Manga Horror Show : Gannibal et son village inoubliable
Vous le savez, octobre c’est le mois d’Halloween et c’est aussi la période où je vous propose un rendez-vous traditionnel sur le site. En effet, cela fait déjà plusieurs années que le “Manga Horror Show” a vu le jour et je suis heureux de voir que ces chroniques vous plaisent toujours plus. Bien évidemment, je ne déroge pas à la règle cette année en vous ayant préparé un article spécial chaque samedi pour aborder de multiples sujets autour de l’horreur dans notre cher medium. Il faut dire que ce genre est très prolifique et surtout beaucoup plus intéressant qu’on pourrait le croire. Ne se limitant pas uniquement à des vagues d’hémoglobine ou à instiller la peur en nous, ces œuvres peuvent aussi traiter de thématiques beaucoup plus variées. C’est justement le cas de notre sujet du jour qui concerne une série ayant tiré sa révérence il y a de cela quelques mois. Il s’agit de Gannibal, édité chez Meian, qui fut un énorme coup de cœur pour bon nombre de lecteurs. Si j’ai déjà eu l’occasion de parler de ce titre à maintes reprises, le fait qu’il se soit terminé est l’occasion parfaite non pas pour faire un point sur celui-ci, mais pour analyser comment l’auteur a su créer cet environnement aussi saisissant qu’angoissant. Préparez-vous, il est grand temps de retourner à Kuge !
Un lieu trop paisible
Avant toute chose, il est important de signaler qu’il y aura sûrement des spoilers au fur et à mesure de cette chronique. En effet, devant aborder plusieurs éléments liés à l’intrigue, il est inévitable que je sois obligé d’évoquer certains points importants pour la compréhension du sujet. Si le manga de Masaaki Ninomiya est aussi prenant d’entrée de jeu, c’est que le titre va prendre son temps pour poser le décor dans lequel on se retrouve. Le village de Kuge contribue énormément à l’immersion que l’on va avoir, car c’est autant une fantastique toile de fond qu’un lieu qui va jouer un rôle important dans la construction de l’histoire et des personnages. Pour bien comprendre ça, il faut d’abord s’attarder sur nos premiers pas au sein de ce hameau dès le début du manga. On y voit un Daigo venant tout juste de prendre ses fonctions et qui fait le tour des environs pour s’imprégner de l’endroit. Tout est calme et paisible à tel point que l’on peut avoir un profond sentiment d’apaisement qui se fait ressentir. Même les quelques personnes que l’on croise sur la route de notre protagoniste nous semblent chaleureuses et bienveillantes. D’ailleurs, cette introduction est très importante étant donné qu’elle va faire écho à la toute fin du manga, mais on y reviendra justement un peu plus tard. Donc, on veut nous présenter un environnement propice à l’épanouissement et au bien-être très loin de ce que l’on peut connaître au cœur des grandes villes. Et pourtant, avant même que l’on soit témoin des premiers indices pouvant éveiller la crainte, il y a quelque chose qui se passe. Au plus profond de nous, on a le sentiment que quelque chose cloche comme si ce village rayonnant cachait un lourd secret.
Bien sûr, rien ne permet de le deviner initialement, mais il y a cette méfiance naturelle qui vient chez le lecteur. Le mangaka a justement su jouer sur cette inquiétude inhérente à l’être humain pour que même au milieu d’un décor reposant on se sente oppressé. Et cela ne va faire que grandir au fur et à mesure des pages. Et c’est là que va jouer un élément vital à l’appréciation du lecteur concernant cette histoire. Il s’agit tout simplement de Daigo et sa famille. Si l’on comprend qu’ils sont ici dans l’espoir de démarrer une nouvelle vie loin de la capitale, on va rapidement apprécier l’alchimie qui se dégage entre ce policier, sa femme et sa fille. On comprend ce désir d’un nouveau départ et surtout leur envie de croire en la chance offerte par Kuge. Et pourtant, plus on avance et plus on se rend compte que cela n’est qu’une mascarade. Le plus fort dans cette mise en place de ce terrain de jeu, c’est d’avoir su trouver un juste équilibre entre la peur qui grandit en nous et cette envie aveuglante de croire que tout ça est juste le fruit de notre imagination. C’est d’ailleurs pour ça que ces nouveaux venus mettent du temps à réellement prendre conscience de ce qui se passe. Ils sont témoins d’agissements plus qu’étranges et même dangereux, mais ils pensent simplement que c’est juste dû au fait que cette communauté vit avant tout entre eux. Ils pensent qu’il faut juste être accepté par ces derniers pour enfin voir les tracas s’envoler. Un mécanisme de défense qui s’axe avant tout sur le fait de fermer les yeux à ce qui nous paraît pourtant évident. Cela peut paraître étrange quand on observe de l’extérieur, mais en réalité il s’agit d’un comportement assez logique quand on se sent isolé au milieu de tous ces habitants inquiétants. On tente de se convaincre autant pour ne pas voir la vérité en face que pour ne pas attirer les regards de peur de connaître un sort peu enviable. Cela va ainsi appuyer sur une réaction tout à fait humaine et qui va être l’élément déclencheur de cette frayeur progressive qui va s’emparer du spectateur.
Une tension grandissante
S’il y a bien une qualité indéniable dans Gannibal, c’est la tension qu’a su créer l’auteur et surtout la manière dont il la nourrit au fur et à mesure des chapitres. Mais pour bien comprendre en quoi cela accentue notre immersion dans l’histoire, il faut reprendre là où on s’était arrêté. Précédemment, j’ai pu évoquer à quel point ce décor pouvait sembler paradisiaque au premier abord avant que l’on commence à sentir que quelque chose ne va pas. Et si l’obstination de nos protagonistes à croire en un possible avenir dans ce village va appuyer cette oppression montante, un autre élément va jouer un rôle crucial. Il s’agit tout simplement de la montée en puissance des actes étranges qui ont lieu au sein de cet endroit. Il suffit juste de voir la scène de recherche dans la forêt pour en avoir un très bon exemple. Après avoir découvert le cadavre mutilé de leur matriarche, le clan goto, accompagné de Daigo, part à la recherche de l’ours qui aurait commis ça. Et là, les membres de ce groupe ne vont avoir de cesse de se comporter étrangement avec le nouveau policier. Passant d’un coup d’un visage amical à une mine menaçante avant de répondre avec un grand sourire que tout ça était une farce, tout ça contribue au malaise que notre héros va ressentir ainsi qu’au lecteur. On a beau savoir que ce n’est pas normal ce qui se passe, on se questionne quand même si ce n’est pas un bizutage de la part des gens d’ici à l’égard de leur nouveau camarade. De même, l’auteur va remarquablement bien jouer avec le silence qui s’installe par moment et qui vient briser l’effervescence dans l’intrigue. Comme une manière de créer un moment gênant où tout le monde fixe le protagoniste sans rien dire comme s’ils semblaient prêt à lui bondir dessus.
Ce changement radical d’attitude chez les villageois et le clan Goto est impressionnant dans l’effet qu’il apporte. En effet, il est tout à fait normal de se sentir mal à l’aise quand une discussion animée vire d’un coup au silence le plus total. Cela provoque obligatoirement une peur chez nous, car on se demande ce qui ne va pas et surtout ce qui viendra briser ce blanc. Pendant quelques instants, on se dit que tout peut arriver et le fait de reprendre ensuite le cours de l’histoire est aussi une brillante idée, car on ne peut se défaire de cette émotion qui nous assaille. En réalité, le manga regorge de détails dans ce style pour faire grimper petit à petit la tension en nous. Il y a bien sûr le message laissé par le précédent policier qui nous fait nous questionner sur la véracité de cette accusation et si oui, va créer une envie de fuir le plus loin possible. Pareil pour la première apparition du sinistre inconnu qui apparaît la nuit aux côtés de la fille de Daigo. Il lui offre un doigt coupé avant de disparaître à nouveau. Une ombre dont on ne sait rien et qui va renforcer la crainte que nous insuffle ce lieu. En arrivant à faire naître cette graine d’effroi chez le lecteur, le mangaka s’assure que chaque situation à venir permettra de la faire grandir et, avec elle, de nourrir la peur engendrée par ce lieu et ses habitants. Il suffit de voir quand l’ours attaque Daigo et que l’un des membres du clan Goto pointe le fusil dans leur direction. A ce moment précis, un nouveau silence se fait et l’on se dit pendant un court instant qu’il ne va pas forcément viser l’animal, mais bel et bien Daigo. Une tension qui va ensuite être désamorcée à la page suivante. Mais en provoquant cet ascenseur émotionnel de plus en plus fort à chaque tome, on ne se demande plus si oui ou non il y a quelque chose de mauvais qui se passe en ces lieux. On craint juste le moment où tout va vraiment éclater. Une construction narrative et une mise en scène qui vont sublimer toute notre avancée dans la série, car chaque volume commence directement en réveillant la boule que l’on a au ventre concernant l’avenir de cette famille.
Un clan au centre des préoccupations
Bien sûr, impossible d’évoquer Gannibal sans parler du principal antagoniste du récit, à savoir le clan Goto. On fait rapidement la connaissance de certains de ses membres et force est de reconnaître qu’ils vont se présenter comme la principale source d’angoisse pour Daigo et le lecteur. Cela est dû, en partie, à ce que j’ai pu évoquer un peu plus haut, mais aussi à tout plein d’éléments qui vont se greffer à eux au fil du temps. En fait, nombreuses sont les scènes, avant que le conflit ne soit ouvert entre eux et le policier, qui provoque le mal-être chez le spectateur. Des actes qui vont contribuer au renforcement de cette angoisse qui grandit en nous. Après tout, même si on ne le prend pas au sérieux au départ, les propos accusant les gens de cannibalisme restent tout de même dans notre tête. C’est d’ailleurs en sachant que cela reste gravé dans notre esprit que l’auteur va nous délivrer une scène que je trouve très importante et efficace pour souligner la frayeur que l’on va ressentir à leur égard. Alors que l’ours est tué, on voit les Goto se réunir autour de sa dépouille, prier pour finalement se mettre à dévorer directement une partie de sa chair. S’ils nous disent que cela fait partie d’un rituel, la manière dont la case est mise en scène donne vraiment l’impression de voir des bêtes sauvages qui en dévorent une autre. On pose le même regard que Daigo sur ces gens qui semblent dévoiler leur vrai visage alors qu’ils se repaissent de cette viande. Sans même s’étendre en dialogue, un seul visuel suffit au mangaka pour faire résonner dans notre tête cette fameuse déclaration sur le cannibalisme au sein de Kuge. Dès cet instant, une méfiance va se créer entre eux et Daigo, mais aussi pour le lecteur.
Chaque apparition de ce clan se transforme alors en une frayeur de les voir se montrer sous leur vrai visage. Et plus les tomes avancent et plus on prend conscience de la portée de leurs crimes. Le récit nous les place facilement en tant que principal ennemi qui ne va avoir de cesse de s’en prendre à Daigo et aux siens. Et là où l’horreur est bien représentée à travers ces hommes, c’est qu’elle nous semble concrète et réelle. On fait avant tout face à des individus lambdas et qui sont pourtant capables du pire pour garder leur emprise sur la région et maintenir leur tradition morbide. Tout est tellement sincère dans la manière que l’auteur a d’exprimer la face sombre de ces personnages que l’on est terrorisé tant la barrière entre la fiction et le réel semble ici si mince. Mais surtout, on nous montre qu’ils sont loin d’être un tout petit groupe que l’on peut facilement dissoudre. Ils possèdent énormément de moyen, de force, d’armes et surtout une détermination qui se rapproche fortement de l’endoctrinement. Rare sont ceux en désaccord avec leurs actions et encore plus ceux qui vont oser se rebeller face aux Goto. De même, ils ont aussi un autre atout de taille en la personne de ce vieillard inconnu dont les capacités semblent surhumaines. Un monstre rôdant parmi les bêtes et qui est toujours prêt pour s’emparer d’une nouvelle proie. Avec tout ça, on est effrayé de ce qu’ils représentent, mais surtout on est apeuré par le sentiment d’isolement qu’il va y avoir pour Daigo. C’est là que Kuge, en tant que décor, joue un autre rôle très important. Il n’est pas rare de voir des héros se confronter à des adversaires redoutables. Pourtant, s’il y a bien un sentiment qui va provoquer irrémédiablement l’anxiété, c’est la solitude. Une arme redoutable quand un personnage se retrouve seul face à ses opposants comme c’est le cas dans Gannibal. Un autre atout de poids entre les mains de cet artiste qui utilise tous ces éléments de façon réfléchie et parfaitement combinés.
La vérité derrière les habitants
Mais alors que la plus grande partie du manga s’attarde sur la confrontation entre Daigo et le clan Goto, le mangaka va nous offrir une fin aussi surprenante que captivante dans ce qu’elle raconte. Cela concerne directement les habitants de Kuge qui ont été bien plus sous le joug des Goto. En effet, on comprend rapidement qu’il y a aussi une profonde rancœur entre les villageois et ces individus qui ont fini par avoir la mainmise sur ce lieu. A plusieurs reprises, on peut constater que ces gens, formant le troisième “camp” dans la série, peuvent aussi insuffler une peur bien palpable. Là où les membres du clan vont se montrer assez francs et directs dans leur approche, eux vont bien plus être dans le sous-entendu. Ainsi, c’est parfois au détour d’une simple conversation que l’on va ressentir le poids et surtout la menace que peuvent représenter ces individus en apparence chaleureux. Des personnes qui vont contribuer au sentiment d’isolement que va éprouver la famille de Daigo. Pris entre les actes immoraux de ce groupe et l’insistance des habitants de se conformer aux règles du hameau, le lecteur se sent pris en étau. Mais ce qui est fascinant, c’est que ces villageois vont autant se présenter comme un possible danger que comme des êtres rongés par leur haine des Goto et qui vont finalement se confronter à eux. Ils brisent ainsi la solitude du héros sans pour autant qu’ils soient réellement des alliés au vu de la folie qui s’empare d’eux et surtout de la haine qu’ils ont aussi pour Daigo qui a tout chamboulé depuis son arrivée. Mais pour réellement comprendre à quel point ils sont terrifiants, il faut justement se pencher sur ce dernier volume qui aura été si mouvementé.
Alors que l’ennemi initial se prépare à un baroud d’honneur contre les forces de l’ordre, une partie des habitants de Kuge se lance à leur poursuite afin de les éliminer jusqu’au dernier. On assiste alors à un véritable carnage des deux côtés, mais on est surtout terrorisé en observant ces gens “ordinaires” faire fi des blessures mortelles pour asséner leur vengeance. Là où les Goto faisaient preuve d’une ferveur quasiment religieuse à l’égard de leur famille, ici on est surtout face à des êtres humains qui donnent l’impression de n’avoir plus rien à perdre. Des victimes qui veulent entraîner leurs bourreaux dans leur chute et ainsi mettre un terme à toutes ces souffrances. Quand on assiste à ça, on voit surtout des gens pouvant être comme tout le monde et qui finissent par perdre la raison sous le coup de l’émotion. Leurs regards, déformés par la rage, les transforment, le temps de quelques pages, en des monstres du même acabit que ceux qui les ont tourmentés. Dans un sens, c’est aussi ça la malédiction qui nous est présentée depuis le début de la série et qui ronge Kuge de l’intérieur. Mais alors que Daigo parvient à stopper ça et surtout à montrer, grâce à la future génération, qu’il est possible de cohabiter, on va découvrir les dernières pages de cette histoire. On ouvre alors les yeux sur le fait que les Goto n’étaient qu’une partie du problème. Après tout, le message disait que c’étaient les gens du village de Kuge qui étaient cannibales. Cela ne se limite donc pas uniquement à ceux qui ont été désignés comme les adversaires à abattre. En prenant conscience de ça, on ne peut s’empêcher d’avoir des frissons qui nous parcourent l’échine. Avec seulement quelques cases, on ouvre les yeux sur le fait que le danger est loin d’être écarté et qu’il a toujours été bien plus près qu’on ne le pense. Depuis le départ, on faisait face à une menace que l’on n’a jamais pleinement envisagée dans son ensemble tant on était focalisé sur l’ennemi immédiat. Une horreur qui se réveille donc alors que l’on pensait enfin mettre un terme à ce cauchemar.
Gannibal impacte aussi son héros
On pourrait passer des heures à analyser cette conclusion qui nous fait autant réfléchir sur le sens de cette “malédiction” frappant Kuge que sur le véritable visage du mal qui frappe ses habitants. Le lecteur fait ses adieux à la série en étant effrayé en pensant que tout ça aurait pu être bien pire pour Daigo et les siens. Une manière ingénieuse et surtout finement écrite dans la manière de terminer ce thriller haletant et effrayant. Mais alors que l’on pourrait se dire que l’on s’arrêterait là pour ce numéro de “Manga Horror Show”, il y a un autre élément crucial à analyser pour pleinement cerner à quel point l’horreur dans Gannibal prend différentes formes. Pour cela, il faut se concentrer sur celui qui fut au coeur de cette intrigue et qui a combattu de toutes ses forces pour sa femme et sa fille. Je parle bien sûr de ce cher Daigo. C’est étrange de se dire que le protagoniste peut contribuer à l’effroi ressenti par le lecteur. Et pourtant, c’est primordial de se focaliser sur ce policier. Quand on le voit la première fois, on découvre un agent des forces de l’ordre souriant et qui fait de son mieux pour s’intégrer au village. Mais au fur et à mesure de ses découvertes sur les horreurs liées à son nouveau foyer, on va découvrir en lui une facette qui nous était inconnue. Profondément ancré dans ce passé qu’il cherche à oublier, le contact avec les Goto et les villageois va réveiller en lui quelque chose de plus sinistre. Il a beau être constamment dans la protection de ses proches, son visage suffit amplement pour déceler son désir d’en découdre. On remarque donc qu’il peut se montrer aisément violent quand il s’agit de défendre ce qui lui est cher ou bien face à des gens qui osent commettre des actes innommables.
En fait, en fuyant la ville, il a fini par atterrir dans un lieu qui n’a fait que le ramener de plus en plus à cet individu qu’il voulait éviter de redevenir. Face à ces “monstres”, il s’est aussi transformé en un prédateur dans le but de survivre. Si l’on peut être admiratif de sa capacité à faire face à une menace aussi grande alors qu’il est seul, on ne peut s’empêcher aussi d’avoir la gorge nouée. On sent, tout au long du manga, que son humanité peut voler en éclats d’une seconde à l’autre si le pire devait arriver. On en vient même, par moment, à avoir plus peur de lui que de ceux qui se trouvent sur sa route. Un homme qui est impacté par cet environnement et qui, comme les autres, peut facilement succomber à ce cycle éternel de sang qui teinte ces montagnes. Voilà pourquoi Gannibal, en plus d’être un excellent thriller, est aussi un manga horrifique d’exception. Tout s’emboîte parfaitement pour que le lecteur ne puisse jamais réellement souffler. Des débuts où la quiétude extrême de Kuge éveillait la méfiance à ce final qui nous ouvre les yeux sur le danger qui était juste à côté, à aucun moment l’effroi n’a resserré son étreinte. Se présentant sous diverses formes, elle n’a fait que cultiver cette graine en nous pour que l’on soit justement pris à la gorge par les événements et que l’on soit confronté à l’envie de connaître la suite et la peur de ce qui pourrait survenir à tout instant. Voilà qui conclut ce premier numéro du “Manga Horror Show” de 2023. Je tiens à conclure en remerciant Masaaki Ninomiya pour avoir donné vie à une telle histoire. Un récit qui m’aura profondément marqué et qui s’est rapidement transformé en un énorme coup de coeur autant dans ce genre que dans le manga en général. J’espère que celui-ci vous aura plu et n’hésitez pas à me dire dans les commentaires votre propre ressenti à l’égard de Gannibal. A très vite pour la suite de ce rendez-vous terrifiant.
© 2018 Ninomiya Masaki, Nihon Bungeisha
C’est un très bon manga, un thriller mené d’une main de maître, pourtant dès le tome 4 on nous annonce la fin (avec notre héros ligoté au pied du feu) et le suspens arrive à tenir encore plusieurs tomes.
On a le droit à de nombreux rebondissements, peut-être un peu trop vers la fin avec ce monstre d’Iwao, mais c’est assez bien expliqué pour être crédible.
Le pire est la fin du dernier tome avec cette phrase « Les Habitants de ce villages… » ; la réponse était là, devant nous, mais on nous a bien mené en bateau en nous forçant à ne nous focaliser que sur un clan.
Un de mes très gros coups de coeur de ces dernières années et qui brille tellement par l’écriture du mangaka.
Je trouve justement qu’il a su maintenir la tension jusqu’au bout tout en conservant l’âme de son histoire 🙂