Oni Goroshi

Oni Goroshi T1 & 2 : le nouveau visage de la vengeance

Dans la riche variété que nous propose le manga, il se trouve parfois des œuvres qui arrivent à nous prendre aux tripes et ce dès les premières pages. Des titres qui nous amènent dans des recoins sombres de la créativité de ces artistes qui façonnent des récits aussi prenants que terrifiants. C’est ce que l’on avait pu connaître chez Meian avec l’excellent Gannibal qui fut juste une claque du début jusqu’à la fin. Cette fois, l’éditeur a décidé de nous proposer une nouvelle licence encore plus viscérale et où le maître-mot est vengeance. Cette œuvre, c’est Oni Goroshi et elle sera notre sujet du jour étant donné que les deux premiers volumes du manga viennent tout juste de sortir. Je l’avoue, j’ai été tout de suite interpellé par ce titre rien que par ses couvertures qui nous laissaient présager d’une aventure sinistre et brutale. Mais c’est en me plongeant pleinement dans cette lecture que j’ai réellement pu comprendre ce qui fait toute sa force. Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains et qui va nous projeter en plein cœur d’une vendetta opposant des individus qui ont déjà tant de sang sur les mains. J’espère que vous êtes bien accroché, car il est temps de visiter la ville de Shinjô et faire connaissance avec ses démons.

Une ville et ses démons

Dès que l’on s’arrête sur le synopsis de Oni Goroshi, on sait que l’on est face à une oeuvre qui ne va pas prendre de gants. Un manga réservé à un public averti et qui va rapidement donner le ton de l’histoire. Mais si l’on suit avant tout la quête de vengeance d’un homme ayant tout perdu, l’œuvre ne se limite pas uniquement à ça. Il va aussi y avoir une très intéressante combinaison amenant cette quête sanglante vers une approche presque folklorique liée à ce lieu. On va ainsi avoir l’impression qu’en effet, les démons existent et qu’ils s’acharnent sur cette ville qui ne cesse de connaître bien des malheurs.

Une sanglante vendetta

Il ne faut pas longtemps pour comprendre où veut nous amener Oni Goroshi. Dès sa scène d’introduction, on est en contact avec la violence qui règne. Nous faisons face à une véritable exécution et mise en scène qui va être l’élément déclencheur de ce qui va survenir après. Là où le titre fonctionne très bien, c’est dans la manière de construire la menace que représente notre protagoniste. On nous indique dès le départ qu’il est un véritable monstre qui a toujours su faire face à tous ses ennemis. Malheureusement, cela attire l’attention d’un groupe qui nous paraît encore plus dangereux. On a donc rapidement une sorte de hiérarchie dans la menace que représentent tous ces individus peu recommandables. Et en seulement une scène, l’auteur va pratiquement nous faire oublier les crimes de Shûhei pour diriger toute notre colère à l’égard de ces cinq hommes masqués qui ont détruit sa vie. Et là, on entre dans quelque chose de remarquable en matière d’écriture. On découvre un Sakata qui n’est plus qu’une coquille vide ayant passé une bonne partie de sa vie derrière les prisons et une blessure qui l’a rendu grandement infirme. Pourtant, il suffit d’un élément à sa sortie pour que l’on se mette à trembler. Son regard vide s’anime d’une flamme rarement vu et tout se met en place pour ressusciter celui que l’on ne connaissait réellement qu’à travers les rumeurs. Le changement au niveau du physique et de l’aura qui entoure ce personnage est grandiose, car on sent que les choses sérieuses commencent. En deux volumes, il y a une véritable iconographique qui s’installe autour de cet homme qui est plus proche du démon que de l’humain.

Et d’ailleurs, c’est une excellente idée de la part du mangaka d’avoir mis en contraste son grand âge qui est censé l’affaiblir et cette énergie nouvelle qu’il déploie pour entamer sa vengeance. En plus de ça, il y a tout un tas de petits moments où on le voit exprimer le fait que son corps ne tient plus et qu’il pourrait lâcher à tout moment. Et malgré ça, il continue d’avancer inexorablement vers ses ennemis en laissant une montagne de cadavres derrière lui. En créant tout cet imaginaire autour de Shûhei, on veut nous montrer que l’homme fragile qu’il était s’efface pour laisser place à une entité qui n’a plus rien d’humain. Un esprit vengeur qui ne fait preuve d’aucune pitié et qui avance peu importe les blessures ou la fatigue. On touche alors à une autre face importante de cette histoire qui s’écrit en lettres de sang. En effet, on ne cesse de nous parler de démons qui ont marqué d’une façon ou d’une autre cette ville qui n’a jamais réellement connu la paix. Ainsi, on cherche à expliquer la noirceur de l’âme humaine d’un point de vue quasiment folklorique en disant que cela est le fait de créatures néfastes. Une manière pour le commun des mortels de se réfugier dans un raisonnement qui nous paraît fou, mais qui est pour eux une branche à laquelle il s’accroche. De ce fait, toute la violence dont on va être témoin va autant consolider cette vendetta que le mythe entourant cet endroit où les hommes semblent impuissants face à ces monstres qui vivent parmi eux. Nous sommes alors les observateurs de l’un d’entre eux qui part non pas à la chasse aux humains, mais qui poursuit sa traque de ses congénères pour enfin tirer un trait sur tout son passé.

Il n’y a pas à dire, Oni Goroshi sait comment soigner son entrée à travers ces deux premiers volumes. Des premiers pas qui se veulent sanglants et malsains en nous mettant au contact de ce qu’il y a de pire au sein de cette ville. Et finalement, on se laisse prendre par cette quête de vengeance qui nous questionne autant sur quel est le pire mal qui ronge cet endroit. Sans oublier aussi toute la partie mise en scène qui est absolument brillante. On est totalement à la merci de cette violence décomplexée qui semble inarrêtable. Nous sommes alors pris au piège, au même titre que les habitants, par cette vendetta opposant tous ces démons à forme humaine.

Oni Goroshi réveille la bête

Il est clair que Oni Goroshi est avant tout réservé à un public averti de par ses scènes sanglantes, les thèmes abordés ainsi que certains passages difficiles. Mais en dehors de ça, on fait surtout face à une aventure où l’on va retenir notre souffle tout du long. On enchaîne les situations tragiques, macabres ou déroutantes tout en accompagnant un homme qui n’a absolument plus rien à perdre. Il se lance à corps perdu dans cet objectif qui lui permet de réveiller celui qu’il était auparavant. Avec son trait soigné et venant sublimer la brutalité de cette histoire, l’auteur réussit à créer une atmosphère d’une efficacité redoutable. On observe tout ça en se doutant que l’on va aller de confrontation en confrontation et surtout découvrir les dégâts causés par ce démon ayant dormi trop longtemps. Et le plus fort, c’est que même si l’on sait que Shûhei est loin d’être un enfant de chœur, tout a été pensé pour que l’on partage son désir d’en finir avec ces cinq criminels qui sont des monstres encore plus effroyables. La question n’est donc pas ici de trouver un peu de lumière dans cette ville noyée dans l’ombre. Il s’agit avant tout de suivre les traces d’un démon en proie à la peine qui se lance dans sa dernière chasse pour en finir une fois pour toutes avec les maîtres de ce terrain de jeu macabre. Et plus on avance dans le récit et plus on entrevoit des subtilités venant enrichir l’écriture de notre protagoniste et surtout renforcer cette aura qui l’entoure. Nous ne sommes pas face à un héros, mais devant un être qui a vécu par le sang et qui ne peut plus se défaire de ce milieu qu’il a lui-même aidé à créer.

J’ai énormément apprécié ma découverte de Oni Goroshi qui propose une expérience qui n’a pas besoin d’artifices pour capter notre attention. Tout se met en place rapidement et l’on est pleinement embarqué dans ce périple qui a déjà fait beaucoup trop de victimes. L’exemple parfait du récit mettant en scène un mal pour vaincre un autre mal. Oui, nous ne sommes pas face à une lecture qui va nous donner le sourire ou apporter un peu de joie durant notre avancée dans l’intrigue. Il s’agit avant tout d’être le témoin de l’éveil d’un démon qui est prêt à tout détruire si cela lui permet d’atteindre ce qui sera sûrement le dernier objectif de sa vie. Nous assistons alors à la naissance d’un anti-héros qui peut facilement marquer les esprits et surtout nous faire trembler autant de peur que d’excitation à l’idée de le voir se déchaîner face à ses ennemis. Si vous cherchez une œuvre où l’action est non-stop et qui délivre une intense et sanglante quête de vengeance alors vous ne serez pas déçu de ce titre. A présent, voici les quelques questions qui me viennent à l’esprit après avoir refermé ces deux tomes. Est-ce que Shûhei arrivera au bout de son but ? Quel peut bien être l’objectif final de ce groupe qui n’a eu de cesse de s’accaparer le pouvoir ? Est-ce que notre protagoniste parviendra à trouver des alliés de confiance ? Finira-t-il consumé par cet appel du sang qui a longtemps dicté son existence ? Assisterons-nous à un sacré rebondissement concernant la raison du malheur qui s’est abattu sur lui ? Je serais au rendez-vous pour la suite de cette aventure.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de Oni Goroshi. Trouvez-vous que cette quête de vengeance est aussi haletante qu’elle est violente ? Est-ce que vous êtes curieux d’en apprendre plus sur notre protagoniste, son passé, mais aussi ce qui l’a amené à plonger dans ce milieu ? Pensez-vous que l’on aura le droit à une évolution prometteuse de l’intrigue au vu des derniers rebondissements ? Est-ce que le manga parvient, selon vous, à proposer une atmosphère réussie et étouffante ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

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