Rose Bertin T1 : une couturière de renom
Je ne le dirais jamais assez, mais j’adore tout ce qui touche à l’Histoire. Peu importe la période ou bien le pays traité, j’apprécie le fait de ramener le passé vers le présent par le biais de la fiction. Il est ainsi possible de jeter un œil en arrière tout en découvrant des histoires romancées et captivantes, mais emplies d’une certaine vérité. C’est donc toujours un bonheur pour moi que de me lancer dans une nouvelle série du genre. Voilà pourquoi j’étais très content en apprenant l’arrivée de Rose Bertin au catalogue de Kazoku/Sikku. En plus d’avoir une jaquette fabuleuse, ce manga me faisait de l’œil par rapport à ce qu’il souhaitait nous raconter. Ayant pu mettre la main dessus, je me suis empressé de lire le premier volume. Je peux alors dire que mes attentes furent comblées bien plus que je ne l’espérais au travers de cette introduction débordante de qualités. On se lance dans un voyage dans le temps pour découvrir le récit d’une figure marquante de cette époque cruciale de l’Histoire de France et qui pourtant n’a que très rarement été mise en avant. Préparez-vous donc à suivre les péripéties d’une jeune femme qui va côtoyer le sommet de l’aristocratie.
A la conquête de Paris
Synopsis
1766, Abbeville. Rose Bertin est de loin la meilleure couturière de la ville. Ses robes fluides et confortables font sensation. On loue ses concepts novateurs et sa dextérité hors normes. Mais la jeune femme aspire à mieux. Elle rêve de gloire, de Paris et de devenir la plus grande couturière de France !
La concurrence sera rude pour imposer son style face à sa rivale Marie-Jeanne Bécu, la modiste la plus influente de la capitale.
Auteur : Jingetsu Isomi
Au niveau de son synopsis, Rose Bertin nous fait rapidement comprendre ce qui nous attend. Se focalisant avant tout sur cette figure historique, l’intrigue de cette série va pourtant utiliser avec brio ce personnage pour nous immerger pleinement dans cette période faste du pays. Et c’est l’une des grandes forces de cette œuvre que de réussir à combiner une aventure personnelle fascinante à une représentation plus que convaincante du XVIIIe siècle parisien. Notre regard va autant se porter sur les efforts de cette dame pour montrer ce qu’elle vaut que sur cette ville qui ne dormait jamais.
Le destin d’une femme talentueuse
Comme vous l’avez compris, Rose Bertin se présente comme un manga historique. Cela signifie plusieurs choses intéressantes à analyser et la première concerne la représentation de la période traitée à travers ce premier volume. Sur ce point, on a le droit à un excellent travail de la part de l’auteur. Au départ, on va découvrir la campagne française du XVIIIe siècle et l’on ressent ce côté à la fois reposant et limité pour notre héroïne. Mais dans un second temps, le mangaka nous emmène dans sa vision du Paris de l’époque et que dire si ce n’est que l’on est subjugué par ce qu’il nous propose. On retrouve plein d’éléments qui, même si on n’est pas familier de cette partie de notre Histoire, vont forcément nous évoquer tout un tas de choses. De plus, on a le droit à une retranscription réussie de la grandeur de cette capitale et de l’animation qui rythme chaque journée en son sein. Le contraste est d’autant plus fort que l’on accompagne notre protagoniste du premier au second environnement et que l’on va partager sa surprise face à ce changement radical. Mais si la forme est plus que séduisante, il est aussi important de s’attarder sur le fond du titre. Là-dessus, on va encore avoir de quoi être conquis. En prenant comme figure centrale un personnage qui a eu son importance, mais que finalement peu de gens connaissent véritablement, l’auteur va capter toute notre attention. On nous explique rapidement ce que Rose va devenir et cela provoque en nous la curiosité ainsi que de nombreuses attentes pour la suite.
Etant donné que l’on connaît déjà la ligne d’arrivée de cette histoire, notre regard va surtout se porter sur tout le cheminement qui va y conduire. Et là on touche au cœur du récit et à ce qui forme son âme. En nous amenant dans le quotidien de cette couturière promise à un brillant avenir, on va traiter du thème de la place de la femme à cette période. Même si certaines trouvaient du travail et pouvaient donc amasser des richesses, les inégalités étaient encore bien présentes et les mentalités très rétrogrades. Mais au contact de Rose Bertin, on va découvrir une jeune femme qui ne cherche pas du tout à se conformer aux attentes de la société. Avec son caractère froid et son visage impassible, elle dénote par rapport aux autres personnages féminins qui jouent de leur charme en restant ancrés dans ce rôle que le monde leur attribue malgré elles. Allant à contre-courant de cette façon de penser et surtout montrant qu’elle a du talent dans ce qu’elle fait, cette héroïne nous donne envie de l’encourager. On la voit partir de zéro et se lancer à corps perdu dans des défis pouvant sembler insurmontables. Et pourtant, elle ne baisse jamais les bras et on est admiratif de son courage ainsi que de sa détermination. Une demoiselle dont on a envie de suivre le parcours et que l’on veut voir bousculer les codes au sein de cette ville magnifique et pourtant peu encline aux changements. En plus de ça, on aborde un milieu qui n’est pas forcément très présent dans le manga avec le domaine de la mode, de la couture et des parures propres à cette époque. Tous les ingrédients sont là pour nous proposer une œuvre historique passionnante autant dans ses thématiques que dans la quête que l’on va suivre.
En fin de compte, ce premier tome de Rose Bertin se présente comme particulièrement riche. Il suffit de quelques pages pour être pleinement propulsé dans cette période historique et surtout dans tout ce qui en découle. Mais surtout, on va faire la connaissance de personnages marquants qui vont rapidement éveiller notre intérêt. Des individus qui cherchent à atteindre les sommets, chacun à leur façon. On a beau alors nous dire où ils arriveront, le véritable plaisir de cette histoire va être de voir comment ils y sont parvenus. Une œuvre qui peut rapidement se faire une place dans le genre du manga historique.
Rose Bertin entame sa plus belle création
Oui, ce premier volume de Rose Bertin est une très belle réussite. On a vraiment beaucoup de sympathie pour notre protagoniste même si elle se montre assez froide et distante. Ce comportement s’explique par rapport à sa vision de la société et son envie de se faire une place dans celle-ci. Je trouve que pour un premier acte, la série parvient à amener beaucoup de sujets intéressants sur la table. En plus de ça, le titre a su diversifier son casting à travers d’autres grands noms de cette période historique. De ce fait, on est autant intéressé par l’évolution de notre couturière que par ses échanges avec ces autres figures emblématiques. D’ailleurs, le mangaka joue justement sur ces autres personnages pour créer une rivalité et multiplier les différentes pistes possibles que l’on pourra suivre. On va ainsi non seulement s’intéresser au combat quotidien de Rose pour se hisser au sommet de sa profession que celui de ses connaissances pour se faire un nom. Il y a une représentation fidèle de la partie historique sans pour autant miser uniquement sur cette facette. L’artiste cherche aussi à créer un réel divertissement qui va nous captiver et surtout façonner une expérience de lecture qui se veut plaisante à vivre. C’est juste un bonheur que de voir cette demoiselle lutter et montrer ses capacités face à une société qui cherche à la façonner selon son bon vouloir. Alors que tout le monde désire lui dicter ses choix et son avenir, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et prouve par son travail, sa volonté et sa créativité qu’elle peut aussi marquer à jamais cette époque.
C’est donc, vous l’aurez compris en lisant cet article, un véritable coup de cœur que j’ai eu pour ce premier volume de Rose Bertin. Une excellente pioche de la part de l’éditeur qui nous propose ici une excellente fresque historique se focalisant sur le parcours de grands noms du XVIIIe siècle en France. Jouant autant sur l’envie de connaître chaque étape de leur ascension et des thématiques de société qui résonnent encore aujourd’hui, nous voilà face à une lecture où l’on ne s’ennuie à aucun moment. Que ce soit dans sa première partie qui se focalise sur l’envie d’un nouveau départ pour Rose ou bien le reste de l’œuvre centrée sur son arrivée à Paris, tout est bien rythmé. Une narration fluide et efficace qui va autant mettre l’accent sur l’écriture des personnages que sur la découverte de ce milieu et tout ce qui y est rattaché. Il y a même un petit plaisir que d’accompagner notre jeune couturière au sein de cette ville que l’on connaît si bien aujourd’hui et qui pourtant se présente ici comme si on la découvrait pour la première fois. Si vous appréciez les récits historiques et que vous souhaitez suivre la naissance d’une célébrité de l’époque alors vous serez sûrement séduit par cette nouvelle licence. J’ai évidemment beaucoup de questions qui me viennent en tête maintenant que je referme ce premier tome. Quels seront les défis qui ponctueront la vie de notre protagoniste ? Quelles tenues imaginera-t-elle pour ses futurs clients ? Comment va se passer sa rencontre avec celle qui deviendra Marie-Antoinette ? Comment va se présenter la suite de sa vie au sein de cette capitale où il se passe toujours quelque chose ? Je serais à coup sûr de la partie pour la suite.
N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Rose Bertin. Trouvez-vous que l’on a le droit à une belle immersion dans la France du XVIIIe siècle ? Êtes-vous intrigué par le développement de notre protagoniste et surtout la manière dont elle va parvenir à ce statut qui l’a fait connaître ? Est-ce que vous appréciez la manière dont ce titre souhaite nous faire voyager dans le temps ? Le manga parvient-il, selon vous, à traiter de thèmes forts, ancrés dans cette époque et qui résonnent encore aujourd’hui ? Qu’attendez-vous pour la suite de cette licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.
© Jingetsu Isomi / SHINCHOSHA Publishing Co. Ltd.