Kaijû Girl Carameliser tome 1 : un amour monstre
Il y a des thématiques qui sont assez peu utilisées ou alors qui arrivent très rarement jusqu’à chez nous. C’est par exemple le cas des Kaijû qui, même s’ils sont de plus en plus présents, se sont toujours faits discrets. Pourtant, ces monstres gigantesques ne se limitent pas uniquement à provoquer la destruction autour d’eux. Ils peuvent aussi être un excellent moyen de traiter de sujets spécifiques, et même inattendus comme c’est le cas pour le manga dont on va parler aujourd’hui. Vous l’aurez compris, on va aborder le premier volume de Kaijû Girl Carameliser qui est sorti récemment du côté de chez Ototo. Dès son annonce, le pitch de base avait su attirer notre intérêt étant donné que l’on partait dans une direction assez surprenante. Croisement entre le récit de monstre et la romance, on s’est lancé dans cette aventure avec beaucoup d’attentes. On a alors pu découvrir une histoire qui, derrière son contexte barré, arrive à présenter des problématiques bien réelles. On est alors emporté par le quotidien de cette demoiselle en proie à de terribles inquiétudes. L’heure est venue de l’accompagner dans son existence où chaque journée peut devenir un véritable enfer.
Quand les émotions deviennent un problème
Kaijû Girl Carameliser, imaginée par Spica Aoki, nous fait suivre l’existence de Kuroe. Cette jeune fille souffre depuis sa plus tendre enfance d’une maladie transformant les parties de son corps dès lors qu’elle subit une émotion un peu trop forte. Aucun médecin n’a pu trouver la cause de ce phénomène et elle a dû apprendre à cacher ce problème aux yeux des autres. En effet, elle comprit très vite que les gens n’étaient pas prêts à l’accepter le jour où elle a connu son premier amour en maternelle. Une romance d’enfant, mais qui fut suffisante pour provoquer une métamorphose qui terrorisa celui qui faisait battre son cœur. Les années passèrent et Kuroe n’a eu de cesse de se battre constamment contre cette part d’elle-même. Pour ça, elle fit de son mieux pour rester éloignée des autres élèves même si cela n’a fait qu’accentuer les moqueries à son égard. Surnommée “la psychopathe”, elle endure ce calvaire en préférant subir ça plutôt que d’être traitée de monstre par les autres. La seule personne qui connaît ses souffrances n’est autre que sa mère qui veille attentivement sur elle et fait de son mieux pour qu’elle ait toujours un endroit chaleureux où rentrer. Si ce quotidien est déjà compliqué pour cette demoiselle, celui-ci ne va pas s’arranger le jour où Arata Minami s’intéresse à elle. Ce garçon n’est autre que la coqueluche de l’école et est dans le viseur de toutes les autres filles.
Pour Kuroe, cela semble invraisemblable que la star du bahut puisse vouloir passer du temps avec elle. Pourtant, ce dernier ne cesse d’aller à sa rencontre et semble bien loin de l’image que l’on idéalise de lui. Pour cette jeune recluse, tant d’attention ne peut conduire inéluctablement qu’à plus de douleurs si jamais elle venait à avoir des sentiments à son égard. Malheureusement, impossible de réfréner de telles émotions et cette fois, il ne s’agit pas uniquement d’une partie de son corps qui se transforme. Elle devient un véritable Kaijû, un monstre gigantesque que tout le monde pensait n’être qu’une création imaginaire. Son existence montre que ces créatures existent et si la population apprend que derrière cette apparence se cache une jeune fille, elle sait que sa vie sera foutue. Ainsi va débuter un terrible calvaire pour cette adolescente qui doit à tout prix éviter que le pire arrive et qu’elle se retrouve sous le feu des projecteurs. Une tâche ardue surtout quand la principale source de cette métamorphose est son voisin de classe. Mais peut-être que cela est une chance pour Kuroe de devoir faire face à ce qui sommeille au plus profond d’elle. Alors que tout le monde ne la voit que comme une fille peu fréquentable et asociale, ils seraient encore plus en panique en sachant la vérité. Mais est-ce que parmi tous ces individus se trouve au moins une personne capable de voir au-delà des apparences ? C’est le début d’une nouvelle vie pour cette lycéenne qui aimerait que son monde grisonnant se teinte d’un peu de rose.
En lisant ce synopsis, on peut se questionner sur la pertinence de Kaijû Girl Carameliser à travers l’utilisation de cet élément si fantastique dans une approche plus ancrée dans une tranche de vie. Pourtant, plus on avance dans cette histoire et plus on se rend compte que tout ça se combine à merveille pour proposer un premier acte fort prometteur. Une introduction où l’on est au contact du mal-être de cette jeune fille qui veut se faire discrète et qui pourtant rêverait de pouvoir enfin trouver sa place dans ce monde. Une lecture qui nous montre que le plus terrible n’est pas tant le monstre que l’on voit que celui qui se cache dans le cœur de certains.
Un Kaijû peut cacher bien d’autres choses
Il est vrai que quand on se lance dans Kaijû Girl Carameliser, on peut se demander comment la mangaka peut réussir à combiner deux éléments qui nous semblent pourtant si différents. Après tout, les monstres géants que sont les Kaijû sont souvent le signe de destruction à grande échelle et peuvent être utilisés autant comme base d’un récit d’action qu’une volonté de traiter de sujets comme l’écologie ou le nucléaire. Pourtant, ce premier volume a su nous offrir un vent de fraîcheur autour de cet élément en y incorporant une approche plus humaine et basculant dans la tranche de vie. En suivant cette jeune fille, on n’est pas forcément propulsé dans des transformations complètes à chaque tome. Bien au contraire, sa métamorphose totale ne se limite qu’à quelques passages de l’histoire et l’on est bien plus concentré sur ce quotidien qu’elle nous partage. Ainsi, on va avoir un rapport très spécifique avec cette demoiselle qui est tiraillée entre son envie de cacher son secret et son désir d’enfin avoir une vie normale. Même si elle semble s’être résolue à rester loin de ses camarades de classe, elle finit par être rattrapée par ces interactions humaines à travers ce cher Arata. On bascule alors dans une romance à la fois adorable et pertinente dans ce qu’elle raconte. En effet, on fond en voyant les échanges qu’ont ces deux protagonistes même si Kuroe cherche à tout prix à éviter cela.
Plus qu’une envie de les unir, le manga veut nous montrer qu’à l’image de notre héroïne, ce beau gosse est loin de coller à l’image qu’on lui donne. Tout le récit va s’axer justement sur cette volonté de ne pas juger quelqu’un sans savoir qui il est réellement au fond de lui. D’un côté, on a Kuroe, une adolescente qui ne cherche pas de son plein gré à s’éloigner des autres. C’est à cause de sa maladie qu’elle préfère rester discrète et cela amène malheureusement son entourage à la considérer comme une paria. De l’autre, on a Arata qui est apprécié de tous et où toutes les filles veulent se rapprocher de lui. Pourtant, il n’a que faire de tout ça. Il a des considérations beaucoup plus simples et banales que de chercher à attirer l’attention. Si leur relation fonctionne aussi bien, c’est parce qu’ils sont finalement très similaires. Ils font en sorte d’enfouir la personne qu’ils sont réellement aux yeux des autres. Ainsi, ce premier volume est remarquable dans ce qu’il parvient à nous transmettre en matière de réflexions sur un sujet grave et de société. En plus de parler brillamment de cette période où l’on se questionne constamment sur ce que l’on ressent à travers le prisme de ces transformations, cette série veut aussi nous montrer des gens qui veulent lutter face aux préjugés. Plus on progresse dans le récit et plus on découvre des personnalités fortes et uniques qui ne demandent qu’à s’exprimer. On veut nous montrer qu’il ne faut pas s’enfermer dans une case que les autres ont érigée pour nous. C’est le véritable combat que nous démontre Kuroe qui cherche juste à ce que l’on puisse l’accepter malgré ce mal qui sommeille en elle.
Kaijû Girl Carameliser sera parvenue à utiliser au mieux son idée pour lancer son histoire. Ainsi, on est profondément touché par la manière dont l’histoire va s’axer sur le ressenti constant de notre héroïne par rapport à son environnement. Si la question de l’amour est fortement traitée, cela ne signifie pas qu’il s’agit de la seule émotion traitée. Au contraire, le spectre est large et permet de s’imprégner pleinement de ce quotidien souvent compliqué pour cette étudiante qui s’est enfermée dans un cocon pour éviter d’avoir à dévoiler son secret. Une métaphore bien trouvée pour présenter cette crainte des autres et la peur de se présenter comme on est.
Kaijû Girl Carameliser nous fait fondre
On était très curieux de voir comment Kaijû Girl Carameliser allait utiliser l’aspect fantastique du Kaijû dans un contexte beaucoup plus axé sur la romance et la tranche de vie. Finalement, on a été bluffé par l’ingéniosité dont fait preuve l’autrice pour utiliser cet outil. Un levier scénaristique qui peut sembler étrange au premier abord, mais qui trouve tout son sens dès lors que l’on s’attarde sur l’écriture de Kuroe. Dans cette introduction, on ne nous souhaite pas s’attarder sur la transformation totale de cette adolescente. Au contraire, on se sert de cette maladie pour mettre en lumière ces instants où cette lycéenne se retrouve en proie à de terribles émotions. D’ailleurs, il ne s’agit pas uniquement de sentiments provenant d’une attirance pour l’autre. Cela peut autant avoir lieu quand la tristesse, la peur ou la colère s’emparent de notre héroïne. C’est là que l’on comprend toute la force de ce manga. Quand on pose les yeux sur cette étudiante, on voit une jeune fille qui fait tout son possible pour ne rien ressentir. Son éloignement des autres s’accompagne d’une volonté de ne plus rien exprimer sur ce qu’elle a au fond de son cœur. Quand on comprend ça, on ne peut s’empêcher d’avoir énormément d’empathie pour elle. Une adolescente qui est dans une période de la vie où les émotions sont constamment bousculées et qui doit pourtant faire comme si elle n’était qu’une coquille vide. Cela nous pousse à avoir envie de la voir extérioriser ce qu’elle ressent vraiment. Peu importe les transformations qui en découlent, on est emporté par ce désir qu’elle puisse enfin profiter de cette existence qui l’effraie depuis tant d’années.
On est donc face à une œuvre qui se montre bien plus complexe qu’on pourrait le croire tout en offrant un divertissement efficace. En effet, on apprécie aussi simplement de voir l’alchimie qui se dégage entre les divers personnages qui vont être mis sur le devant de la scène. On se rend d’ailleurs compte que Kaijû Girl Carameliser met avant tout à l’honneur des marginaux qui vont à l’encontre de leur image pour être des personnes aux personnalités parfois loufoques et attachantes. C’est donc un coup de cœur que l’on a eu pour cette histoire qui ne fait que commencer et qui pourtant part sur de très bonnes bases. Une forme de comédie romantique où le surnaturel vient appuyer des propos plus que sérieux sur la société et aussi le milieu scolaire qui peut se montrer souvent impitoyable. Une saga qui pourra plaire à ceux voulant une histoire qui sorte de l’ordinaire et qui arrive à proposer des protagonistes aussi attachants que fascinants. Évidemment, on a plusieurs questions qui nous trottent dans la tête suite à ce premier acte. Est-ce qu’il est possible pour Kuroe de mettre un terme à ses transformations ? Peut-elle apprendre à vivre avec ? Va-t-elle enfin accepter les émotions qui l’envahissent dès lors qu’elle est en compagnie de son camarade de classe ? Les gens finiront-ils par découvrir son secret ? Finira-t-elle par devenir un rat de laboratoire dans ce cas ? Il nous tarde déjà de voir ce que peut donner la suite de la licence.
N’hésitez pas à nous partager dans les commentaires votre ressenti ainsi que votre avis concernant ce premier volume de Kaijû Girl Carameliser. Trouvez-vous que l’utilisation du Kaijû est bien trouvée pour nous amener à réfléchir sur ces émotions qui envahissent notre héroïne ? Avez-vous été touché par les propos tenus tout au long de cette lecture concernant l’acceptation des autres ? Est-ce que vous trouvez que l’aspect surnaturel du récit sublime le message véhiculé ? Etes-vous intrigué de voir comment notre protagoniste va réussir à s’acclimater à sa condition ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.