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Décryptage de scènes cultes : to Zanarkand

Il est grand temps de replonger un peu dans nos souvenirs afin d’évoquer de nouvelles scènes cultes et de les décrypter. Pour aujourd’hui, on va rester sur Final Fantasy X qui est un épisode ayant eu énormément de moments forts pour les joueurs. Cependant, ce qui est assez remarquable avec ce titre, c’est qu’il va retenir l’attention dès sa scène d’introduction qui est notre sujet du jour. Cela peut paraître étrange étant donné que cet instant est assez particulier pour le joueur. Après tout, nous ne connaissons même pas encore le contexte de l’histoire que l’on va suivre et pourtant on ne peut détacher le regard de ces premières minutes. Si on a baptisé cette chronique “to Zanarkand”, c’est autant par rapport au décor où se passe cette scène que cette musique emblématique qui va s’insinuer à jamais dans nos oreilles et notre esprit. A travers ces quelques lignes, j’espère pouvoir vous faire comprendre la raison, selon moi, qui fait que ces premiers pas sont aussi marquants dans la franchise de Square Enix. L’heure est donc venue de se poser une nouvelle fois et de se laisser envoûter par ces plans et ces notes.

Une introduction pas comme les autres

La première chose qui nous frappe quand on découvre pour la première fois cette introduction, c’est l’incompréhension que l’on voit naître en nous. En effet, on nous présente un lieu dont on ignore tout et surtout des personnages qui ne nous ont même pas encore été présentés. On pose les yeux sur cette épée, ce bâton et cette étrange balle qui sont plantés comme un signe de fin ou même de disparition en étant interloqués par tout ça. Il faut alors quelques secondes pour comprendre que ce que l’on voit a lieu bien plus tard dans l’aventure que l’on s’apprête à vivre. Une proposition inédite dans la saga étant donné que l’on a toujours eu le droit à des introductions qui nous plongent rapidement dans l’action ou dans le contexte de l’histoire. Final Fantasy X prend un chemin bien différent en voulant nous montrer un passage bien précis qui n’arrivera quasiment que dans la dernière partie du jeu. Mais alors, pourquoi faire ça étant donné que cela peut engendrer plus de confusion pour le joueur ? La raison est à la fois simple et complexe quand on s’attarde sur ce que l’on nous montre. Sans même connaître le nom des protagonistes, on arrive à ressentir le poids de ce qu’ils ont vécu jusqu’ici. En les voyant tous assis devant ce feu de camp, la mine un peu sombre, on se dit qu’il y a quelque chose de lourd dans l’air. Avant même d’avoir vécu nous-même ce qu’ils ont pu connaître, on nous partage déjà ce fardeau qui est le leur. Mais ce qui va être encore plus flagrant, c’est ce paysage en ruine qui entoure ce groupe. Un lieu qui semble totalement dénué de vie tout en paraissant imposant. Les vestiges d’une cité dont on ne comprendra le sens et la symbolique que bien plus tard dans le jeu. 

Pourtant, sans même avoir de contexte, ce décor arrive à retenir notre attention. On pose les yeux sur cet horizon silencieux, à la fois teinté de tristesse et d’une certaine chaleur, tout en contemplant ces étranges lueurs qui flottent dans le ciel. Une fois encore, l’ignorance nous fait passer à côté de ce qu’elles sont, mais malgré tout, on arrive à comprendre qu’elles revêtent une importance capitale et surtout une forme d’émotions. Tout cela va contribuer à l’atmosphère très mélancolique, et même tragique propre à ce moment. Dans un sens, on arrive à cerner toute la portée émotionnelle de cette scène sans avoir la moindre information ni contexte pour bien comprendre ce qui se passe. Une preuve que l’on peut réussir à transmettre énormément de choses sans même savoir réellement ce qui se passe. Le silence qui accompagne cette équipe est plus bavard que le plus long des monologues et capte cette sorte de fatigue, mais aussi de questionnement qui naît en chacun de ses membres. On comprend alors que l’on est face à un tournant majeur dans le périple de ces personnages qui s’apprêtent à entamer leur avancée vers un futur qui leur est incertain. C’est alors que l’on contemple ce rassemblement que l’on va voir ce jeune blondinet que l’on connaît par la suite sous le nom de Tidus qui se lève. Toujours dans le plus grand des calmes, il s’éloigne en s’arrêtant quelques instants pour poser la main sur l’épaule de cette demoiselle que l’on connaîtra ensuite comme étant Yuna. Un bref instant, mais qui est porteur de beaucoup d’informations au vu de cette tendresse apparente dans le geste et la réaction de cette jeune femme. Un geste que l’on abordera un peu plus tard dans cette chronique. Finalement, Tidus monte sur un petit monticule, contemple les vestiges de cette ville, et va nous délivrer seulement deux phrases qui vont résonner en nous. “Ecoutez mon histoire. C’est peut-être notre dernière chance.” Voilà quelques mots qui vont être lourds de sens pour le joueur ainsi que pour ces héros.

FFX - Zanarkand

Une émotion difficile à cerner

A présent que l’on s’est attardé sur ce qui se passait durant cette introduction, il est temps de décrypter en détail en quoi ce moment est si emblématique de cet épisode et de la franchise. Comme j’ai pu le dire un peu plus haut, ce fut la première fois dans la série qu’un opus nous mettait en contact avec son univers avec une scène se passant bien après le début. Un moment important dans le récit et qui va finalement servir habilement de point de départ à cette épopée. Pour cela, il est tout d’abord important de s’attarder sur les paroles de Tidus qui sont sûrement l’élément le plus central de ce court passage. En parlant d’écouter son histoire, il s’adresse directement au joueur et non à d’autres personnes au vu du contexte dans lequel il le dit. On casse ici le quatrième mur afin que le héros s’adresse directement à nous pour nous mettre en garde sur ce qu’il s’apprête à vivre. Ainsi, on est tout de suite interpellé par ce moment qui sonne comme des dernières paroles de ce long et périlleux voyage qu’ils ont pu vivre. Sans oublier qu’il dit bien que c’est son histoire et il y a donc une appropriation du récit qui met Tidus sur le devant de la scène avant même que l’on connaisse son nom. Notre attention se focalise donc sur lui, mais aussi sur ce qu’il s’apprête à nous raconter. Cette scène prend donc encore plus de sens étant donné qu’elle se présente comme une parenthèse dans cette aventure afin que ce jeune homme puisse s’introduire comme narrateur de cette histoire. Ce n’est pas pour rien que par la suite, on va l’entendre fréquemment faire des observations sur ce qu’il se passe. En réalité, on peut même dire que tout ce que l’on va vivre entre le début de l’aventure et le moment où l’on va renouer avec cette introduction n’est qu’un immense flash-back présenté par Tidus.

Tout repose donc sur les souvenirs de ce garçon et de ses comparses afin de laisser une trace de ce qu’ils ont pu vivre en se servant du joueur comme le témoin de leurs actions. De même, le fait qu’il dise que c’est peut-être leur dernière chance apporte encore plus de poids à ses propos. Cela laisse sous-entendre que la suite de leur périple pourrait bien les empêcher de témoigner. En seulement deux phrases, ce protagoniste nous fait prendre conscience des enjeux qui vont avoir lieu et surtout du danger constant qui entoure ce groupe. Un écho de cette aura sinistre qui entoure ce monde dont toute la société est forgée sur la mort et le péché. Cela est encore plus impactant avec la composition de Nobuo Uematsu “To Zanarkand” qui se veut justement mélancolique et chargée d’émotions. Il suffit d’entendre quelques notes pour que l’on puisse ressentir toute la peine de ce moment, de cet endroit et de ces personnages, mais aussi ce petit instant d’accalmie qui va servir à ce champion de blitzball de nous partager son histoire. Quand je parle en titre de partie d’une émotion difficile à cerner, c’est justement parce que l’on sent notre cœur tressaillir sans même connaître la moindre chose de ce qui nous attend. Un exploit de la part du studio et de tous ces artistes d’avoir su créer un moment qui va parfaitement cerner l’aspect dramatique du jeu, sa portée philosophique et émotionnelle ainsi que cet envoûtement propre à ce monde qui est à la fois beau et tragique. D’ailleurs, plusieurs éléments dans cette scène vont fortement marquer le regard du spectateur que l’on est. On a parlé précédemment de cette sorte d’autel fait avec l’épée caractéristique de Tidus, le sceptre de Yuna et le ballon de Blitzball. Une symbolique très forte qui sonne comme une forme d’enterrement à tout ce qui fut du passé pour finalement se tourner vers un nouveau futur. De même, le simple fait que Tidus pose la main sur l’épaule de Yuna et cette réaction de cette dernière qui se veut à la fois réconfortante et touchante montre ce lien qui s’est formé entre eux au fil de leurs péripéties. Une scène qui ne dure à peine plus de deux minutes et qui pourtant apporte tellement au joueur qui s’apprête à vivre une épopée légendaire. 

Zanarkand, le début et la fin du voyage

Avec Final Fantasy X, la franchise a su proposer un épisode riche en émotions et surtout en moment fort. Cependant, il s’agit aussi d’un opus qui a su nous transmettre énormément d’informations, de ressenti et de tristesse sans même avoir besoin d’exprimer le moindre mot. Cette introduction en est un parfait exemple et si l’on reconnaît à ce passage une composition incroyable, l’ensemble de cette scène est fantastique à décortiquer. C’est encore plus vrai quand on passe de cette atmosphère à la fois posée, d’une certaine façon triste et porteuse de nombreux messages à un Tidus imbu de lui-même qui fait une démonstration de ses talents dans une Zanarkand encore intact. Un contraste qui peut sembler étrange, mais qui représente aussi l’évolution du personnage en seulement quelques plans. Le jeune homme agaçant du début d’aventure va se transformer en ce gardien qui ne va pas hésiter une seconde à faire trembler les fondements de ce monde pour protéger celle qu’il aime. Nous sommes face à un moment dont on ignore totalement toute l’importance et les enjeux qui en découlent, mais où l’on comprend que cela symbolise un tournant majeur dans la vie de ces personnages. Réussir à transmettre ça sans dévoiler le moindre indice sur ce qu’il va se passer tout en y insufflant ce qu’il faut de sentiments montre tout le talent d’écriture du studio. Un parti-pris qui fonctionne à merveille et qui va avoir encore plus d’impact une fois que l’on a vécu tout ce qu’il s’est passé entre le début du pèlerinage de Yuna et ce passage. De plus, cette scène d’exposition va aussi nous faire comprendre quelque chose de crucial.

Là où l’on avait l’habitude d’avoir un jeu qui mise sur le groupe et leur combat en commun, ici cela change à un certain point. Tidus est un inconnu à la base au sein d’un groupe qui a déjà son objectif et qui est conscient de la finalité de leur voyage. S’il dit que c’est son histoire, c’est justement parce que c’est lui qui découvre tout ce qui se passe à Spira en tant que nouveau venu et qui va changer la mentalité des autres ainsi que les guider vers un autre chemin. Cette introduction prend alors encore plus de sens une fois que l’on a fini cette épopée et que l’on connaît le destin de Tidus. Si les autres personnages ne sont pas en reste et apportent tous leur pierre à l’édifice, il est celui qui va être à la fois l’élément central et perturbateur de cette escapade. Même Yuna, qui a un rôle considérable à jouer, fait partie des gens qui vont changer au contact de cet homme. Dans un sens, cette utilisation de la narration prenant place plus loin dans le récit pour finalement revenir dans le passé est une formule que l’on peut souvent voir dans d’autres médiums. Mais ici, ce fut une nouveauté pour la franchise et qui a parfaitement su s’approprier ce schéma pour donner vie à une scène d’anthologie qui arrive à nous émouvoir d’entrée de jeu et qui ne dévoile tous ses secrets qu’au fil de notre progression. J’espère en tout cas que cette chronique vous aura plu et qu’elle vous aura fait voir cette scène culte d’un autre œil. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous avez pu ressentir au visionnage de ce moment ainsi qu’à me suggérer d’autres moments mythiques à décrypter !

Zanarkand - Tidus

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