Point sur les nouveautés Yuri #03 – Meian
Depuis maintenant un moment, Meian a vraiment su enrichir sa collection Yuri avec énormément de nouveautés. Un pan du monde du manga que j’ai découvert en grande partie à travers ces œuvres et où j’ai pu dénicher de vraies petites pépites. Aujourd’hui, je suis toujours très curieux de découvrir des séries inédites dans ce domaine. Et je peux dire que cette semaine on est servi de ce côté-là étant donné que c’est pas moins de trois nouveaux titres qui débarquent au catalogue de l’éditeur. Pour l’occasion, je me suis dit que ce serait l’occasion parfaite de faire un nouveau numéro de ce rendez-vous. Ainsi, je vais pouvoir vous parler de façon succincte de cette sélection et de ce que j’en ai pensé après les avoir lus. Et je peux vous dire que l’on a ici trois mangas bien différents qui peuvent aller à des thèmes assez spicy à des réflexions aussi très personnelles sur notre place dans la société. Encore une fois, je suis très content que ma curiosité m’ait poussé à la découverte de ces histoires qui ont tout pour plaire. Préparez-vous donc pour de la romance, du post-apo et de l’épanouissement de soi.
A la poursuite de Spica
Pour commencer cette sélection, on va parler de “A la poursuite de Spica” imaginée par Chihiro Orihi. Ce récit nous emmène à la rencontre de Serina Nekozuka. En apparence, cette demoiselle semble avoir tout pour plaire avec énormément d’amis, mais aussi un look qui la met au centre de l’attention. Mais derrière cette image de star aux yeux des autres, la demoiselle se montre aussi comme une véritable bourreau de travail. Elle fait son maximum pour être au sommet à chaque examen afin d’être la première de sa promotion. Tout ça a pour but d’obtenir une bourse au mérite afin d’intégrer l’école de son choix sans avoir à ce que le prix soit un poids pour elle et sa famille. Malheureusement pour elle, peu importe ses efforts, elle se retrouve toujours deuxième. La première place est constamment occupée par Reiko Tachibana, membre du comité disciplinaire, qui est à la fois studieuse et toujours à cheval sur les règles. Elle n’hésite d’ailleurs pas à régulièrement réprimander Serina concernant sa tenue non-conforme aux standards de l’école. Alors qu’une rivalité se forme entre elles, Nekozuka cherche désespérément un moyen de décrocher ce rêve qu’elle désire tant. Mais alors qu’elle semble désemparée par la situation, elle aperçoit un jour Reiko rentrer dans un hôtel avec une inconnue. Une situation pouvant faire l’effet d’une bombe pour la première de la promotion au vu du scandale que cela pourrait créer. Avec cette information entre les mains, Nekozuka va devoir choisir quoi en faire. Mais il se pourrait bien que cet événement rapproche les deux élèves sans qu’elles s’y attendent. Les masques tombent et les deux étudiantes risquent fort de se dévoiler et de montrer leurs failles l’une à l’autre. Quel sera le futur de cette relation ?
Parmi les trois titres dont je vous parle aujourd’hui, “A la poursuite de Spica” est peut-être celui qui me tentait le moins. Il ne s’agissait pas tant d’une question concernant la thématique principale de l’œuvre. C’était surtout par rapport à la difficulté que j’avais de me projeter dans ce qu’allait nous emmener cette histoire. Finalement, je me suis dit que j’allais tenter l’expérience. Si l’on reste sur un schéma finalement assez classique en matière de slice of life, le titre arrive pourtant à se démarquer notamment grâce à un élément. Celui-ci n’est autre que notre binôme. En fait, j’ai trouvé Serina et Reiko vraiment intéressantes dans leur façon d’échanger l’une à l’autre. On sent totalement l’animosité qui peut guider la première à l’égard de la seconde tandis que cette dernière ne semble pas plus préoccupée que ça. Et cela amène un contraste à la fois fort et déchirant. La raison à ça est que Nekozuka est finalement une demoiselle qui se sent perdue alors qu’elle fait de son mieux pour réussir. Ne voulant pas être un poids pour les autres, elle cherche à briller et malgré toutes ses tentatives elle est constamment éclipsée par Reika. Une dualité qui va créer énormément d’empathie à son égard tant on ressent son envie de réussir et sa frustration que les autres puissent la prendre en pitié. Et si ce premier volume se concentre beaucoup sur elle, Reika n’est pas en reste car on sent que cette attitude froide et distante cache en réalité des cicatrices profondes concernant son passé. Surtout que cela peut amener à une réflexion par la suite autour du sujet des relations charnelles dans les prochains chapitres. Un premier tome qui n’entre pas encore dans le pur “spicy” et construit un tandem particulièrement efficace.
Donuts sous un croissant de lune
A présent, laissez-moi vous présenter le second titre de cette chronique : Donuts sous un croissant de lune. Imaginée par Shio Usui, ce manga nous permet de faire la rencontre de Hinako Uno. Cette jeune employée de bureau passe le plus clair de son temps à perfectionner son maquillage parfait et à trouver des tenues à la mode. La raison à ça est qu’elle cherche à trouver et séduire celui qui pourra partager sa vie. Pourtant, derrière cette attitude extravertie, la jeune femme cache en réalité énormément de complexe. Si elle persiste autant à sortir et rencontrer des garçons, ce n’est pas tant pour elle que pour satisfaire aux codes de la société. Voyant son entourage constamment la pousser vers ça, elle obéit alors qu’en réalité, elle cherche juste à être normale. La solitude la ronge et elle n’arrive pas à s’imaginer un seul instant que quelqu’un puisse choisir de partager sa vie avec elle. Un soir, alors qu’elle est encore brisée par un échec dans sa tentative de se rapprocher de quelqu’un, Hinako se met à pleurer en pleine rue. C’est à cet instant qu’apparaît Satô, une de ses collègues qui se montre au bureau toujours distante et solitaire. Peu encline à s’ouvrir aux autres, elle va pourtant venir en aide à Hinako cette nuit-là en lui offrant un donut. C’est durant ce petit moment de réconfort que la demoiselle va l’informer d’une chose importante : personne n’est parfait. Alors qu’elle paraît toujours professionnelle au boulot, Satô lui révèle que ce n’est en rien le reflet de ce qu’elle est au quotidien et qu’elle a aussi ses propres failles et faiblesses. A cet instant, une autre voie se présente devant Hinako qui entrevoit enfin un avenir où elle n’aurait pas peur du lendemain. Mais est-elle prête à prendre ce chemin ? Et quelle place va avoir Satô dans cette nouvelle vie ?
Il faut noter en premier lieu que “Donuts sous un croissant de lune” fut lancé à travers ses deux premiers volumes. L’occasion de bien s’imprégner de ce récit et ainsi voir ce qui en ressort. Et autant le dire tout de suite, il s’agit de mon plus gros coup de cœur et de ma plus belle surprise parmi cette liste. La raison à ça est simple. On fait face à un récit dont les personnages m’ont profondément ému par leur sincérité et surtout le message qu’elles véhiculent. On ne peut qu’avoir de l’empathie pour Hinako qui ressent un profond malaise d’être seule, mais en même temps de devoir se conformer absolument aux codes de la société et de son entourage. Cela se ressent tellement dès le début de cette histoire et on a alors qu’une envie qui est de la voir heureuse et épanouie selon sa propre manière de vivre. Surtout que le récit s’inscrit aussi dans une société japonaise extrêmement codifiée et où la différence est mal perçue. Et je trouve que cela évoque avec brio à quel point les autres peuvent être une source de pression pour une personne qui ne suit pas forcément le même mode de vie ou bien n’a pas une moitié à partir d’un certain âge. Et la rencontre avec Satô est l’occasion de briser ça afin de donner vie à des situations de complicité qui réchauffe le cœur. Comme si les quelques moments qu’elles passent ensemble venaient balayer tout ce qui les entoure. Au-delà de l’envie de les voir se rapprocher, on a surtout face à nous un tandem porteur d’un message fort et important. Nous sommes les seuls maîtres de notre destin et il ne faut jamais laisser les autres décider de notre avenir. Et je suis vraiment très curieux de voir comment tout ça va évoluer au vu du passé respectif de nos deux amies et surtout si elles parviendront à faire face à leurs sentiments ainsi qu’au regard des autres. Un grand oui pour cette série que je vous recommande chaudement.
La fin du monde à tes côtés
Il est grand temps de s’attaquer au dernier titre de la liste avec le one shot “La fin du monde à tes côtés”. Imaginée par Koruse, l’histoire nous plonge sur une planète totalement ravagée et où l’humanité a été anéantie. En effet, c’est suite à un satellite de contrôle météorologique devenu incontrôlable qu’une guerre éclata. Alors que le climat se déréglait, que l’air devenait de moins en moins respirable et que les ressources diminuaient, les hommes ne cessaient de se confronter pour obtenir le peu qu’il restait. Malheureusement, cela n’a fait que précipiter l’extinction de la race humaine dont les rares survivants ont fait de leur mieux pour préserver le peu d’énergie restant afin d’offrir une lueur d’espoir dans le futur. Androïdes ou bien clones, tout était bon pour permettre à ces derniers de continuer à vivre d’une façon ou d’une autre. A présent que des centaines d’années se sont écoulées, il est grand temps pour ce monde inhospitalier de raconter son passé. A travers les quelques entités qui parviennent encore à vivre au milieu de ces ruines, les fragments de ceux qui ne sont plus persistent afin de transmettre le témoignage de ce qui fut autrefois la civilisation humaine. Alors que le temps est compté pour cette planète qui souffre depuis tout ce temps, deux binômes vagabondent dans l’espoir de trouver un sens à leur existence dans ces ruines. Un voyage sans réel but jusqu’à ce que le passé refasse surface et qu’il offre une chance à saisir. Seront-elles prêtes à faire face à la vérité ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour les humains de l’époque au moment de la fin du monde ? Quand le passé rencontre le présent pour construire l’avenir, cela donne un petit road trip émouvant et puissant nous faisant réfléchir sur notre propre vie.
J’étais très curieux de voir ce que pourrait donner ce one shot autant sur le plan de l’utilisation du yuri que pour l’idée même derrière cette histoire post-apocalyptique. Et le résultat fut que plus satisfaisant même si, évidemment, on ne part pas sur une épopée grandiose du fait de cet unique tome. Justement, cette histoire se présente bien plus comme un récit intimiste et émouvant sur une humanité ayant totalement disparu de cette planète. A travers les quelques personnages que l’on suit au milieu de ces débris, on va poser un regard empli d’une certaine tristesse sur ce que la folie des hommes a pu provoquer. Mais c’est aussi l’occasion d’assister, à travers trois points de vue, à ce qu’il peut y avoir de beau aussi dans la nature humaine notamment dans tout ce qui touche à l’amour, l’amitié et la famille. D’ailleurs, on peut facilement plus décrire ce récit comme une sorte de road trip en milieu post-apo à la recherche du passé. Et je trouve d’ailleurs que les trois binômes qui nous sont présentés ont tous quelque chose à nous raconter. Que ce soit par leurs inspirations, leur rêve ou bien leur objectif en ce monde. Si l’on peut se questionner sur la finalité du récit, je trouve justement que le manga réussit à viser là où il le souhaitait. Il s’agit avant tout d’une petite fresque pour nous emmener dans les vestiges d’un monde qui pourrait être le nôtre et où la seule source de bonheur que l’on peut avoir sont ces instants que l’on partage avec ceux que l’on aime. Et même si cette histoire n’est pas mon plus gros coup de coeur de ce trio, je trouve la proposition plus que réussie et qui arrive à nous immerger, le temps de quelques minutes, dans le quotidien de ces personnages au milieu de cette fin du monde.