Lindblum : une ville qui fait tourner la tête

Je pense qu’il est grand temps de retourner dans le monde fantastique de Final Fantasy IX pour un tout nouveau focus sur un lieu emblématique de cet opus. Nous en sommes déjà au quatrième numéro de ce rendez-vous et je suis très heureux de voir vos retours à ce sujet. Cela me donne encore plus envie d’aborder ces divers aspects des jeux vidéo qui nous entourent et qui font partie intégrante de leur charme. Alors que je vous avais parlé précédemment du village de Dali et à quel point ce lieu paisible cachait de lourds secrets, cette fois, on change totalement d’ambiance. Encore une fois, je retrace le parcours de nos protagonistes et donc vous aurez largement deviné quel sera notre sujet du jour. Je veux bien sûr parler de l’une des villes les plus impressionnantes de tout cet univers : Lindblum. Alors que j’ai commencé cette série d’articles en abordant Alexandrie, il est grand temps de s’attaquer à un autre gros morceau à travers cette cité qui fait rapidement forte impression. Très différente de la capitale du pays voisin, il y a beaucoup à dire sur ce lieu qui mise beaucoup sur la technologie. Préparez-vous à faire escale dans cette ville où il y a toujours quelque chose à faire.

Une cité qui donne le vertige

Avant toute chose, il est important de remettre un peu en avant le contexte dans lequel le joueur va découvrir Lindblum. On vient tout juste de quitter Dali en catastrophe à bord d’un aérocargo et ce n’est qu’après avoir semé Valseur III que le groupe peut enfin respirer. Sans rien pouvoir faire, le joueur observe en silence son moyen de transport se diriger vers cette ville dont il ignore tout à cet instant, mais qui semble déjà imposante sur la carte du monde. Et là, il va se passer une chose qui va tout de suite marquer l’esprit du spectateur que l’on est. Il s’agit tout bonnement de la cinématique nous présentant notre entrée au sein de Lindblum. On pourrait croire que cela est anodin et pourtant Squaresoft a su faire les choses en grand pour que l’on soit frappé par la grandeur des lieux. En fait, on admire une cité qui semble se hisser au cœur des nuages comme une immense tour d’horloge en son centre et le reste de la population venant graviter aux diverses strates de celle-ci. Et surtout, on voit une myriade de vaisseaux, cargos et aéronefs en tout genre qui sont en mouvement au sein de cet espace aérien, reflet de l’importance économique et commerciale de cette région. On pose les yeux sur tout ça et au même titre que nos protagonistes, on a le tournis tant on est aspiré par ce qui se tient devant nous. On a tout simplement le sentiment d’être tout petit et c’est un ressenti bien différent de ce que l’on avait pu connaître à Alexandrie. En effet, dans cette dernière on était admiratif de la beauté, de l’élégance et de la noblesse qui se dégageaient de ces rues et du château. Ici, c’est tout bonnement que tout nous paraît immense sans pour autant briller par un aspect luxueux ou noble. Notre regard se porte plus sur la structure du lieu que sur ce qu’elle peut symboliser en matière de richesses.

C’est tout bonnement parce que Lindblum n’est pas une nation qui veut impressionner par le faste et les paillettes. Entre ces murs, on veut avant tout nous faire comprendre, sans même nous dire un mot, en quoi ce royaume se distingue des autres. Le pari est totalement réussi étant donné qu’il suffit de poser les yeux tout autour de nous pour être admiratif du travail fourni. On va aussi remarquer que même si tout est gigantesque, tout s’articule aussi sur la grande force de cette patrie qui vient de son ingénierie. Il suffit de poser les yeux sur les nombreux hangars à vaisseaux, les multiples rouages qui sont exposés aux yeux du monde et font autant office de machines que de décor ou bien les divers chantiers existants pour comprendre ça. Lindblum, à l’image d’Alexandrie, est une ville qui n’a pas besoin de mots pour que l’on puisse pleinement comprendre ce qui fait son identité et son originalité. Et tout ça s’exprime en seulement quelques scènes à travers une cinématique qui ne dure pas longtemps, mais qui est largement suffisante pour que l’on s’imprègne de l’ambiance de ce lieu. Et si nos premiers pas dans ce lieu se cantonnent au château de Lindblum, on va rapidement pouvoir se perdre au niveau des nombreux quartiers disponibles. Et c’est justement remarquable d’avoir su retranscrire ce sentiment d’être perdu si propre à n’importe quel voyageur se retrouvant dans une grande ville qu’il ne connaît pas. Cela pousse le joueur à l’exploration sans forcément suivre précisément un chemin balisé. Au contraire, tout est pensé pour que l’on ait envie de parcourir chaque recoin de ces districts à la recherche du moindre secret. Là où Alexandrie nous éblouissait, Lindblum réveille en nous notre âme d’explorateur que l’on soit au sein du château ou parmi la population.

La technologie dans toute sa splendeur

Quand on évoque Lindblum, en dehors de sa grandeur, on est obligé de parler de ce qu’elle représente sur le plan technologique. Sans être dans une révolution qui vient briser le côté médiéval de cet univers, on sent à quel point une des priorités de ce royaume est de renforcer son industrie et surtout tout ce qui tourne autour de la conquête des cieux. Si Alexandrie fait preuve d’une technologie surprenante avec la création des mages noirs, en dehors de ça c’est bel et bien cette nation rivale qui a l’ascendant à ce niveau. Il suffit de poser les yeux sur les impressionnants hangars qui sont présents sur toute la structure centrale de la ville pour le comprendre. Il faut dire que Cid, le souverain de cette nation, est présenté comme un remarquable ingénieur et concepteur qui a fait perdurer le rêve et les ambitions de toute sa lignée. D’ailleurs, si les aéronefs sont déjà une preuve flagrante des capacités technologiques et du savoir-faire des ouvriers de Lindblum, d’autres éléments viennent aborder dans ce sens. On peut par exemple citer la sorte de tramway qui vient faire la jonction entre les différents quartiers. Pareil pour le moyen de locomotion qui relie la base de la ville aux diverses portes menant vers l’extérieur. Tout respire le progrès surtout en comparaison de ce que l’on a connu jusqu’ici. Que ce soit Alexandrie ou même Dali, on était témoin de certaines prouesses technologiques, mais ce n’est rien en comparaison de ce que l’on peut voir une fois que l’on franchit ces imposantes portes. Et même quand on quitte la zone du château, il y a quelque chose de bien particulier qui se dégage des rues. Là où nos précédentes escales nous amenaient dans des lieux où l’on avait le sentiment de respirer, ici c’est beaucoup plus cloisonné.

En fait, c’est un contraste assez unique qui se passe devant nous, car si Lindblum est sûrement la cité où il y a le plus de zones habitables à explorer, on a pourtant l’impression que tout est concentré en quelques points. Cela est dû, en grande partie, à cette structure si particulière qui s’axe énormément sur une tour centrale où vont se greffer les diverses zones. Et cela appuie la sensation que l’on est face à un lieu plein de vie où il y a toujours quelque chose qui se passe en arrière-plan. Une animation qui symbolise ce carrefour qu’est cet endroit autant sur le plan commercial, militaire et technologique, mais aussi artistique. Et oui, Lindblum est un lieu propice pour tous les artistes afin de s’exprimer comme il le souhaiterait. Il suffit de s’attarder dans le quartier théâtrale pour ressentir cela. Entre l’atelier d’un peintre plein de talent et les représentations de la plus grande vedette de son temps, il y a toujours quelque chose venant briser la monotonie des habitants. Et c’est justement une facette de cette ville qui lui permet de se différencier. Là où sa grande rivale s’axe avant tout sur la figure centrale qu’est la Reine Branet, Cid ne donne jamais le sentiment de se sentir au-dessus de la population. Au contraire, tout est réfléchi pour que, de par sa condition et même son caractère, ce chef ne donne jamais l’image d’un souverain implacable, mais avant tout d’un ingénieur qui a fait de mauvais choix. En tant que seconde grande cité que le joueur visite, Lindblum veut laisser une empreinte différente, mais tout aussi marquante que celle où notre épopée a commencé. Une mégalopole médiévale qui nous donne le tournis et nous fait voir cet univers d’un autre angle où le ciel devient un terrain de jeu et où l’on ne se limite pas uniquement aux voies terrestres.

Un symbole de repos

Je parlais déjà du village de Dali comme lieu de repos dans le début d’aventure que l’on venait de vivre. Pourtant, il s’agissait d’un faux répit au vu de la menace qui grandissait sous ce lieu. Mais en ce qui concerne Lindblum, on peut désigner cette cité comme le premier véritable endroit où nos héros pourront se changer les idées et surtout ne pas craindre pour leur vie. D’ailleurs, à de nombreuses reprises dans l’épopée, cette cité servira autant de QG que de refuge pour le groupe après avoir passé bon nombre d’épreuves. Nous avons donc un endroit qui va prendre ce symbole de base pour l’équipe et où ils vont avoir le soutien de nombreux alliés. Entre le roi Cid, les ingénieurs ou bien la bande des Tantalas, ils sont tous présents pour servir de bouée à Djidane et ses amis quand ils sont exténués par cette quête qui est la leur. Voilà pourquoi il y a un sentiment tout particulier qui se passe à chaque fois que l’on revient à Lindblum. En effet, il faut beaucoup de temps pour que le joueur soit libre de ses mouvements et puisse vraiment faire des allers et retours sur l’ensemble de la carte. En attendant ça, tous les arrêts que l’on va faire, mise à part un passage, vont avoir pour but de nous laisser souffler. Et c’est génial que le studio ait pu penser à ça sans pour autant indiquer clairement que c’est un refuge. C’est le joueur et les personnages qui vont se rendre compte d’eux-même que c’est entre ces murs qu’ils peuvent se reposer pleinement et surtout se préparer aux défis qui les attendent. Et finalement, il y a un lien qui se forme entre le joueur et cet endroit de manière inconsciente. On s’attache à cet endroit, à ses quartiers et ses habitants que l’on a pu par exemple connaître à travers certaines saynètes.

De même, on a même été directement impliqué dans l’un des événements majeurs de cette cité avec la fête de la chasse où il faut s’en prendre à des monstres dans toute la ville. Tout ceci nous permet de nous déconnecter de la tension et du poids qui pèse sur nos épaules pour simplement profiter de l’instant présent. Cela a beau n’être que quelques instants dans une épopée qui s’étend sur des dizaines d’heures, mais ça signifie pourtant beaucoup. Telle une oasis dans le désert, revoir cette gigantesque cité n’est plus source d’émerveillement, mais de réconfort. On sait que mise à part dans des situations bien particulières, il n’y aura jamais le besoin de sortir les armes pour se défendre. Une chose rare quand on prend en compte le fait qu’il n’y a finalement que peu de réels endroits pour s’arrêter paisiblement dans le jeu. En plus de ça, dans le conflit qui se profile à l’horizon, Lindblum n’est jamais dans une question d’attaque. Il s’agit avant tout de se défendre face aux ambitions d’une reine qui est totalement aveuglée par celles-ci. Une nation qui veut tendre la main aux plus faibles et qui sera donc le premier vrai allié de poids dans cette bataille à venir pour décider du destin de la planète. En fait, la sensation initiale d’être perdu que l’on avait la première fois que l’on parcourait ces rues s’estompe pour ne laisser place qu’à un plaisir simple de parcourir ces rues pavées à observer toutes ces animations. Pas de complots ou de dangers immédiats, mais juste des gens cherchant à mener une vie paisible loin du tumulte de la guerre. Un constat qui rendra d’autant plus difficile la catastrophe que va subir cette ville face à l’impressionnante puissance adverse. Une capitale qui va subir les foudres d’une femme et de son armée qui ne reculent devant rien pour gagner.

Lindblum, victime de la guerre

Si j’ai pu aborder dans cette chronique tout ce qui fait la différence et l’attrait de Lindblum, il est aussi important de s’attarder sur ce qu’elle va subir. Car oui, si elle est présentée comme l’une des forces majeures de ce continent, cette nation va pourtant être l’une des grandes victimes des ambitions démesurées de Branet. Alors que l’on se disait que rien ne pourrait venir à bout de cette gigantesque forteresse qui avait la puissance pour se défendre, il aura suffi de quelques instants pour tout chambouler. C’est après avoir franchi les Pinnacle Rocks que l’on va assister, impuissant, à la destruction de Lindblum. Loin de cette agitation, on découvre l’assaut meurtrier des mages noirs qui ne font pas de quartier. Les habitations s’écroulent, les cris résonnent jusqu’au moment où le pire arrive avec l’apparition d’Atomos qui va mettre le coup final à cette invasion. On a le sang qui se glace en voyant tous ces gens être aspirés par cette chimère qui semble juste se délecter du festin qui s’offre à lui. Et si tout ça nous marque, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette attaque fait partie intégrante d’un enchaînement de malheurs qui ont servi à consolider Branet et ses troupes comme les adversaires à abattre de ce début d’aventure. En fait, la destruction de Lindblum est l’ultime succès d’Alexandrie pour apposer sa suprématie sur tout ce continent. De plus, on s’attaque ici à la chute d’un monument que l’on pensait pourtant capable de rivaliser avec ce royaume rival. Et pourtant, même un pays aussi puissant est balayé en quelques secondes face à la force inégalable qu’à obtenu cette souveraine qui ne peut plus s’arrêter. Un symbole de liberté détruit et qui est dans la droite continuité de tout ce qui s’est passé jusqu’ici avec Bloumécia ou Clayra.

Mais surtout, comme je l’ai dit un peu plus haut, il y a vraiment un lien assez fort qui s’est créé entre le joueur et Lindblum. Le fait que la cinématique dédiée à la destruction de cette dernière soit aussi impactante vient justement du travail qui fut fait en amont pour nous faire apprécier ce lieu. Nous partageons la peine des personnages et on se sent si faible face à ce déferlement de haine, de sang et de violence qui s’abat dans les rues de cette cité. Le dernier coup de marteau dans le cercueil de cette liberté qui pouvait régner autrefois sur ces terres. Et malgré toutes ces souffrances, on va aussi être témoin du courage des habitants restants et de leur dirigeant dans le but de tout reconstruire. S’il est vrai que FFIX est l’un des opus qui se veut les plus tragiques dans les thèmes traités, il est aussi là pour apporter une lueur d’espoir en nous montrant que même après les pires tempêtes, il y aura toujours des gens pour reconstruire et désirer la paix. C’est ce que l’on peut observer par la suite quand on parcourt de nouveau ces ruelles. Des gens qui s’entraident pour ramener un peu d’espoir dans ce monde si sombre et qui finira même par atteindre Alexandrie quand celle-ci connaîtra aussi un destin tragique. Lindblum est donc le reflet de cette humanité qui, même quand tout s’écroule autour d’elle, est capable de se serrer les coudes pour aller de l’avant. J’espère en tout cas que ce focus sur cette ville de l’univers Final Fantasy IX vous aura plu !

N’hésitez pas à me dire dans les commentaires votre propre ressenti sur celle-ci ou bien si vous souhaitez que j’aborde certains sujets en particulier. On se retrouve très vite pour de nouvelles virées dans le monde vidéoludique.