Reborn to Master the Blade T1 & 2 : une vie dédiée à se battre
On le sait, la fantasy est particulièrement présente ces derniers temps à travers une multitude d’œuvres. Cela peut aller de l’isekai à la réincarnation ou à un style beaucoup plus classique. On peut alors avoir le sentiment d’avoir du déjà-vu et pourtant il faut regarder au-delà des apparences pour découvrir des aventures qui peuvent être de véritables pépites ou bien simplement divertissantes et amusantes. Que ce soit l’un ou l’autre, il y a toujours quelque chose à en ressortir ou même à découvrir au fil de ces pages. Si je parle de ça, c’est justement parce que je vais aborder aujourd’hui un titre qui part dans cette direction. Nouveauté du catalogue Meian, il s’agit de Reborn to Master the Blade dont les deux premiers volumes sont sortis simultanément. J’étais curieux de voir ce que pourrait donner cette histoire à son annonce même si je ne m’étais pas trop attardé sur le synopsis et ce qui pouvait en découler. J’ai alors décidé de franchir le pas et j’ai pu me lancer dans une aventure qui, même si elle ne révolutionne pas le genre, n’en est pas moins divertissante. L’heure est donc venue de voir ce qui se cache derrière cette renaissance d’un ancien roi pour se concentrer sur la voie de l’épée.
Le roi qui voulait combattre
Reborn to Master the Blade, dessiné par Moto Kuromura d’après l’œuvre originale de Hayaken, nous conte l’histoire du roi-héros Inglis. Durant toute sa vie, il a dédié son existence et ses forces à la protection de son peuple. Ayant commencé en tant que simple chevalier, il a fini par établir sa propre nation et gouverner comme un souverain avisé. Tout le monde a apprécié son règne et le voilà maintenant sur le point de lâcher son dernier soupir. Alors que tout le peuple pleure la perte prochaine de leur seigneur, ce dernier ne semble pas avoir de regrets. Il a mené cette vie du mieux qu’il pouvait en se concentrant avant tout sur le bien-être de ses sujets que sur sa propre personne. Toute sa puissance fut dédiée à sa nation et maintenant, il se dit que c’est le grand moment pour lui de se reposer enfin. Mais au moment d’ouvrir les bras à sa mort, il se dit que s’il pouvait avoir un dernier souhait, ce serait celui de renaître pour mener une existence dédiée uniquement à ce qu’il désire. Il passerait alors la majorité de ses journées à exercer son talent à l’épée et ne cesserait de combattre au front pour parfaire son art mortel. Mais avant que ses yeux ne se ferment pour toujours, il va assister à l’apparition devant lui de la déesse Alistia. Cette dernière a entendu son vœu et accepte de le réaliser au vu de tout ce qu’il a accompli lors de cette première existence.
Une véritable source de joie pour ce roi qui peut maintenant dire adieu à tout ce qu’il a bâti. Comme prévu, il se réveille non pas dans son royaume, mais dans un lieu qui lui est totalement inconnu. Première surprise pour lui, le voilà devenu un nourrisson même s’il a pleinement conscience de son état et de ce qu’il a vécu par le passé. Mais si cet environnement inédit peut le surprendre dans un premier temps, le véritable choc va venir d’ailleurs. En effet, c’est en voyant son corps qu’il va être totalement étonné en découvrant qu’il s’est réincarné dans le corps d’une fille. Un très gros changement par rapport à son ancienne vie, mais qui ne bouscule en rien l’objectif qu’il s’est fixé. Heureusement pour lui, il fait partie d’une famille de chevaliers ce qui est une aubaine pour son désir de s’améliorer rapidement. En plus de ça, Inglis possède encore ses nombreuses connaissances qui lui permettent de débuter cette renaissance avec un avantage de taille. Cependant, il va rapidement se rendre compte que ce monde, dans lequel il est, suit des règles bien différentes de ce qu’il connaissait auparavant. Entre des monstres terrorisant la population et un système bien précis jaugeant la force de chacun, l’ancien roi-héros va avoir fort à faire pour mener à bien son objectif d’une vie centrée sur lui-même. Mais tous ces obstacles sont aussi une occasion en or pour lui de se lancer pleinement dans la voie de l’épée. Ainsi débute une nouvelle légende d’une jeune guerrière capable de faire trembler les fondements de ce monde.
Si le pitch de base de Reborn to Master the Blade est assez classique dans ce qu’il présente, il faut voir ce qui se passe au-delà de ce principe de réincarnation. On va alors être embarqué dans ce qui s’annonce comme une aventure fort prometteuse où une jeune épéiste va constamment redoubler d’efforts pour laisser son empreinte sur ce monde par ses prouesses martiales. Une seconde vie où une personne ayant déjà dédié son existence aux autres décide de se focaliser sur ce qu’il désire personnellement. Une œuvre où l’évasion est représentée par l’action.
Un récit qui s’écrit au fil de l’épée
Comme je l’ai dit un peu plus haut, il est vrai que Reborn to Master the Blade utilise des codes bien connus de ce genre de récit. Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à la renaissance d’un protagoniste qui va profiter de sa seconde vie pour faire étalage de sa puissance. Cependant, en dehors de ces ces éléments classiques, il est aussi important de voir que ce manga arrive aussi à proposer des choses intéressantes. Tout d’abord, le fait d’avoir comme protagoniste un vieux roi-héros ayant envie de se centrer sur lui-même est une très bonne idée. En effet, si la puissance de ce dernier est rapidement montrée, ce qui va retenir notre attention concerne son expérience. Il s’agit d’un personnage qui a déjà un incroyable vécu en ayant dirigé tout un royaume jusqu’à son dernier souffle. De nombreuses années à être au service des autres et où l’on va totalement comprendre son envie d’avoir le droit à une seconde vie pour faire ce qu’il a toujours voulu. Ainsi, d’entrée de jeu, on ne voit pas cette renaissance uniquement comme un nouveau départ, mais comme une énorme récompense pour un homme ayant déjà tant donné pour les autres. C’est ce qui va justement guider sa personnalité par la suite qui va être totalement focalisée sur l’envie de notre protagoniste d’en découdre avec des adversaires toujours plus forts. Cela en est même hilarant de la voir prête à lutter sans jamais hésiter une seule seconde.
Elle en vient même à engueuler les ennemis qui osent retenir leur force et ce décalage permet de dédramatiser un univers finalement très sombre. C’est justement ce dernier qui va aussi être un élément majeur de l’attrait que l’on a pour cette histoire. Il est vrai que quand on se penche sur le caractère de notre personnage principal et ses premiers pas dans ce nouveau monde, on a l’impression d’être face à un environnement finalement sympathique même s’il y a une grosse menace qui se présente. Mais plus on progresse dans le récit et plus on se rend compte qu’il y a beaucoup de choses à tirer de cet univers. La bonne ambiance des premiers chapitres s’efface rapidement pour laisser place à une épopée bien plus sombre qu’il n’y paraît. On ouvre les yeux sur l’enfer que peuvent vivre les habitants de ces terres et surtout le sentiment d’infériorité qu’ils subissent de la part d’une autre espèce. Cela met notre héros dans une posture délicate où il ne veut pas se mêler des affaires politiques de ces royaumes, mais qui ne peut rester de marbre en voyant les injustices qui se tiennent devant lui. Il y a donc un certain lien qui s’opère entre le rêve d’Inglis et ce sens des responsabilités qui l’a guidé pendant tant d’années. De même, plus on progresse et plus on ouvre les yeux sur le fait que cette seconde vie peut aussi être la source de nombreux maux et blessures. Un sentiment d’injustice qui apporte une dimension presque tragique à l’œuvre qui est désamorcée uniquement par la désinvolture de notre héroïne qui semble impossible à détourner de son rêve.
On peut dire que ces deux premiers tomes de Reborn to Master the Blade nous donnent de quoi nous occuper. S’il est vrai que l’on retrouve certains poncifs du genre, cela n’empêche nullement d’apprécier ce qui nous est proposé ici. Avec un protagoniste qui se démarque rapidement du reste du casting et veut constamment en découdre, cela donne un contraste à la fois drôle et épique à l’ensemble du manga. Sans oublier les nombreux thèmes qui sont traités tout au long de cette histoire et qui peuvent amener cette série à nous emmener vers des horizons inattendus pour la suite.
Reborn to Master the Blade étale sa force
Avec Reborn to Master the Blade, on est face à l’exemple parfait de l’œuvre qui ne semble pas forcément avoir une grande originalité dans sa forme et qui pourtant arrive à nous séduire par son fond. J’ai apprécié le fait que même si l’on est face à des codes connus, cela n’empêche nullement le manga à développer des idées qui lui sont propres. Il suffit juste de s’attarder sur notre protagoniste pour se rendre compte du dilemme qui s’opère en lui entre son ancienne existence en tant que roi et sa nouvelle vie d’écuyère. Car même s’il se montre particulièrement focalisé sur son désir de combattre toujours plus, il ne peut s’empêcher d’avoir aussi un regard spécifique en tant que monarque sur ce qu’il se passe sur ces terres. En plus de ça, il faut aussi reconnaître que l’univers proposé à largement de quoi développer quelque chose de fort sur le long terme. Ces deux premiers volumes réussissent habilement à nous montrer les spécificités de ce monde et tout ce qui en découle autant sur le plan géopolitique que sur les problèmes liés à cette société. Sans oublier la partie purement action que je n’ai pas tant évoquée et qui pourtant est un élément central du récit. Là aussi, on ne boude pas notre plaisir avec des combats impressionnants réussissant à souligner la force de notre protagoniste et surtout la surprise qu’il provoque chez les autres personnages qui ne s’attendent pas à tant de brutalité de sa part. Tout cela rend l’aventure plus que plaisante à suivre.
Vous l’aurez donc compris au travers de cette chronique, Reborn to Master the Blade a su m’offrir un excellent moment. Même s’il n’est pas un coup de cœur immédiat, le titre a suffisamment su créer de possibilités pour la suite que cela pourrait changer en voyant le développement de l’intrigue. Quoi qu’il en soit, on est face à une œuvre qui est avant tout présentée comme une épopée divertissante où l’on peut aisément être emporté par la quête personnelle d’Inglis. Une série qui part donc avec beaucoup de potentiel et qui arrive à s’affranchir d’un postulat initial assez classique pour ensuite prendre progressivement son essor. Rien qu’en voyant le chemin parcouru au fil de ces deux premiers volumes, on a envie de voir jusqu’où pourra aller cette histoire. Une nouvelle licence qui pourra plaire autant aux amateurs de fantasy qu’à ceux voulant simplement un récit plaisant et qui ne laisse jamais le temps de s’ennuyer. Evidemment, j’ai plusieurs questions qui me viennent à l’esprit maintenant que je referme cette première partie du manga. Est-ce que notre ancien souverain va réussir à concrétiser son souhait ? Va-t-il être rattrapé par son ancienne personnalité et le devoir qui en ressort ? Qu’est-ce qui va se passer entre les deux camps présentés suite aux événements qui ont eu lieu ? Est-ce que notre écuyère à la force herculéenne va trouver un adversaire digne de ce nom ? Il me tarde de voir ce que la suite nous réserve.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Reborn to Master the Blade. Trouvez-vous que l’idée initiale peut être intéressante sur le long terme ? Appréciez-vous cet écart qui s’offre à nous entre la personnalité de notre protagoniste et la brutalité de ce monde ? Est-ce que le manga a su, selon vous, mêler habilement humour, action et thématiques fortes au sein de ces chapitres ? Etes-vous curieux de voir comment peut évoluer l’histoire et notre héroïne par rapport aux futurs événements ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2019 Hayaken / Kuromura Moto, Hobby Japan