Backhome

Backhome : une ville transformée en cauchemar

Parfois, j’aime bien me pencher sur ce qu’il y a au-delà du manga japonais. En effet, il y a bon nombre d’artistes qui se lancent dans ce medium et qui proviennent des quatre coins du monde. Ils peuvent donner vie à des aventures formidables ou surprenantes à plus d’un titre et ils arrivent donc que l’on tombe sur de bonnes surprises. Récemment, on a pu voir débarquer au catalogue de Kana une œuvre de ce style avec Backhome. Une série en deux volumes qui s’est conclue en même temps qu’elle a commencé et qui nous vient d’Espagne. Même si Halloween est terminé depuis plusieurs jours, cette épopée horrifique va avoir de quoi retenir l’attention autant dans son trait que dans son écriture. Appréciant énormément ce genre, j’étais intrigué de voir ce que les artistes derrière cette histoire pouvaient raconter. J’ai alors pu découvrir deux tomes qui vont autant se montrer particulièrement rythmés qu’exprimer une certaine lettre d’amour à plusieurs œuvres majeures de ce style. Une plongée terrifiante au sein d’une ville n’ayant plus rien de chaleureuse. Soyez prêts à vous retrouver entre deux feux.

Une ombre dévorante

On peut se demander où veut nous emmener Backhome à travers ses deux volumes. Après tout, en aussi peu de chapitres il est parfois difficile de mettre en place une histoire qui aille jusqu’au bout de ses ambitions. Et pourtant, cette série va réussir à nous conter un récit efficace, intense et prenant flirtant avec l’horreur et le drame. Au contact d’une galerie de personnages intrigants, on va être amené à lever le voile sur bon nombre de souffrances ayant été le déclencheur d’un véritable enfer. Le lecteur va alors être projeté dans ce cauchemar qui va mettre à mal toutes ces personnalités.

Le désespoir de plusieurs familles

Ce qui va rapidement se démarquer dans Backhome, à travers les premières images, est le trait qui se dégage des dessins. Un style qui fonctionne très bien et qui va rapidement nous plonger dans cette ambiance un peu oppressante et sombre. Si l’on peut se sentir un peu perdu au début, cela vient surtout du fait que la série tient en deux tomes et que l’on voit la nécessité d’entrer rapidement dans le vif du sujet. Mais pourtant, cela ne veut pas dire que l’expérience vécue est loin d’être déplaisante. Au contraire, j’ai été agréablement surpris par plusieurs éléments qui vont façonner cette histoire. Si j’ai rapidement abordé le dessin, je tenais aussi à m’attarder sur l’atmosphère de l’œuvre qui m’a grandement rappelé avec brio beaucoup de titres et qui ne sont pas forcément liées au manga. En effet, plus on avance dans ce récit et plus on se rend compte qu’il y a un côté presque survival-horror à toute cette intrigue pouvant aisément évoquer des sagas comme Resident Evil. Plus on avance, et plus on va être témoin de ça tandis que nos protagonistes cherchent avant tout à s’en sortir. De même, le lieu où se passe l’ensemble de l’action est aussi important. La ville de Woscastle nous fait ressentir un profond malaise tandis que l’on explore chacun de ses recoins. Cela est dû à ce sentiment de solitude qui nous accable tout en ayant pourtant le sentiment d’être constamment observé. Un lieu qui est dénué de vie et qui a pourtant une emprise sur nous tout au long de notre progression. 

D’ailleurs, ce décor joue un rôle primordial dans l’histoire autant d’un point de vue scénaristique que dans l’immersion du spectateur. Il est le théâtre des tragiques événements qui ont plongé tous ces gens dans la tourmente et qui doivent maintenant faire face aux choix terribles d’un seul homme. Et là on va toucher à ce qui est pour moi la plus grande force de cette histoire. Derrière son aspect horrifique et son action endiablée, ce manga est avant tout une œuvre qui s’axe sur la notion de famille et d’amour. Que ce soit à travers nos héros ou bien le principal antagoniste, tout tourne autour des liens qui peuvent unir un frère et une sœur, deux amantes ou un père et son fils. C’est d’ailleurs à cause de l’un de ces liens que l’enfer va finalement s’abattre sur cette zone. On nous montre des gens prêts à tout pour protéger les leurs, que ce soit dans le bon comme dans le mauvais côté de la chose. Deux extrêmes qui donnent vie à une confrontation particulièrement intense et qui nous fait avoir de l’attachement pour certains. D’ailleurs, si ce récit nous présente des personnages principaux qui cherchent avant tout à retrouver leur bonheur perdu, c’est bel et bien dans l’écriture de leur adversaire que cette aventure va tirer tout son sel. Un antagoniste qui peut autant se montrer terrifiant, effroyable et sinistre que compréhensible dans la voie qu’il a choisie. Une ordure dont on ne cautionne pas les actes, mais qui a surtout été dictée par ce désir de protéger ce qui lui était le plus cher.

C’est ce qui fait un peu tout le sel de Backhome qui se présente autant comme une intéressante histoire autour de la famille et du deuil qu’une sorte d’hommage à tout ce que l’on peut connaître en matière de survival-horror. On ressent pleinement ce genre de détails tout au long de ces quelques pages qui vont suffire à proposer un récit dynamique et qui va rapidement s’accélérer sans laisser le moindre temps mort. Une œuvre qui arrive à raconter ce qu’elle désire tout en nous laissant imaginer ce que pourrait devenir cette aventure si elle s’étendait un peu plus loin. Je n’oublierais pas ce petit séjour au sein de cette ville fantôme.

Backhome joue les survival-horror

Backhome - héroïneBackhome est une œuvre qui, malgré sa courte durée, arrive très bien à nous amener là où elle souhaite. Les auteurs ont fait un excellent travail pour que l’on soit immergé dans cette histoire et surtout dans le combat mené par les personnages. Si l’on peut tout de même souligner quelques instants où on a l’impression que le récit va un peu trop vite, on prend quand même du plaisir à suivre le périple de ces gens qui tentent de survivre au milieu de ce chaos. Et surtout, j’ai adoré la manière dont est écrit le principal antagoniste de cette série. Un adversaire qui symbolise à la perfection tout ce que ce manga souhaite nous raconter et qui arrive autant à retenir notre attention, à nous donner des frissons qu’à nous procurer une certaine pitié à son égard. Tout cela s’axant autour de la famille, des liens que l’on forge avec et aussi à quel point la peur de perdre un être cher peut nous amener à trouver refuge sur des sentiers destructeurs. D’ailleurs, la conclusion de cette aventure est assez symbolique et reflète bien cette boucle qui se termine tout en laissant présager de ce qui pourrait être une suite ou en tout cas une fin ouverte. On referme donc ce second ouvrage en s’imaginant ce que pourrait devenir cet univers si cela venait à s’étendre et cela montre que l’on a été plongé dans cette épopée. Un court périple qui sera parvenu à nous donner quelques frissons et surtout une forte symbolique tout au long de ces chapitres. Tout ça porté par un remarquable trait venant sublimer la noirceur de cette série.

S’il ne s’agit pas forcément d’un coup de cœur, j’avais grandement envie de parler de Backhome pour tout ce qu’il offre en aussi peu de temps. J’ai été rapidement propulsé au sein de Woscastle en compagnie de cette jeune femme recherchant la trace de son frère disparu. Chaque pas amenait son lot d’épreuves, mais aussi de surprises tandis que l’on lève le voile sur les événements qui se sont déroulés ici. En fait, on pourrait presque comparer toute cette épopée à une parenthèse dramatique dans la vie de ces personnages qui doivent faire face à l’horreur sous bien des formes. S’il y a une part de surnaturel dans tout ça, on est avant tout face à ce que l’être humain peut faire de pire dans le but de protéger ce qui lui est précieux. C’est une très belle réussite à ce niveau et je suis très curieux de voir ce que ces auteurs pourront donner par la suite. Si vous appréciez les récits mêlant horreur et survie ou bien des titres pouvant se montrer déchirants dans ses thèmes alors vous pourriez apprécier ce court et intense voyage. Evidemment, je n’ai pas ici de questions concernant la suite de cette aventure étant donné que l’on a déjà pu découvrir la fin. Mais cela ne doit pas nous empêcher de laisser notre esprit vagabonder en imaginant très bien ce que pourrait donner un possible développement de cet univers qui pourrait très bien proposer d’autres choses. Une découverte qui m’aura fait passer un bon moment et qui mérite le coup d’oeil.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Backhome. Trouvez-vous que cette courte série arrive à proposer quelque chose d’intéressant et intense au travers de ces quelques chapitres ? Avez-vous pu déceler plusieurs inspirations tout au long de cette épopée ? Est-ce que vous avez apprécié la manière dont le récit va développer la plupart des personnages ? Trouvez-vous qu’il y a une bonne dualité entre nos protagonistes et cet antagoniste ? Appréciez-vous le trait de cette série et trouvez-vous qu’elle colle bien à ce genre ? Est-ce que vous auriez espéré que la licence continue un peu plus longtemps ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© Sergio Hernández © Toni Caballero. First published by Editorial Planeta S.A. All rights reserved.

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