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La valse des nouveautés – Noeve Grafx

La période de la Japan Expo se termine et elle fut riche en sorties, événements et rencontres. Un moment toujours propice pour les éditeurs afin de proposer tout un tas de nouveautés. On ressort donc souvent avec énormément d’aventures inédites à découvrir de ce salon qui occupe une place importante dans le calendrier des fans. Au vu du nombre de titres qui ont fait leur apparition, je me suis donc dit que ce serait l’occasion parfaite de proposer un nouveau numéro de “La valse des nouveautés”. Aujourd’hui, on va s’attarder du côté de chez Noeve Grafx et de son catalogue qui s’est beaucoup agrandi ces deux dernières semaines. Plus précisément, on va s’attarder sur trois séries qui viennent de faire leurs débuts sur le marché et je dois dire que j’ai été grandement surpris par ces dernières. Abordant des thématiques diamétralement différentes, ces œuvres montrent toute la richesse de ce medium tout en nous promettant d’importantes péripéties pour la suite. Voici donc un regroupement de trois avis en vrac et il y a beaucoup à dire sur ces licences et ce qu’elles racontent.

Au coeur du Donjon

Au coeur du donjon Vol.1- Noeve grafxAu coeur du Donjon, imaginé par Sui Hutami, nous fait suivre Clay, une jeune femme qui s’avère être une voleuse redoutable. Faisant partie de l’élite de sa guilde, elle doit sa force et sa ruse à son père qui l’a longuement entraîné pour qu’elle soit prête à faire face aux nombreuses épreuves de la vie. Que cela concerne ses expéditions dans les donjons ou bien comment réagir face aux autres, elle a tout appris au contact de cet homme et perfectionnée au fil des années. Malheureusement, elle apprend un beau jour que son père, celui qui fut son modèle, a disparu dans les tréfonds d’un donjon. Étant allé plus loin que n’importe qui d’autre, tout le monde considère qu’il n’a pas dû survivre aux dangers qui rôdent dans les étages les plus inférieurs de ce lieu mortel. Clay veut en avoir le cœur net et décide de s’aventurer dans ce fameux donjon. Se hissant jusqu’au 8e niveau, elle est allée plus loin que quasiment l’ensemble des autres aventuriers. Mais alors qu’elle s’apprête à faire face au boss de cet étage, leur combat va faire bien des dégâts dans la zone. Cela va avoir pour effet d’attirer l’attention de la gardienne des lieux qui s’avère être une jeune femme n’ayant rien de menaçant. Pourtant, les monstres semblent terrifiés à son approche. Clay s’imagine déjà se confronter à elle pour s’en sortir, mais cette dernière va avoir une proposition inattendue à lui faire. En effet, la maîtresse de cet endroit lui demande si elle aimerait rejoindre le personnel du donjon. Une demande surprenante pour Clay qui va alors découvrir que derrière ces labyrinthes où se trouvent trésors et monstres se cache toute une entreprise bien rodée. Les combats pour survivre laissent place à de la gestion, du recrutement ainsi que du ravitaillement nécessaire au maintien des lieux.

Ayant beaucoup joué à Dungeon Keeper et autres jeux de gestion de donjons, j’étais très intrigué de voir ce que donnerait un manga qui partirait justement dans cette direction. Voilà pourquoi j’étais impatient de lire ce premier volume de Au cœur du Donjon qui semblait totalement être dans la même veine. Je peux alors dire que j’ai été agréablement surpris par cette introduction. S’il est vrai que le style graphique de l’artiste a de quoi dérouter au départ, on finit rapidement par s’y faire pour s’attarder sur l’histoire et ce qui gravite autour. On aborde alors un concept original dans ce medium en nous amenant dans les coulisses d’un donjon et de comment il fonctionne. Ce qui est génial avec cette idée, c’est qu’elle sert de terreau fertile à l’imagination de l’auteur pour trouver des raisonnements à tout ce que l’on connaît de ce genre d’endroits. Ainsi, on voit comment peut fonctionner le recrutement de monstres, le fait de toujours garder les coffres remplis après le passage d’aventuriers ou même toutes les commodités pouvant être cachées des yeux du grand public. On sent que le mangaka s’amuse à donner vie à tout ça et il nous partage cette bonne humeur au contact de ces personnages que l’on prend plaisir à suivre. On en vient même à s’attacher aux divers monstres ayant postulé pour ce travail et qui ont tous leur place quelque part. Une épopée qui réussit à nous faire adhérer à ce contexte initial qui va grandement faire travailler notre imagination. En effet, si l’on est séduit par toutes ces découvertes, on ne peut s’empêcher d’imaginer tout un tas de possibilités pour le développement de ce lieu et les situations pouvant découler de cette gestion. Un parti-pris qui fonctionne à merveille et qui donne envie d’en voir plus sur les coulisses de ce métier singulier.


Fleur du Désert

Fleurs du Désert Vol.1 - Noeve grafxFleur du Désert, dessiné par Ikumi Fukuda d’après l’œuvre originale de Ryoe Tsukimura, nous emmène à la rencontre du lieutenant Tomonaga, membre des Forces terrestres d’autodéfense japonaises. Stationné à Djibouti en Afrique avec son unité, ces soldats semblent ne pas être confrontés à de nombreuses épreuves. Une troupe qui n’a jamais dû ouvrir le feu pour se défendre et qui est plus là pour diverses missions de reconnaissance et de sauvetage. D’ailleurs, Tomonaga et ses hommes s’apprêtent à partir de nouveau en expédition en compagnie d’autres soldats afin de répondre à une demande d’aide suite au crash d’un hélicoptère dans le désert. Devant s’éloigner bien loin de leur base, le groupe se dit que ce sera une mission de routine et qu’ils reviendront rapidement au sein de la sécurité du camp. Mais alors qu’ils commencent à voir comment agir face à la carcasse de l’appareil, ils vont être interpellés par de jeunes femmes. Ces dernières leur demandent de les aider face à l’un des groupes politiques armés de la région. Ne voulant pas s’immiscer dans des conflits qui ne les regardent pas, un désaccord naît au sein de l’escouade entre ceux qui veulent aider et ceux qui préfèrent partir. Mais à peine les débats débutent que ces hommes se retrouvent sous une pluie de balles faisant plusieurs victimes. Pris pour cible par les groupuscules militaires de la zone, les membres de cette troupe n’ont plus le choix et doivent répliquer. C’est ainsi que va débuter une longue course-poursuite entre eux et leurs attaquants au milieu du désert. Le temps est compté pour ces soldats qui vont devoir se salir les mains pour la première fois dans l’espoir de survivre jusqu’à atteindre leur base. Seront-ils seulement capables de tenir face à des poursuivants acharnés et aux dangers naturels de cette contrée ?

Voilà sûrement l’un des titres que j’attendais le plus dans cette nouvelle vague de sorties de Noeve Grafx. Rien qu’à la couverture, j’étais intrigué par cette série qui s’annonçait particulièrement brutale et dramatique. Mais Fleur du Désert a su frapper encore plus fort avec ce premier tome. S’il faut, tout d’abord, souligner le talent de l’auteur en matière de dessin, l’histoire n’est pas en reste. Le fait de nous plonger au cœur de cette course contre la montre haletante entre les membres de cette troupe et leurs attaquants est remarquable tant on se sent pris à la gorge. Ce qui est le plus important, dans ce type d’action, c’est de sentir cette tension qui assaille les protagonistes au fur et à mesure que l’étau semble se resserrer sur eux. C’est exactement le cas dans le manga où l’on va être terrifié à l’idée que ces soldats se fassent attraper. En infériorité numérique, on sent que tout ici est une question de survie. Il n’est pas question de foncer dans le tas, mais de trouver au mieux un plan pour éviter une finalité tragique. Cela amène à de multiples péripéties qui vont être encore plus d’occasions pour le lecteur de trembler en se demandant qui parviendra à rester en vie au bout du chemin. C’est là aussi que va entrer un autre élément en ligne de mire. Il s’agit de l’attachement que l’on peut avoir pour ces personnages. Si l’on a bien sûr des individus auxquels on s’attache plus que les autres, il faut reconnaître qu’il y a un excellent travail d’écriture qui est fait à leur égard. On prend le temps, malgré la crise en cours, de s’attarder sur la vie de chacun d’entre eux. Cela ne fait qu’accentuer notre envie de les voir tenir jusqu’au bout même si l’on sait qu’ils risquent fort d’y avoir un violent retour à la réalité. Une oeuvre qui va aussi prendre le temps de montrer le dilemme de chacun dès lors qu’ils appuient sur la gâchette pour se défendre, au risque de tuer des personnes comme eux.


Le Labo de Musubu

Le Labo de Musubu Vol.1 - noeve grafxLe Labo de Musubu, imaginé par Taishi Mori, nous plonge dans le quotidien de Gorô Sagami. Ce jeune homme vient tout juste d’obtenir un poste dans le service commercial de la Shônan Rubber Industries Co. Dès sa première journée, il va avoir le coup de foudre pour l’une de ses collègues, Musubu qui fait partie de la section recherche et développement de l’entreprise. Mais le nouveau venu va être grandement surpris en apprenant sur quoi elle travaille. En effet, la jeune femme imagine et conçoit des préservatifs de toute sorte pour répondre aux diverses demandes et vérifier que tout est en adéquation avec les normes d’hygiène, de performance et de sécurité. Si Gorô est éperdument amoureuse de Musubu, il va devoir surmonter sa gêne du sujet de ses travaux tout en restant professionnel et force de proposition pour l’ensemble de l’équipe dans leurs divers projets. En venant ici, il ne s’attendait pas du tout à ce qu’il se retrouve à chercher de nouvelles idées ainsi qu’à en apprendre plus sur la confection de ces produits qui font pourtant partie de la vie de chacun. Malgré tout, il ne regrette pas sa décision, car cela lui a permis de rencontrer celle qui fait battre son cœur. Maintenant, il va devoir prendre son courage à deux mains pour transmettre ses sentiments à Musubu sans que ceux-ci ne soient mal interprétés par cette dernière. Un défi de taille surtout quand on sait qu’il peut facilement déclarer des propos pouvant porter à confusion au vu du milieu dans lequel il travaille. Ce qui est sûr, c’est que ses journées de travail vont être bien chargées et qu’il va devoir s’acclimater de tout ça s’il veut avoir une chance de se rapprocher de celle qu’il aime. Le début d’une possible romance qui dévoile aussi les secrets derrière la conception de ce moyen de contraception.

On termine sûrement avec le titre qui m’a le plus surpris par rapport au thème abordé. Il faut savoir qu’avant de me lancer dans Le Labo de Musubu, j’ignorais totalement de quoi allait parler le titre. Je me suis donc gardé la surprise jusqu’au moment de me plonger dans cette première lecture. S’il est vrai qu’être immergé dans le quotidien d’employés confectionnant des préservatifs peut sembler étrange à première vue, cela montre aussi la capacité du manga à parler d’une grande variété de sujets. Prenant la forme d’une tranche de vie alternant entre comédie, romance et apprentissage, Le Labo de Musubu regorge de bonnes idées. Nous sommes face à une œuvre qui cherche autant à divertir son public qu’à nous en apprendre un peu plus sur l’envers du décor de ce moyen de contraception. D’ailleurs, le titre ne se limite pas uniquement aux préservatifs et vient même étendre son spectre à d’autres produits de la même catégorie. Ce qui est bien, c’est que cette série ose aborder un thème qui est souvent considéré comme assez tabou où que l’on préfère éviter alors qu’il est très intéressant de comprendre ce qu’il se passe derrière la création de ces objets du quotidien. Bien sûr, ce récit se veut aussi amusant notamment sur les nombreux quiproquos qu’il peut y avoir et aussi les diverses situations comiques que l’on va observer. Dans un sens, Gorô, en plus d’être un personnage attachant au même titre que Musubu, représente bien cette partie d’entre nous qui n’ose jamais aborder ce genre de sujets. Pourtant, on va tourner les pages sans s’en rendre compte tant on va être emporté par ce flot d’informations combiné à des moments drôles. Le genre de séries qui arrive à apporter une expérience unique en son genre et qui trouve le juste équilibre afin de proposer une découverte ludique d’un sujet finalement peu abordé.

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