Capeta T1 & 2 : la naissance d’un grand pilote
Je ne le dirais jamais assez, mais j’adore tout ce qui touche au sport au sein du manga. Les artistes ont ce don de nous faire accrocher à des compétitions que l’on peut totalement ignorer en vrai. Cela prouve leur capacité à créer d’excellents divertissements, mais aussi à nous intéresser à ces sujets qui nous paraissent si loin en temps normal. C’est exactement le cas avec le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous vient tout droit du catalogue de Noeve Grafx. Il s’agit de Capeta dont les deux premiers volumes sortent simultanément cette semaine. J’avais très hâte de me pencher sur cette série tant la proposition est originale même au sein du milieu du manga sportif. J’ai donc dévoré ce début qui va autant briller par sa mise en situation à bord d’une de ces machines que par le traitement apporté aux divers acteurs de cette histoire. Une œuvre qui ne veut pas simplement que l’on s’intéresse à ce domaine, mais aussi aux gens qui y participent. Tout ça pour un résultat qui se veut remarquable. J’espère donc que vous êtes prêts pour aller à toute vitesse au sein de ce premier circuit.
Un enfant qui prend sur lui
Capeta, imaginé par Masahito Soda, nous fait suivre la vie de Kappeita Taira. Ce jeune garçon est surnommé Capeta et vit avec son père ayant perdu sa mère. Alors qu’il contemple les autres enfants qui jouent et passent du bon temps avec leurs parents, son quotidien à lui est bien différent. Son père étant très pris par son travail, il se retrouve très souvent livré à lui-même. Au plus profond de lui, la solitude le ronge, mais il ne veut rien laisser transparaître étant donné qu’il sait que son papa bosse énormément pour le bien de leur famille. Malgré cela, il contemple souvent par la fenêtre en imaginant ce que sa vie pourrait être si elle était comme les autres. Cependant, il y a une chose qui lui permet de tromper son ennui. Dès qu’il a un moment, Kappeita contemple la rue et observe les voitures qui passent. Depuis qu’il est petit, il a toujours été intéressé par les belles bagnoles et rêve un jour d’être au volant d’un véritable petit bolide et de foncer à toute allure. D’ailleurs, sa passion pour les courses automobile n’a fait que grandir avec le jeu que lui a offert son père quand il était un peu plus jeune. En plus de lui avoir donné un souhait à réaliser, celui-ci représente aussi un lien avec son géniteur. Mais il a beau se laisser aller à son imagination, il sait très bien que la réalité est loin d’être aussi fantastique. A cela s’ajoutent aussi les cours qui sont loin d’être une source de réjouissance à ses yeux.
S’il reste un élève calme et posé, il est très loin de s’investir pleinement dans toutes les activités scolaires. De même, il ne cesse de se quereller avec une bande qui lui cherche des noises du fait qu’il semble proche d’une autre élève. Cela ne fait que nourrir sa frustration chaque jour d’être dans une telle situation. Il ignore alors à ce moment précis que son père lui prépare une surprise qui va changer son existence à jamais. C’est durant l’un des chantiers sur lesquels il travaille que ce dernier va se retrouver sur un circuit de karting. Là, il repense à son fils et au regard plein de vie qu’il pouvait avoir lorsqu’il lui avait offert son fameux jouet. Il se dit qu’il pourrait profiter de sa présence ici pour lui faire une surprise de taille. Celle-ci ne va être nulle autre qu’un kart qu’il a fabriqué de ses propres mains. N’ayant pas les sous nécessaires pour en louer un flambant neuf, il va tout donner pour transformer une vieille carcasse en un kart digne de ce nom. Kappeita va être étonné de voir son père s’absenter encore plus que d’habitude et c’est en le suivant discrètement qu’il va découvrir le chantier sur lequel il bosse depuis plusieurs jours. Dès cet instant, les yeux du jeune garçon vont de nouveau s’illuminer. Voici ce qui pourrait être le début d’une carrière légendaire pour ce gamin qui rêve de vitesse. Les plus grandes aventures ont souvent commencé en famille et cela est sûrement l’occasion rêvée pour ce père et son fils de retrouver ce qu’ils ont perdu depuis longtemps.
On comprend rapidement que Capeta veut nous emmener dans le milieu de la course automobile rien qu’en lisant ce synopsis. Si cela se présente initialement autour du karting, on nous laisse déjà présager de ce qui nous attend par la suite avec le monde de la F1. Mais il ne faut pas croire que l’on va se concentrer ici uniquement sur ces éléments. Au contraire, l’aspect sportif va être parfaitement utilisé au sein de ces deux tomes pour façonner le personnage principal et surtout nous donner envie de l’encourager. Le lecteur assiste à la naissance de ce qui pourrait être un grand pilote et qui cherche déjà à tout prix comment s’améliorer pour décrocher la victoire.
Vivre à fond
En se lançant dans les deux premiers volumes de Capeta, on découvre une histoire qui va parfaitement mêler l’humain et la machine. Pour expliquer cela, il est important de s’attarder sur chacun de ces deux éléments. En premier lieu, cette série s’axe bien sûr sur les sports mécaniques. Si l’on va surtout être témoin ici de karting, on nous laisse rapidement présager de ce qui viendra ensuite avec le monde la Formule 1. Déjà, il est très rare d’avoir des œuvres qui abordent cet univers et c’est donc plaisant d’en apprendre plus sur le sujet. Mais ce qui va aussi être flagrant, c’est le trait de l’auteur qui retranscrit à merveille toute la complexité de ces bolides et surtout de la sensation que cela peut donner une fois que l’on s’élance au bord d’un kart. On est totalement emporté par le spectacle qui s’offre à nous où les pilotes sont les seuls maîtres à bord de leur engin. Le manga va ainsi aborder les diverses spécificités techniques liées à cette activité sans pour autant tomber dans de la simple théorie. Au contraire, ce mélange entre apprentissage et pratique rend l’aventure encore plus palpitante au fur et à mesure que l’on voit ce jeune garçon prendre de l’assurance aux commandes de son bolide. On en vient progressivement à voir son talent et à avoir envie de l’encourager de toutes nos forces quand on est témoin de sa capacité à aller toujours plus loin.
Sur ce plan-là, la série réussit son pari qui est de nous faire accrocher à ce type de compétition en nous posant déjà les bases de ce qui pourrait être une rivalité prometteuse. Mais comme je l’ai dit un peu plus haut, ce n’est pas l’unique atout dont fait preuve la licence dans ces deux premiers volumes. En effet, si l’on a abordé le côté purement sportif, il est aussi important de voir qui se cache derrière le casque. Kappeita est un protagoniste pour lequel on a beaucoup d’affection tant il arrive à nous émouvoir dans son comportement. On est devant un petit garçon qui prend sur lui alors que son père part bosser quasiment tous les jours en le laissant se débrouiller seul. Il ne veut jamais demander quoi que ce soit et fait de son mieux pour cacher le sentiment de solitude qui l’assaille. Il est impossible de ne pas se sentir impliqué quand on voit à quel point cette situation pèse sur ses épaules. Alors qu’il voudrait s’amuser et partager de bons moments avec son père, il se contente de rester chez lui et de rêver à ce que pourrait être sa vie. C’est finalement quand le kart entre dans sa vie qu’il va enfin avoir son visage qui s’illumine. S’occupant de ce vieux bolide avec son père, on assiste là à une activité qui va non seulement lui permettre de s’épanouir, de s’amuser, mais aussi de renouer avec la seule famille qui lui reste. La dimension humaine est très importante dans cette lecture qui nous montre que oui, un gamin peut être capricieux ou désirer quelque chose sans avoir à contenir en lui tout ce qu’il a sur le coeur.
Ce qui est justement génial avec Capeta, c’est que l’on est autant dans le récit sportif avec la découverte du karting que dans une histoire centrée sur l’humain. En effet, on a beaucoup d’affection pour notre jeune protagoniste qui n’a eu de cesse de prendre sur lui et qui finit par céder à l’envie de concrétiser son rêve. C’est avant tout le récit d’un garçon se sentant seul et dont l’image de conduire sur l’un de ces circuits lui donne un vrai sentiment d’évasion. On est donc à un croisement captivant où le sport mécanique contribue à l’épanouissement et au développement d’un enfant qui se donne corps et âme pour sa passion.
Capeta fait un départ en fanfare
Comme dit en introduction, mes attentes concernant Capeta étaient grandes pour son arrivée. Finalement, le manga a largement su me convaincre au travers de ses deux premiers volumes. Une œuvre qui arrive à parler avec brio des relations humaines, notamment familiales, à travers ce sport. Dès le départ, on est touché par ce regard froid de Kappeita et l’on a envie de le voir retrouver le sourire. Des premières pages qui placent rapidement le décor et nous donnent un profond sentiment de tristesse à l’égard de ce garçon qui fait de son mieux pour ne rien montrer. On est autant sur de la tranche de vie que sur de la compétition dans ces chapitres qui vont justement nous montrer que pour que l’on soit impliqué dans ce qui se passe, il faut avant tout un protagoniste que l’on a envie de suivre. C’est parfaitement le cas ici notamment dans les dernières pages du tome 2 où l’on est totalement embarqué par les prouesses du garçon. Mais ce qui est aussi fantastique, c’est que l’on ne cherche pas à nous montrer ici un personnage que rien ne semble arrêter. Au contraire, il va se frotter à bien des déconvenues au fil des cases. Et pourtant, c’est en étant face à ces problèmes qu’il va réellement prendre conscience de sa passion pour les sports mécaniques et aussi à quel point ce rêve peut être partagé avec son père. Une magnifique fresque qui nous raconte l’histoire d’un père et de son fils qui décident de se lancer dans une folle aventure qui va leur permettre de se retrouver.
C’est donc un très beau coup de cœur que j’ai eu pour ces deux premiers volumes de Capeta. D’ailleurs, c’est une excellente chose de sortir ces volumes simultanément. Cela permet d’appréhender toute cette partie servant d’initiation à Kappeita et surtout à le voir s’élancer sur le chemin de son rêve. Encore une fois, l’auteur nous montre son talent au dessin et arrive à nous donner le sentiment d’être vraiment sur la piste en compagnie de ces pilotes. La sensation de vitesse est palpable et l’on est stupéfait par tous les petits détails qui viennent s’incruster dans chaque dessin. Mais c’est réellement dans l’écriture de ses personnages que le mangaka fait un formidable travail. Ce n’est pas uniquement propre à notre protagoniste. Chaque acteur de cette histoire arrive à avoir une certaine évolution qui nous montre que l’on ne doit pas se limiter à notre première impression. Avec ses valeurs fortes, ses thèmes poignants et son immersion dans le sport automobile, ce manga pourrait plaire à un très large public. A la fois ludique et instructif, on se laisse facilement prendre au jeu et cela devient grisant de filer à toute allure vers des pistes dont on ignore encore tout. A présent, il est l’heure de conclure cet article avec les traditionnelles questions qui me viennent à l’esprit. Quel destin attend notre tout jeune coureur dans cette future carrière qu’il compte choisir ? Est-ce qu’il parviendra à surmonter les obstacles qui se dresseront sur sa route ? Comment va évoluer son quotidien auprès de son père ? Va-t-il réussir à gravir les échelons de cette discipline ? J’ai tellement hâte pour la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Capeta. Est-ce que vous avez apprécié cette découverte du karting à travers les yeux de ce jeune garçon ? Trouvez-vous que le manga arrive autant à être dynamique dans ses courses que touchant dans ce qu’il raconte en dehors du circuit ? Les personnages sont-ils parvenus à vous toucher par leur envie de découvrir ce milieu ? Le titre est-il parvenu à créer une relation à la fois touchante et triste autour de ce père et de son fils ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.