Abyss Azure

Abyss Azure & Le Bateau-Usine : les dangers de l’océan chez VEGA-Dupuis

Comme j’ai déjà pu l’évoquer un peu plus tôt cette semaine, le marché du manga a été particulièrement florissant ces derniers jours en matière de nouvelles séries. Afin de s’attarder sur un maximum de ces titres inédits, il est grand temps de vous proposer une toute nouvelle chronique se focalisant sur ces récents récits. Et s’il y a un éditeur qui a su enrichir son catalogue fortement ces derniers temps, c’est bel et bien VEGA-Dupuis. Voilà pourquoi je vous propose aujourd’hui de nous attarder sur les deux licences qui ont fait leurs débuts chez eux ce début septembre. Il s’agit du premier volume d’Abyss Azure et du Bateau-Usine. Deux lectures très différentes l’une de l’autre et qui ont pourtant des qualités prometteuses via leur introduction. Entre le premier qui revisite le mythe de la sirène et le second qui nous plonge dans un monde aussi sinistre qu’éprouvant, il va y avoir de quoi faire cette fois. Des œuvres qui savent comment nous plonger rapidement dans leur univers respectif et nous tenir en haleine pour la suite de leurs aventures. Il est donc temps de voir ce qui se cache sous l’océan !

Abyss Azure

Abyss Azure Vol.1Abyss Azure, imaginé par Akihito Tomi, nous plonge dans un monde où l’humanité ignore totalement qu’au plus profond de l’océan se cache un autre peuple. En effet, cela fait des siècles que les ondins vivent cachés aux yeux de la surface. Ne voulant plus avoir le moindre contact avec ceux de la terre ferme, ils ont bâti toute une civilisation à 4 000 mètres de profondeur. Et parmi ces êtres aquatiques se trouve une sirène du nom de Jo. Se montrant particulièrement solitaire et taciturne, elle préfère être dans son coin et s’éloigner de la ville que de fréquenter les autres membres de son espèce. Cela lui vaut souvent de cinglantes remarques de la part de ses congénères et elle est même considérée comme une fille de basse extraction n’ayant pas sa place dans certains endroits de la cité. Cependant, il s’avère que sa seule amie n’est autre que Ryû, une sublime sirène qui est au centre de l’attention. Elle s’avère être autant célèbre pour sa très grande beauté que pour ses talents de danse. Une personne envoûtante et qui pourtant adore traîner avec Jo. Un lien qui semble incompréhensible pour la plupart des autres ondins, mais qui suffit amplement à ce duo pour passer de bons moments. Malheureusement, leur petit quotidien paisible va être brisé le jour où Ryû tombe amoureuse d’un humain. Une situation totalement interdite par les lois de leur monde qui proscrit tout contact avec les hommes. Mais malgré tout ça, elle ne peut accepter de taire ses sentiments à l’égard de cette personne qui a fait battre son cœur. Aux yeux du peuple aquatique, la voilà devenue une menace et le seul soutien qu’elle puisse avoir est celui de Jo. Que compte faire sa meilleure amie en la voyant prise à la gorge par les règles de cette société ? L’océan et la surface pourraient bien être de nouveau réunis.

Il est assez rare de voir le mythe de la sirène être réinterprété à travers un manga. Abyss Azure parvenait donc à intriguer d’entrée de jeu. La première chose que l’on remarque en plongeant dans ces cases, c’est l’incroyable talent d’Akihito Tomi pour nous délivrer de sublimes scènes. Dès les premières pages, on est transporté dans cet univers qui nous semble féérique où l’océan nous délivre bon nombre de ses secrets et de moments privilégiés avec ces êtres aquatiques. De même, la découverte de cette société a vraiment quelque chose d’enchanteur tant chaque détail vient capter notre attention. Une immersion réussie qui nous donne envie d’en savoir plus sur ce peuple et sa culture. Cependant, plus on progresse et plus on se rend compte que cette histoire se veut aussi déchirante que dramatique. Le personnage de Jo se démarque par cette distance qu’il y a entre elle et les autres. Une sirène qui vit en marge de cette société et pour qui rien n’est plus important que sa liberté et son amie. Et ce qui est fort, c’est que l’artiste va nous dépeindre un monde loin des humains, mais dont les cases et le regard hautain de certains nous rappellent inéluctablement ce que l’on peut connaître en vrai. Même sous l’océan, on retrouve ce mépris de ceux qui ne font pas partie de la haute et qui cherchent juste à vivre comme bon leur semble. Et c’est là que le manga arrive à avoir un message intéressant par le biais de cette histoire d’amour interdite. On veut nous montrer une lutte importante contre les règles empêchant le mélange des cultures. Les émotions s’opposent aux lois et on a alors juste envie de voir cette relation se concrétiser et aussi le rôle qu’aura Jo dans tout ça. Nous voilà donc face à un manga qui arrive à nous enchanter initialement avant de nous emporter dans les propos importants propre à cette intrigue. Une belle découverte que je recommande !


Le Bateau-Usine

Le Bateau-Usine, dessiné par Shinjirô et scénarisé par Shigemitsu Harada, nous plonge dans un monde où toutes les mers se sont évaporées. A présent, les créatures marines ont évolué afin de survivre dans ce nouveau milieu. Beaucoup plus dangereuses et imposantes, elles se déplacent désormais le long des courants atmosphériques. C’est dans ce contexte que deux camps s’affrontent pour la moindre ressource. L’un d’entre eux s’est spécialisé dans la pêche au crabe géant. Mais en réalité, ceux qui sont chargés d’une mission aussi périlleuse ne sont rien d’autre que les laissés-pour-compte et les criminels qui sont expédiés à bord du bateau-usine. Servant de main-d’œuvre sacrifiable par les autorités, ils doivent se frotter à ces monstres et ramener leurs cadavres sous peine de subir un terrible châtiment. La majorité d’entre eux, s’ils ne meurent pas sur place face à ces êtres marins, doit se contenter d’un mode de vie absolument effroyable où les conditions sanitaires sont désastreuses. Mais ces “esclaves” ne peuvent rien faire d’autres qu’obéir sous peine de connaître de lentes et terribles souffrances avant de périr de la main de leur supérieur. C’est dans un tel contexte que Luca et Shû, deux orphelins vendus à la compagnie, tentent de survivre. Ils rêvent de rembourser leurs dettes afin de jouir enfin de leur liberté. Malheureusement, face aux horreurs commises par la contremaîtresse Kujô à l’égard de certains de leurs camarades, Luca ne peut rester de marbre. Après s’être opposés à elle, les deux compères voient leur espoir de liberté s’éloigner grandement. A présent, le jeune homme est dans le collimateur de cette tortionnaire qui compte bien s’amuser un maximum avec lui afin qu’il connaisse l’enfer. Il va devoir prendre sur lui et surtout tenir bon face à toutes ces horreurs qui vont lui tomber dessus. Pour avoir de nouveau son avenir en main, Luca est bien décidé à tout encaisser et à attendre le bon moment pour enfin sortir d’ici.

Alors là, Le Bateau-Usine est un titre dont j’ignorais quasiment tout. Je me suis penché sur cette nouveauté uniquement par curiosité et je dois dire que j’ai été totalement conquis par cette histoire. Une œuvre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains et qui nous dépeint un univers absolument effroyable. En suivant le quotidien de ces gens qui sont utilisés comme des esclaves au sein de cet immense navire, on va être pris à la gorge. De leur mauvais traitement à leurs conditions de vie en passant par le danger que représente leur travail, tout est là pour créer un profond sentiment d’effroi et de malaise chez le lecteur. On retient notre souffle en voyant à quel point le danger est autant lié à ces créatures maritimes qu’à ces supérieurs qui n’hésitent pas à abuser de leur autorité pour martyriser cette main-d’œuvre. On est alors témoin de scènes effroyables qui sont justement là pour appuyer l’injustice de tout ça. Mais ce qui est encore plus fort avec la série, c’est que l’on s’enfonce toujours plus dans le désespoir de ces personnages. Alors que l’on pensait avoir déjà connu l’enfer, on se rend compte que tout ça n’est que le commencement d’un long et terrible mode de vie. Une aventure qui nous implique totalement dans le destin de notre protagoniste et surtout où l’on a envie de le voir gagner sa liberté. Une incroyable surprise qui a su poser les bases d’un récit prometteur et qui peut se montrer sans pitié à l’égard de l’ensemble des personnages. En plus de ça, tout le lore qui se forme autour de ce monde et des mutations liés à ces créatures marines nous laissent présager énormément de possibilités pour le futur. Une épopée qui nous met la boule au ventre et sait comment renouveler constamment notre intérêt pour cette histoire. Un gros coup de cœur dont j’ai hâte de voir comment tout va se développer.

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