Shiita et la forêt des minuscules T1 : une aventure de géant
Il y a des propositions que l’on peut retrouver fréquemment dans le monde du manga, et même dans la fiction de manière générale. Une idée qui peut amener bon nombre de scénarios différents tout en liant ces histoires par la même forme. On peut alors se demander s’il est possible de trouver une œuvre originale parmi ce lot même si elle reprend un contexte initial familier. C’est ce que l’on va voir aujourd’hui avec une toute nouvelle série ayant fait ses débuts chez nobi nobi. Il s’agit de Shiita et la forêt des minuscules, un manga fini en trois tomes au Japon, et dont le premier volume vient tout juste de sortir. Comme on peut l’imaginer, nous ne sommes pas là pour vivre une épopée qui va durer dans le temps, mais qui va pourtant avoir son charme. En effet, en nous mettant au contact d’êtres minuscules devant vivre dans un environnement gigantesque, on cherche autant à changer notre regard sur ce dernier qu’à nous donner le sentiment que chaque petite péripétie est une grande épreuve. En compagnie de ses protagonistes, on va découvrir une histoire touchante et qui surtout arrive à nous procurer ce sentiment d’évasion si important. L’heure est donc venue de voir comment survivre dans ce monde où tout paraît gigantesque.
A la recherche d’un père
Synopsis
Shiita, un être minuscule qui vit dans la forêt, mène une petite vie paisible au sein de la colonie qui l’a recueilli. Mais lorsqu’un jour son ami Nara, qui rêve de grandes aventures, disparaît après avoir aperçu de la fumée au loin au pied du grand arbre, Shiita n’a pas d’autre choix que d’oublier la prudence et partir à sa recherche ! Il doit alors apprendre à survivre et faire face à de dangereux prédateurs, ainsi qu’au mystérieux Izuna qui ne semble pas des plus amical. Et si Nara avait raison et qu’au bout du chemin, se trouvait son père ?
Mangaka : Yuki Kamba
Il est vrai que quand on s’attarde sur le synopsis de Shiita et la forêt des minuscules, on a tout de suite plusieurs exemples de séries ayant pris aussi cette voie. Cependant, le plus important est de voir si ce manga parvient à nous happer dans ce qu’il nous raconte et surtout à transformer ce récit en une aventure saisissante. Cette introduction nous donne en tout cas pas mal d’éléments prometteurs qui vont lui servir à se dissocier des autres tout en créant sa propre vision d’une remarquable histoire où la taille ne fait pas tout. On embarque rapidement pour une quête touchante où les obstacles sont très nombreux.
Un environnement connu présenté sous un autre jour
Vous l’aurez compris rien qu’au résumé, Shiita et la forêt des minuscules est un manga qui va amener du fantastique dans un décor finalement banal à travers la présence de ces petits êtres. En nous plongeant dès le début dans leur quotidien, le récit va réussir à nous troubler un petit peu afin de savoir si l’on est dans un monde proche du nôtre ou s’il s’agit d’un univers entièrement fictif. Cela permet de s’imprégner pleinement du mode de vie de nos protagonistes et surtout de nous donner envie d’en voir bien plus que les simples alentours de la colonie. Et rapidement, on va remarquer quelque chose d’assez spécial. Ce titre arrive à nous proposer un bon compromis entre le récit d’aventure et une histoire qui se veut aussi assez instructive sur la faune et la flore qui nous entourent. En mettant en scène des personnages aussi petits et qui sont des proies faciles pour tout ce qui se cache dans les ombres de cette forêt, l’auteur veut nous raconter comment ils peuvent s’en sortir. Ainsi, on prend plaisir à voir l’ingéniosité de ces petits individus qui, malgré leur taille, arrivent à tirer leur épingle du jeu à force d’observation et d’expérimentation. On nous fait comprendre ici que le savoir est une arme notamment par le biais de notre héros et qu’il est nécessaire de s’adapter à son environnement pour réussir à mieux le dompter. Mais ce que j’ai trouvé le plus réussi dans ce premier tome, c’est à quel point il utilise des animaux ou éléments courants pour créer quelque chose d’extraordinaire.
Ainsi, une colonie de fourmis se transforme en véritable armée pouvant faire de terribles ravages tandis qu’un simple fruit peut nourrir bon nombre de ces êtres. On change totalement notre regard sur tout ça en nous ramenant à la même taille que les acteurs de cette histoire et cela donne une expérience palpitante. Tout nous paraît immense et l’on a donc un rapport très fort qui se noue avec Shiita et sa vision du monde. On comprend le danger qu’il peut ressentir face à de simples animaux et l’on est admiratif de son courage de faire face à cette crainte pour atteindre son objectif. D’ailleurs, concernant le scénario en lui-même, il est surtout un bon moyen de nous faire quitter l’enceinte de cette zone sécurisée représentée par la colonie afin de partir à l’aventure. Chaque zone devient alors une possible source d’ennuis, mais aussi de péripéties à vivre et de rencontres à faire. On a envie de savoir si oui ou non notre nouvel ami retrouvera son père et son ami, mais on est encore plus conquis par l’idée de ce qui nous attend sur le trajet. Un voyage dont la plus belle partie n’est pas la ligne d’arrivée, mais bel et bien ce trajet que l’on va faire. Il y a beau y avoir moults obstacles à venir, cette œuvre veut aussi nous montrer à quel point sortir de ce que l’on connaît et voguer vers de nouveaux horizons peut avoir du bon. Une épopée qui n’a pas forcément une grande ambition au vu de son nombre de tomes et qui pourtant arrive très bien à nous immerger dans cette odyssée fabuleuse et touchante.
Ce qui est franchement remarquable avec ce premier volume de Shiita et la forêt des minuscules, c’est à quel point l’artiste a su créer une formidable aventure en changeant la perspective du monde qui nous entoure. Alors que l’on a l’habitude de vivre au milieu de tous ces éléments, le fait d’être amené à une telle taille nous donne l’impression de redécouvrir ce qui nous entoure. Les dangers sont alors palpables et l’on s’implique dans le futur de nos protagonistes et de leurs colonies qui luttent chaque jour pour leur survie. Une épopée qui nous montre que même ce qui peut nous paraître normal peut se transformer en un univers captivant à travers l’imaginaire d’un auteur.
Shiita et la forêt des minuscules réussit son pari
Il est vrai que dès le départ, je m’attendais à ce que Shiita et la forêt des minuscules soit une série courte. Cependant, il était intéressant de voir comment l’auteur allait donner vie à l’univers qu’il a imaginé et nous partager ce sentiment d’aventure. Le résultat est plus que probant, car on peut facilement s’identifier à notre protagoniste tout en ayant un attachement pour ce dernier. En fait, en plus de proposer une histoire qui tient la route et nous donne un sentiment d’évasion, ce récit est aussi une très belle lettre d’amour à ces épopées que l’on peut vivre tout simplement en quittant sa zone de confort. Représenté ici par les nombreux dangers de cette forêt, on nous fait comprendre que les obstacles sont multiples, mais que tout ce que l’on va vivre restera gravé en nous. Sans oublier aussi le coeur de l’intrigue concernant le père de Shiita qui arrive à nous accrocher. On a envie de savoir pour quelle raison il a laissé son fils derrière lui et aussi si les informations que l’on apprend à son sujet sont vraies ou non. Tout cela contribue à nourrir notre envie d’aller de l’avant et de connaître le fin mot de tout ça. Sans oublier aussi ce petit plaisir que l’on va ressentir à voir notre duo faire face aux ennemis qui se tapissent dans l’ombre et nous inculquer leur savoir. Ce qui nous semble banal à notre taille devient quelque chose d’extraordinaire à leurs yeux. Tout est une affaire de point de vue et de perspective. C’est en tout cas une franche réussite de ce côté pour cette œuvre.
Alors oui, Shiita et la forêt des minuscules est un manga qui n’a pas la prétention d’être grandiose. Mais on sent que l’auteur y met tout son cœur pour proposer une expérience qui soit avant tout plaisante et divertissante. Une lecture qui, à mon sens, montre très bien qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une grande ambition pour simplement passer un bon moment. Même les aventures les plus modestes peuvent nous délivrer des moments forts et inoubliables. C’est ce que l’on peut ressentir à travers ce titre qui fait des débuts plus que prometteurs. A présent, il va surtout falloir voir comment les deux prochains tomes viendront développer et clore cette épopée où tout nous paraît si imposant. Ce qui est sûr, c’est que notre protagoniste n’est pas au bout de ses surprises au vu de ce qu’il doit déjà affronter. Une série qui pourra donc plaire à tous ceux voulant une belle petite aventure et qui joue admirablement bien sur cette dualité petit et grand pour créer un environnement aussi envoûtant que terrifiant. Evidemment, j’ai plusieurs questions qui me viennent à l’esprit maintenant que j’ai terminé ce premier tome. Est-ce que Shiita va retrouver la trace de son père et celle de Nara ? Va-t-il devoir faire face à une terrible vérité concernant le destin de ces voyageurs ? Quels dangers l’attendent au plus profond de cette forêt ? Est-ce que son nouveau compagnon de route est un potentiel allié ou une future menace ? Je suis très curieux de voir la suite de ce titre.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Shiita et la forêt des minuscules. Trouvez-vous que la proposition initiale peut donner lieu à de belles aventures pour la suite ? Avez-vous ressenti de la sympathie pour ces petits êtres qui tentent de survivre dans ce monde de géants ? Est-ce que vous trouvez ingénieux le fait d’avoir rendu des éléments banals presque extraordinaires du point de vue de nos protagonistes ? Etes-vous curieux de voir comment va évoluer leur aventure au sein de ce monde aux multiples dangers ? Qu’attendez-vous pour le futur de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© 2022 Yuki Kamba, Kodansha