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OUT T1 à 4 : coincé entre deux mondes

Ces dernières années, nous avons le droit en France à une forte progression du furyô sur le marché du manga. En effet, les titres de ce style se sont multipliés rapidement et il est génial de voir ces derniers trouver leur public. Surtout que l’on est face à un genre qui est très loin de se cantonner uniquement aux codes classiques que l’on peut donner au furyô. Il existe bon nombre de façons différentes d’aborder la vie de ces délinquants japonais que ce soit de manière presque autobiographique, de façon plus ou moins comique, avec une dose de fantastique ou bien de façon beaucoup plus réaliste. Si je parle de tout ça, c’est parce qu’aujourd’hui, je vous propose de nous attarder sur l’une des séries qui était très attendue dans ce domaine. Je parle de OUT dont les quatre premiers volumes viennent de débarquer aux éditions Meian. Disponible autant à l’unité que via la formule abonnement, la série nous délivre déjà un début plus que conséquent permettant de pleinement s’imprégner du récit de Tatsuya. Et je dois dire que j’ai pris une claque à la lecture de ce titre qui m’a autant fait rire par moments qu’il m’a profondément touché. Préparez-vous donc à accompagner ce jeune homme dans sa quête de réinsertion qui ne va pas du tout se passer comme prévue.

Une liberté fragile

Le synopsis de OUT est très intéressant, car ici nous sommes en contact avec un protagoniste qui a déjà un passif bien précis. On a devant nous un jeune homme qui a déjà connu une sacrée descente aux enfers et dont le désir est de ne plus jamais retourner dans cette cellule qui fut la sienne. Un désir de liberté qui va le pousser à suivre les codes de la société, mais où sa véritable nature va aussi refaire surface. On va alors le voir marcher continuellement le long de ce fil rouge où une seule erreur pourrait le faire chuter à tout jamais et détruire tout son futur.

Attention à la moindre erreur

OUT - rencontreLa première chose qu’il est important de retenir concernant OUT concerne Tatsuya et cette corde raide sur laquelle il avance constamment. Le manga nous fait comprendre très vite que cette seconde chance qu’on lui offre sera la dernière et on sent cette volonté de notre protagoniste de faire profil bas. On comprend l’enfer qu’il a pu vivre dans cette maison d’arrêt et son désir de ne plus y retourner quitte à tirer un trait sur tout ce qu’il fut par le passé. Et c’est intéressant de voir un personnage principal avec déjà un passif qui se présente comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Très souvent, nous sommes plongés dans le monde de ces délinquants sans vraiment avoir de conséquence par rapport à la société qui préfère détourner les yeux. Mais ici, on confronte tout ce qu’il a connu à la réalité de cette vie où la loi prime avant tout. Réussir à faire ressentir cette menace carcérale est une excellente idée, car cela donne de la crédibilité à ce récit et crée une tension constante pour cet adolescent et le lecteur. On a envie de croire qu’il est capable de faire table rase du passé comme il le prouve très bien en venant en aide à sa tante et son oncle. Tout est pensé pour nous montrer cette volonté qui l’anime et qui est autant pour lui que pour les quelques personnes qui continuent de le soutenir. Il y a donc une lutte captivante qui s’organise avant même que n’arrive réellement toute la partie baston de rue et qui est aussi très symbolique. 

On met en opposition un jeune homme qui a déjà perdu tout sentiment d’appartenance à cette société et qui doit maintenant choisir entre cette autre vie où il est devenu une légende et une existence classique en adéquation avec les règles qui régissent le quotidien de chacun. Et en quatre volumes, Tatsuya va être très souvent confronté à cette tentation de revenir dans ce milieu où il se sent “libre” et aux conséquences que cela peut entraîner. Et il n’est pas tant question ici de dire qu’il faut obéir aveuglément aux ordres qu’il a reçu, mais de peser le pour et le contre de ces deux modes de vie qui se présentent à lui. Même les quelques membres de sa famille qui l’encouragent ne sont pas là pour le tenir éloigné de celui qu’il fut. Il est avant tout question d’être en phase avec ses principes et de suivre aussi ce qui nous semble juste même si cela implique pour Tatsuya de franchir discrètement cette fameuse ligne rouge. Et ce conflit interne qui est le sien dès le début de la série n’est pas quelque chose qui va s’estomper au fil des chapitres. Ce couperet est constamment là et va peser énormément dans les décisions qu’il va prendre et la manière dont il va forger son avenir. Et je trouve que réussir à créer tout ça en aussi peu de temps est particulièrement représentatif du talent de l’auteur pour retranscrire cette détresse qu’il peut y avoir à revenir dans une société où l’on ne se sent pas à sa place ou qui ne veut simplement pas de nous. Une réflexion captivante qui dépasse de loin l’unique cadre de ces “voyous” pour nous amener à réfléchir nous aussi sur ce qui nous entoure.

Si une grande partie du récit de OUT est de savoir si oui ou non Tatsuya va retourner en maison d’arrêt, le manga ne s’arrête pas à ça. Car oui, si l’on va être balloté entre la vie qu’il doit mener et celle qu’il a quasiment toujours connue, c’est dans cette dernière que l’on va réellement observer les autres atouts de la série. Que ce soit dans l’évolution de notre protagoniste que l’impact que vont avoir les autres personnages sur lui, il y a énormément à dire sur la manière dont tout ça se construit. Une oeuvre qui, au-delà des codes du genre, va mettre l’accent sur l’humain avant tout.

La loi de la rue

Évidemment, il est impossible de parler de OUT sans évoquer bien sûr tout cet univers lié à la rue qui va nous être présenté. Il ne faut pas longtemps pour que l’on s’immerge dedans à travers la rencontre avec certains personnages. On retrouve alors bon nombre d’éléments classiques du furyô avec les nombreux gangs présents, les affrontements entre bandes et ces divers règlements de compte. Mais là où le manga va frapper fort rapidement, c’est qu’il ne va pas du tout prendre de gants avec nous. On voit à quel point ce milieu peut être brutal et même mortel si l’on se retrouve devant les mauvaises personnes ou que l’on ne sait pas se défendre. Si l’on nous dépeint ici aussi tout un lore autour des divers groupes qui se partagent le pouvoir, on sent que l’arrivée de Tatsuya va aussi redistribuer les cartes. Et il faut reconnaître que l’auteur a un sacré coup de crayon pour mettre en scène des affrontements où l’on ressent l’impact de chaque frappe, mais aussi à quel point les règles n’existent pas ici. Si certains respectent un certain code d’honneur, il y en a aussi beaucoup qui sont prêts à tout pour se débarrasser de leurs ennemis. Attaque en surnombre, embuscade, armes en tout genre et coups bas font partie intégrante du quotidien de ces adolescents qui ne connaissent que cette voie comme mode de vie. Et pourtant, il ne faut pas s’arrêter uniquement à ça.

Car si jusqu’ici, j’ai parlé de la violence qui règne au sein de ces gangs, on va aussi être témoin de scènes beaucoup plus touchantes et bouleversantes. Et c’est encore une fois par le prisme de Tatsuya que l’on va le comprendre, car notre protagoniste s’est quasiment toujours battu seul jusqu’à maintenant. Un guerrier solitaire qui a forgé sa réputation par la force de ses poings. Mais ce nouveau départ va lui faire rencontrer des gens qui le comprennent, mais qui vont aussi se présenter comme de véritables amis. Même plus que ça, on va assister à des liens semblables à des frères d’armes et qui vont avoir un profond impact dans la manière d’agir de ce repris de justice. Il ouvre les yeux sur le fait qu’il est aussi possible de se battre pour les autres et non pour sa propre personne. Et ce qui est fort, c’est que l’on croit fortement dans ces relations naissantes tant elle déborde de sincérité. Oui, ses nouveaux camarades ne vont pas être tendres au début et il va arriver qu’il y ait des tensions entre eux. Mais pourtant, on assiste à un puissant rapprochement qui reflète parfaitement leur manière de voir le monde et aussi ce qu’ils cherchent vraiment. Là où dans la société, ces adolescents n’arrivent pas à se trouver et à suivre le chemin qu’on leur dicte, c’est au sein de ces bandes que la plupart trouvent un foyer et une famille. Une envie d’être auprès de gens qui peuvent comprendre et partager ce qu’ils ont sur le cœur et créer une fratrie où il n’est pas tant question d’être le plus fort, mais de veiller les uns sur les autres.

Voilà toutes les raisons qui font que j’ai autant apprécié OUT et que je trouve cette série captivante. Nous sommes face à un excellent furyô qui arrive non seulement à nous offrir notre lot de scènes d’action frénétiques, mais aussi à nous transmettre des messages forts sur ces adolescents perdus et qui ne trouvent le refuge que dans cette voie violente et sanglante. Et je trouve que c’est cet équilibre maîtrisé entre humour, baston et même drame humain qui rend cette lecture aussi savoureuse. Une œuvre qui a beaucoup à raconter et qui ne se limite pas uniquement à des adolescents qui s’affrontent.

OUT mord férocement

OUT - bastonJ’avais énormément d’attentes concernant la sortie de OUT que ce soit par rapport à l’engouement de beaucoup de gens pour ce titre que d’un point de vue personnel. Et je dois dire que je ne suis clairement pas déçu. Tous les éléments sont là pour mettre en place un récit qui arrive à nous prendre aux tripes tout en nous faisant passer par le rire ou bien les larmes. On ne se limite pas uniquement à suivre le quotidien mouvementé de Tatsuya, on a le sentiment de partager chaque moment de cette nouvelle vie. Et après tout ce qu’il a enduré, le voir devenir une nouvelle personne et s’entourer de gens qui sont là pour lui et qui l’aide n’a pas de prix. Cela rend d’autant plus forte la relation entre eux et tout ce qui va découler par rapport aux événements qui vont frapper cette ville. De même, l’auteur parvient aussi à créer des antagonistes qui sont à la fois puissants, impressionnants et détestables pour appuyer le fait que ce milieu est d’une brutalité sans nom, mais qu’il est aussi question de charisme et de leadership pour réussir à survivre. Si cette première partie du manga va avant tout conserver Tatsuya dans cette position délicate qui est la sienne, on peut déjà entrevoir pas mal de pistes pour la suite. Coincé entre la peur de retourner dans cette cellule et l’envie d’être libre de faire ce qu’il souhaite, notre protagoniste va peu à peu ouvrir les yeux sur ce qui importe réellement. S’il risque fort de replonger, ce ne sera pas par un simple caprice de sa part, mais bel et bien pour les liens qu’il a su forger. 

Je trouve vraiment génial de voir comment l’auteur est parvenu à un tel résultat sans jamais que l’on ait l’impression que ce soit forcé ou que cela impacte la narration. Tout est particulièrement fluide et on enchaîne les pages sans même s’en rendre compte. Le lecteur se retrouve tellement impliqué dans ce qu’il se passe qu’il a même la sensation de faire partie de cette histoire. Au-delà de l’image néfaste dépeinte à l’égard de ces adolescents évoluant en marge du système, ce titre nous montre aussi qu’ils sont des personnes parfois perdues et qui ne cherchent qu’à trouver un lieu et des camarades qui leur correspondent. Et c’est pour ça que je trouve que cette série a aussi une dimension humaine particulièrement forte et qui peut toucher n’importe qui. Il suffit de voir le lien incroyablement touchant qui se forme entre deux personnages en particulier pour être totalement convaincu de cette sincérité qui s’exprime à travers leurs échanges, interactions et autres dialogues. Une excellente porte d’entrée au genre et qui saura autant vous divertir par son action frénétique, son humour réussi et vous émouvoir par le destin de ces bagarreurs des rues. C’est donc un énorme coup de cœur que je recommande chaudement. A présent, j’ai tout de même pas mal de questions qui me viennent en tête pour la suite. Est-ce que Tatsuya va pleinement replonger dans ce milieu ? Ses prochains actes vont-ils de nouveau le conduire à la case prison ? Va-t-il finalement trouver sa place parmi ses nouveaux amis ? Comment va-t-il grandir à leur contact ? Ce qui est sûr, c’est que je serai au rendez-vous pour assister à la naissance de cette nouvelle légende.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces quatre premiers volumes de OUT. Trouvez-vous que ce début est réussi et parvient à nous plonger pleinement dans le quotidien compliqué de Tatsuya ? Avez-vous ressenti de la sympathie pour les personnages qui vont graviter autour de lui et former cette “famille” qu’il n’a jamais connu ? Etes-vous curieux de voir comment va évoluer notre jeune délinquant face à tout ce qui se passe devant ses yeux ? Trouvez-vous que l’auteur réussit à retranscrire avec brio la violence de cette vie et cette difficulté à s’extraire de celle-ci ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

2 Comments

  • Nana Couboa dit :

    J’en ai entendu du bien de Out. Et ça me fait plaisir de voir un manga du genre Furyo de cette trempe sorti en France. Ton article donne plutôt envie à suivre cette série. Bon en ce moment, je suis plus sur d’autres séries et impossible d’acheter tout ce qui sort (ça revient cher). Mais Out fait parti de prochaines séries à lire. Merci pour ton article !

    • EspritOtaku dit :

      Merci pour ton retour Nana et ce fut vraiment belle découverte qui se présente comme une très bonne porte d’entrée au genre ^^

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