Pourquoi j’aime – PJ #25 : SHY
Et voilà déjà le 25e numéro de “Pourquoi j’aime” et cette fois j’avais envie de parler d’une série qui me tient à cœur, mais qui n’est pas forcément celle au centre des discussions. Je veux parler de SHY chez Kana qui a aussi eu le droit à une adaptation anime à travers deux saisons sur Crunchyroll. Revisitant le mythe des super-héros à sa sauce, le titre peut sembler partir dans un thème qui est maintenant assez fréquent. Pourtant, cette licence a largement de quoi se détacher des autres et cela pour de multiples raisons. Entre ses personnages attachants et profondément humains malgré leurs facultés ainsi qu’une intrigue qui sait comment nous tenir en haleine, il y a de quoi faire. Et au-delà de s’approprier ce sujet déjà vu plusieurs fois, ce manga va surtout être une brillante fresque où la personne derrière le masque va être mise en avant. Une œuvre qui montre la difficulté d’avoir une telle responsabilité tout en créant une brochette d’antagonistes absolument géniaux. Soyez donc prêts à faire la connaissance de justiciers qui doivent faire face à bien des défis et de terribles blessures.
Une héroïne pas comme les autres
Il est vrai que les récits de super-héros sont très présents dans le paysage culturel surtout ces dernières années. Cependant, Shy n’est pas une héroïne comme on a l’habitude de voir dans ce type d’œuvre. On est face à une jeune femme qui se retrouve du jour au lendemain à devoir endosser un rôle qu’elle n’a pas voulu. Elle ne renie pas ses pouvoirs ni ses obligations, mais elle est animée de cette crainte que chaque être humain peut avoir. Voilà une protagoniste dont la timidité et la peur permettent de montrer avant tout la personne qui se cache derrière le masque. Une adolescente qui aurait sans doute préféré vivre un quotidien paisible et qui a maintenant le poids de nombreuses vies sur les épaules. Ainsi, on apprécie énormément ce personnage principal pour justement ses failles et le fait qu’elle lutte sans arrêt pour faire face aux dangers qui l’attendent, mais aussi à cette peur omniprésente qui existe au plus profond de son être. C’est ce qui fait l’une des grandes forces du manga qui veut nous mettre au contact d’une demoiselle qui fait des efforts considérables pour être à la hauteur de son titre, mais aussi chasser cette crainte qui la hante constamment. Une évolution constante et qui nous touche profondément tant on est investi derrière cette jeune héroïne qui cherche juste à faire de son mieux. Cette licence nous montre à quel point un personnage peut être redoutable grâce à ses faiblesses.
Des super-héros ayant leur propre objectif
Si l’on a parlé précédemment de notre héroïne, les autres protecteurs de l’Humanité ne sont pas en reste. Déjà, il est très intéressant d’avoir choisi qu’il n’y ait qu’un justicier par pays. On s’attarde ainsi sur seulement quelques individus qui vont rapidement se démarquer de la masse autant par leurs facultés que par leurs objectifs. En effet, ce n’est pas parce qu’ils sont devenus des super-héros du jour au lendemain qu’ils suivent tous la même voix. A travers le combat qui est propre à chacun, le manga nous montre qu’il n’existe pas qu’une seule manière d’être digne de ce titre. Même si cela peut sembler anodin, les quelques gestes qu’ils font suffisent à sauver des vies ou à apporter le bonheur autour d’eux. En plus de ça, on est face à des êtres qui sont hissés comme des figures de paix, mais dont les ambitions sont finalement très personnelles et humaines. Cela façonne ainsi un rapport très intéressant entre le lecteur et ces personnages qui vont autant briller dans le feu de l’action que nous parler par ce qui se trouve au-delà des pouvoirs. Une diversité bienvenue qui donne à chacun l’occasion de marquer les esprits et surtout d’avoir des personnalités bien distinctes renforçant l’humanité de chacun. Un casting de premier choix qui entre en concordance avec les thèmes et les propos du manga et va ainsi sublimer cette œuvre de la plus belle des manières.
Un récit loin d’être manichéen
Quand on parle de récits centrés sur les super-héros, il n’est pas rare que l’on aborde rapidement la notion de bien et de mal. Un concept très important permettant de diviser les justiciers de leurs adversaires. Cependant, on a aussi le droit à des licences qui vont bien plus loin que cette simple opposition en approfondissant ces deux éléments. SHY fait partie de cette catégorie en montrant que derrière les ennemis qui se dressent devant nos protagonistes peut se cacher en réalité une profonde souffrance. On veut justement prendre cette base manichéenne pour finalement l’estomper afin d’aller jusqu’à ressentir une profonde empathie pour nos protagonistes comme pour les méchants qui se dévoilent au fur et à mesure de l’intrigue. Le conflit présenté se teinte alors d’un message très fort, et même poignant quand on voit les liens qui peuvent exister entre les deux groupes. D’ailleurs, même l’objectif de l’ennemi va être intéressant dans ce qu’il souhaite mettre en avant. On a beau ne pas adhérer à leurs méthodes, la douleur propre à chaque opposant ne peut que nous toucher tant elle est palpable et s’inscrit parfaitement dans ce monde aux multiples nuances. Des raisons compréhensibles qui poussent certains à vouloir changer cette société et qui donne lieu à des duels qui ne misent pas uniquement sur la profusion de techniques. Des deux côtés, l’émotion est palpable et va nourrir notre attrait pour le destin de ces gens qui sont souvent guidés par leur passé douloureux que leur désir de faire le bien ou le mal.
Une intrigue captivante
SHY ne repose pas uniquement sur ses personnages, mais aussi sur l’histoire qui nous est contée. Si les premiers volumes sont avant tout là pour poser les décors et surtout que l’on puisse se prendre d’amitié pour notre héroïne, la suite va rapidement montrer la capacité du mangaka à écrire un scénario à la fois prenant et intelligent. Si l’on a déjà abordé un peu plus haut le cas des ennemis qui vont faire leur apparition, il est important aussi de souligner à quel point ils vont venir renforcer l’aura de cette saga. Dès l’instant où l’on commence à avancer en direction du conflit qui se profile à l’horizon, on va découvrir un fil rouge à la fois important et pertinent pour le développement de cet univers et des gens qui y vivent. Véritable ode à l’Homme et à ce que l’on peut tous ressentir, SHY utilise son intrigue principale pour présenter des sujets souvent graves qui dépassent le cadre de la fiction. A chaque fois, l’approche surnaturelle propre au récit de super-héros va être là pour mettre en avant des histoires déchirantes et nous paraissant très réelles. L’action, les pouvoirs, et même l’opposition qui va être façonnée au fil des chapitres sont des pièces d’un plus grand puzzle qui représente ce que la souffrance peut engendrer et cette volonté de s’en défaire alors qu’elle fait partie de la vie. Une thématique poignante et forte qui s’incorpore à merveille autour de ces figures d’espoir qui doivent être à la hauteur des attentes de la population. Un manga qui aborde avec justesse et une certaine tendresse toutes ces peurs que l’on peut avoir, que l’on soit un héros ou bien une personne lambda.
De l’action maîtrisée
On finit cette petite liste des cinq points forts de SHY par un élément qui a aussi son importance. On en a parlé un petit peu plus haut, mais l’action que l’on peut observer dans le manga est un élément indispensable au développement des personnages. En effet, si l’on est toujours ébloui par des combats épiques, on est encore plus attiré par eux quand ils réussissent à approfondir l’écriture de ses acteurs. C’est exactement le cas au sein de cette licence. Même un duel qui peut sembler anecdotique va être porteur de messages importants qui vont soit permettre d’en apprendre plus sur les personnages du récit ou bien contribuer à l’éclosion de la thématique principale de la saga. A chaque affrontement qui nous est proposé au sein de ces cases, on voit une opposition qui dépasse de loin le simple cadre de la sauvegarde du monde. Il est aussi question ici de parvenir à extirper ces adversaires de leurs tourments tandis que de l’autre côté on ne cherche pas forcément à tuer, mais plutôt à plonger l’opposant dans une détresse infinie. Tout cela est couplé à un rythme efficace et qui apporte énormément d’impact dès que la mêlée éclate. L’action est au service de la narration et il suffit de voir le dernier volume paru en France pour comprendre cela. Une lutte endiablée qui nous tient en haleine, mais qui va aussi mettre en lumière ceux qui combattent afin que l’espoir ou le désespoir prennent le pas sur ce monde. Une société qui peut autant se montrer solidaire que rapidement basculer dans la peur et l’effroi.