approfondir cette peinture qui nous est montré de ce conflit et de ces conséquences. D’ailleurs, cette douleur est si profonde et leur désarroi est si grand qu’ils vont aller jusqu’à mettre en cause la sorcellerie. En mettant en avant cette attaque à l’égard d’une chose qui n’existe pas, l’auteur met ainsi en avant la volonté des gens à se réfugier dans un environnement qui leur paraît sécurisé malgré le fait que cela puisse les conduire à commettre une faute grave. De ce fait, on ressent encore une fois la très grande présence de l’église et des croyances dans la vie de ces personnes. Alors que c’est cette même religion qui a conduit à cette guerre, elle est aussi leur seule porte de sortie pour espérer retrouver un peu d’espoir même si celui-ci repose sur une erreur. Une parfaite représentation de ce que pouvait conduire un tel climat pour ces êtres qui souhaitaient juste vivre en paix.

Au final, ce tome d’Issak a été une excellente surprise. On a beau avoir l’habitude d’être admiratif devant le talent de l’auteur à raconter son récit, on a surtout été étonné par la justesse avec laquelle il parvient à nous immerger dans cette époque. Une très belle manière de mettre en arrière-plan nos héros pour se concentrer sur ces pauvres âmes qui ont aussi fait partie intégrante de l’Histoire. Un peuple qui nous terrorise autant qu’il nous fait de la peine et qui permet de donner encore plus de vie à cette fresque.

Issak renforce son emprise

Issak-malheur

Un gros problème à l’horizon.

Les tomes passent et Issak continue autant de nous surprendre que de nous en mettre plein les yeux. Outre le fait de voir de nouveaux visages et un personnage énigmatique rentrer en jeu, cette escapade aura surtout été l’occasion d’avoir une vision d’ensemble de cette opposition. Alors que les soldats combattent et meurent sur le champ de bataille, le reste de la population souffre et disparaît dans l’indifférence totale. Une lecture qui efface presque tous ces nobles que l’on a pu côtoyer pour nous montrer l’autre réalité de cette guerre. Le mangaka sait comment rendre son récit aussi intéressant que captivant en nous faisant passer par tout un tas d’émotions. On ressent pleinement cette notion de danger qui guette nos héros alors qu’ils sont confrontés à des gens qui ne sont que de simples victimes. Ce manga est bien plus que le simple récit d’un homme en quête de vengeance. On s’écarte peu à peu de ce fil rouge pour voir à quel point cette fresque est aussi spectaculaire que tragique. L’écriture de cette fuite est réalisée avec soin afin qu’elle serve autant au fil rouge de l’histoire qu’à étendre cet univers déjà grandiose.

C’est donc avec toujours autant de joie et de plaisir que l’on recommande cette série qui a vraiment tout ce qu’il faut pour conquérir le lecteur. De sublimes dessins qui servent à englober une histoire à la fois prenante, instructive et surtout empreinte d’un réalisme incroyable. On a beau ne pas avoir vu l’intrigue être grandement développée au sein de ces pages, cela n’empêche pas cet ouvrage d’être plus que convaincant. Si vous aimez les récits historiques dépeignant avec soin et sincérité l’environnement dans lequel évolue les personnages alors Issak est fait pour vous. Comme à chaque fois, cette lecture s’avère trop courte tellement on est emporté par le cours des événements. Quelques minutes qui parviennent avec une aisance déconcertante à nous faire oublier tout le reste pour nous faire devenir le témoin privilégié de cette confrontation où le destin de milliers de gens est en jeu. Une oeuvre qui mérite amplement de faire partie de n’importe quelle bibliothèque et qui continue de montrer tout son talent et sa puissance. On est impatient de voir ce que la suite de cette aventure nous réserve.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce sixième volume d’Issak. Qu’avez-vous pensé de celui-ci ? Trouvez-vous que l’auteur retranscrit bien tout ce qui a bien pu se passer à cette époque ? Êtes-vous curieux de savoir ce qu’il va advenir de nos chers compagnons ? Croyez-vous que notre marchand va jouer un rôle capital à l’avenir ? Qu’attendez-vous pour la suite des évènements ? Pensez-vous qu’Issak pourra accomplir sa quête ? On a hâte de pouvoir échanger et discuter avec vous autour de cette œuvre. 🙂

ISSAK © Shinji MAKARI, DOUBLE-S / Kodansha Ltd.