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Les dossiers d’un détective : le massacre de l’Amaterasu Express

En ce moment, je prends énormément de plaisir à me perdre dans tout un tas d’univers vidéoludique. Le jeu vidéo est et restera ma passion première, mais il y a vraiment eu ces derniers mois une envie très forte de revenir dans ce domaine pour en parler et vous proposer tout un tas de nouvelles chroniques. C’est justement il y a peu que j’ai pu découvrir un titre qui me faisait de l’œil depuis sa sortie au vu des gens se trouvant derrière. Il s’agit de Master Detective Archives : Rain Code, développé par Spike Chunsoft, et qui a vu le jour grâce à l’équipe ayant déjà donné vie à l’excellente saga Danganronpa. Retrouvant rapidement ce type d’ambiance si unique propre au studio qui sait comment nous happer dans des mondes à la fois dramatiques et barrés, j’avais à cœur de vous partager un peu mon expérience dessus. Mais je ne voulais pas faire une simple critique du jeu en lui-même, mais plus vous présenter mon ressenti au fil de mon épopée. Etant donné que l’aventure s’axe autour de plusieurs affaires, je me suis donc dit pourquoi ne pas proposer un article pour chaque enquête. Une approche un peu rigolote et intéressante afin de voir comment se construit le récit au fur et à mesure des heures tout en ayant cette envie d’avancer un peu avec vous. Bien sûr, je ferais au mieux pour ne pas spoiler le résultat de ces investigations, mais juste éveiller le détective qui est en vous. On est donc parti pour la ville de Kaina Ward à bord de l’Amaterasu Express, un train qui sera le théâtre d’un terrible drame.

Un inconnu dans le train

Tout commence alors que Yuma, notre personnage principal, se réveille dans une sorte de débarras. Il remarque alors rapidement qu’il n’a plus aucun souvenir que ce soit avant son évanouissement ou même concernant sa propre identité. C’est uniquement une lettre de l’OMD (Organisation Mondiale des Détectives) qui va lui donner un indice sur son nom : Yuma. Cette dernière indique qu’il fait partie de leur organisation et qu’il a été invité à venir à Rain Ward, une ville coupée du reste du monde, pour intégrer l’agence qui a été mise en place là-bas. Devant rapidement se dépêcher de prendre l’Amaterasu Express, le seul train reliant cette cité aux autres régions, il ignore encore dans quoi il s’embarque. Composé de cinq wagons, ce train semble avoir été entièrement réservé pour les invités de marque faisant route vers cette destination mystérieuse. Entièrement automatisé, rien ne semble pouvoir entraver la bonne marche de cette locomotive qui témoigne du savoir-faire d’Amaterasu, l’entreprise étant derrière sa conception. Mais c’est au moment d’entrer dans la seconde voiture servant de bar que tout va basculer. Notre personnage se retrouve face à cinq individus qui se présentent comme des Maîtres Détectives ayant eux aussi été appelés à Rain Ward. Le problème, c’est qu’il n’est censé n’y avoir que cinq personnes dans ce train et qu’avec l’arrivée de Yuma, cela contredit cette déclaration. Faisant rapidement connaissance avec les autres passagers, notre jeune héros panique en voyant tous les regards se tourner vers lui. Acceptant une tasse de café de l’un d’entre eux, il finit par réfléchir s’il est vraiment ce qu’il pense être. 

Mais peu de temps après, le voilà qui se sent mal et, sous les conseils d’un des détectives, se dirige vers l’infirmerie. Cependant, ses pas le guideront finalement vers les toilettes du premier wagon pour y perdre connaissance. A son réveil, il découvre une étrange entité fantomatique à ses côtés répondant au nom de Shinigami. C’est elle qui serait à l’origine de son amnésie en échange des pouvoirs qu’elle conférerait à son hôte. Ayant du mal à assimiler et accepter tout ça, l’attention de Yuma est finalement rattrapé par une odeur de brûlé. Il se précipite alors vers l’origine de celle-ci et finit devant la porte de l’infirmerie où il découvre par la fenêtre la présence d’un des détectives. Son corps inanimé repose sur le lit, un poignard dans le ventre, et s’apprête à brûler. Utilisant l’extincteur à sa disposition pour briser la vitre et ouvrir la porte, Yuma finit par éteindre l’incendie, mais n’a malheureusement rien pu faire pour la victime qui fut totalement rongée par les flammes. Ce drame terrible chamboule le jeune homme sans qu’il ne s’imagine un seul instant que le cauchemar ne fait que commencer. L’Amaterasu Express s’est transformé en un immense cercueil et le massacre ne fait que commencer. Ainsi débute la toute première affaire de ce garçon qui ne sait même plus s’il est vraiment détective ou non. En fait, toute cette enquête correspondant au chapitre 0 du jeu et donc sert de prologue afin de se familiariser avec le gameplay et surtout les multiples mécaniques liées à notre jeune Yuma et les capacités inhérentes à sa coéquipière fantomatique. Mais ce qui est vraiment important vient dans la construction de cette enquête qui va nous triturer le cerveau et surtout offrir déjà pas mal de rebondissements comme sait si bien le faire le studio.

Rain code - Amaterasu Express

Une affaire ingénieuse et créative

Si vous avez déjà joué à Danganronpa, vous retrouverez aisément toutes ces petites choses qui rendent les univers imaginés par Spike Chunsoft aussi prenants. Là, le massacre de l’Amaterasu Express va rapidement nous mettre dans le bain de ce qui nous attend ensuite. Pour comprendre ça, il faut surtout prendre en considération le fait de ce que l’on apprend initialement. En effet, on est projeté dans un train où il n’y a aucune issue et en compagnie de cinq autres individus qui déclarent qu’il y a un intrus parmi eux. Ainsi, avant même que le meurtre ait eu lieu, on sent déjà une certaine tension s’opérer et qui va construire l’atmosphère suffocante propre à ce lieu. On se questionne et l’on comprend rapidement que chaque déclaration est importante avant même que l’on soit réellement impliqué dans la première affaire. Une excellente proposition qui fait que dès que le drame a lieu, on se met déjà à ressasser tout ce que l’on a pu entendre précédemment. Et surtout, ce prologue nous fait rapidement comprendre que le coupable ne peut être que l’un des autres passagers. Ainsi, dès l’instant où l’on voit le premier cadavre, on se met à passer en revue les survivants dans notre tête afin de voir qui serait le plus enclin à commettre un tel acte. Mais c’est là où est toute la force de ce tutoriel où l’on part du premier wagon, lieu de la scène du crime, pour remonter progressivement chaque voiture. Et à chaque fois que l’on va entrer dans l’une de ces parties du train, c’est un nouveau choc que l’on va vivre et qui va redistribuer les cartes. A chaque nouvelle découverte, c’est toute notre compréhension de l’affaire qui est remise en question jusqu’à ce que l’on arrive au terminus de ce voyage. 

On va alors partager la même confusion que notre protagoniste et chercher absolument à comprendre ce qui a bien pu se passer durant ce voyage sanglant. En fait, il est ingénieux de la part des développeurs et scénaristes d’avoir créé une telle entrée en matière. En nous présentant d’emblée des figures qui semblent charismatiques ou en tout cas importantes, on se mettait déjà à imaginer ce que pourrait donner la suite de l’aventure en leur compagnie. Ainsi, les informations que l’on obtient sur eux ne se limitent pas à cerner l’instant présent, mais à se projeter dans le futur. Et pourtant, en seulement quelques minutes, le jeu va littéralement se jouer de nous en nous faisant comprendre que personne n’est à l’abri. C’est finalement notre personnage principal, un gamin sans réel particularité initiale et ignorant tout de son passé qui va être jeté sur le devant de la scène. Une enquête qui ne se limite pas uniquement de tuto ou de démonstration d’écriture de la part du studio. C’est aussi une volonté de marquer une césure par rapport à tout ce que l’on peut connaître en matière d’enquête. On chamboule tout pour que l’on adhère au côté fantastique du jeu tout en gardant un esprit logique dans ce qui peut être proposé dans la diégèse de cet univers. Bien plus qu’une enquête pour nous donner la maîtrise des mécaniques, cette sordide traversée est avant tout un billet simple dans une direction où la mort est omniprésente. Le jeune garçon que l’on incarne nous représente et entrer dans ce train marquera notre départ de tout ce que l’on peut connaître et qui nous transformera avant même que l’on arrive à bon port.

L’Amaterasu Express classé !

Ce que j’ai aimé avec l’affaire de l’Amaterasu Express, c’est que l’on tient là une première enquête qui va rapidement nous mettre dans le bain tout en se montrant surprenante. Avec ses nombreux rebondissements et surtout sa faculté à utiliser avec brio toutes les spécificités liées à cet univers et ses règles, on tient là une excellente mise en bouche avant d’entrer finalement au cœur de l’histoire. En plus de ça, il y a vraiment eu un très bon travail de mise en scène tout au long de ces investigations. A chaque nouveau wagon visité, notre cœur se resserre en se disant que l’on est sur la mauvaise piste et surtout que l’on peut tomber nez à nez avec le criminel. Une angoisse palpable issue en grande partie de cet endroit servant de terrain de jeu pour notre jeune détective. Mais surtout, on tient là un passage déjà crucial pour cette aventure afin que le joueur prenne conscience d’où il a mis les pieds. Il ne s’agit pas uniquement de trouver un corps et d’arrêter le coupable. On est directement mis face à notre propre faiblesse et le fait que les actes ignobles d’une personne peuvent tout à fait s’étendre à bien plus qu’un seul individu. Sans oublier aussi un sujet très important et qui va rythmer l’ensemble de cette histoire. Il s’agit tout bonnement de la mort qui vient frapper à tout instant les innocents de cette ville ou ceux qui sont dans le collimateur de certaines personnes. Mais même dans la résolution de cette première affaire, la faucheuse n’est jamais bien loin pour réclamer son dû. 

En résolvant cette affaire, on ne se limite pas à dénoncer le meurtrier. Nous allons aussi être les outils d’une force hors du commun bien décidé à se délecter de celui qui a franchi la ligne rouge. Une affaire où pointer le responsable de tout ça signifie aussi le guider vers sa propre destruction. Le joueur se retrouve donc non pas dans un jeu d’enquête comme on peut en avoir l’habitude. Dès la fin de ce prologue, on ouvre les yeux sur ce que l’on vient de faire et surtout du fardeau que cela amène sur nos épaules. Derrière le détective que l’on est censé être se trouve surtout un agent dont le but est de châtier malgré lui ceux qui ont osé commettre l’irréparable. On a beau résoudre l’affaire, le joueur, au même titre que Yuma, se sent dépassé par les événements et se retrouve dans une posture où il est tiraillé entre l’envie de continuer et le prix à payer pour aller au bout de cette épopée vidéoludique. Je referme donc ce premier dossier qui aura provoqué un sacré raz-de-marée chez moi tant au niveau de mon appréhension pour la suite que dans la réflexion amenant à la conclusion de celui-ci. Il est fascinant de voir comment un simple prologue peut avoir un rôle considérable sur notre manière d’aborder un récit, notamment dans le jeu vidéo. Devant canaliser bon nombre d’éléments afin de donner les clés en main au joueur pour être paré pour ce qui va suivre, les événements de l’Amaterasu Express vont bien plus loin. Ils sont autant là pour casser certains codes que pour nous imprégner pleinement de cette atmosphère macabre qui va accompagner chacun de nos pas. N’hésitez pas à me dire si vous souhaitez que je traite les autres affaires de Rain Code afin de voir comment évolue le titre au fil des heures. Je serais aussi curieux de connaître votre avis sur cette introduction et son impact sur le joueur.

Mais surtout, selon vous, qui est le coupable dans cette histoire ? 

Héros - Amaterasu Express

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