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Valse des nouveautés : Nazca Editions

On est déjà au début de l’année et il y a déjà fort à faire au niveau des sorties. Car oui, même durant les fêtes, il y a eu des nouvelles licences qui ont fait leur apparition. C’est notamment le cas chez Nazca qui a proposé plusieurs one shot dès le lendemain de Noël. Je me suis alors dit que ce serait l’occasion d’en parler et de voir ce qui pouvait se cacher derrière ces titres. En plus de ça, on a souvent eu l’habitude de la part de l’éditeur à des œuvres courtes et non moins intenses dans les histoires racontées. Et c’est clairement ce que j’ai pu voir avec ces nouveautés. Je vais donc vous parler aujourd’hui de “Sea you there and us” ainsi que de “Formosa X”. Si le premier nous emmène dans une tranche de vie traitant du sujet délicat qu’est le deuil, le second parlera sans doute à certains étant donné qu’il s’inscrit dans la même lignée que KoxingaZ que j’ai déjà pu traiter dans une précédente chronique. Deux récits diamétralement différents, mais qui sont tous les deux intéressants à analyser de par leur contexte et ce qui nous est transmis. Soyez donc prêts pour une nouvelle “Valse des nouveautés” !

Sea you there and us

Sea you there and usSea you there and us, dessiné par Monday Recover et écrit par Chen Chiao-Jung, nous raconte l’histoire de la jeune Wu Xiaorong. Cette petite fille est loin d’être la plus appréciée par son entourage et ses proches qui n’hésitent pas à se moquer d’elle. C’est notamment le cas en cours où même les professeurs ne sont pas tendres dans leurs propos à son égard. De par cette situation, elle n’a eu de cesse de se renfermer sur elle-même en n’ayant que très peu d’espoir en l’avenir et surtout dans les relations avec les autres. Mais quand elle fait la rencontre de Tong Ke-wei en troisième année d’école primaire, sa vie va prendre un sacré virage. Cette dernière est tout le contraire de Wu Xiaorong. Populaire et allant facilement vers les autres, rien ne semble envisager que les deux puissent se rapprocher d’une manière ou d’une autre. Mais par la plus grande surprise, c’est Xiaorong qui va faire le premier pas. Elles vont finalement s’entendre et passer du temps ensemble. Et surtout, elles vont se découvrir une passion commune autour du manga et du dessin. Rêvant de devenir des autrices talentueuses dont les histoires feraient rêver bon nombre de lecteurs, elles passent des moments formidables à s’échanger leurs prototypes de manhua. Mais un événement va venir chambouler ce rayon de lumière dans la vie des deux jeunes filles. Aujourd’hui, Wu Xiaorong est une adulte qui semble mener une existence paisible, mais c’est en faisant du ménage dans ses anciennes affaires qu’elle va retrouver un objet qui va réveiller bon nombre de souvenirs. A présent, elle doit faire face à son passé pour espérer aller de l’avant. Ainsi débute une importante rétrospective de son existence qui aura été faite de rires, mais aussi de colère et de larmes.

En me lançant dans ce one shot, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. C’est avant tout par curiosité que j’ai décidé de tester “Sea you there and us” et je dois dire que j’ai été agréablement surpris. En fait, ce qui semble commencer comme un petit flashback de notre héroïne concernant son enfance compliquée va rapidement se transformer en quelque chose d’encore plus dramatique. En effet, on nous présente une jeune fille mise à l’écart, car ayant du mal à s’entendre avec les autres et surtout craignant de se rapprocher de ses camarades. Mais avec l’arrivée de Tong Ke-wei, on entrevoit une lueur d’espoir qui va nous redonner le sourire au même titre que Wu. On apprécie ces petits instants que ces deux demoiselles partagent tant elles sont sincères dans ce qu’elles expriment. On voit deux gamines qui rêvent de vivre de leur passion et qui se lancent pleinement dans ce petit projet fou. Mais quand le principal événement du récit va arriver, c’est toute l’œuvre qui va nous faire sombrer dans un profond abîme. Il s’agit de celui de Xiaorong qui, du jour au lendemain, va de nouveau se sentir seule. Ce one shot n’est donc pas tant porté sur l’écriture d’un manhua ou bien les relations humaines, mais sur la question du deuil et de la peur d’oublier la personne disparue. Cela va passer par diverses étapes de sa vie où on va voir cette jeune fille être totalement perdue et faire de son mieux pour se raccrocher à ses précieux souvenirs. Parfois emportée par la colère, d’autrefois abattue par une tristesse sans nom, on assiste impuissant à toutes ces souffrances. Et je trouve que ce titre réussit brillamment à mettre en avant ce désespoir que l’on ressent et qui peut prendre des années à disparaître tant on a peur de ce que l’avenir peut provoquer comme oubli. De même, je trouve la symbolique du fameux ouvrage qui sera au cœur de l’intrigue très forte, car elle est autant une attache qu’une prison pour notre protagoniste. Elle nous transmet alors un message important qui peut parler à tout le monde. Une bien belle surprise que je recommande fortement.


Formosa X

Formosa XFormosa X, imaginé par Li Lung-Chieh, prend place quarante ans avant Koxinga. A cette période, la colère gronde à Formose de la part des tribus autochtones à l’égard de la compagnie des indes orientales et leur gouverneur hollandais. C’est une bataille de chaque instant qui oppose les divers camps européens, la Dynastie Ming et le Shogunat pour assurer le commerce et prendre l’ascendant sur les autres. C’est dans cet enfer qu’un homme va tirer son épingle du jeu et voir ce chaos comme une source importante de revenus. Son nom est Li Dan, chinois s’expatriant au Japon, qui va devenir l’un des marchands maritimes les plus influents de cette époque. Avec son sens aigu des affaires, ses nombreux contacts et surtout sa capacité à savoir comment réagir face à ses nombreux interlocuteurs, tout semble lui sourire. Capable de se faire passer pour un esclave afin de mieux se rapprocher de ses objectifs, tout semble acceptable pour cet homme si cela lui permet d’engranger un profit. Et surtout, il ne se défait jamais de ce sourire qui peut en agacer plus d’un. Tandis que les protestants et catholiques s’affrontent pour décider qui aura la mainmise sur le commerce avec les puissances d’Asie, les Hollandais désirent une plus grosse part du gâteau. Portés par leur nouvel élan, ils se lancent à la conquête de lieux pouvant leur servir de point d’appui sur ces mers. Mais ils n’imaginent pas un seul instant que tout ce qu’ils vont commettre et les agissements de certains hommes vont modifier à jamais le destin de ces nations. Et au milieu de tout ça, Formose va être le théâtre d’un important changement qui va voir impliqué les plus grandes figures de cette ère dont notamment Li Dan. Dans une époque où les conflits ne cessent d’éclater, certains hommes pensent que le plus pertinent pour acquérir du pouvoir repose dans le commerce. Tandis que certains s’enrichissent dans le sang, d’autres forgent une nouvelle voie où l’argent peut rapprocher les gens.

J’étais impatient de découvrir Formosa X après avoir grandement apprécié Koxinga Z. En effet, ces deux récits sont étroitement liés étant donné que le premier se passe plusieurs années avant le second. Là où Koxinga Z faisait la part belle à la confrontation musclée qui opposa ses deux grandes figures historiques, notre récit ici prend une toute autre direction. S’il y a un peu d’action, la guerre n’est pas l’un des principaux thèmes de ce one shot. Au contraire, on va beaucoup plus se focaliser sur tout ce qui touche aux commerces et à quel point ce domaine peut être une véritable partie d’échecs. On le voit très bien par le prisme de son personnage principal qui doit jongler avec énormément d’interlocuteurs différents et de nationalités diverses. C’est justement ce que je trouve captivant dans cette lecture, car on s’attarde sur une autre facette importante de cette époque à savoir l’importance de ces marchands maritimes sur la scène mondiale. On voit à quel point ces derniers peuvent avoir du pouvoir autant sur la possibilité de commercer, mais aussi sur l’échiquier politique. Je trouve d’ailleurs que le personnage de Li Dan est excellent pour retranscrire ça, car on nous présente un homme qui n’a pas froid aux yeux et qui doit sans cesse s’adapter pour ne pas être dévoré par ses concurrents ou ennemis. Mais au-delà, je suis aussi satisfait du travail qui est fait sur le plan humain concernant son personnage, car s’il est un marchand redoutable, il est aussi un homme qui va grandement souffrir de certaines tragédies de son époque. Une œuvre qui, si elle s’axe autour de Formose, s’en éloigne aussi pour mieux préparer le décor de ce que deviendra cette île et que l’on découvre dans l’autre œuvre de l’auteur. De même, c’est vraiment l’ensemble de son casting qui vient ici donner énormément de sens et de profondeur à ce qui se passe. Un titre qui met de côté les lames, malgré quelques exceptions, pour montrer une autre voie afin de rassembler les diverses nations.

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