Le Grimoire écarlate tome 1 : un fardeau trop lourd à porter
On peut dire que l’on a de quoi s’occuper avec la multitude de titres que proposent les éditeurs. Des récits en tout genre qui peuvent nous faire vivre des expériences fabuleuses et d’une grande diversité. Ce fut le cas très récemment quand on s’est arrêté sur les dernières licences en date de Noeve Grafx. Après nous avoir éblouis à travers la danse et nous avoir fait rire avec une dragonne, la maison d’édition s’est penché vers un autre style. Il s’agit du récit d’action-fantasy sombre avec Le Grimoire écarlate dont le premier volume est sorti il y a quelques jours. On était très curieux à son annonce, car l’ambiance qui s’en dégageait ainsi que le synopsis nous parlait. C’est alors que l’on a pu enfin l’avoir entre les mains et c’est là que l’on a été surpris par la tournure que prend cette première invitation. Un périple qui nous étouffe de plus en plus au fil des pages en nous délivrant un très bon travail au niveau des personnages et de leur symbolique. Les contes de fées n’ont plus leur place ici et le mangaka nous le fait clairement comprendre en transformant ces êtres magiques. On espère donc que vous êtes prêts pour suivre un combat où le sang et la mort sont omniprésents.
La magie existe
Le Grimoire écarlate, imaginé par A-10, nous plonge dans le quotidien de Wakaba. Cette jeune collégienne est tout à fait ordinaire. Elle passe le plus clair de son temps à profiter tranquillement de la vie et à savourer chaque journée comme elle vient. Malheureusement, son arrière-grand-mère va mourir et elle va être désignée comme son unique héritière. Cette perte est très importante pour cette jeune fille qui a passé énormément de temps dans son enfance avec elle. Ses souvenirs ressortent suite à cette tragédie et elle se demande pourquoi elle a été choisie pour être la seule présente sur son testament. A présent, la voilà avec une fortune qui dépasse l’entendement ainsi qu’un immense manoir rien que pour elle. Ébahie par cet amas de ressources qu’on lui offre sur un plateau, elle doit tout de même faire attention à une condition. En effet, dans les dernières volontés de son ancêtre est indiqué qu’elle ne doit sous aucun prétexte se séparer d’une étrange plume à dessin. Les questions fusent alors dans l’esprit de cette étudiante qui se demande bien ce que cet objet peut avoir de si important. D’ailleurs, elle a toujours trouvé que son arrière-grand-mère était mystérieuse. De nombreux secrets l’entouraient et Wakaba était curieuse de savoir ce qu’elle pouvait bien dissimuler à sa famille. C’est avec cet état d’esprit et de nombreuses interrogations que la demoiselle décida finalement de s’attarder dans l’ancien foyer de la défunte. Un lieu qui regorge d’histoires, mais qui pourrait bien aussi changer drastiquement l’existence de la nouvelle maîtresse de cet endroit.
La curiosité est bien trop forte pour cette jeune fille qui décide de chercher des réponses à ses questions. C’est en parcourant sa nouvelle résidence qu’elle va alors faire une découverte sans précédent. Au sein de ces murs se trouve une singulière jeune fille que Wakaba va réveiller. Elle ignore alors à cet instant ce que cela signifie et les conséquences que peut avoir son geste. Cette inconnue vêtue de rouge fait preuve d’une certaine hostilité à l’égard de celle qui l’a tiré de son long sommeil. C’est à travers cette rencontre que de vieux pactes vont être ravivés et qui vont entraîner cette collégienne dans un conflit magique d’une grande envergure. La vérité s’apprête à éclater sur cet héritage qu’elle a reçu, cette jeune femme au caractère bien trempé ainsi que le destin qui attend cette adolescente lambda. L’heure n’est plus à la rêverie et à l’innocence. Il faut accepter de se battre et de se retrousser les manches si Wakaba souhaite pouvoir survivre face aux menaces qui vont se dresser devant elle. Les personnages de contes prennent vie, mais ce n’est pas les sourires et l’émerveillement qui les accompagnent. A travers cette guerre de l’ombre, ces êtres surnaturels font office d’armes pouvant éradiquer de nombreuses vies en seulement quelques secondes. Voici donc le récit d’une simple fille propulsée dans un monde qu’elle n’aurait sûrement préféré ne jamais connaître. La magie existe et elle peut faire de terribles ravages dans les mains de ceux qui sont mal intentionnés.
Le Grimoire écarlate a su, en seulement un volume, briller d’un éclat sombre et pourtant hypnotique. En reprenant ces personnages fictifs qui ont bercé les rêves de beaucoup de gens, l’auteur souhaite nous montrer un autre visage de ces êtres surnaturels. Une fable qui nous fait miroiter de la nostalgie et de l’imaginaire avant de nous ramener à une brutalité inattendue. Un choc qui s’opère de manière intelligente et qui va appuyer l’impact de cette introduction sur le lecteur et ce qu’il peut attendre de la suite. C’est donc un périple de l’autre côté du miroir où même les êtres féériques ont leur part d’obscurité.
Un récit surprenant par sa noirceur
La première chose qui nous frappe et qui peut paraître étrange est cette impression que l’on a au début du récit. Si l’on est intrigué par tout le mystère autour de cet héritage, on a le sentiment d’être devant une aventure assez classique. Après tout, on est dans cette optique de la jeune héroïne qui va se découvrir une mission de grande envergure et décider de prendre ce destin en main. Cependant, tout ça est pensé afin d’endormir notre vigilance pour mieux nous surprendre par la suite. Un parti-pris redoutable et qui va faire son effet dès l’instant où l’on plonge dans ces coulisses où se déroule cette confrontation. On se rend compte alors que le mangaka joue habilement avec l’image de l’enfant pour mieux détruire ce qu’elle représente. Il y a énormément de symboles de ce type dans ce premier acte et qui vont contribuer à enrichir la portée de cette aventure. On peut aisément citer les flash-backs de Wakaba où elle était une gamine rêvant d’apporter la joie à tout le monde ou bien la présence de ces personnages de contes de fée. On est vraiment dans cette optique d’utiliser tout ce qui touche à la période de l’enfance et des rêves que l’on peut avoir à ce moment pour mieux les briser. Sur ce point, c’est un formidable travail qui est effectué et qui nous bluffe littéralement tant on est emporté par ce qu’il se passe. Après tout, il est très facile de s’identifier à cette demoiselle tout à fait lambda et qui pense pouvoir accomplir de grandes choses maintenant que le fantastique est entré dans sa vie.
C’est là qu’arrive la désillusion pour elle et le coup de massue pour le lecteur. Wakaba a beau nous être présenté comme une héroïne voulant faire le bien et aider les autres, elle est rapidement dépassée par ce qu’il se passe. La brutalité et la violence qui animent ce conflit de l’ombre vont la rattraper et lui montrer que la justice, la paix et la joie n’ont pas leur place ici. Dès l’instant où l’on bascule dans la seconde partie du récit, c’est une chute infernale au sein d’un abysse semblant interminable. Les rêves d’autrefois se brisent tandis que l’on assiste à un déferlement de puissance au sein de combats sans pitié. Toutes les bonnes choses que l’on pouvait croire plus jeune sont confrontées à la dure réalité de ce monde qui est exacerbé par les capacités de ces sorciers et autres créatures surnaturelles qui font leur apparition. C’est fascinant de constater le revirement de situation qui s’opère en plein milieu de cette introduction, mais qui se veut intelligent dans son spectacle sanglant. Même l’image que l’on a habituellement des êtres qui nous ont accompagné gamins dans ces livres pour enfants est dénaturée pour devenir de redoutables armes semant la mort et la destruction autour d’elles. On est donc face à une lecture qui brille par le divertissement proposé qui se veut assez épique, mais qui cache aussi un remarquable message derrière et surtout un très bon travail sur la confrontation entre l’imaginaire et la noirceur du monde réel. C’est une très belle réussite de la part de l’auteur qui a parfaitement su maîtriser les outils qu’il a entre les mains.
En s’attardant sur Le Grimoire écarlate, on ne s’attendait pas du tout à ce que ce manga puisse être aussi fort dans son contraste entre ces figures iconiques et la manière dont elles nous sont présentées. Une épopée qui se montrait sous un jour assez classique pour mieux endormir notre vigilance et nous asséner un coup fatal. Le pari est réussi pour ces premiers pas où l’assurance laisse place à une certaine angoisse. Les souvenirs de jeunesse s’entachent alors du sang versé par ces créatures qui n’ont plus rien de féérique. L’innocence n’a alors plus sa place dans ce conflit qui se profile à l’horizon.
Le Grimoire écarlate dévoile ses premières pages
Le Grimoire écarlate fut une lecture qui a su nous proposer un double effet très intéressant. Au départ, on avait cette sensation que l’on allait se diriger vers un terrain connu, mais qui pouvait être prometteur si tous les éléments étaient bien pensés. C’est alors que l’on a pu découvrir l’autre facette de ce volume et on a pris une belle petite claque tant on ne s’attendait pas à ce rebondissement dans les enchaînements. On a alors pu entrevoir toute la puissance de cette œuvre, mais aussi toute sa noirceur. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que le récit a vraiment su se distinguer, car on a le droit à une escalade de violence qui nous choque et tranche totalement avec nos premiers pas dans cet univers. Le mangaka a su donc nous faire baisser la garde afin que l’on soit profondément marqué par ce qui allait se passer par la suite. De plus, cette obscurité omniprésente dans ce conte va aussi amener des sujets graves sur la table et aussi transformer notre regard sur ces créatures qui doivent obéir à leur contractant. Il y a même une sorte de contraste entre ce que l’on connaît des contes de fées et ce qui nous est réellement présenté au sein de ces pages. Cette approche permet de rapidement se transposer à la place de notre héroïne et surtout d’être aussi pris de terreur qu’elle en voyant la triste réalité de ce qu’elle pensait pouvoir accomplir plus jeune. Un parti-pris redoutable et qui s’adresse directement à l’enfant qui sommeille en nous afin de le confronter au triste spectacle qui se cache derrière ces rêves que l’on pouvait avoir.
Ce fut donc une incroyable surprise que de se plonger dans Le Grimoire écarlate. Un premier volume qui joue habilement avec les codes habituels du genre pour ensuite mieux nous surprendre. Un très bon point qui permet à la série de frapper un grand coup d’entrée de jeu et surtout de nous laisser sur tout un tas de possibilités pour la suite. Notre esprit carbure en imaginant ce qu’il pourrait arriver et surtout ce que l’on a appris peut entraîner comme conséquences sur le déroulement de l’intrigue. Voilà donc un manga qui pourra tout à fait convenir à ceux qui souhaitent une œuvre particulièrement sombre et qui parvient à justifier ça avec beaucoup d’habileté. Une invitation qui tient toutes ses promesses et nous délivre un récit aussi haletant par son action que captivant par le développement futur de ses personnages hors du commun. Un univers qui peut encore nous réserver bien des rebondissements pour notre plus grand plaisir. Bien évidemment, on ne peut terminer notre lecture sans se tourner vers l’avenir et les questions que la série éveillent en nous. Wakaba va-t-elle finalement réussir à accepter son destin ? Sa rencontre avec la jeune fille vêtue de rouge va-t-elle la plonger dans un abîme infernal ? Va-t-on encore assister à une sinistre transformation pour ces personnages de conte qui autrefois nous faisaient rêver ? On a hâte de pouvoir connaître la suite de cette saga qui a de quoi nous occuper un moment.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume du Grimoire écarlate. Avez-vous apprécié l’alliance qui se forme entre nos deux principaux protagonistes ? Trouvez-vous que l’aspect sombre de l’histoire peut donner vie à une aventure palpitante et angoissante sur le long terme ? Est-ce que le déroulement de l’intrigue a su vous surprendre notamment par rapport à cet être surnaturel qui accompagne notre héroïne ? Croyez-vous que l’on aura le droit à des affrontements grandioses par la suite ? Qu’attendez-vous pour l’avenir de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.