Valse des nouveautés – spécial Nazca
Récemment, on a pu découvrir trois nouvelles licences qui font leur apparition dans le catalogue d’un éditeur. L’occasion de vous proposer un nouveau numéro de la “Valse des nouveautés » qui est dédié donc aujourd’hui à Nazca. En effet, chez cette maison d’édition qu’un trio de titres a fait ses débuts. On s’est donc dit qu’il serait intéressant de voir ce que toutes ces œuvres pouvaient nous transmettre à travers ces quelques lignes. Au programme de cette chronique, on va aborder le one shot Funeral Concerto et les premiers volumes de Black Fist et Mon père est la reine des Vtubeuses. On se tient devant trois lectures bien différentes et qui justement vont briller par l’expérience qu’elle nous propose. Entre humour, action et émotions, il y a largement de quoi faire avec ces aventures qui cachent bien leur jeu. Derrière leurs couvertures et leur synopsis se trouvent des histoires qui peuvent nous marquer profondément ou tout simplement nous délivrer un divertissement de qualité. On peut en tout cas dire que l’on a le droit à une belle pioche ici de la part de l’éditeur. L’heure est donc venue de voir ce que ces trois virées nous réservent.
Funeral Concerto
Funeral Concerto, imaginée par Rimui Yumin, nous conte l’histoire de Lin Chu-sheng. Cette jeune femme a décidé de tout plaquer dans l’espoir fou de réaliser ses rêves. Ainsi, elle a quitté ses études sans même avoir prévenu ses parents et a même fini par quitter le domicile familial. S’il y a une volonté aussi de sa part de se rebeller contre sa mère et son père qui n’ont eu de cesse de vouloir contrôler sa vie, son souhait le plus précieux serait enfin de suivre ce que lui dicte son cœur. Mais pour espérer s’en sortir, elle est obligée de trouver un travail afin de subvenir à ses besoins. C’est alors qu’elle finit par travailler pour un directeur de pompes funèbres. Un métier qu’elle ne s’attendait pas un jour à effectuer et surtout qu’elle est très loin de connaître. A ses yeux, cela se contente simplement de l’accueil de la famille et de les accompagner durant la cérémonie. Elle est loin d’imaginer à quel point ce travail peut être éprouvant et doit surtout être l’occasion de traiter les morts avec respect pour les amener à faire leur dernier au revoir. Elle n’imagine pas un seul instant que cette expérience va lui faire changer sa vision de la vie, mais aussi de sa propre existence. C’est en étant entouré par les morts qu’elle va prendre conscience de sa chance d’être vivante et de pouvoir faire ce qu’ils ne peuvent plus faire. Mais il est aussi possible qu’elle amène ce qui manque tant à cette petite entreprise où chacun préfère éviter d’impliquer leurs émotions dans leur boulot. Ce nouveau mode de vie va aussi permettre à Lin d’entrer en contact avec la détresse des gens et de voir qu’il existe bien des manières de faire face à la disparition d’un proche. Le récit d’une jeune femme qui va peut-être trouver sa propre voie en s’occupant de toutes ces vies qui s’éteignent tristement.
Ce one shot a été, disons le tout de suite, un énorme coup de cœur pour tout ce qu’il nous raconte. Le fait déjà de se retrouver dans le milieu des pompes funèbres est inédit et va amener de très nombreux sujets sur la table. En plus d’apprendre comment se passe un tel travail, c’est aussi un terrain propice pour parler de thèmes forts autour de la mort, mais aussi de la vie. En prenant pour personnage central une jeune femme en quête de ce qu’elle souhaite faire plus tard, la mangaka oppose l’aspect pesant de ce métier à une demoiselle qui cherche à se tourner vers l’avenir. Il y a constamment cette confrontation qui se joue entre les vivants et ceux qui ont disparu. Ainsi, on va aller de cas en cas et voir diverses manières d’aborder la question du deuil autant pour la famille et les proches que pour cette étudiante qui n’a pas forcément conscience de tout ce que cela entraîne. A travers cette œuvre, on veut nous montrer que le travail de ces gens est de traiter, avec respect, les derniers instants de ces morts auprès de ceux qui restent. Bien sûr, cette lecture peut se montrer éprouvante au vu du contexte choisi, mais il est aussi important de voir ce qu’il y a au-delà. On nous met face à des situations difficiles moralement pour justement montrer ce quotidien qui est celui de ces gens, mais aussi nous transmettre toutes ces émotions qui accompagnent la fin d’une vie. La peur, le refus, le désespoir ou même l’indifférence sont autant de visages que l’on nous montre au sein de ces pages et qui apportent encore plus à cette sincérité dont fait preuve l’ouvrage. L’autrice réussit à nous raconter tout ce qu’elle souhaite avec une justesse remarquable et à nous montrer l’importance de se souvenir de ceux qui ne sont plus là, mais aussi de continuer à vivre pour eux. Face à Funeral Concerto, on se remémore que la vie peut être bien courte et qu’il faut se donner à fond pour ne rien regretter et réaliser ses rêves.
Black Fist T1 & 2
Black Fist, imaginé par Han Yan, nous emmène dans un lieu fictif où l’on fait la connaissance du jeune Wu Di. Ce dernier s’avère être un apprenti en arts martiaux qui est malheureusement très loin d’être au niveau des autres disciples. En effet, alors que tout le monde réussit à dompter l’énergie qui sommeille au plus profond d’eux, ce garçon n’y arrive pas. C’est comme s’il était bloqué dans cette étape pourtant cruciale de son apprentissage. De ce fait, il est traité par quasiment tout le monde comme un moins-que-rien qui ferait mieux d’abandonner plutôt que de rester auprès des vrais guerriers. Malgré toutes ces médisances à son égard, Wu Di refuse d’abandonner son rêve et s’il n’est pas un génie de naissance, il compense ça par les efforts acharnés qu’il fait. Mais sa vie va changer du jour au lendemain lorsqu’il va entrer en contact avec un artefact inconnu. Dès cet instant, on lui offre l’occasion de devenir l’élève d’un maître hors du commun qui peut lui donner la solution pour arranger son problème. A ses mots, le jeune combattant se dit que c’est la chance de sa vie de montrer enfin à tous de quoi il est capable. Mais pour Wu Di, ce changement drastique de son mode de vie n’implique pas uniquement la reconnaissance de ses pairs. Après tout, cela ne peut qu’attirer la curiosité malsaine de certains qui se demandent bien comment un raté comme lui a pu, du jour au lendemain, réussir à faire ce qu’il était incapable de réaliser. Pourtant, il a beau devoir faire face à bon nombre d’obstacles, cet apprenti est bien décidé à montrer par ses actes qu’il n’est plus l’individu que tout le monde considérait comme un échec. Ainsi s’apprête à voir le jour la légende du raté qui allait montrer au monde entier de quoi il est réellement capable. Des efforts peuvent amener le plus simple des hommes à gravir des sommets.
On change totalement de registre ici par rapport à l’œuvre précédente. Black Fist est un pur récit d’action et d’aventure sur fond d’arts martiaux et de techniques ancestrales. De ce fait, on peut se dire que le récit part sur des codes bien classiques avec notamment cette figure du héros qui échoue pour finalement revenir et surpasser chaque épreuve qui se dresse devant lui. Pourtant, classicisme ne rime pas forcément avec ennui, car c’est justement la manière dont l’auteur s’approprie cette formule qui peut rendre une histoire fort plaisante. Dans le cas de cette licence, il y a un pur plaisir qui se dégage à suivre les aventures de Wu Di. Que ce soit dans le trait ou bien l’écriture des personnages, le mangaka a su créer une atmosphère à la fois amusante et épique. Ainsi, on se laisse facilement prendre au jeu de ce que l’on nous présente et cette aventure, pouvant sembler banale à première vue, devient un spectacle que l’on savoure pleinement. En plus de ça, on nous dépeint tout de même un univers avec énormément de potentiel et qui peut nous réserver quelques belles surprises sur les quelques tomes restants. Mais c’est justement le fait que l’artiste ait su insuffler une telle richesse dans ce monde qui fait que l’on est intéressé par ce qu’il peut nous réserver. On sent même certaines inspirations parmi des grands noms du genre et qui collent très bien à cette toile de fond qui ne cherche pas à être la plus ambitieuse, mais simplement à faire voyager le spectateur le temps de sa lecture. Le pari est pleinement réussi et on a même le droit à des combats bien orchestrés qui laissent exprimer tout le talent de ce jeune héros qui nous montre que les efforts finissent toujours par payer. Des premiers pas prometteurs pour une épopée qui peut plaire au plus grand nombre.
Mon père est la reine des Vtubeuses T1
Mon père est la reine des Vtubeuses, imaginé par Wataru Akashingô, nous fait suivre le quotidien du jeune Takashi. Ce lycéen tout à fait ordinaire s’avère être un des plus grands fans de Yai Kizuke, celle que l’on surnomme la reine des Vtubeuses. En dehors de ça, il est aussi très heureux au sein de sa famille avec une mère attentionnée et un père qu’il respecte énormément. Malheureusement, cette quiétude qu’il aime tant va voler en éclats le jour où il découvre que ce dernier, censé être un employé de bureau, est en réalité la très célèbre Vtubeuse Yai Kizuke. Cette idole qu’il aimait tant se trouvait en réalité à seulement quelques mètres de lui depuis tout ce temps. Le choc est terrible pour l’adolescent qui n’arrive pas à comprendre comment celui-ci peut être derrière un avatar aussi mignon. Ses rêves et ses espoirs à l’égard de la personne ayant donné vie à Yai s’écroulent et il doit maintenant accepter cette vérité. Mais la surprise ne s’arrête pas là pour cet étudiant qui pensait déjà avoir touché le fond. En fait, il découvre peu de temps après que sa mère aussi fait des vidéos sur la même plateforme. Malheureusement, elle ne rencontre pas le succès qu’elle espère au vu de son caractère bien trempé qui fait que les gens pensent qu’elle est un garçon derrière cet avatar. Pour Takashi, c’est une nouvelle vie qui débute entre deux parents qui passent leur temps à jouer les Vtubeuses et qui ignorent totalement ce que fait l’autre. Il va devoir faire la jonction entre ses deux parents afin de satisfaire les exigences de son père et d’apprendre à sa mère la recette du succès. Un véritable enfer pour le jeune homme qui voulait juste conserver ses rêves innocents à l’égard de Yai Kizuke. Mais le cauchemar est loin d’être fini pour lui, car maintenant le voilà embarqué dans le monde parfois farfelu de ces idoles qui peuvent dissimuler un visage surprenant.
Alors au départ, Mon père est la reine des Vtubeuses était sûrement le titre qui nous attirait le moins notamment par rapport à notre méconnaissance du genre même si l’on voit de plus en plus de ces avatars. Pourtant, la surprise fut de taille, car on a tellement rigolé à la lecture de ce premier tome. Il n’y a pas un seul temps mort qui nous est proposé tant on enchaîne les situations absurdes, désopilantes et les surprises en tout genre. Rien que le fait d’avoir pris pour personnage central cet adolescent qui découvre le secret de ses deux parents est savoureux. En effet, il y a cette volonté de briser un peu le code des parents qui sont coincés dans une case souvent très sérieuse. Ici, c’est tout le contraire qui se passe en nous faisant croire qu’ils sont des parents ordinaires et qui sont en réalité des passionnés voulant apporter quelque chose à travers leurs lives et vidéos. De plus, il ne faut pas prendre cette série pour un simple gag manga qui est là pour nous amuser. C’est l’élément principal de la saga et qui va permettre ensuite d’aborder des sujets fascinants. On veut nous montrer qu’il ne faut justement pas se fier aux apparences. En nous présentant ce père et cette mère comme conforme à certains stéréotypes de la bonne famille, on vient tout bouleverser en nous présentant la vérité. D’un côté on a cet homme qui arrive à séduire des tas de personnes par la sensibilité qu’il exprime et de l’autre une femme qui agit de manière brutale et souvent sanguine venant appuyer le fait que les gens ne pensent pas qu’elle soit une demoiselle. On a tout simplement une formidable bouffée d’air frais avec cette lecture. Une expérience originale étant donné qu’elle met à l’honneur le monde des Vtubeuses et qui a le don de nous faire rire et sourire au fil des déboires de cet étudiant.