Pourquoi j’aime – PJ #05 : Valkyrie Apocalypse
Je profite d’un petit creux dans les sorties mangas pour vous proposer un nouveau numéro de “Pourquoi j’aime”. Après déjà quatre premiers numéros, le temps est venu de reprendre la parole une cinquième fois afin d’aborder une autre œuvre que j’apprécie beaucoup. Elle nous vient tout droit de chez Ki-oon et il s’agit de Valkyrie Apocalypse. Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai toujours eu un faible pour les récits mettant en scène des personnages historiques ou bien de la mythologie peu importe laquelle. Je ne vous dis donc pas ma joie quand ce titre est sorti et qu’il promettait des affrontements grandioses entre les deux camps. Si la série est souvent, malheureusement, reléguée à juste un énorme défouloir, il est important de voir aussi que cette proposition est loin d’être dénuée d’intérêt. En effet, pour ma part, je trouve qu’il y a beaucoup de choses à dire sur cette série et qui font que je l’apprécie énormément. Je vous propose donc de nous poser quelques instants afin que je vous partage les points qui font que j’aime tant ce manga. Et bien sûr, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous pensez de Valkyrie Apocalypse.
Un tournoi absolument improbable et épique
Oui, je commence cette chronique autour de Valkyrie Apocalypse en abordant tout de suite le côté totalement surréaliste et barré de cette compétition. En effet, nous sommes dans une œuvre qui cherche avant tout à se centrer sur un tournoi qui, dès le départ, se présente comme divin et aux enjeux graves. Et je trouve justement que c’est un point fort que le scénariste et dessinateur soient vraiment allés au fond de cette idée pour que cela forme une identité propre à la série. On arrive ici à nous présenter la possible “fin du monde” comme un événement où tout le monde va se rassembler pour encourager son camp. Le risque a beau être très grand pour l’Humanité, il y a tout de même une approche très tournée vers le show. Des rencontres “sportives” mortelles où chaque participant va faire étalage de sa force dans le but d’arracher un petit point pour son côté. Et d’ailleurs, j’apprécie aussi le fait qu’il y ait un véritable travail de fait pour que tout cet aspect céleste et divin soit utilisé pour renforcer l’aura autour du Ragnarök. Le lecteur, tout autant que les spectateurs en tribune, se retrouvent face au spectacle le plus important de toute l’Histoire dont le résultat final décidera du sort du monde. Et ainsi, notre duo de mangaka parvient à créer un tournoi où tous les yeux sont rivés dessus et où on ne souhaite pas en rater une miette. Sans même nous en rendre compte, on est pris dans l’effervescence qui règne au sein de cette arène et l’on en vient même à oublier l’enjeu principal pour se concentrer avant tout sur les rencontres qui nous sont proposées. Des affiches improbables, mais qui nous font vibrer tandis que l’on se demande à chaque fois qui l’emportera. Une œuvre qui maîtrise à merveille son divertissement pour nous donner juste des moments épiques que l’on a envie de vivre.
Des combats plus que techniques
On pourrait croire, en lisant le synopsis de base, que Valkyrie Apocalypse va se présenter comme un enchaînement de combats où chacun va étaler sa force. C’est finalement être très loin du compte étant donné qu’il va y avoir un véritable travail pour rendre chaque confrontation unique et prenante. Nous ne sommes pas uniquement dans un concours de puissance, car cela voudrait dire que le camp des dieux partirait avec un gros avantage. Du fait que l’action soit la colonne vertébrale qui va donner vie à ce récit, tout est réfléchi pour que celle-ci soit la plus captivante à suivre. C’est pourquoi chaque rencontre que l’on va observer va nous livrer bon nombre de surprises. Que ce soit dans son déroulé ou dans sa conclusion, il y a plus d’une fois où ce titre a su me surprendre tant je ne m’attendais pas à ce que ce personnage gagne ou que le duel puisse prendre une telle tournure. Par exemple, le premier combat opposant Lü Bu à Thor est axé sur la notion de force et peut se présenter comme une escalade de puissance, mais dès le deuxième affrontement on part sur quelque chose de très différent avec un Adam dont l’arsenal se rapproche justement d’un dieu. Et ainsi de suite tout au long du tournoi comme le montre si bien la bataille opposant Poséidon à Kojiro qui est sûrement l’une des plus techniques de toute la série. Il y a une volonté de faire en sorte de créer de l’originalité à chaque fois pour ne pas tomber dans la redondance tout en proposant un show où la victoire n’est pas forcément celle du plus redoutable, mais aussi du plus rusé. Et c’est juste génial à suivre, car on a beau connaître l’identité des personnages qui vont entrer dans l’arène, on ignore totalement comment ils vont combattre et la dimension que va prendre le choc entre les deux.
Une oeuvre loin d’être manichéenne
Initialement, quand on se lance dans Valkyrie Apocalypse, on peut totalement y voir un récit très axé entre “le mal” représenté par les dieux voulant détruire les hommes et “le bien” symbolisé par les représentants de ces derniers pour les protéger. Après tout, c’est assez normal étant donné que l’on nous présente un danger bien concret et qui établit ces êtres célestes comme les principaux antagonistes. Et pourtant, plus on avance dans le récit et plus on se rend compte que cette frontière s’efface progressivement. Comme je l’ai évoqué plus tôt, on va être tellement emporté par le tournoi que l’on en oublie presque la finalité qui peut en découler. Et notre attention se concentre alors sur une chose bien précise, les participants. Ce sont eux qui vont faire battre le cœur de ce manga et créer le spectacle épique et dramatique auquel on va assister. Et on va se rendre compte d’une chose assez simple au fil des affrontements. Que ce soient les participants divins ou les figures humaines, chacun ne va pas chercher à accomplir l’objectif de son camp, mais à se confronter à l’adversaire devant lui. S’ils sont poussés dans l’arène par la situation, ils vont réellement montrer qui ils sont au fil de leurs échanges de coup. Ainsi, on va apprendre à les connaître au milieu de ce chaos et l’on finit par avoir même de la sympathie pour ces adversaires qui ne doivent pourtant pas gagner. Et c’est pour ça que je dis que cette série est loin d’être manichéenne, car on voit qu’il existe de nombreuses nuances même au sein de ce panthéon divin. Certains cherchent juste à démontrer leur force, d’autres à venger ceux qui sont tombés tandis que quelques dieux vont avoir une forme de sympathie pour leur opposant. Et c’est pareil dans l’autre sens. On a le droit à des participants humains qui veulent juste tester la maîtrise de leur art, combattre ou même prendre plaisir à tuer. Et c’est d’ailleurs dans ce dernier cas de figure que le titre va le plus briller, car il parvient à nous faire aller du côté du camp céleste tant leur représentant est synonyme d’honneur et de loyauté tandis qu’en face se trouve un participant humain qui représente la noirceur de l’homme. Nous ne sommes pas cantonnés à apprécier juste un camp. Chacun peut trouver son compte dans le large éventail de personnalités qui sont proposées et qu’il soit d’un côté ou de l’autre de l’arène.
Une excellente appropriation du mythe de chacun
Comme j’ai pu l’indiquer un peu plus haut, j’adore tout ce qui touche à la mythologie ainsi qu’à l’histoire. Alors voir une œuvre comme Valkyrie Apocalypse combinée les deux, même si c’est pour du grand spectacle totalement explosif, me ravit. Et ce qui me fascine souvent dans ce genre de cas est de voir comment les auteurs peuvent s’approprier ces figures bien connues de l’Histoire ou de diverses cultures pour les représenter au sein de leur récit. Avec ce manga, je trouve qu’il y a justement une très bonne utilisation de ce qui fait qu’ils sont uniques et qui leur a permis, d’une façon ou d’une autre, d’écrire leur légende. On pourrait bien sûr partir sur des représentations “réalistes” par rapport à ce que l’on sait d’eux, mais cela n’équilibrerait absolument pas les forces. Ici, on va faire en sorte de transformer les exploits, les talents ou les éléments qui ont permis aux représentants humains de traverser les âges pour en faire des armes redoutables. Pour en revenir par exemple à Adam, le fait qu’il soit dit qu’il a été fait à l’image de son créateur lui permet de se rapprocher du statut d’un dieu. Il peut ainsi rivaliser en force avec son opposant. Pour ce qui est de Kojiro, il était connu pour être l’éternel perdant qui passait son temps à imaginer le déroulement de ses combats dans son esprit avant de trouver une façon de battre à coup sûr son ennemi. Cela est remarquablement bien retranscrit dans le manga pour en faire un atout entre leurs mains et ainsi sublimer un peu plus leur présence dans ce colisée. Et les divinités ne sont pas en reste avec une excellente retranscription de ce qui les rend aussi spéciaux et ça peut autant être dans leur parcours, les défis qu’ils ont relevé que des artefacts qu’ils possèdent. Un manga qui a parfaitement su donner sa vision de tout ça pour coller à son idée de base et ainsi créer un tournoi qui en met plein les yeux.
L’histoire par l’action
Il est déjà temps de conclure cette cinquième chronique de “Pourquoi j’aime” dédiée à Valkyrie Apocalypse en vous parlant de quelque chose que je trouve remarquable de la part de certains auteurs. On peut tout à fait avoir des œuvres qui vont s’axer avant tout sur des combats et l’enchaînement d’affrontements sans jamais laisser de temps mort. On peut alors se demander si cela est suffisant pour créer une histoire intéressante. Et c’est là que l’on peut remarquer le talent de certains mangakas pour réussir à utiliser l’action frénétique de leur projet comme principale scène afin de raconter tout ce qu’ils souhaitent. C’est souvent le cas pour des titres centrés sur les arts martiaux et Valkyrie Apocalypse est un très bon exemple de série qui y parvient. Après tout, le concept de base est de délivrer un tournoi qui va représenter l’ensemble de l’intrigue. Il faut donc, pour accrocher le lecteur, parvenir à rendre celui-ci fun tout en amenant une écriture pertinente tout au long des combats. Et il suffit de voir ces derniers pour comprendre que notre tandem d’artistes y parvient à merveille. Si l’on est souvent dans un schéma classique dans la construction de ces affrontements, cette formule est idéale pour justement donner de la profondeur aux personnages qui se retrouvent sur cette impressionnante scène. C’est au fil des coups et des blessures reçues que les duellistes vont nous transmettre leur passé, mais aussi leur envie pour l’avenir. Chaque technique et chaque élément qui vont constituer leur arsenal est porteur d’une histoire personnelle et on va ainsi entrecouper ces chocs de titans par des flashbacks constructifs renforçant notre attrait pour les participants. L’action est au service de l’écriture et peut autant être au coeur du divertissement que nous délivrer les souvenirs de ces guerriers qui vivent pour se battre.
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