Four Knights of the Apocalypse tome 1 & 2 : L’épopée de Percival
Quand on y pense, il est tout de même assez rare de voir un mangaka proposer diverses œuvres se passant dans un univers similaire. Il y a souvent cette volonté de repartir sur de nouvelles bases et cela peut être compliqué de relancer une épopée à travers un décor qui a déjà raconté tant de choses. Pourtant, cela peut aussi offrir de belles surprises et étendre notre attrait pour un monde en particulier. Si l’on parle de ça, c’est parce que le titre que l’on va aborder aujourd’hui est dans cette situation. Il s’agit de la toute dernière licence en date de Pika et qui n’est autre que Four Knights of the Apocalypse. Alors que les deux premiers volumes sortent justement ce mercredi, on était intrigué de voir ce que cette virée allait nous offrir comme expérience. Connaissant déjà bien le lore de ces contrées à travers Seven Deadly Sins, il était important de voir si cette licence parvenait à récupérer ce qui faisait la force de ce manga tout en réussissant à s’en dissocier. Un pari plus que compliqué, mais où notre sujet du jour parvient à s’en sortir avec brio. L’heure est donc venue d’accompagner un jeune homme pouvant autant sauver ces terres que les détruire.
Un drame poussant au voyage
Four Knights of the Apocalypse, imaginé par Nakaba Suzuki, nous plonge seize ans après les événements de Seven Deadly Sins. On fait la connaissance du jeune Percival qui vit seul avec son grand-père Bargis. Depuis sa plus tendre enfance, il a toujours vécu au sommet du “Doigt divin”, une haute montagne qui le préserve du monde extérieur. Se sustentant simplement du résultat de leur chasse, cette petite famille coule des jours heureux sans avoir la moindre idée de ce qui se passe en dehors de ce petit territoire. Malheureusement, la tranquillité finit toujours par être brisée et c’est le jour de ses seize ans que ce garçon jovial et innocent va voir son quotidien être détruit. Il assiste au loin à l’arrivée d’un étrange chevalier à l’armure rouge flottant dans les airs. Débarquant sur leur montagne, ce dernier semble être à la recherche de Bargis. Ne sachant pas du tout les intentions de cet inconnu, Percival baisse sa garde et va alors être le témoin d’un terrible drame. Cet homme n’est autre qu’un Chevalier sacré au service du roi de Camelot. Sa venue en ces lieux est en réalité funeste, car son objectif est de supprimer ceux qui ont trouvé refuge sur ce pic. Un violent combat éclate alors et le garçon et son grand-père se retrouvent en mauvaise posture. Rien ne semble pouvoir venir à bout de ce guerrier d’exception bien décidé à en finir avec ses proies. En réalité, son but est de supprimer tous ceux qui seraient liés de près ou de loin aux “Four Knights of the Apocalypse”.
Il est dit qu’un groupe de quatre individus naîtrait et précipiterait la fin de ce monde grâce à leurs pouvoirs extraordinaires. C’est pour empêcher cette prophétie qu’une traque sans merci à débuter dans ces contrées jusqu’à atteindre ces deux âmes isolées. C’est donc en ignorant totalement en quoi ils seraient impliqués dans ce mauvais présage que Percival et Bargis sont abattus par leur adversaire. Ce dernier repart alors sans demander son reste. Malgré la violence de ses assauts, l’adolescent laissé pour mort reprend son souffle. A présent seul au monde, il ne peut s’empêcher d’éprouver un vide au plus profond de lui. Désemparé, il décide de prendre son courage à deux mains et de réaliser la dernière volonté de son protecteur. Le voilà à présent prêt à explorer ce vaste monde qui lui est étranger. Une envie d’aventure, mais qui est aussi animée par un violent désir de vengeance à l’égard de l’homme lui ayant tout pris. L’oisillon quitte son nid sans une certaine tristesse et s’apprête à partir à la conquête de ces vastes terres sans savoir où va le conduire ses pas. Dans ces royaumes où tout est possible, il pourrait bien faire des expériences qui changent à jamais sa vision du monde et de son propre avenir. Sera-t-il aveuglé par sa soif de représailles ou l’enfant qu’il est conservera cette précieuse innocence ? Seul le temps le dira, mais ce qui est sûr, c’est qu’il va marquer les esprits de tous ceux qui croiseront sa route. L’ascension d’un jeune homme au cours d’un voyage qui va bouleverser le destin de nombreuses personnes.
Il ne faut pas se le cacher, Four Knights of the Apocalypse est un titre qui reprend beaucoup de codes connus du nekketsu et aussi de Seven Deadly Sins. Cependant, ce n’est pas parce que le manga s’approprie tous ces éléments qu’il n’est pas pour autant dénué d’intérêt. Au contraire, il est intéressant de s’arrêter quelques minutes pour voir si l’auteur est parvenu à réussir cet exercice difficile qui est de prolonger l’univers qu’il a imaginé dans une précédente œuvre tout en y amenant un vent de fraîcheur. Cela s’exprime avant tout à travers l’utilisation de cet environnement qui nous semble aussi familier qu’inédit.
Un univers toujours aussi fantastique
Autant le dire tout de suite, l’univers de Four Knights of the Apocalypse a cette magie qui nous transporte totalement. S’il y a bien sûr un petit côté nostalgique de parcourir de nouveau cet environnement, le fait de le voir à travers les yeux de Percival a une toute autre saveur. En effet, il est totalement ignorant du monde qui l’entoure étant donné qu’il a grandi à l’écart des autres êtres vivants. Dans un sens, il représente très bien le lecteur qui se lance lui aussi à l’assaut de ces contrées féériques. On peut aisément s’identifier à lui par ce biais et ainsi partager toutes les sensations qu’il a devant cette faune et cette flore. On revient donc à cette sensation initiale de découverte saupoudrée de plusieurs références fort plaisantes. On retrouve les différentes races qui peuplent ces royaumes, mais on sent aussi et surtout le fait que ces lieux sont chargés d’histoire. Au-delà de la précédente œuvre de l’auteur, il y a cette volonté constante de créer une fiction propice à de nombreuses légendes. Que ce soit par les mythes dont il s’inspire où ceux qui proviennent tout droit de son imagination, le mangaka sait comment attirer notre regard sur son décor. On peut même dire aisément que cette toile de fond est un élément capital du voyage que l’on effectue en compagnie de notre nouvel ami. L’envie de s’égarer et de parcourir ces sentiers inexplorés contribue au charme de ces deux premiers volumes. En plus de ça, l’intrigue joue justement sur cette exploration pour nous créer des situations où la féérie se confronte à la noirceur de ces ennemis en armure.
De même, l’idée de reprendre le mythe des quatre cavaliers de l’Apocalypse nous motive encore plus à continuer. Le lecteur veut savoir qui se cache derrière ce quatuor synonyme de fin des temps. C’est pour ça que l’idée de base est aussi attrayante. Elle crée le mystère et c’est tout ce dont on a besoin pour accompagner Percival dans son périple. A cela s’ajoute aussi la très intéressante galerie de personnages qui commence à se former au travers de cette introduction. On a beau être face à des individus qui peuvent se montrer puissants, il y a tout de même un profond écart avec ce que l’on a connu par le passé. Ici, tout est une question d’apprentissage et d’expérience. Une autre manière de développer les protagonistes et qui rend l’expérience plus grisante étant donné que l’on assiste aux progrès de chacun. D’ailleurs, il est aussi pertinent de s’arrêter quelques instants sur l’action proposée. Celle-ci se montre à la fois percutante quand les coups pleuvent et spectaculaire dès l’instant où la magie fait son entrée. On a ainsi des affrontements affichant plusieurs facettes avec des parties dynamiques avant de partir sur une confrontation niveau puissance qui assure le côté grandiose de l’œuvre. Le divertissement est total dans ces moments et l’on reconnaît totalement le style de l’artiste qui a parfaitement su créer des capacités qui éblouissent notre regard tout en étant en adéquation avec la fantasy propre à ce lore. Une fenêtre ouverte sur le potentiel de nos nouveaux camarades ainsi que le reflet d’un univers où la force prime sur tout le reste.
En dehors du travail réalisé autour de l’univers, le mangaka va aussi apporter quelque chose d’essentiel à Four Knights of the Apocalypse. Une partie de l’âme qui rend ce manga aussi plaisant à suivre et qu’il maîtrise très bien. Il s’agit de ce sentiment de partir à l’aventure et de poser les yeux sur un monde regorgeant de possibilités. Même en étant adepte du lore de cet univers, ce nouveau départ est l’occasion parfaite pour s’extasier de nouveau au même titre que notre jeune héros. Un atout considérable qui ne fait que rendre ce périple encore plus savoureux pour le lecteur en manque d’évasion.
Une ode à l’aventure
Voilà sûrement l’un des éléments les plus importants de Four Knights of the Apocalypse et qui est un peu la marque de fabrique de l’auteur. Si l’on a forcément l’impression de retrouver des codes déjà bien connus dans cette série, cela n’empêche pas le manga de parvenir à créer une expérience qui s’empare de nous. Pour ça, il est crucial de jouer sur le dépaysement ressenti par le lecteur afin qu’il plonge pleinement dans l’univers présenté. C’est exactement le cas ici, car même si l’on en sait déjà beaucoup sur ces terres, il y a cette magie dans l’air qui rend chaque pas plus fantastique que le précédent. On parlait un peu plus tôt du fait que Percival est un personnage qui ignore tout du monde extérieur. Ce choix n’est pas anodin étant donné qu’il va justement s’extasier devant tout ce qu’il voit et partager ce plaisir avec nous. Ainsi, ce que l’on pouvait déjà connaître de notre précédente virée n’a finalement que peu d’importance tant on est transporté dans cette nouvelle épopée. On retrouve cette innocence et cette joie qui sont propres à l’enfance et qui symbolisent très bien toute la personnalité de ce jeune garçon. Encore une fois, ce n’est pas pour rien que notre héros a beau avoir 16 ans, il garde une apparence de gamin. C’est pour jouer sur cette période où tout est nouveau et que la moindre inconnue devient la source d’une imagination fertile. La quête de vengeance de ce dernier a beau être présente dans l’esprit du spectateur, c’est avant tout ce souhait d’explorer qui va motiver notre avancée.
On a beau avoir eu auparavant toute une licence pour explorer ces contrées, on a toujours ce sentiment qu’il y a d’autres choses à raconter. Il est formidable de parvenir à ce résultat surtout après tout le lore déjà installé. L’enrichissement contribue à nourrir cette aventure pour qu’à aucun instant, on puisse avoir l’impression d’avoir déjà vu tout ça. Souvent, réussir à s’évader au travers d’un manga est la plus belle expérience qui soit. Cela nous fait totalement oublier tout ce qui nous entoure pour que, le temps de la lecture, on soit totalement transporté dans cet autre monde. Là aussi, les mécaniques de la fantasy apportent un plus non-négligeable à ce que l’on vit. Cela a beau être un récit de chevaliers et de magie très classique dans sa forme, tout est si bien maîtrisé que l’on adhère totalement. On retrouve justement cet émerveillement propre à ce genre et l’on est rapidement conquis par cette identité arthurienne qui rythme l’ensemble de notre parcours. De même, le simple fait de rencontrer un nouvel acteur de cette pièce parvient à nous mettre en joie. On se questionne sur son passé, ce qu’il va apporter au héros ou quel va être son rôle dans l’intrigue. Des rencontres fortuites, mais qui peuvent changer un destin et qui font partie intégrante de l’âme de cette série. C’est en nous faisant totalement oublier la réalité que Four Knights of the Apocalypse réussit son plus beau tour de force qui est de réveiller cet aventurier qui est en chacun de nous et que l’on peut avoir perdu au fil des années.
Four Knights of the Apocalypse répond, à travers ces deux premiers tomes, à tout ce que l’on attendait. Il est vrai que l’on est encore qu’aux balbutiements de ce périple, mais on souhaitait avant tout retrouver ce charme qui nous avait séduits dans le titre précédent du mangaka. C’est chose faite, et même derrière le classicisme de cette série se trouve un divertissement efficace et qui nous ramène à ce plaisir simple de suivre les péripéties d’un jeune homme qui s’apprête à connaître un destin hors du commun. Une licence qui nous donne juste envie de se poser et d’imaginer les défis qui attendent nos protagonistes avec le sourire aux lèvres.
Four Knights of the Apocalypse trouve rapidement sa place
Concernant notre analyse de Four Knights of the Apocalypse, il y a plusieurs éléments à prendre en considération pour bien cerner ce qui fait la qualité de l’œuvre. Ces deux premiers volumes n’inventent rien en soi et ce n’est pas ce qu’on leur demande. A travers ceux-ci, l’auteur désire avant tout nous montrer que l’on est loin d’avoir tout vu concernant ces royaumes déjà chargés en légendes. L’objectif n’était donc pas de briller par l’originalité, mais de parvenir à créer une histoire qui puisse autant faire vibrer le cœur des fans de Seven Deadly Sins qu’être une invitation à explorer pour ceux qui découvrent cet univers. Le pari est pleinement réussi et l’on est sous le charme de cette féérie ambiante qui accompagne notre progression dans l’intrigue. On est plongé dans une épopée qui donne ses lettres de noblesse aux notions de chevalerie, d’amitié, mais aussi de magie. De base, utiliser et s’inspirer des légendes arthuriennes est un parti-pris à la fois attrayant et compliqué étant donné que l’on connaît quasiment toutes les grandes lignes de ces mythes. C’est justement une force d’être parvenue à utiliser un lore aussi présent dans la culture populaire tout en réussissant à créer un scénario qui ne se contente pas uniquement de répéter ces contes. Ici, on est devant le périple de Percival et de ces fameux quatre cavaliers de l’Apocalypse dont on ne sait encore que peu de choses. Des débuts qui n’ont absolument pas à rougir de son aîné et peuvent donner un résultat formidable sur le long terme.
Vous l’aurez donc compris, Four Knights of the Apocalypse fut une très belle découverte pour beaucoup de raisons. N’innovant en rien, cela n’empêche pas de savourer pleinement cette épopée littéraire qui affiche de nombreuses promesses pour l’avenir. Une aventure que l’on pourrait presque qualifier d’universelle au vu des inspirations, mais aussi de cette sensation que l’on a en tournant les pages. La plus belle lecture qui soit est celle qui parvient à nous faire oublier, le temps de quelques minutes, tout ce qui nous entoure pour se concentrer uniquement sur ces terres fictives et pourtant si merveilleuses. Voilà donc un manga qui plaira à tous les amoureux de fantasy et ceux désirant une expérience littéraire misant avant tout sur l’immersion du lecteur. On a déjà une folle envie de se perdre de nouveau au coeur de ces paysages où tout peut arriver. Avant d’en finir avec cette chronique, il est l’heure d’évoquer les interrogations que l’on a en tête. Qui seront ces quatre destructeurs ? Vont-ils réellement détruire ce monde et tous ceux qui y habitent ? Quelles seront les prochaines épreuves de Percival et ses amis ? Le titre continuera-t-il de prendre une voie différente de son prédécesseur ou se permettra-t-il le retour de quelques visages familiers ? Les mythes et les légendes ont toutes cette capacité à nous faire croire en quelque chose dépassant l’entendement et cette série l’a parfaitement compris. Il faut maintenant attendre avant de connaître le prochain acte de cette pièce.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ces deux premiers volumes de Four Knights of the Apocalypse. Avez-vous retrouvé ce charme qui se dégageait déjà de la précédente œuvre de l’auteur ? Trouvez-vous que l’on s’attache rapidement aux personnages qui nous sont présentés ? Avez-vous ressenti beaucoup de potentiel derrière les débuts de Percival au sein de ce monde ? Etes-vous curieux de comprendre ce qui a bien pu se passer dans cet univers ? Avez-vous eu le sentiment d’un dépaysement total en parcourant ces pages ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.