Salomé after School

Salomé after School : l’art et ses démons

Depuis quelque temps, on peut voir arriver dans nos étagères pas mal de séries abordant le thème de l’art. Cela peut être à travers une grande et prometteuse histoire racontant le quotidien de certains élèves ou bien d’aborder des thèmes bien précis au travers de ces œuvres qui ont marqué l’Histoire. Mais ce qui est souvent très intéressant avec ce type de manga, c’est de voir comment est traité l’humain par le biais de ce moyen d’expression. Et j’ai pu découvrir une série qui a parfaitement su jouer là-dessus. Elle nous provient du catalogue de Shiba Edition et est notre sujet du jour. Je parle de Salomé after School dont les deux tomes formant l’intégralité de l’histoire sortent justement cette semaine. Je me suis dit que cela serait intéressant de se pencher sur un court récit abordant ce milieu et surtout les jeunes artistes qui décident de suivre cette voie. Je me suis retrouvé devant une oeuvre qui va habilement traiter de la nature humaine, autant dans ses bons que ses mauvais côtés, à travers l’art et ce que cela peut leur apporter. Soyez donc prêts pour assister aux travaux de jeunes artistes talentueux et parfois torturés.

Le secret de la réserve

Si le synopsis peut sembler assez court, cela suffit amplement pour avoir une idée de ce qui nous attend. Salomé after School se présente comme une tranche de vie centrée sur ces étudiants en art. Mais il ne faut pas croire que l’on va se focaliser sur leur scolarité. En fait, l’école sert avant tout de cadre pour permettre à l’histoire de ces deux personnages de s’épanouir et surtout de nous raconter tout ce qu’elle désire. On va ainsi beaucoup plus se centrer sur le peintre que son œuvre et cette dernière n’est finalement qu’un moyen pour lui de se dévoiler à nous. On plonge alors dans une toile où l’homme est au centre de celle-ci.

Des artistes fissurés

Comme j’ai pu l’évoquer un peu plus haut, Salomé after School n’a pas pour objectif de nous plonger dans l’art de manière scolaire. D’ailleurs, l’intérêt ici n’est pas de voir l’évolution des protagonistes au sein de cette école et au fil de leurs réalisations. En réalité, ce cadre est utilisé pour sublimer non pas le dessin, mais son auteur. Voilà pourquoi on va très vite se focaliser sur nos protagonistes et ce qu’ils ressentent. Et là, on touche au cœur de cette histoire, notamment quand on se concentre en premier lieu sur Renji. Ce jeune garçon en apparence réservé et assez banal est considéré comme talentueux par l’ensemble des autres élèves. Très souvent, on fait face à un héros humble qui cherche à aider les autres. Mais là, l’image que nous reflète cet adolescent est beaucoup plus complexe. S’il se montre sympa et attentionné, on nous dévoile aussi ce qui se cache derrière tout ça. En effet, on se rend compte qu’en réalité, il cherche surtout à ce qu’on le félicite et qu’on continue à le complimenter. La venue de Naomi va mettre un frein à ça au vu de ses compétences et leur rapprochement initial n’a donc rien d’une nouvelle amitié bienveillante. Et c’est justement ce que je trouve très intéressant dans cette série. On nous dépeint des personnages qui sont très loin d’être des parangons de vertus. Sans être des personnes horribles, ils sont aussi et surtout des individus qui sont souvent centrés sur eux-mêmes et cherche à satisfaire une forme d’ego.

Mais si cela peut choquer au départ, c’est finalement l’un des propos les plus pertinents du manga. En effet, on nous explique bien que chacun a ses propres ambitions, son désir pour l’avenir, mais aussi ses peurs. Cette envie d’être apprécié de tout le monde en est un bon exemple, car il dissimule en réalité un profond mal-être. N’ayant que l’art comme domaine de prédilection, notre protagoniste se rattache corps et âme à ça pour avoir le sentiment d’exister. Et c’est finalement en croisant la route de Naomi qu’il va peu à peu ouvrir les yeux sur ce qu’il doit changer. Il n’est pas question ici de faire disparaître ce désir d’être reconnu pour ses talents. Nous sommes avant tout dans une quête d’introspection par l’art et où Reiji va découvrir, via les expériences singulières de sa nouvelle camarade, une autre façon de dessiner. Il s’agit de se libérer de cette peur du regard des autres pour simplement apprécier ce que l’on fait sans pour autant ne plus avoir de sens critique. Et si Reiji est un très bon exemple de ce que l’auteur réussit à créer, les autres figures du récit ne sont pas en reste. Chacun montre des objectifs bien précis. L’une va chercher à faire perdurer un passé disparu tandis qu’une autre cherche à briller à travers ses œuvres pour s’assurer un futur prometteur. Voilà une série qui nous montre toute la richesse de la nature humaine ainsi que sa complexité. Une fresque qui nous donne presque un regard sur nous-même et de chercher aussi notre propre façon de progresser.

Je trouve donc que Salomé after School réussit brillamment à utiliser ses deux tomes pour aller au bout de ses idées. Sans chercher à approfondir au maximum l’avenir de nos protagonistes, la série cherche surtout à nous montrer des personnages qui font face à leurs peurs, leurs doutes, mais aussi à ce qu’ils souhaitent réellement. Un résultat qui peut nous toucher dans la mesure où l’on est avant tout centré sur eux et non sur ce qu’il dessine. L’art est ici un moyen de révéler ce qu’ils ont sur le cœur et à aller de l’avant ou bien à se confronter aux démons du passé.

Salomé after School et son chef-d’oeuvre

Ainsi, Salomé after School est une œuvre qui, au départ, ne m’avait pas plus interpellé que ça. C’est surtout grâce à ses très belles covers que je me suis dit que j’allais franchir le pas. Et au final, j’ai bien fait. Je trouve toujours captivant le fait d’utiliser certains domaines pour faire ressortir toutes les nuances de la nature humaine. Ici, l’art est parfaitement utilisé pour exprimer les failles de chacun, mais aussi soutenir leur évolution. Quand on s’attarde plus en détails sur les travaux qui nous sont présentés, on se rend compte que si Renji est montré comme un étudiant talentueux, il n’est jamais aussi vivant que quand il participe aux expériences de Naomi. La raison à cela est qu’au sein de cette petite salle, tous les deux peuvent laisser pleinement libre cours à leur imagination et à leurs idées les plus farfelues. Il n’y a aucune crainte d’être jugé par le regard des autres. Cela donne presque l’impression que ce duo évolue au sein de deux univers différents. Il y a le monde extérieur où ils font au mieux pour coller aux codes de la société et ce petit cocon qui est le leur où ils peuvent s’adonner pleinement à cette passion. Plus on progresse dans le récit et plus l’auteur parvient à appuyer ce trait de leur personnalité qui est dissimulé aux yeux des autres pour finalement qu’il déborde sur leur quotidien habituel. Une ode à la création et à l’épanouissement de soi, mais aussi à toutes ces facettes bien plus sombres qui peuvent forger l’âme de chacun.

C’est donc une belle surprise que l’on a pour cette rentrée littéraire du côté de chez Shiba Edition. De plus, le titre n’a clairement pas besoin de plus pour nous interpeller tout au long de ces deux tomes. Salomé after School est un manga qui réussit à raconter quelque chose d’important par le prisme de ses personnages auxquels on peut facilement s’identifier autant par leurs bons que leurs mauvais côtés. Et c’est justement ça qui fait tout l’attrait de cette histoire. Nous ne sommes pas uniquement face à une tranche de vie classique comme on peut en voir régulièrement. Ici, on veut mettre l’accent sur ce qui nous caractérise peu importe que cela concerne l’ego de chacun, les blessures du passé ou bien les aspirations pour l’avenir. On nous montre que ce sont justement toutes ces facettes de la personnalité de chacun qui font que l’on est ce que l’on est et que l’on peut avancer pour chercher à être meilleur. Si vous cherchez une œuvre avec tous ces critères et qui met à nu la nature humaine alors vous serez sûrement comblé par ce récit. Évidemment, pas de questions cette fois-ci étant donné que l’on a déjà toutes les cartes en main. Mais je suis très content de recommander cette courte série qui a su retenir mon attention jusqu’au bout. Et c’est fantastique d’avoir des titres qui arrivent à concentrer tout ça en aussi peu de chapitres, car cela donne une aventure humaine plus que convaincante et où l’on se sent proche de ces figures fictives qui prennent vie devant nos yeux.

N’hésitez pas à partager dans les commentaires votre propre avis ainsi que votre ressenti concernant Salomé after School. Trouvez-vous que cette courte série en deux volumes parvient à raconter tout ce qu’elle désire ? Avez-vous été impacté par l’histoire de ces étudiants qui dissimulent leur vrai visage à la lumière ? Est-ce que notre duo a su vous interpeller autant par cette promesse que par son évolution ? Pensez-vous que le titre se veut porteur d’espoir ou au contraire bien plus sombre qu’il n’y paraît ? Trouvez-vous que l’auteur a parfaitement su utiliser l’art pour faire ressortir la nature de ses personnages ? Je reste à votre disposition pour échanger, discuter et débattre autour de ce sujet.

© 2020 Hoshikubo Akane, Futabasha

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