By the grace of the gods-T1-1-2

By the Grace of the Gods tome 1 et 2 : le rêve d’une vie paisible

Il est souvent intéressant de voir à quel point un anime joue sur nos attentes pour découvrir l’œuvre dont il est l’adaptation. Ce n’est pas rare que l’on puisse découvrir une série à travers sa version animée avant que celle-ci n’arrive sous son format manga ou bien light novel. Ainsi, on est à l’affût de chaque annonce dans l’espoir de voir le matériau de base ou une autre approche de cette histoire. C’est exactement le cas pour le titre que l’on aborde aujourd’hui et qui nous provient tout droit du catalogue de nobi nobi. Il s’agit de By the Grace of the Gods dont les deux premiers volumes sont sortis il y a quelques jours. Nous avons pu découvrir cette saga en premier lieu par l’anime qui est disponible sur Crunchyroll et qui diffuse actuellement sa seconde saison. Que ce soit l’anime ou le manga, les deux adaptent le light novel du même nom. On avait beaucoup apprécié le contact que l’on avait eu à travers la série animée et l’on était donc curieux de voir ce que donnerait cette version papier. Finalement, on a pu renouer avec cette aventure si singulière par son envie de raconter une histoire lente et légère où le but est simplement de mener une vie paisible. L’heure est donc venue d’assister à la renaissance d’un être qui a déjà tout donné dans sa précédente vie.

Une seconde chance

By the Grace of Gods - réincarnationBy the Grace of the Gods, dessiné par Ranran d’après l’œuvre originale de Roy, nous fait suivre la vie de Ryôma Takebayashi. Ce dernier s’avère être un employé japonais comme on peut en connaître des centaines. Se tuant à la tâche pour une entreprise qui fait souvent fi des états d’âmes de leurs employés, il n’a jamais rechigné à son travail même si celui-ci pouvait se montrer éprouvant. Grand otaku aussi, il a toujours pris plaisir à découvrir de nouveaux univers à travers ces récits fictifs. Au plus profond de lui, il se dit que cela serait un rêve que de pouvoir vivre une existence paisible dans un monde différent du sien. Mais il ignore que son souhait pourrait bien se réaliser à la suite d’un événement tragique. En effet, il va se réveiller un beau jour dans une étrange salle blanche et en face de trois individus qui lui sont inconnus. Ces derniers se présentent comme les divinités d’un autre univers et lui annoncent qu’il est malheureusement mort. Une nouvelle qui va fatalement porter un coup de massue à Ryôma, mais qui savait au plus profond de lui qu’il n’allait pas pouvoir continuer plus longtemps au vu de sa santé qui se dégradait. Mais cette information ne va pas être une annonce néfaste, mais une chance pour lui selon les dires de ses interlocuteurs. Il a gagné le droit de se réincarner dans leur monde afin de pallier un manque de mana. Voyant à quel point il a pu endurer bien des problèmes dans son ancienne vie, les trois divinités finissent par s’attacher à lui et désirent qu’il puisse réaliser son souhait d’un quotidien joyeux et paisible.

Profondément touché par cette seconde chance qui s’offre à lui, Ryôma jure de mener une existence qui soit reposante et bien différente de celle qu’il a connu. C’est ainsi qu’il se retrouve dans le monde Seilfall, sur des terres qui semblent tout droit sortis d’un jeu vidéo. Se retrouvant sous les traits d’un jeune garçon, il comprend que tout ça n’est pas un rêve et que c’est maintenant à lui de décider de quoi sera fait son avenir. Afin de profiter pleinement de cette chance qui lui fut offerte, il décide de vivre en ermite dans la forêt afin d’éviter tout problème venant de l’extérieur. Ayant obtenu bien des compétences de la part de ses amis célestes, il se dit qu’il pourra aisément survivre par ses propres moyens. Mais s’il va déjà être bien occupé pour faire de ce lieu un foyer propice à se la couler douce, un autre passe-temps va venir illuminer ce quotidien inédit. C’est en croisant la route d’un slime qu’il va utiliser ses pouvoirs afin de le dompter. Un compagnon de route qui va rapidement être rejoint par bon nombre de ses congénères. Ryôma va alors se lancer dans l’étude de ces créatures qui semblent cacher bien des secrets notamment autour de leurs diverses évolutions et capacités. Ainsi démarre cette nouvelle vie sous le signe de la quiétude pour cet étranger venu d’un autre monde. Son but est maintenant atteint et il ne tient qu’à lui de décider ce que l’avenir pourra bien lui réserver.

Il ne faut pas se le cacher, By the Grace of the Gods ne cherche absolument pas à nous faire vivre une épopée grandiose. Cela peut paraître étrange, mais c’est justement ce qui fait toute la différence du titre. Ici, pas de quête spectaculaire ou bien de combats épiques. Il est avant tout question dans ce manga d’une volonté de profiter d’une seconde existence. Cela va naturellement s’exprimer par le rythme assez lent du récit, mais qui ne nuit pas à la narration. Au contraire, cette volonté de ne pas presser le pas est pensée pour nourrir le principal sujet de la série au travers du quotidien de cet enfant.

Une lenteur réconfortante

Si l’on avait été un peu préparé à ce qui nous attendait en ayant vu l’anime auparavant, il est important de souligner à quel point la lenteur qui se dégage de By the Grace of the Gods est un élément pouvant autant déstabiliser qu’un point fort. Il est évident que l’on peut être troublé en voyant que les deux volumes proposés ici ne sont pas là pour lancer une quête grandiose où l’on va parcourir de nombreux paysages fantastiques. Au contraire, de par son contexte initial, le titre se veut expressément lent afin de coller au but de notre protagoniste. Il faut le rappeler, il est question dans cette série de mener une vie paisible sans le moindre souci. C’est exactement ce que l’on peut avoir au sein de ces chapitres. S’il y a bien deux ou trois monstres qui viennent empiéter le territoire de notre jeune héros, cela n’est qu’un moment fugace dans toute l’œuvre. On se tient devant une histoire qui joue de son rythme pour coller à cette ambiance légère et apaisante correspondant au plus profond désir de cet ancien employé. On contemple donc ce dresseur de slimes dans sa vie de tous les jours et si l’on pourrait craindre une forme d’ennui assez rapide, c’est tout l’inverse qui se passe. En effet, on se laisse facilement bercer par cette seconde vie qu’il mène et qui reflète finalement quelque chose de très important pour le spectateur. Si, à l’image de Ryôma, on apprécie d’explorer de vastes mondes imaginaires où tout est possible, un rêve que l’on peut tous avoir de manière concrète est celui de mener une existence où les problèmes sont loin de nous. 

Bien sûr, on a tout de même le droit à quelques péripéties qui vont permettre à cette aventure de diversifier ses décors, mais aussi d’enrichir sa galerie de personnages. Cependant, le propos principal du manga est la recherche de ce bonheur simple et pourtant si précieux que l’on souhaite tous atteindre. En voyant à quel point il a tout donné dans son ancienne vie pour une société qui était loin d’être reconnaissante de son travail, on comprend et l’on est même heureux de voir Ryôma mener cette existence fantastique. En l’observant, il nous partage ses petites joies de tous les jours qui nous donnent toujours le sourire tant elle résonne comme quelque chose que l’on peut aussi désirer. Ainsi, cette série joue habilement de sa narration lente et parfois simpliste pour justement souligner l’objectif initial de tout ça. La plus grande épreuve ici n’est pas de savoir comment vaincre un seigneur du mal, mais comment faciliter certaines tâches ménagères. Un parti-pris risqué, mais qui pourtant marche à merveille tant cela colle bien à l’univers que l’on nous propose. De même, on apprécie le fait que le personnage central de ce manga ne cherche pas totalement à se couper du reste du monde. Poussé par le hasard à s’ouvrir à d’autres personnes, on nous montre par ce biais qu’une belle vie passe aussi par des liens amicaux et surtout un entourage qui nous apporte du réconfort. Voilà sûrement le mot qui caractérise au mieux cette licence dont la plus grande et la plus belle ambition est d’être une ode à la vie dans ce qu’elle peut donner de meilleure.

Ce qui va aussi être important à noter dans ces deux premiers volumes de By the Grace of the Gods est la place que va avoir le slime dans le récit. S’il s’agit d’un monstre que l’on a très souvent l’habitude de voir dans la fantasy, le titre arrive à nous présenter une autre manière d’amener cette créature vers un autre rôle. Ainsi, il n’est pas tant question d’application au combat, mais bel et bien dans la vie de tous les jours. Un usage déroutant, mais qui va finalement être en parfaite résonance avec les propos de la série et surtout le désir de leur maître de mener une vie paisible.

Un slime et ses secrets

By the Grace of Gods - nouvelle vieUn autre point qui va revêtir une grande importance dans notre appréciation du manga est l’utilisation de la figure du slime. Comme on le sait, cette créature est souvent représentée comme la plus faible qui soit et souvent la première victime des jeunes aventuriers. Pourtant, on a pu voir de nombreuses œuvres prendre à contrepied cette image installée dans l’inconscient des gens pour montrer qu’ils peuvent aussi être redoutables ou particulièrement utiles. By the Grace of the Gods prend cette direction tout en cherchant à amener un regard qui lui est propre sur ces monstres. En effet, la véritable armée de slimes qui est sous les ordres de Ryôma est sûrement le deuxième personnage le plus important de ce récit. S’ils sont l’un des principaux atouts du jeune homme pour survivre dans ce monde et des compagnons dévoués, leur intérêt ne va pas tant venir de leurs capacités martiales. Il ne faut pas longtemps au récit pour nous montrer une autre facette de ces petites boules qui changent de couleur et de fonctions par rapport à leur régime alimentaire. Une idée intéressante, car cela permet beaucoup d’imagination afin de créer une large gamme de slimes différents. Cela est très ingénieux, car l’utilisation que va en faire notre protagoniste colle habilement à son envie de mener un quotidien paisible et joyeux. Pour prendre un exemple, il va réussir à donner forme à des slimes qui vont se nourrir d’ordures et ainsi donner lieu à des êtres pouvant totalement nettoyer toutes les saletés d’un lieu.

On se retrouve donc avec des monstres qui ne vont pas être pensés pour le combat, mais dans l’optique de faciliter les tâches ménagères. Que ce soit pour l’hygiène, le compost ou même le soin, tout y passe. Encore une fois, ce parti-pris peut se montrer déroutant au premier abord, mais va finalement coller à merveille avec tout ce qui constitue cette histoire. Dans un contexte où l’action n’est pas importante, ces êtres magiques sont vus sous un autre angle qui leur permettent d’avoir leur place dans la vie de n’importe quel être vivant. Une forme de cohabitation efficace et qui va sans cesse grandir au vu des découvertes constantes du jeune homme concernant ses compagnons. En faisant ça, la série parvient à créer une certaine attente chez le lecteur qui désire assister à la naissance d’autres types de slimes. On ne peut qu’être interpellé par cette ingéniosité qui s’approprie des figures emblématiques de la fantasy pour les transformer totalement. L’aspect recherche est alors prononcé au cours de ces pages et vont contribuer à l’aura paisible qui se dégage de ces ouvrages. Des découvertes sur des êtres imaginaires, mais dans le but d’en faire des outils pour aider à des problèmes bien réels. Une complémentarité qui fait rapidement ses preuves et montre à quel point le fantastique peut être un outil remarquable pour appuyer des thèmes ancrés dans la réalité.

Avec tous ces éléments, By the Grace of the Gods nous délivre une bien belle parenthèse. Un moment de légèreté, de bien-être et surtout de douceur qui nous permet de garder le sourire. On se laisse facilement avoir par cette aventure où il n’est pas question de grandes péripéties, mais d’un quotidien alternant entre découvertes et petits travaux. L’alchimie qui se dégage entre toutes ces parties du manga est magnifique et l’on est séduit par cette capacité du titre à nous montrer le plaisir qu’il peut y avoir dans des choses banales. Un petit bonbon qui ne cherche rien de plus qu’à offrir un instant de répit au spectateur que l’on est.

By the Grace of the Gods nous fait rêver

By the Grace of the Gods nous délivre deux premiers tomes qui font leur effet avec beaucoup d’aisance. Comme on a pu le dire à plusieurs reprises dans cette chronique, cette série peut être déroutante quand on ne sait pas vers quoi on se dirige. Il faut prendre conscience qu’il n’est absolument pas question ici de vivre quelque chose d’incroyable en matière de périple ou d’action. Au contraire, ce qui est présenté comme exceptionnel dans cette lecture est tout bonnement le fait de profiter d’une vie calme et agréable. Avec un protagoniste pour lequel on a beaucoup de sympathie, le manga souligne très bien cette envie de profiter de cette réincarnation pour mener une existence diamétralement différente de la précédente. Pourtant, cela n’empêche nullement la licence de faire preuve d’ingéniosité tout au long de ces chapitres. C’est d’ailleurs en prenant pour toile de fond un rêve aussi simple et pourtant si difficile à obtenir que cette histoire se transforme en un remarquable labo pour tester diverses choses. N’ayant aucune menace qui se profile à l’horizon ou bien de couperet sur le point de tomber, on peut savourer amplement toutes ces journées qui se résument à accomplir des tâches ménagères, découvrir ce monde et voir le champ des possibilités des slimes. Cela peut sembler peu, mais c’est ce qui fait tout le charme de cette série qui maîtrise très bien cette lenteur qui lui est propre pour que l’on s’adapte à ce rythme et que l’on puisse en tirer tout ce qui fait sa richesse. Une virée chaleureuse et bienveillante qui nous rappelle ce qui est important.

Si l’on sait que ce titre ne plaira pas forcément à tout le monde du fait de son choix délibéré de raconter une histoire qui prend énormément son temps, force est de reconnaître que tout ceci s’inscrit parfaitement dans la cohésion de ce récit. On est happé, pour nous, par cette volonté de montrer une œuvre qui se veut bienveillante surtout après ce que l’on a pu voir au début de cette épopée. Cette seconde vie se présente ainsi comme une forme de récompense pour Ryôma qui en a suffisamment bavé jusqu’ici. En parvenant à obtenir ce qu’il n’a jamais connu auparavant, ce héros veut nous montrer l’importance que peut avoir des moments simples de la vie et qui pourtant sont si précieux. Des instants où l’on a le sentiment que rien ne compte mise à part nous, nos proches et le présent. C’est pour ça que l’on apprécie autant cette série qui transmet des valeurs fortes et qui peuvent résonner en chacun de nous. Si vous avez envie d’une lecture qui vous donnera le sourire et qui a pour unique objectif d’offrir une lecture douce et agréable alors By the Grace of the Gods est ce qu’il vous faut. Bien évidemment, on a tout de même quelques questions qui nous trottent dans la tête suite à cette découverte. Est-ce qu’il y aura des défis de plus en plus grands qui viendront mettre à mal cet équilibre ? Ryôma va-t-il trop attirer l’attention sur lui au vu de ses recherches et de ses capacités ? Quelles autres innovations va-t-il amener à ce monde au travers de ses connaissances et de ses slimes ? On a hâte de le retrouver pour la suite de son aventure.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant ces deux premiers volumes de By the Grace of the Gods. Appréciez-vous le fait que l’on soit face à une histoire qui souhaite prendre son temps ? Trouvez-vous que cette légèreté et le fait de se concentrer sur une vie finalement banale contribue à offrir une expérience plaisante ? Est-ce que cette série est parvenue à vous charmer par sa capacité à montrer l’importance des petites choses de la vie ? Avez-vous eu une certaine sympathie à l’égard des personnages qui vont rythmer cette histoire ? Qu’attendez-vous pour la suite de la licence ? On reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2017 Ranran / Roy, Square Enix