Exorcist

La valse des nouveautés – spécial Meian

Il n’y a pas à dire, le marché du manga ne s’arrête jamais de bouger et de s’enrichir. Chaque semaine nous délivre ainsi un flot constant de nouveautés que j’ai toujours hâte de découvrir. Et malheureusement, il est parfois compliqué de pouvoir parler de chaque œuvre de manière complète. Voilà pourquoi il y a “La valse des nouveautés” où je peux vous parler de manière concise de toutes les séries inédites récentes d’une maison d’édition. Pour aujourd’hui, je me suis donc penché du côté de Meian qui a su nous délivrer, en une seule semaine, pas moins de trois nouvelles licences. J’étais très curieux de voir ce que pourrait donner ces dernières que sont Apparently, Disillusioned Adventurers Will Save the World, My Wife Has No Emotion et The Reincarnation of the Strongest Exorcist in Another World. Ce qui est encore plus fantastique, c’est que pour chacune d’elles, ce sont deux tomes qui sont sortis simultanément. De quoi bien s’imprégner de ces histoires et surtout déceler toutes les forces derrière. On est donc parti pour un périple en trois escales où chaque arrêt a quelque chose à nous raconter.

Apparently, Disillusioned Adventurers Will Save the World T1 & 2

Apparently, Disillusioned Adventurers Will Save the World, dessiné par Masaki Kawakami d’après l’œuvre de Shinta Fuji, nous fait suivre l’histoire de Nick. Ce jeune spadassin fait partie d’un groupe d’aventuriers s’étant hissé jusqu’au rang C. Une belle prestation qui permet à celui-ci d’avoir des missions amenant de très belles récompenses. S’occupant de tout ce qui touche à la trésorerie, il se présente comme un membre assez important au sein de l’équipe. Cependant, tout bascule le jour où Algus, le leader et l’homme ayant pris Nick sous son aile depuis tout petit, décide de le chasser de la troupe. Un coup dur pour son protégé qui perd absolument toute confiance en l’humanité. En plus de ça, il se retrouve rapidement à court d’argent et doit donc repartir en mission pour renflouer les caisses. Malheureusement, il est nécessaire de constituer un groupe pour parvenir à surmonter les diverses épreuves que les aventuriers rencontrent lors de leurs expéditions. Mais l’idée d’être à nouveau trahi par quelqu’un l’empêche de prendre contact avec les autres personnes présentes dans la guilde. Fatigué de tout ça, il décide de noyer son désespoir dans une bière et se retrouve malgré lui à la table d’une noble déchue, d’un prêtre défroqué et d’une guerrière-dragonne. Aucun mot n’est prononcé entre ces quatre individus qui semblent tous broyés du noir. Ce n’est finalement poussé que par un accès de rage qu’ils vont chacun déclarer leur haine à l’égard de l’humanité. Des propos qui vont amener la surprise de chacun. Rick ne s’attendait pas à trouver trois personnes partageant sa vision du monde. Peut-être est-ce l’occasion parfaite pour repartir sur de nouvelles bases et surtout prendre leur revanche sur cette vie qui ne leur a pas fait de cadeaux.

Le premier titre que j’aborde aura été une très belle surprise dans un genre que l’on peut penser avoir déjà vu en long en large et en travers. Apparently, Disillusioned Adventurers Will Save the World est une œuvre qui brille par le traitement apporté à ses quatre protagonistes. Ce sont eux qui vont former l’épine dorsale de cette histoire et nous captiver par la manière dont ils observent le monde. On fait face ici à des aventuriers ayant été brisés par les autres et qui n’ont plus du tout foi en l’Humanité. Un postulat de base qui peut sembler assez commun actuellement, mais il est très rare d’avoir tout un groupe qui se forme autour de ce même trauma. Cela donne lieu à des interactions captivantes entre tous ces membres qui ont besoin d’argent pour vivre, mais qui ne peuvent accepter l’idée de redonner leur confiance à d’autres compagnons. C’est pour ça que le groupe qu’ils vont former est aussi prenant à suivre, car il va être constamment question de méfiance même entre eux. Alors qu’ils ont connu l’avidité humaine, la trahison et même de terribles accusations, on pourrait croire qu’ils feraient tout pour ne pas tomber dans le même piège. Mais cela implique aussi des blessures bien profondes qui ont construit ce mur entre leur confiance et les autres. Le titre va ainsi nous montrer quatre individus qui s’unissent parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix et qui mettent énormément de temps pour simplement ne pas regarder derrière eux de peur d’être planté dans le dos. Un traitement plus que réussi de ce que cela entraîne d’avoir été manipulé et trahi par des gens que l’on pensait proche. Un thème qui est vraiment poussé à son paroxysme et où l’on est témoin des stigmates que cela laisse chez ceux qui sont abandonnés. De plus, il y a aussi un très bon traitement qui est fait autour des passions propres à ces personnages et qui servent bien plus de défouloirs à leur frustration qu’à une véritable source de bonheur. Une représentation réussie d’un cercle assez vicieux et où l’on se demande justement jusqu’où pourra bien aller ce quatuor après tant d’épreuves.


My Wife Has No Emotion T1 & 2

My Wife Has No Emotion, imaginé par Jiro Sugiura, nous fait suivre Takuma, un jeune homme qui vit seul depuis maintenant trois ans. Totalement pris par son travail et ayant beaucoup de mal à prendre du temps pour s’occuper de lui-même, il décide de prendre une décision qui va changer sa vie. Il va acheter un androïde qui va s’occuper des tâches ménagères et plus particulièrement de tout ce qui touche la cuisine. Une aide fort réconfortante pour Takuma qui va lui apporter bien plus qu’il ne le pensait. En effet, s’il pensait que la présence d’un tel robot serait juste un soutien pour ce qui est de l’entretien de la maison, il s’avère que quelque chose en plus se met à naître au fond de lui. Alors qu’il pensait avoir à faire à un être froid fait d’acier et de câble, il se rend compte que la vérité pourrait être tout autre. Pour ce jeune homme qui vivait seul depuis tant d’années, cette simple présence lui apporte du réconfort et va surtout provoquer la naissance d’un sentiment qu’il n’aurait jamais pensé avoir pour un robot. Mais est-ce que le monde est prêt pour le début d’une romance entre un androïde et son maître ? Takuma veut se rapprocher de Mina et voir s’il est possible, au plus profond d’elle, qu’une flamme fasse son apparition à son égard. Ainsi débute le quotidien commun de ces deux êtres diamétralement différents et qui pourtant se rapprochent progressivement l’un de l’autre. C’est un futur pour le moins plein de surprises qui attend ce duo notamment quand l’entourage de Takuma va apprendre ce qu’il y a entre lui et son robot ménager. Le début d’une idylle qui fait fi des différences et va peut-être montrer que derrière cette enveloppe d’acier peut aussi se cacher un cœur. Non pas un cœur initialement présent, mais un qui se forme au contact de ce propriétaire.

Nous voilà face à un titre pour lequel j’étais à la fois curieux et en même temps troublé par rapport à ce qu’il pouvait traiter. My Wife Has No Emotion est une série qui peut, en effet, sembler étrange sur plusieurs points concernant cette relation qui nous est présentée entre cet homme et cet androïde. S’il est vrai que l’on peut tilter à certains moments, le titre va surtout réussir à nous amener des moments de tendresse très surprenants. Le contraste entre ce que souhaite Takuma et ce qu’exprime Mina amène des situations parfois drôles, mais très souvent propices à réfléchir sur ce qui fait de nous des êtres humains. Il n’est pas rare dans les récits de science-fiction ou bien d’anticipation d’aborder le sujet de l’intelligence artificielle et de se questionner sur le fait de savoir si une machine peut s’affranchir de son statut initial pour se rapprocher de l’homme. C’est exactement ce qui est traité ici avec le personnage de Mina qui nous fait constamment hésiter entre le fait qu’elle se montre comme une entité créée dans un but bien précis et ces petits moments où on a l’impression de déceler une étincelle humaine dans son regard et ses agissements. Cela amène une certaine nuance rendant l’écriture de ce personnage fascinant à suivre en dehors même de sa relation avec son propriétaire. De plus, le titre aborde aussi avec brio la question de la solitude qui a justement poussé notre protagoniste à se rapprocher de ce robot qu’il avait acheté. Une évolution des rapports qui s’inscrit justement dans un environnement bien précis et qui amène aussi un certain reflet de la société japonaise par ce rapprochement. Ce manga est donc à la fois déroutant de prime abord tout en regorgeant de bonnes idées en matière d’écriture et de thématiques traitées. A voir ce que cela donnera sur le long terme.


The Reincarnation of the Strongest Exorcist in Another World T1 & 2

The Reincarnation of the Strongest Exorcist in Another World Vol.1

The Reincarnation of the Strongest Exorcist in Another World, dessiné par Toshinori Okazaki d’après l’histoire de Kiichi Kosuzu, nous fait suivre Haruyoshi, le plus fort des onmyôji. Mais même en étant le numéro 1, il n’était pas prêt à subir la trahison de ses camarades et de se retrouver à l’agonie. Dans son dernier souffle, il décide de tester une technique secrète de réincarnation afin de continuer à vivre sous une autre forme. Ce plan marche, mais il ne s’attendait pas du tout à ce que son sort le fasse revivre dans un tout autre monde que le sien. Le voilà maintenant devenu l’un des fils d’une illustre famille de nobles. Sur ces terres, la magie est présente quasiment partout et son entourage en a fait l’une de ses priorités en se transformant en des mages particulièrement importants au fil des années. Alors que tout le monde espérait voir la nouvelle génération de cette famille s’illustrer rapidement par leur don dans ce domaine, Haruyoshi fait figure de paria. En effet, il ne possède pas le moindre pouvoir magique et est considéré comme la honte de leur lignée en déclarant même qu’il s’agit d’un bâtard au contraire de ses deux autres frères. Cependant, cela n’affecte nullement le jeune garçon qui a un autre atout de taille dans sa manche. Après tout, pourquoi avoir besoin de magie quand on possède les plus puissantes techniques d’onmyôji. L’heure est venue pour lui de prendre sa revanche sur son ancienne vie et de profiter de ses aptitudes exceptionnelles pour avoir une existence paisible et loin de tout tumulte. Alors qu’il ne comptait que sur sa force dans sa précédente existence, il est grand temps pour lui de faire preuve de ruse. Cette fois, il ne se fera pas avoir par des gens en qui il avait confiance et même si pour ça, il doit agir comme une personne peu recommandable.

J’avoue qu’au départ, je me demandais ce que pourrait bien donner l’histoire de The Reincarnation of the Strongest Exorcist in Another World. N’ayant pas regardé l’adaptation anime, je m’étais simplement contenté des quelques retours qu’il y avait eu et je me demandais ce que pouvait donner ce mélange de fantasy et de folklore japonais. Finalement, ces deux premiers volumes ont été une excellente surprise à bien des niveaux. Pour bien comprendre ça, il faut cerner ce qui fait la plus grande force de cette série. Si l’on est dans un isekai, le manga va rapidement se démarquer par cette opposition entre exorciste et magicien. Nous ne sommes pas ici en présence d’un héros qui se démarque par ses pouvoirs magiques incroyables. Au contraire, on prend le parti-pris ici d’un protagoniste dénué de ce don et qui ne peut compter que sur ses anciens talents d’onmyôji. Cela amène une opposition intéressante entre ces deux registres de sorts, car il fait de son mieux pour faire passer ses techniques pour des magies alors qu’en réalité il s’agit de techniques propres à son art. Cela nous amène à un point fort notable de cette lecture qui est la personnalité de Haruyoshi. Si l’on ignore ce qui a bien pu se passer, on remarque tout de même son envie d’agir différemment dans cette seconde vie qui s’offre à lui. On va alors assister à la naissance d’un personnage qui arrive autant à être charismatique et touchant qu’à se transformer en un être manipulateur et parfois même terrifiant. Jouant à fond la carte de la ruse, on va être témoin de ses nombreux stratagèmes pour accomplir son objectif et surmonter les obstacles sur sa route. Cela peut donner lieu à des scènes surprenantes tant on a l’impression d’avoir un héros qui flirte entre lumière et ombre. Un début très prometteur dans la conception de sa figure centrale et de ce qu’il est capable de provoquer dans ce monde qui n’a pas encore pris conscience de la portée de sa force.

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