Love me for who I am tome 1 : ouverture du café Question !
Comme on le dit très souvent, le manga est avant tout une source de divertissement pour le lecteur. Cependant, il peut aussi devenir un formidable outil pour traiter de sujets graves et pertinents qui affectent la société et les gens qui y vivent. Des ouvrages qui nous poussent à la réflexion et vont ainsi combiner une histoire à raconter avec un message à véhiculer. Dans ce domaine, la collection Mues d’Ototo a su rapidement s’imposer à travers ces deux premières séries. C’est la troisième en date que l’on va aborder aujourd’hui et qui s’intitule Love me for who I am. Si l’on avait pu se faire une idée de ce qui allait nous attendre par le synopsis, ce n’est finalement qu’après la lecture de ce volume d’introduction que l’on a pu prendre conscience de la portée de ce titre. Avec des personnages à la fois attachants et marqués par ce monde qui n’accepte pas la différence, on se retrouve embarqué dans le quotidien fait de larmes, mais aussi de joie. Une lecture cherchant à éveiller les consciences et surtout à parler d’un questionnement important sur l’identité. Il est donc grand temps de s’arrêter dans un petit café accueillant.
Un petit boulot qui va tout changer
Love me for who I am, imaginé par Kata Konayama, nous fait faire la connaissance de Mogumo. Ne semblant avoir aucun ami, le lycéen montre qu’il ne souhaite pas se rapprocher des autres. Préférant éviter tout contact ou échange avec ses camarades de classe, les journées sont silencieuses autour de sa personne. Cependant, tout bascule le jour où Tetsu, l’un des autres élèves, décide de se rapprocher de lui. Semblant comprendre ce qui ronge le cœur de Mogumo, il lui annonce qu’il connaît un endroit parfait pour qu’il puisse s’épanouir. En plus de ça, il pourrait partager son quotidien avec des personnes qui lui ressemblent et ainsi ne plus se sentir seul ou incompris. Cet endroit n’est autre que le maid café tenu par sa sœur et dont le service est assuré par des otokonoko. Il s’agit de garçons habillés en fille qui s’occupent de servir les clients en présentant ce qu’ils sont. Sans penser forcément à mal, Tetsu va alors proposer à Mogumo de travailler ici s’il le souhaite. Malheureusement, ce premier contact est loin d’être réjouissant pour celui-ci. Après tout, qui a dit qu’il était un garçon ? Un malentendu qui semble incompréhensible pour le jeune homme pensant que cela lui ferait plaisir d’intégrer un tel lieu. Malgré ses bonnes intentions, il est très loin d’avoir compris qui est réellement cet autre étudiant qui ne cherche pas à répondre aux cases de la société. Fille, garçon, peu importe à ses yeux. Il ne respecte aucune convenance et veut simplement être ce qu’il est au plus profond de son cœur.
Mais il se pourrait bien que ce lieu puisse être finalement le refuge qu’il espérait tant. Même si la philosophie de ce café ne correspond pas à sa personnalité, il est important de se mettre à la place de ceux qui travaillent ici. L’important n’est pas le message véhiculé par cet établissement, mais le bonheur des employés. C’est ainsi que va débuter un tout nouveau quotidien pour Mogumo, mais aussi pour ce maid café répondant au nom “Question”. Le monde regorge de personnes différentes et qui veulent simplement pouvoir exister en adéquation avec leur mode de vie. Un combat de chaque instant au sein d’une société où la tolérance est beaucoup plus rare qu’on ne le pense. Il se pourrait même qu’à travers cette rencontre, Tetsu ouvre les yeux sur une autre facette de lui-même ainsi que sur son entourage. Voilà le début d’une longue lutte pour simplement se sentir bien dans sa peau et transformer les sinistres regards en une force pour continuer d’avancer. Une leçon de courage et d’humanité pour ces gens qui sont en quête d’identité. Les questions fusent dans leur esprit et il faut alors parfois une simple main tendue pour que la lumière entre de nouveau dans leur existence. C’est ce que propose ce refuge qui ouvre grand les bras à ceux qui doutent, réfléchissent sur leur futur ou qui sont mis de côté par la société à cause de leur différence. Ainsi commence cette ode à l’acceptation et à la compréhension de toutes ces âmes qui désirent juste qu’on cherche à les comprendre plutôt que de les dévisager.
Le synopsis de Love me for who I am représente bien la problématique de base qui va nous être adressée à travers le personnage principal du manga. Voulant simplement pouvoir être comme il le souhaite, le regard des autres ne cesse de la dévisager. On va alors avoir le droit à une évolution très intéressante et rapide de son environnement. Si les questions et les doutes forment le cœur de cette aventure littéraire, on va aussi et surtout être attiré par les échanges entre les divers acteurs de cette pièce. Un premier volume qui va nous présenter un décor à la fois émouvant et propice à de nombreuses thématiques.
Questionnement et acceptation
Avant même de s’attarder sur ce premier volume de Love me for who I am, on se doutait que ce récit allait nous amener à analyser un sujet qui n’est pas forcément le plus répandu dans le monde du manga. Le simple fait qu’il fasse partie de la collection Mues nous avait mis la puce à l’oreille et c’est une fois le tome entre les mains que l’on a pu être en contact direct avec ce que souhaitait traiter l’auteur. Ce qui est important de savoir, c’est que Kata Konayama parle d’un thème qu’il connaît bien étant directement concerné par cette notion d’identité qui est finalement très propre à chacun d’entre nous. A travers ce manga, on veut nous montrer un parallèle très important entre ce qu’une personne ressent et ce que la société désire comme modèle. Le personnage de Mogumo en est un très bon exemple et il ne s’agit pas uniquement des cases qu’impose ce monde, mais aussi de l’avis des gens qui l’entourent. En quelques cases, on ressent pleinement sa détresse et son besoin de ne pas être jugé pour ce qu’il veut être. Cette aventure se présente ainsi comme une immense quête identitaire afin que l’ensemble des individus rythmant ce récit puisse prendre conscience de ce qu’ils désirent vraiment. Il y a aussi une excellente opposition qui va avoir lieu pendant tout ce premier volume. Il s’agit du monde extérieur contre cette bulle réconfortante qu’est le maid café. Même si on est témoin de quelques désaccords au sein du personnel, c’est en ce lieu que l’on oublie totalement cette image que l’on doit porter en public.
Un refuge pensé pour permettre à nos protagonistes de respirer, mais surtout de servir de tremplin et d’aide dans leur vision du futur. D’ailleurs, il est très important de voir aussi à quel point certains personnages vont réaliser ce qu’ils désirent réellement. En étant au contact les uns des autres, ils ouvrent leur vision et prennent conscience, au même titre que le spectateur, que le monde est constitué d’êtres humains ayant chacun leurs différences, préférences et envies. En plus de se présenter comme une efficace ode à la tolérance, cette licence se présente aussi comme un immense tableau propre à chacun. Nous sommes tous les peintres de notre vie et il n’y a que nous qui pouvons décider de ce que l’on veut faire et la personne que l’on souhaite être. L’acceptation de soi est la plus grande priorité de l’être humain et même si cela est compliqué, il faut faire abstraction du regard des autres jusqu’à trouver ceux qui peuvent comprendre le chemin que l’on prend. Ce tome est chargé d’émotions et joue énormément là-dessus pour porter son histoire, mais aussi ses valeurs. On réfléchit, on se questionne, mais surtout on a beaucoup d’empathie et de sympathie pour tous les individus que l’auteur met en scène. Ils ont tous quelque chose à nous raconter et c’est formidable d’avoir su proposer une variété aussi importante dans les caractères et les personnalités de chacun. Un ouvrage qui ne se limite pas à un ou deux personnages, mais à tout un groupe dont les membres ont tous quelque chose d’important à nous raconter.
Love me for who I am est une œuvre qui nous a grandement touché. En abordant le thème de l’acceptation, l’auteur nous fait nous réfléchir sur ces cases que la société cherche à imposer aux gens. On est alors simplement heureux de voir tous ces gens qui cherchent à répondre à ce que leur dicte leur coeur trouver un lieu où ils peuvent être tout bonnement eux-mêmes. Ne se limitant pas uniquement à un personnage, l’artiste nous délivre une galerie d’individus à la fois forte et émouvante pour qui on a une profonde affection. Les doutes et la peur que peuvent engendrer ce monde s’effacent peu à peu dans ce petit paradis où le jugement des autres n’est qu’un lointain souvenir.
Love me for who I am nous touche en plein coeur
On ne le dira jamais assez, mais le manga est un formidable média qui peut nous faire vivre un tas d’émotions tout en étant un outil pertinent pour parler aux gens. C’est exactement ce que l’on a ressenti en lisant ce premier volume de Love me for who I am. En quelques cases, on comprend ce que souhaite transmettre l’auteur et tout est fait avec une telle sincérité et douceur que l’on ne peut qu’être attaché à ce qui se passe. Avec ses personnages à la fois très humains et affichant une certaine fragilité, on se sent impliqué dans l’avenir de ces derniers. On a le sentiment de faire la connaissance de gens que l’on pourrait croiser n’importe où et qui souhaitent juste mener une existence en adéquation avec ce qu’ils sont au plus profond d’eux. Il est nécessaire et important d’avoir de telles séries qui nous forcent à nous poser et à réfléchir sur des thèmes et des problématiques auxquels on ne pense pas forcément au quotidien. Ici, on nous offre une sublime leçon de tolérance, d’acceptation, mais aussi de travail pour simplement s’apprécier tel que l’on est. Même si le cas de nos protagonistes se veut centré sur quelques éléments précis, on peut tout à fait prendre ce discours et l’appliquer à chacun. Ce n’est pas au monde de dicter notre façon d’être, mais d’être heureux comme notre coeur le désire. Un défi constant et qui est très bien représenté tout au long de ce premier acte. On partage les doutes, les peines, mais aussi les joies de ce groupe d’adolescents qui se construisent petit à petit au fil de leurs rencontres et échanges.
En plus d’avoir grandement apprécié ce premier volume de Love me for who I am, on est aussi devant un manga qui est important à lire. Une fenêtre ouverte sur un problème de société grave et qui nous ouvre les yeux sur la souffrance de certaines personnes qui restent dans le silence. Le mangaka a fait un travail fantastique pour que l’on soit impliqué dans l’avenir de ces individus qui nous sont présentés. Il y a une telle charge émotionnelle qui se dégage d’eux que l’on ne peut rester de marbre face à cette quête personnelle. Une licence que l’on recommande à tous ceux qui veulent une lecture dépassant le cadre du simple divertissement et qui s’adresse à beaucoup de gens. Même si l’on n’est pas concerné directement par le sujet traité dans Love me for who I am, il est vital de jeter un regard sur cette souffrance qui peut assaillir n’importe qui ne se sentant pas à sa place dans cette société. A présent, on repense aux nombreuses questions qui nous trottent dans la tête. Est-ce que l’on peut s’attendre à ce que nos nouveaux amis trouvent enfin leur place ? Seront-ils acceptés en dehors de ce maid café ? Tetsu va-t-il enfin comprendre ce sentiment qui l’assaille au plus profond de lui ? Mogumo trouvera-t-il enfin le bonheur auprès de ceux qui l’entourent ? Qu’en est-il des autres employés du “Question” ? Ce titre abordera-t-il aussi d’autres thématiques ? On est impatient de revenir au sein de cet établissement pour un second acte.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti sur ce premier volume de Love me for who I am. Avez-vous trouvé que le manga réussit à traiter de ses sujets avec à la fois beaucoup d’humanité et de tendresse ? Trouvez-vous que ce titre parvient à nous faire réfléchir sur toutes ces thématiques ? Est-ce que vous avez eu de l’affection et de l’empathie pour ces personnages qui cherchent juste à se conformer à leurs désirs et non au regard des autres ? Avez-vous envie de voir ce qui les attend au sein de ce café ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.