Quand tout bascule : Toilet-bound Hanako-kun et ses esprits
En cette semaine, on avait envie de se lancer dans un autre type de chronique. En effet, c’est après avoir lu le tome 4 de Toilet-bound Hanako-kun que l’on s’est dit qu’il serait intéressant d’analyser non pas forcément un volume en particulier, mais un thème abordé dans une série. C’est pour ça qu’aujourd’hui est la première de ce nouveau rendez-vous qui sera sans nul doute voué à se répéter. Pour l’occasion, on a décidé de se pencher sur la fameuse série de Pika nous ayant donné l’idée de cet article et plus particulièrement du rôle des esprits dans cette licence. Les fantômes sont répandus dans cette lecture, mais ils ne sont pas uniquement au centre de l’attention. Ils véhiculent aussi des messages poignants à travers leurs interactions avec le monde des vivants. Une relation qui va nous éblouir dans un premier temps, mais qui va très vite prendre un tournant plus dramatique au fil des tomes. Tout cela va alors nous conduire à ce moment fatidique où tout va basculer tandis que le spectateur prend conscience de ce qui se passe réellement devant ses yeux. L’heure est donc venue de retourner au contact des habitants de cette école.
Des fantômes farceurs
Pour rappel, Toilet-bound Hanako-kun, imaginé par Aida Iro, nous fait suivre Nene. Cette adolescente va faire la connaissance du spectre Hanako après avoir entendu la rumeur comme quoi il pourrait accomplir l’un de ses vœux. Malheureusement, il s’avère que cette rencontre va être bien différente de ce qu’elle pensait et changer son quotidien qui va être ponctué de nombreux échanges avec ces êtres de l’au-delà. Dès le départ, on nous présente son nouveau camarade comme étant un esprit presque insondable. Toujours présent pour s’amuser de Nene et la taquiner, il sait aussi faire preuve d’une facette bien plus mystérieuse. Cependant, les premiers pas que l’on fait en leur compagnie nous donnent cette sensation d’entente entre eux. Il y a même un rapport presque d’amitié qui se forme et permet au lecteur d’avoir encore plus d’attachement pour ce duo. D’ailleurs, le fait que ces deux protagonistes soient aussi différents l’un de l’autre va contribuer à créer ce décalage amusant. Même face à l’adversité, le danger finit par être désamorcé par l’arrivée d’Hanako et de ses pouvoirs. Une ambiance qui se veut donc légère et consolide cette sensation que les yokais que l’on découvre ne sont pas forcément tous des êtres aux intentions malveillantes. C’est justement ce qui va contribuer, dans un premier temps à créer cette atmosphère presque enfantine que la série utilise habilement pour attirer le spectateur avant de refermer son étreinte sur lui.
De même, l’arrivée de Kô ne va pas être anodine. Ce jeune exorciste désireux de faire honneur à son nom et de suivre les traces de son grand-frère va finalement sympathiser avec cette entité qu’il est censé chasser. On nous propose donc un trio constitué de trois membres aux antipodes les uns des autres. Tout ceci ne va faire qu’accentuer le côté comique qu’il peut y avoir dans cette saga et surtout les farces de notre ami fantôme. En plus de ça, les quelques défis qu’ils vont relever ont pour but de stopper la dangerosité représentée par les autres mystères afin de les rendre inoffensifs. L’intrigue principale elle-même souhaite justement briser la notion de danger qui plane sur cet établissement afin de ne laisser que des esprits amusants et ne pouvant pas faire le moindre mal aux vivants. On suit tout ça avec un regard assez doux sur ce groupe qui s’attire rapidement notre sympathie. Malgré tout, on observe quand même quelques éléments qui vont éveiller notre curiosité. Comme si tout ça n’était qu’un écran de fumée pour cacher un danger bien présent. Une intuition qui va se renforcer au fil de l’aventure et surtout de ce lien qui se tisse entre nos trois compagnons de route. On sent que l’on se rapproche peu à peu d’un moment où cette douce ambiante va voler en éclats pour dévoiler une atmosphère bien plus sombre. Un constat qui finit progressivement par se concrétiser tandis que l’on continue d’avancer au sein de cette épopée.
Si on nous présente ces yokais comme des esprits parfois drôles, mais souvent redoutables, ils vont aussi apporter un élément important dans Toilet-bound Hanako-kun. Il s’agit du lien qui va les unir à nos deux autres protagonistes qui sont bien vivants. Une relation qui semble touchante au premier abord, mais qui va aussi soulever de nombreuses questions tout au long de notre parcours. Derrière les sourires et les joies partagées se trouvent des rapports qui vont grandement impacter le développement de chaque personnage. Une amitié pouvant autant être bénéfique qu’un terrible supplice.
Une amitié aussi étrange que puissante
Quand on pense à Toilet-bound Hanako-kun, la première chose qui nous vient à l’esprit est le trio constitué des trois principaux personnages. En effet, il ne faut pas longtemps pour que ces derniers se retrouvent et finissent par former un groupe par la force des choses. Même si on sent dans les premiers chapitres que Nene veut tout faire pour se libérer de l’emprise d’Hanako, cette peur qu’elle a se transforme très vite en curiosité. Cela pourrait même être qualifié d’affection pour ce garnement qui vit ici depuis maintenant plusieurs années et qui vient juste de briser l’ennui qui le rongeait. Pareil pour Kô qui va peu à peu changer au contact de cet esprit majeur de l’école. Alors qu’il était déterminé à exorciser tous les fantômes de ce lieu, il se met à se raviser auprès de son nouvel ami. C’est pour ça que le lien qui unit ces trois âmes est aussi important. Il apporte de multiples évolutions chez chacun d’eux et permet au spectateur que l’on est de prendre beaucoup de plaisir à suivre leurs diverses péripéties face aux autres occupants de cet endroit. On reste ainsi dans cet esprit chaleureux qui s’était installé rapidement au lancement de la série. Pourtant, c’est justement en s’attardant sur cette relation que l’on va véritablement entrevoir ce qui se profile à l’horizon. Derrière le sourire d’Hanako se cache une douleur bien présente qu’il ne souhaite pas dévoiler. Cela s’exprime par de petits détails, mais qui suffisent amplement pour éveiller le doute chez le lecteur.
On commence à se demander si toute cette ambiance bon enfant ne serait pas une façade. Plus les pages défilent et plus ce sentiment se renforce au même titre que les hésitations de ce fantôme à parler des raisons de sa mort prématurée. Si cela éveille en nous une curiosité grandissante à l’égard de ce personnage, ce revirement de situation va aussi apporter un autre élément important à l’œuvre : le doute. Les rires et les bons moments passés en sa compagnie commencent à s’estomper pour laisser place à une inquiétude de plus en plus forte. Une émotion partagée par les autres acteurs de ce récit qui vont tout de même essayer de faire de leur mieux pour maintenir cette entente et d’aider leur camarade. De ce fait, cela va avoir un double effet important pour la suite du récit. Le premier est que cela va renforcer cette amitié que l’on peut observer et ainsi nous faire avoir encore plus d’intérêt pour ce groupe dont on a envie qu’il puisse s’épanouir. Le second est cette désillusion que tout se brise pour simplement montrer que l’obscurité est bien plus proche qu’on n’aurait pu le croire. Cela correspond aussi aux passages où l’on va être confronté aux autres grands mystères de l’école. Ces moments vont nous prouver que tous les résidents de cette bâtisse ne sont pas forcément aussi joyeux que ce fantôme des toilettes et qu’il existe une grande part d’ombre à ce monde qui flirte avec la réalité. Tout ceci va alors nous mener à cet instant où le manga dévoile sa véritable nature. Un visage qui ne se veut pas tant violent que dramatique.
Si Toilet-bound Hanako-kun nous montre une relation forte et touchante, c’est aussi pour mieux la briser par la suite dans cette fameuse scène mettant en avant le statut différent propre à chaque camp. On plonge directement dans la face sombre de la saga qui va nous arracher le cœur tout en nous faisant comprendre la cruauté de ce récit. Un périple aux côtés d’esprits qui font de leur mieux pour rester accroché à ce monde, mais qui savent pertinemment quelle sera leur finalité au bout du chemin. La vie et la mort se confrontent ainsi face à une vérité déchirante.
Toilet-bound Hanako-kun et son retour à la réalité
C’est après lecture du tome 4 de Toilet-bound Hanako-kun que l’on prend pleinement conscience du danger qui plane sur les personnages, mais surtout du brusque retour à la réalité qui nous est imposé. A travers tout un passage magnifiquement orchestré par l’auteur, la tension dramatique monte d’un cran et l’on va être témoin d’un événement remettant en cause toute cette chaleur humaine que l’on avait pu ressentir auparavant. Ce quatrième acte nous rappelle que nous avons devant nous des êtres qui ne sont plus du monde des vivants. Ils errent à jamais dans ces longs couloirs en sachant pertinemment que la liberté signifie simplement disparaître à tout jamais. La série veut nous montrer qu’il ne devrait y avoir aucun attachement entre les vivants et les morts, car cela ne peut entraîner que de vaines souffrances. Même Hanako, qui pourtant est conscient de tout ça, s’est pris au jeu de cette amitié. Il a pu regagner une part d’humanité en côtoyant Kô et Nene. Pourtant, il ne peut ignorer ce que ce lien finira fatalement par amener. Si sa peur de dévoiler son passé sert de levier principal à l’intrigue, c’est aussi parce que cela souligne sa crainte de perdre ce fil qui l’unit à ses nouveaux camarades. Il préfère donc cacher ses véritables émotions derrière des farces et sourires qui prennent une tout autre symbolique à présent. Une fois mort, les esprits ne devraient jamais faire affaire avec ceux qui sont de l’autre côté de la ligne.
Une thématique qui bascule l’ensemble du récit dans une tristesse palpable qui va autant impacter les personnages que le spectateur. On remet en question beaucoup de choses et on se demande finalement s’il est encore possible que ces instants d’insouciance puissent faire leur retour. Toilet-bound Hanako-kun est une série remarquable dans cette manière de jouer avec nous. Le caractère enfantin des personnages, sa direction artistique ainsi que les situations vécues nourrissent cette joie palpable chez ce trio. Tout ceci est pensé de manière à ce que le coup de massue soit encore plus violent quand le rideau se lève sur cette vérité que la mort ne devrait pas emprisonner les vivants. Etant donné que la licence est encore loin d’être finie, il est fort probable que l’histoire évolue et nous réserve encore beaucoup de surprises. Malgré tout, il était important selon nous de souligner cet instant crucial où l’auteur a décidé de transformer ce cocon réconfortant en une chute brutale. Rencontrer des esprits et autres entités surnaturelles était devenu quelque chose de normal à nos yeux ainsi que pour Nene et Kô. C’est justement le fait de s’être habitué à ça qui est anormal et rend ce revirement encore plus fort. Un constat qui s’exprime aussi de façon remarquable chez les autres grands mystères de cet établissement. A travers ce premier pan de sa série, le mangaka souhaite nous montrer que les fantômes devraient rester au stade de la rumeur pour le commun des mortels.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Toilet-bound Hanako-kun. Appréciez-vous ce nouveau format de chronique s’attardant plus sur un élément précis d’une série ? Trouvez-vous que la dualité qui s’oppose entre vivants et morts dans le titre est pertinente ? Pensez-vous que cela peut permettre d’aller plus loin dans les thématiques traitées ? Est-ce que vous appréciez toujours autant ce récit qui mêle direction artistique soignée et intrigue bien plus sombre ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.