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Mangas & Histoire : le Shinsengumi

Après avoir fini Rise of the Ronin il y a peu, cela m’a donné envie d’écrire sur un sujet bien précis. Plus précisément, de vous proposer un nouveau numéro de “Mangas & Histoire” où le thème sera cette fois non pas le Bakumatsu, mais le Shinsengumi. En effet, ce groupe qui a servi de “police” de l’époque aux ordres du shogunat n’a eu de cesse d’être utilisé au fil du temps comme source d’inspiration pour la création de nombreuses œuvres. C’est notamment le cas dans le manga avec de multiples séries mettant à l’honneur les membres de cette organisation qui, finalement, n’a pas été aussi présente qu’on pourrait le croire à l’époque. Si les figures iconiques de cette unité ont su graver leur nom dans l’Histoire, ils n’ont finalement été présents sur le devant de la scène que pendant quelques années. Mais cela fut suffisant pour que leur image perdure et surtout que l’on ait le droit à tout type de récit à leur encontre. En passant de la parodie au comique pour se tourner vers la fresque historique ou bien l’action pure et dure, il y a largement de quoi faire. Aujourd’hui donc, on va retrouver Kondo, Hijikata, Okita et tous les autres à travers quelques séries qui les ont mis à l’honneur.

Chiruran

Chiruran Vol.19 - Shinsengumi

On commence avec sûrement l’un de ceux qui revient le plus souvent aujourd’hui quand on évoque le Shinsengumi. Je veux bien sûr parler de Chiruran qui fut parmi les premières séries de Mangetsu au lancement de la maison d’édition. Cette série nous fait donc suivre l’histoire de ce célèbre regroupement de guerriers tout au long de leur existence. Si le titre suit la trame historique que l’on peut connaître à leur sujet, il va aussi choisir une voie différente que de simplement se centrer sur la retranscription de ces événements. En effet, Chiruran est une œuvre qui va énormément miser sur son action frénétique. Autant le dire tout de suite, cette série en met plein les yeux en délivrant des affrontements spectaculaires créant un spectacle grisant. Surtout que là où habituellement on peut découvrir des samouraïs qui se veulent réalistes dans leur façon de combattre, ici tout est joué avec une certaine exagération. De plus, le ton et la personnalité donnés aux personnages amènent quasiment cette série historique vers le furyô. Une combinaison assez inédite et qui pourrait dérouter le lecteur. Pourtant, cela fonctionne à merveille, car cette approche permet d’appuyer avec brio sur l’esprit de camaraderie pouvant exister entre les membres de ce groupe. Un parti-pris plus que réussi tant on a de l’attachement pour ces guerriers qui vont autant nous en mettre plein la vue que se confronter à bon nombre de défis au cours de ces quelques années tumultueuses. De même, le manga va aussi appuyer brillamment sur les luttes internes qui ont façonné le récit du Shinsengumi. Des querelles qui ont souvent fini dans le sang et les larmes pour ces samouraïs qui ont pris une voie éprouvante. Un énorme focus sur cette entité qui a marqué à jamais l’Histoire du Japon et qui fut loin d’être tout rose.


Mibu Gishi Den

Mibu Gishi Den Vol.8 - Shinsengumi

On reste du côté de Mangetsu pour évoquer une autre série historique avec Mibu Gishi Den. Ce qui est intéressant avec ce titre, c’est qu’il ne cible pas le Shinsengumi dans son ensemble, mais l’un de ses membres en particulier. Kan’ichirô Yoshimura est le personnage principal de cette histoire et est loin d’être la figure la plus connue du groupe par les néophytes. Pourtant, ce manga décide de focaliser son intrigue sur lui et pour une bonne raison. En effet, on nous dépeint un protagoniste qui va en totale contradiction avec les principes qui pouvaient exister pour un samouraï et encore plus pour un officier du Shinsengumi. Prenant place dans les derniers instants du shogunat, Kan’ichirô Yoshimura est un épéiste talentueux considéré par beaucoup de ses pairs comme une lame redoutable. Mais pourtant, lors de la bataille décisive qui conduira une bonne partie du Shinsengumi vers sa fin, il décide de déserter. Et on a alors l’image d’un homme qui a renié toutes les valeurs du bushido pour des raisons beaucoup plus personnelles. Ce récit est avant tout celui d’un homme qui ne veut pas mourir sans avoir pu retrouver celle qu’il aime. Un individu qui se moque de ce que l’on peut dire de lui si cela lui permet de vivre une journée de plus. Là où on le dépeint comme un traître et un couard par les personnes de l’époque, on voit surtout une personne terrifiée à l’idée de mourir. Un comportement finalement très humain et qui rend ce récit d’autant plus touchant que l’on va apprendre à le connaître et à voir ce qu’il pouvait bien dissimuler derrière son visage impassible. Et c’est justement captivant de laisser de côté l’aspect purement guerrier pour se concentrer sur la personne qui tient la lame. Cela donne encore plus d’impact à ce récit dramatique et qui n’en est pas moins captivant à suivre.


Blue Wolves

Blue Wolves Vol.9

Je termine ce numéro de “Mangas & Histoire” dédié au Shinsengumi avec Blue Wolves de chez Kana. Derrière ce titre se cache un récit très intéressant dans sa manière de nous présenter le Shinsengumi. En fait, ce nom n’est jamais évoqué, car on fait beaucoup plus appel au terme de Miburo. Si cela peut dérouter, en réalité cela fait aussi référence à un autre surnom que l’on pouvait donner aux membres du Shinsengumi : les loups de Mibu. On retrouve donc des figures bien connues de ce groupe, mais là où on avait précédemment l’habitude de suivre des personnages historiques, ici on suit un jeune garçon n’ayant rien à voir avec ce que l’on peut connaître de ces épéistes. Notre protagoniste est une nouvelle recrue qui va rejoindre les rangs de ces hommes et ainsi nous offrir un témoignage qui lui est propre sur la vie et la voie choisies par ces confrères. Une proposition qui surprend et amène une sorte de regard extérieur aux agissements de ces guerriers réputés pour être redoutables, mais aussi impitoyables. Et c’est là que l’on touche, à mon sens, à ce qui fait la force de ce manga. Notre jeune héros a sa propre vision de la justice et qui est souvent en contradiction avec celle de ses nouveaux camarades. Une confrontation des idées et des principes qui amène des réflexions pertinentes sur cette époque et les agissements de cette “police”. En prenant finalement un acteur “externe” à ceux qui ont façonné cette partie de l’Histoire, on apporte un nouveau regard sur tout ça. En plus de ces éléments qui forment l’épine dorsale de l’oeuvre, Blue Wolves reste aussi très plaisant autant dans sa narration que dans l’action qu’il propose. Un très bon compromis entre tous ces éléments permettant à cette histoire de donner un sentiment inédit concernant le Shinsengumi.