Sudachi T1 : le destin fou d’un villageois

La fantasy est un genre bien populaire dans le manga à tel point que l’on peut constamment avoir peur de tomber sur des séries qui se ressemblent à force. Pourtant, il est toujours captivant de voir que des auteurs parviennent à s’approprier ce style pour créer des histoires qui parviennent à se jouer des codes habituels ou bien à nous faire croire à une aventure classique pour mieux nous tromper ensuite. C’est ainsi que l’on peut parfois tomber sur une épopée différente des autres et qui ne dévoile son vrai visage qu’au fur et à mesure que l’on progresse de chapitre en chapitre. Ce fut exactement le cas pour le titre dont je vais vous parler aujourd’hui et qui nous provient de chez nobi nobi. Je veux bien sûr parler de Sudachi dont on peut avoir rapidement l’impression d’être en terrain connu lorsque l’on s’attarde sur la couverture ou bien le résumé. Et pourtant, plus j’avançais dans le récit et plus j’étais captivé par ce qui m’était raconté. Une œuvre qui cache bien son jeu et qui va nous amener à la découverte d’un quotidien à la fois paisible et mouvementé. Préparez-vous donc à entrer dans la boutique qui aurait changé l’avenir de ce monde.

Bienvenue à la boutique Sudachi

Synopsis

Le roi-démon a été vaincu par un héros, et la paix règne à présent dans le monde. Ainsi, tout va bien…sauf pour Murabito, le gérant du magasin d’objets Sudachi. En effet, il se retrouve bien embêté : il y a tellement peu de problèmes à présent que les aventuriers ne viennent plus ! Si rien n’est fait, il va devoir mettre la clé sous la porte… Un beau jour, une jeune fille lui rend visite. Peut-être pourra-t-elle l’aider… car il s’agit en réalité du roi-démon censé être mort !

Mangaka : Makoto Morishita

Derrière ce synopsis qui alterne à la fois classicisme et une petite touche d’originalité, Sudachi est un manga qui va se montrer bien plus profond qu’il n’y paraît. Si l’on peut au départ rigoler de tout ce qui entoure les déboires de notre protagoniste, sa rencontre avec l’autre personnage important du récit va changer beaucoup de choses. Une œuvre qui va ainsi nous faire passer par une myriade d’émotions tout au long de cette première partie et installer une base solide pour la suite. Et c’est ce mélange entre ce que va devenir ce jeune homme et ce qu’il souhaite qui va créer une partie de la saveur de cette histoire.

Pouvoir mener une vie banale

Ce que j’ai trouvé très intéressant dans ma lecture de Sudachi, c’est que l’on peut diviser ce premier tome en deux parties bien distinctes. Au départ, on nous raconte le quotidien de Murabito qui cherche à tout prix à faire perdurer cette boutique que son père tenait avant lui. Malheureusement, on se rend compte qu’un tel magasin n’a que peu d’attrait dans un monde où la paix existe. Un parti pris captivant, car on a beau nous montrer des terres où il fait bon vivre, cela joue en défaveur de la croissance de ce petit village et surtout de cet établissement. Un contrepied liée à la victoire du héros et qui ainsi créer une forme d’empathie à l’égard de ce jeune homme qui veut juste faire perdurer cet héritage qui est autant le dernier souvenir de son père qu’un symbole dans la croisade du sauveur de ce monde. On a alors envie de croire en son rêve même si on voit tout le monde se résigner et lui dire qu’il vaudrait mieux qu’il trouve une autre voie. Toute cette partie permet d’avoir un attachement certain pour notre protagoniste qui ne se laisse pas faire même s’il est bien conscient de cette réalité qui frappe sa boutique. C’est alors qu’arrive l’élément perturbateur qui va venir bousculer un peu plus la vie de ce garçon. Sa rencontre avec celle qui est désignée comme le roi-démon ayant été défait il y a de ça plusieurs années va avoir l’effet d’une bombe dans son existence.

En plus de provoquer un changement radical chez Murabito, cette rencontre va aussi ajouter encore plus de péripéties et de piment à cette existence qui était loin d’être facile. Et là, on entre dans ce que j’ai trouvé le plus pertinent et réussi dans cette introduction. En tant que simple villageois, notre protagoniste n’est pas promis à une grande destinée. Ses ambitions sont simples et il n’est donc pas question d’accomplir de grands exploits. A contrario, ce roi-démon, mais aussi d’autres personnages par la suite, sont tous des grandes figures de cet univers. Un décalage très important où l’on pourrait croire que ce sont ces individus extraordinaires qui attireraient notre regard alors que finalement toute notre attention se focalise sur ce simple habitant. Car oui, Sudachi est un manga qui prône avant tout la simplicité et surtout le bonheur d’une vie paisible. On va totalement l’observer avec la relation qui va se tisser entre lui et sa nouvelle amie, mais aussi les autres êtres qui vont tourner autour de lui. Alors que ces derniers ont eu le droit d’être sous le feu des projecteurs ou de marquer à jamais l’Histoire de ces contrées, au plus profond d’eux ils ne désirent que mener une vie où ils pourraient être fidèles à eux-mêmes. Ils ne désirent pas être acclamés ou craints, mais juste mener une existence où ils pourraient être heureux sans se soucier de ce qui les entoure. Et c’est là que réside toute la subtilité de ce récit et aussi la beauté du message véhiculé. Une lecture qui nous montre que même la plus grande aventure n’est parfois que peu de choses face à une vie où chaque jour réserve son lot de petits instants heureux et où banalité rime avec convivialité.

Voilà pourquoi je trouve que Sudachi se présente comme une bonne surprise à travers ce premier volume. Derrière son enrobage assez classique, le titre regorge de bonnes idées et surtout d’une excellente écriture de la plupart de ses personnages. On a surtout ici une ode à la quiétude et à la paix qui sont des modes de vie parfois compliqués à obtenir. Et cela permet de découvrir une toute autre facette de ces individus qui ont bousculé le destin de ce monde et qui cherchent juste maintenant à être eux-mêmes. Un message fort et parfaitement représenté au sein de cette boutique.

Un manga qui sait vendre sa proposition

Ce qui est génial avec Sudachi, c’est la bienveillance dont le titre fait preuve. Alors que l’on nous décrit un monde en paix et où pourtant les complications sont là pour ce vendeur, mais aussi la mauvaise image qui entoure par exemple les chevaliers, on va pourtant chercher à nous donner le sourire. Même face au roi-démon, tout ce qui importe est de voir au-delà de ces rôles qui sont attribués à chacun afin qu’ils puissent finalement trouver ce qu’ils veulent réellement faire. Cela concerne autant notre cher villageois, le seigneur démoniaque que le héros ayant sauvé ces terres. Et je trouve justement intéressant de voir des personnages qui sont liés à une destinée importante chercher finalement la quiétude d’une vie normale. C’est ce que notre protagoniste cherche à offrir et cela permet au manga d’offrir un vent de légèreté et de douceur bienvenue. Evidemment, cela ne veut pas dire qu’il n’y pas d’enjeux surtout au vu des rebondissements que l’on peut voir dès ce premier volume. Mais le message principal de cette série est justement tourné vers ce désir de simplicité et de camaraderie. Une aventure qui réchauffe le cœur et où on a juste envie de voir cette boutique retrouver l’éclat qu’elle a pu avoir par le passé. Il est sûr que l’on risque d’avoir pas mal de surprises, mais ce début est déjà largement suffisant pour nous faire passer un bon moment en compagnie de ces personnages attachants. Une belle réussite qui montre que la fantasy a encore beaucoup à nous raconter.

Voilà pourquoi Sudachi fut une très bonne surprise de mon côté. Un titre dont je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et où je me disais que cela allait partir dans une direction similaire à “By the Grace of the Gods”. Pourtant, c’est une toute autre formule qui est proposée et qui tire bien son épingle du jeu afin que l’on puisse adhérer à ce qui nous est raconté. J’ai maintenant très envie de voir comment tout ce beau petit monde va évoluer au contact les uns des autres, mais aussi du danger qui se rapproche. De même, je suis curieux de voir comment notre jeune marchand va réussir à atteindre son objectif au vu de ce qui lui arrive et de ce que son nouveau statut implique. Un manga qui a parfaitement su s’approprier les codes de l’heroic-fantasy pour proposer sa propre vision du genre et en y incorporant des thèmes propres à son histoire. Si vous aimez les aventures paisibles et les personnages sympathiques alors vous devriez largement être conquis par ce titre. A présent, j’ai mes habituelles questions qui sont là concernant ce que je me demande pour la suite. Est-ce que notre protagoniste va parvenir à atteindre son objectif ? Va-t-il être condamné à un autre destin par rapport à ce qu’il s’est passé ? Comment va évoluer sa boutique au vu de ses nouveaux employés ? Peut-il encore redresser cette affaire ou trouver une solution pour combler son déficit ? Comment va évoluer sa relation avec le roi-démon ? Tant d’interrogations qui me donnent envie de continuer cette douce épopée.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ce premier volume de Sudachi. Trouvez-vous que la série parvient à raconter quelque chose d’intéressant autour de ce roi-démon et de ce jeune marchand désireux de mener une vie normale dans sa boutique ? Avez-vous ressenti de la sympathie pour les divers personnages de ce récit ? Est-ce que vous pensez que la série va rester sur cette volonté de raconter une tranche de vie fantastique ou bien va-t-on assister à un chamboulement dans le quotidien de nos protagonistes ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.