Tokugawa Monkeys T1 : une quête de vengeance
Il arrive très souvent que l’on tombe sur des mangas prenant place dans un contexte historique propre au Japon féodal. Cette période est toujours propice à nous raconter bon nombre d’intrigues captivantes et surtout en adéquation avec la violence propre à cette époque. Récemment, c’est du côté de chez Chattochatto que l’on a pu découvrir une œuvre de ce style. Il s’agit de Tokugawa Monkeys qui désire nous proposer une aventure destinée avant tout à un public averti. Intrigué par ce que pourrait donner cette histoire et surtout de ce qui pourrait être raconté par le biais des personnages proposés, je me suis finalement lancé dans cette aventure. J’ai alors pu découvrir un récit particulièrement intense et brutal où l’on va assister à la confrontation de deux camps, l’un cherchant à assurer son pouvoir et l’autre à tout bousculer. Le lecteur va alors être guidé dans une lutte sanglante en compagnie de guerrières qui ne laissent aucune chance à leurs ennemis. Une virée sanglante dans une époque où le Japon est divisé. Préparez-vous donc à plonger dans une violente bataille qui fera bon nombre de victimes.
Le Tengu attaque sa proie
Synopsis
Nous sommes à l’époque Edo, les inégalités s’installent, les conflits se multiplient et la corruption est partout. Les Tengu, un groupe terroriste désirant mettre fin au shogunat est opposé aux singes, des agents de l’ombre au service du shogun et protégeant la paix. Suzu Kaneno, une jeune épéiste en quête de vengeance va finir par se voir enrôlée chez les singes et embarquée dans ce conflit qui pourrait bien mener à la fin d’une ère.
Auteurs : Kakuji Fujita
Il suffit de lire rapidement le synopsis de Tokugawa Monkeys pour comprendre que l’on est face à un titre qui va grandement jouer sur une action frénétique. En posant les bases d’un conflit opposant les deux camps au centre de cette histoire, on va rapidement placer un décor où chaque jour réserve son lot d’affrontements. Un rythme frénétique qui nous prend d’assaut et va nous délivrer une histoire sans réel temps mort en compagnie de figures féminines fortes et imposantes. Mais qu’est-ce qui peut être raconté au travers de cette lutte constante ? Eh bien, le manga réserve son lot de surprises à ce niveau.
La garde des singes
Il ne faut que quelques pages à Tokugawa Monkeys pour nous montrer une bonne partie de ce que l’on va vivre tout au long de cette lecture. En effet, le manga se présente comme une fresque guerrière à la fois brutale et spectaculaire où l’on va assister à la confrontation entre le groupe des Tengus, des gens désireux de changer à jamais le Japon, et les Monkeys, des jeunes femmes aux ordres du shogunat en place pour stopper ces incursions. Et là, on touche à une première chose très intéressante étant donné que cela s’inscrit dans une représentation de cette période où le Japon se questionnait sur le fait de se recentrer sur lui-même ou bien de s’ouvrir au reste du monde. Une époque incertaine et maintes fois traitée dans de multiples œuvres en tout genre. Mais là où cette histoire se veut prometteuse, c’est que notre groupe est au service de ce seigneur qui est très loin d’être un modèle de vertu. Au contraire, on veut nous montrer que nos protagonistes obéissent aux ordres dans l’espoir de préserver une paix qui n’est finalement que celle des plus puissants qui se délectent du malheur des gens du peuple. De l’autre côté, on nous dépeint des révolutionnaires qui se battent au nom d’une forme de justice, mais qui n’hésitent pas à commettre des atrocités pour mener leur combat. Ainsi, le lecteur se retrouve dans une situation où il est spectateur d’une confrontation où la moralité est mise à mal des deux côtés. On ne veut pas nous présenter des bons ou des mauvais camps, mais des gens ayant succombé à l’appel du sang en se convaincant que c’était l’unique moyen pour parvenir à leurs fins.
Et cela contribue à donner une dimension bien plus profonde qu’on pourrait le croire de prime abord à cette histoire. Mais en dehors de ça, ce manga se veut aussi comme un impressionnant défouloir où l’on va être emporté par les diverses luttes entre les deux groupes. On va être témoin des capacités de chaque combattant et le spectateur va autant être surpris par le spectacle qui s’offre à lui que profondément marqué par la violence de ces rencontres. Une façon de montrer l’intensité du conflit qui se joue devant nous, mais aussi à quel point aucune des deux forces présentes n’a réellement d’empathie pour les victimes collatérales pouvant avoir lieu durant ces rixes. D’ailleurs, j’ai été étonnamment surpris aussi par les quelques révélations que l’on va avoir en fin de tome. Des informations qui bouleversent grandement notre vision de la série concernant son futur. En dehors de tout ça, il y a autre chose qui va contribuer à notre attrait du récit. Il s’agit de la part de mystère entourant nos protagonistes. En effet, même si on est rapidement intégré à cette équipe et à leur devoir, on ne sait finalement que peu de choses sur ces guerrières. Ainsi, on se questionne sur les nombreuses cicatrices de notre combattante aguerrie. Pareil pour les autres membres du groupe qui semblent tous avoir une histoire personnelle à raconter les ayant amenées à rejoindre cette faction. Des énigmes qui nous poussent à vouloir aller plus loin dans l’intrigue tout en étant pris dans cette spirale infernale de haine et de sang.
Tokugawa Monkeys se présente, à travers ce premier volume, comme un divertissement décomplexé et violent représentant avec force la brutalité de cette bataille qui se joue devant nos yeux. Tout est créé pour que l’on soit à la fois interpellé par ce conflit qui fait bien des ravages et le mystère qui englobe ces personnages dont on ne sait finalement que peu de choses. De même, cette série veut aussi jouer sur notre sens de la justice au vu de la moralité de certains et surtout de leur soutien à l’égard d’un pouvoir qui se complaît dans la luxure, l’abus et l’écrasement des plus faibles.
Tokugawa Monkeys ne fait pas dans la demi-mesure
Je me suis tourné vers cette nouvelle série avant tout portée par une curiosité à l’égard du pitch initial. Finalement, Tokugawa Monkeys présente un show assez spectaculaire et grisant où tout se règle à la force des poings. Encore une fois, nous sommes face à un manga destiné avant tout à un public averti au vu de certaines scènes. Mais surtout, on se retrouve devant une œuvre qui utilise une époque bien précise du Japon pour délivrer une vision brutale et épique d’un conflit opposant les fidèles du shogunat et ceux désireux de changer les choses. Jouant aussi avec notre sens moral, on ne peut s’empêcher de se demander qui a réellement raison dans cette lutte qui se présente presque comme une excuse pour les deux camps de se défouler que de protéger les habitants. De même, le titre parvient à créer des personnages qui retiennent l’attention notamment concernant notre principale combattante autant dans son chara-design, ses forces et faiblesses ainsi que sa manière de se battre. En plus de ça, tout a été très bien pensé de la part de l’artiste pour proposer un style de combat singulier collant parfaitement avec les stigmates ayant marqué son corps. A présent, il va surtout être prometteur de voir comment le récit va évoluer étant donné que l’on est avant tout dans une phase d’exposition cherchant avant tout à nous plonger rapidement dans l’enfer qui frappe le pays. Une fresque qui veut nous en mettre plein la vue tout en nous faisant comprendre que l’on n’est qu’au début d’une bataille pouvant décider de l’avenir du Japon.
Si je ne suis pas sur un coup de cœur immédiat à travers ce premier volume, je trouve que Tokugawa Monkeys dégage beaucoup de potentiel. Il est plaisant de voir une œuvre qui cherche avant tout à jouer à fond la carte de la surenchère dans son action. On ne s’ennuie jamais tout au long de notre lecture grâce à un rythme effréné et sans réel temps mort. J’ai très hâte aussi de voir comment vont évoluer les combats à venir au vu de ce qui est déjà proposé dans cette introduction. L’un des gros points forts de la série qui parvient à offrir des affrontements lisibles et où l’on ressent très bien l’impact de chaque coup. Mais cela n’est qu’un bref aperçu en attendant l’arrivée d’ennemis pouvant mettre à mal nos guerrières chevronnées. Des promesses et des mystères qui donnent envie de prolonger l’expérience à travers le second acte. Si vous cherchez une expérience décomplexée, brutale et spectaculaire, alors vous devriez largement trouver votre compte avec cette nouvelle licence. A présent, j’ai tout de même quelques questions concernant le futur de la saga. Est-ce que notre protagoniste parviendra à aller au bout de sa quête de vengeance ? Quel peut bien être le passé de cette demoiselle aux nombreuses cicatrices ? Qui l’emportera dans cette rivalité sanglante entre les deux factions ? Que nous préparent les Tengus au vu des dernières révélations de ce tome ? Il faudra surveiller de près le second tome de cette aventure historique.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Tokugawa Monkeys. Est-ce que le titre parvient, à votre sens, à proposer une histoire brutale et prenante ? Avez-vous été attiré par ce camp que l’on suit et les membres qui le constituent ? Trouvez-vous que l’opposition entre les deux forces peut donner lieu à une réflexion intéressante sur le long terme ? Est-ce que le contexte historique est ici propice à offrir des scènes marquantes tout en appuyant sur les thèmes traités ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.