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Pourquoi j’aime – PJ #23 : L’Atelier des Sorciers

Il est déjà grand temps de vous proposer une autre chronique de notre rendez-vous “Pourquoi j’aime”. Celui-ci est devenu un incontournable sur le blog et c’est toujours un plaisir de vous parler de tous ces titres que j’apprécie et pourquoi c’est le cas. Et cette fois, je me suis dit que j’allais me tourner vers une œuvre qui fut très présente dans l’actualité de ce début d’année et même par la suite. Il s’agit de L’Atelier des Sorciers chez Pika. Une série qui m’a enchanté depuis le premier tome pour bien des raisons et dont il était impossible que je ne traite pas dans un numéro qui lui est dédié. En plus de ça, on a eu la chance en début d’année d’avoir la visite de la mangaka au festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Une très belle manière de mettre à l’honneur son travail tout en faisant la rencontre de cette artiste d’exception. Sans oublier aussi qu’une adaptation anime est prévue de son titre et c’est déjà une attente considérable pour ma part. Mais pourquoi autant d’engouement autour de cette saga que l’éditeur a toujours su bien mettre en valeur ? Eh bien je vais vous donner mon opinion ici à travers cinq points qui sont, pour moi, les raisons faisant de L’Atelier des Sorciers est une véritable pépite. On est parti pour un peu de magie et d’émerveillement !

Une fresque somptueuse

L'Atelier des Sorciers 3 collector

Impossible de commencer cette chronique sans parler de la forme en premier. Il faut dire que c’est la première chose qui saute aux yeux du lecteur que ce soit à travers la couverture ou une fois que l’on entame la lecture. L’une des qualités les plus remarquables et acclamées de « L’Atelier des Sorciers » est le trait ensorcelant de la mangaka. Kamome Shirahama nous offre des plans qui ont tout de véritables chefs-d’œuvre où l’on sent autant les inspirations qui l’ont marqué dans sa vie d’artiste que sa patte si singulière. Il suffit de poser les yeux sur la toute première page pour être ébloui par le soin apporté à chaque détail. Les motifs et textures représentés donnent l’impression d’avoir d’impressionnants tableaux qui se dessinent devant nos yeux. Et si cela va donner un cachet tout particulier à l’œuvre, il est aussi important de souligner que ce style artistique va parfaitement coller à l’univers dépeint. Avec cet univers où magie et sorciers existent, on va poser le regard sur tout ça avec un esprit émerveillé comme si on retombait en enfance. Et c’est peut-être ça que je trouve encore plus remarquable dans les dessins de la mangaka. Oui, elle nous montre tout son talent en la matière et une précision chirurgicale pour que chaque petit détail fasse ressortir le meilleur des décors, des tenues et autres éléments visuels. Mais la véritable force à mon sens derrière ce trait est cette capacité à capter l’essence même de ce qui fait un conte. En se lançant dans cette aventure, on a l’impression de voyager directement vers des contrées inconnues où l’on va avoir des étoiles plein les yeux peu importe ce que l’on regarde. Le dessin est au service de l’immersion tout en consolidant notre envie de croire en ce que l’on voit.


Un univers immersif et fantastique

L'Atelier des Sorciers Vol. 4 - Édition Collector

Autre point qu’il fallait absolument que je traite dans ce numéro dédié à L’Atelier des Sorciers concerne son univers. Le monde dans lequel on s’aventure au sein de ces pages est construit de façon à créer une immersion quasi-immédiate et forte. Cela vient, en grande partie, de la profondeur qui se dégage de celui-ci. Et pour commencer, la magie qui est au centre du récit est aussi pensée de façon à accentuer ce rapport entre le dessin et le lecteur. Pour bien comprendre ça, il faut parler du fait que dans le récit, les sorts s’utilisent non pas grâce à une baguette ou autre élément bien connu dans le domaine. Ici, elle fonctionne par le dessin, ce qui apporte une dimension artistique unique à l’utilisation des sorts. En plus de proposer une idée intéressante qui rebondit sur tous ces artistes qui donnent vie à leur imaginaire à travers leur plume, cela a d’autres conséquences beaucoup plus concrètes dans l’histoire. En effet, nous sommes face à un récit qui nous entraîne dans un univers où la magie est loin d’être omniprésente. Au contraire, elle est très souvent cachée et surtout réglementée pour ne pas attirer les convoitises ou créer des problèmes auprès des personnes ordinaires. Cette société magique va avoir pour effet d’amener bon nombre d’intrigues palpitantes et uniques autour de nos chers magiciens, des sorts interdits, et des secrets bien gardés par l’élite. Sans oublier aussi tout le lore qui se dessine au fur et à mesure que l’on progresse dans cette aventure. En réalité, nous sommes comme Coco qui découvrons progressivement toute la beauté de cette autre facette de cette vie qu’elle connaissait, mais aussi le lourd fardeau que cela implique d’être de l’autre côté du miroir. Et il y a donc un excellent équilibre qui est trouvé entre l’émerveillement de voir ces sorts à l’œuvre ainsi que leur conception et des thèmes beaucoup plus sombres et éprouvants parlant, par exemple, d’inégalité sociale.


Personnages Attachants et Complexes 

L'Atelier des Sorciers Vol. 5 - Édition Collector

Il était évidemment inconcevable que j’évoque “L’Atelier des Sorciers” sans parler de sa galerie de personnages absolument prodigieuse. En réalité, je pourrais presque faire tout une partie dédiée à Coco, tant notre héroïne a des choses à raconter de par sa vision des deux mondes dans lesquels elle a évolué, mais aussi son évolution en lien avec la magie. Une jeune fille banale et rêveuse qui, dans l’espoir de sauver sa mère d’une erreur qu’elle a commise, va se lancer dans la voie de la sorcellerie. Et ce qui est fantastique avec une telle protagoniste, c’est qu’elle va nous délivrer un regard tout plein de nuances sur ce qu’elle va nous partager dans son apprentissage de la magie. Elle a beau suivre une telle voie pour une raison importante et urgente, elle n’en reste pas moins une enfant qui va avoir les yeux qui brillent en voyant qu’elle peut enfin réaliser ce qu’elle a toujours rêvé de faire. Et en même temps, elle va réussir à bousculer les codes de cette société de par ses erreurs, mais aussi sa volonté d’aider les autres peu importe les règles. Elle nous montre un autre chemin possible dans l’utilisation de la magie qui redonne de l’espoir sans pour autant tomber dans l’utopie pure étant donné qu’elle va aussi prendre conscience des conséquences que cela aurait. Et elle n’est pas la seule à être aussi bien écrite. L’ensemble des personnages qui vont graviter autour d’elle vont avoir le droit au même soin. Ses camarades et son professeur vont tous avoir leur moment sur le devant de la scène. On apprend à les découvrir, à comprendre les raisons de leur apprentissage de la magie, les doutes qui peuvent assaillir chacune de ces jeunes filles, le souhait de leur mentor, mais aussi assister à leur évolution respective. Personne n’est mis sur le bas-côté et c’est génial de réussir à créer une telle alchimie entre tous ces acteurs et actrices. On va autant faire la connaissance de personnes qui sont parfaitement ancrées dans cette société et ses secrets tandis que d’autres cherchent à briser ça. Et même l’organisation servant d’antagoniste au récit est très loin d’être présentée comme totalement néfaste. Tout est là pour nous faire réfléchir sur cet univers, ses règles et les sujets qui en découlent.


Un scénario aux nombreux rebondissements

Une autre qualité que je trouve importante de souligner concerne l’écriture globale de l’intrigue. Si le début de l’œuvre est déjà intense par l’objectif que se donne Coco et l’importance de sa mission, le récit va finalement nous montrer que tout ça nous amène à quelque chose de bien plus grand encore. En nous aventurant dans ce monde des sorciers, on ne va pas uniquement chercher un moyen de ramener la mère de notre héroïne à son état normal. On va aussi être au contact direct des plus importants et terribles secrets autour de la magie. Et cela va mener inéluctablement à des enjeux toujours plus importants et dont les conséquences n’affectent pas uniquement une personne, mais l’ensemble de cette société. Et ce qui est intéressant à noter, c’est que l’on va autant être dans une quête personnelle propre à notre héroïne qu’un quotidien dont les événements vont avoir un impact considérable sur cet environnement. Il suffit de voir les derniers tomes parus pour assister à un arc narratif qui va avoir des répercussions énormes pour la suite. C’est notamment le cas par le biais de l’organisation ennemie qui va être derrière bon nombre de problèmes et surtout avoir une présence de plus en plus considérable au fur et à mesure des chapitres. Tout ça est couplé à une sorte de confrontation dans l’ombre entre humains et sorciers pouvant donner lieu à un choc des deux camps pouvant laisser bien des stigmates. Si l’enchantement était présent au départ et qu’il perdure au fil des tomes, il y a aussi une part d’ombre qui rattrape le lecteur et Coco au fil du temps que l’on passe au sein de ce monde. Une œuvre qui s’étend constamment et nous délivre une histoire qui ne va pas uniquement nous faire rêver, mais aussi nous tenir en haleine.


Des thèmes universels 

Pour conclure ce “Pourquoi j’aime” dédié à L’Atelier des Sorciers, il était nécessaire que j’évoque les thèmes abordés. Car si l’histoire en elle-même est déjà fort plaisante, elle va aussi être porteuse de sujets qui vont nous pousser à la réflexion. Pour commencer, il y a bien sûr ce rapport à la fiction qui est constamment mis en avant dans la série. Il ne faut pas croire que l’on est uniquement face à un récit où une petite fille ordinaire va être plongée dans un monde extraordinaire. Il est avant tout question de mettre à l’honneur cette magie liée à l’imaginaire et à la création qui dépasse le cadre de ce manga. C’est pourquoi les sorciers dans la série dessinent leur sort. Cela peut totalement être comparé aux artistes de notre réalité qui couchent sur le papier leurs idées afin de donner vie à des épopées ou des œuvres qui donnent vie à l’impossible. Si cette partie est déjà très importante à mes yeux, le manga ne va pas s’arrêter à ça. Comme je l’ai évoqué plus haut, plus on progresse dans l’intrigue et plus d’autres thèmes vont être mis sur la table. C’est notamment le cas concernant cette inégalité qui existe entre les sorciers et la population. On veut nous faire comprendre que les sorts forment un pouvoir qui n’est pas à mettre entre toutes les mains et qu’il est important de cacher ça aux yeux du grand public. Et pourtant, la mangaka va constamment nous confronter à des situations où l’on se dit qu’un peu de magie pourrait sauver des vies. On nous met volontairement dans une position délicate où l’on comprend l’interdit autour de la magie, mais où on va aussi faire appel à notre humanité pour nous dire qu’il faut parfois transgresser cette règle. Un contraste fort qui nous prouve la difficulté d’un juste équilibre entre cette volonté d’aider et cette peur d’attiser la convoitise de certains. Une oeuvre qui nous pousse à la réflexion sur ce qu’un tel pouvoir implique.

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